Par Johan Rivalland.
Le bouquiniste Mendel
Quel plaisir de découvrir cette nouvelle pleine de force (ou plutôt de la redécouvrir, car ma mémoire ne m’avait pas permis de me souvenir de cet excellent texte édité dans le recueil La peur, que j’ai pourtant lu il y a plus d’une vingtaine d’années). Tant mieux, d’une certaine manière, puisqu’ainsi le plaisir demeure intact.
Une histoire qui sonne vrai, qui semble surgie de notre passé comme pour porter témoignage de la vie de certains personnages tout droit sortis d’une époque que l’on peut considérer comme révolue, surtout à l’ère du livre électronique.
Celle d’un bouquiniste hors pair, doté d’une mémoire exceptionnelle lui permettant de retenir des milliers de titres de livres, parmi les plus introuvables, accompagnés des noms de leur auteur, du nombre de pages, l’année d’édition, le prix de vente et force détails supplémentaires, comme l’endroit où les dénicher. Et le tout sans prise de notes. Absolument prodigieux.
Un personnage rare et, c’est certain, comme on n’en fait plus.
Un personnage d’autant plus singulier et unique, tellement absorbé dans son univers livresque et occupé à rendre service pour presque rien, lui qui ne vit que de peu, en renseignant ceux qui le veulent sur les ouvrages vers lesquels les guider pour une recherche, qu’il ne va même pas se rendre compte de l’apparition de la première guerre mondiale emportant pourtant le monde, et en particulier l’Europe, dans les tourments les plus cataclysmiques.
Mais il se pourrait bien, qu’à son corps défendant, les événements le rattrapent, à sa grande stupéfaction, lui qui, aussi incroyable que cela puisse paraître, ne s’était vraiment rendu compte de rien, tant il ne faisait pas partie de ce monde.
Passionnant. À découvrir.
Du grand Zweig, comme toujours.
- Stefan Zweig, Le bouquiniste Mendel, Sillage, janvier 2013, 64 pages.
La collection invisible
Cette histoire est bien triste, car parfaitement évocatrice d’une certaine réalité : celle qu’ont connu les Allemands lors de la terrible période de l’hyper-inflation dans les années 1920.
C’est donc une excellente idée de la part de Stefan Zweig que de s’être intéressé à ce sujet et d’avoir rendu ainsi hommage à tous ceux qui ont souffert terriblement de cet épisode peu glorieux de notre histoire.
Le point de départ : un antiquaire, au cours d’un voyage en train, narre à l’un de ses clients occasionnels la plus extraordinaire des expériences qui lui soit arrivée au cours de ses trente-sept années de carrière dans son métier.
La nouvelle étant courte, je n’en dirai pas plus…
Stefan Zweig, La collection invisible, Les éditions du Cénacle, août 2015, 48 pages.
j’ai beaucoup aimé la collection invisible également.. admirablement écrite, belle et triste histoire, sujet inédit… et effectivement, plongée dans l’allemagne d’aprés guerre…étonnant… texte court, mais j’y ai appris énormement.
ce sont mes 2 nouvelles préférées de ce livre » la peur »…
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