Emmanuel Macron ne va pas dégraisser le mammouth étatique

Emmanuel Macron a suscité l’enthousiasme. Cela sera-t-il suffisant pour faire bouger le système étatique dont il est largement issu ? Rien n’est moins sûr.

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Macron président by Lorie Shaull(CC BY-SA 2.0)

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Emmanuel Macron ne va pas dégraisser le mammouth étatique

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 juillet 2017
- A +

Par Hector Allain.

Adulé comme un messie, Macron saura-t-il sauver ce pays qui se noie dans les eaux agitées de la mondialisation ?  Porté par les médias, mais aussi par l’espoir fou qui saisit les grands malades, Macron est incontestablement brillant. L’enthousiasme qu’il a su créer sera-t-il suffisant pour faire bouger le système étatique dont il est largement issu ? Rien n’est moins sûr.

La réforme du droit du travail aura des impacts limités.

Depuis des décennies, les entrepreneurs français ont su s’adapter à un climat foncièrement hostile. L’auto-entreprise permet par exemple d’offrir des contrats courts moins taxés et ultra flexibles, bien avant les CDI de projets proposés par Macron. La suppression des 35 heures aura un impact faible car les cadres font souvent plus que les horaires officiels. Concernant les licenciements, des ruses plus ou moins avouables permettent aux entreprises de se séparer en douceur d’effectifs inadaptés. La réforme du droit du travail est nécessaire mais sans réduction de charges, ses effets en seront limités.

Le dégraissage du mammouth étatique ne se produira pas

La SNCF coûte 2 fois plus cher au kilomètre transporté que son équivalent privé au Japon. La compétitivité de la France est donc mathématiquement tirée vers le bas par le fait qu’un Français sur quatre travaille pour l’État au sens large.

Ne nous leurrons pas. Nous ne sortirons jamais de l’étouffement bureaucratique sans alléger la fonction publique. Une abeille fait du miel, un soldat la guerre, un fonctionnaire produit de la bureaucratie. C’est sa raison d’être, son business, sa joie, son addiction. Le « choc » de simplification administratif de François Hollande n’aura strictement servi à rien. Les fiches de paye sont même encore plus compliquées à produire après les pseudo réformes hollandaises.

Macron s’est fait élire par la gauche étatiste, en rejet d’un Fillon très libéral. L’annonce de l’embauche de 2500 enseignants supplémentaires est une terrible nouvelle. En luttant contre l’absentéisme, Macron aurait pu mettre en œuvre les classes à effectif réduit sans embauche de fonctionnaires. Le nouveau Président montre ainsi qu’il caresse le mammouth étatique dans le sens du poil.

Les syndicats résisteront violemment

Margaret Thatcher a sauvé l’économie anglaise en cassant les reins des syndicats. La méthode a été brutale mais efficace. Macron préfère protéger la fonction publique, l’habitat naturel des syndicats. Pas sûr que le nouveau Président, gentil premier de la classe, ne soit à la hauteur de durs à cuire de la CGT. En juin dernier, ce syndicat s’en est même pris à l’Hôpital des Enfants Necker, une escalade dans la violence physique qui montre sa détermination.

Sans réduire l’assistanat, on ne luttera pas contre le chômage

La saignée pratiquée au Moyen-Âge tuait souvent le malade en empirant son mal. L’un des premières causes du chômage est en France justement le traitement du chômage. Loin d’être paresseux, le Français est un agent économique rationnel qui profite d’un assistanat ultra-généreux. Les start-upers qui ont plébiscité En Marche sont emblématiques de ce système. Beaucoup d’entre eux travaillent 6 mois, puis profitant de ruptures conventionnelles, se mettent au chômage pour créer leur entreprise ou travailler en free lance. Cet usage abusif des deniers publics ne choque personne, pas même les bonnes âmes qui se sont scandalisées de « l’affaire Pénélope » qui est strictement de la même nature.

Sur le sujet de l’assistanat, Macron a donné des signaux contradictoires. Il souhaite rendre l’indemnisation chômage plus difficile mais dans le même temps étendre son application aux démissionnaires.

Pour le moment, Macron s’intéresse à la frange de la population active qui fonctionne déjà bien, les actifs du privé, la France qui bosse. Les fonctionnaires et les populations assistées semblent intouchables. On laisse donc de côté environ ce tiers de la population active qui concentre 90% des inefficiences de ce pays. S’agit-il d’un choix tactique pour redonner dans un premier temps confiance au pays sans brusquer les conservatismes ? Les 6 prochains mois seront cruciaux. Passé ce délai, si rien n’est fait pour attaquer les réformes dans le dur, nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer, en priant pour éviter l’effondrement social.

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  • les français ont ils senti que le changement ce n’est pas pour maintenant ? 56% des citoyens redeviennent pessimistes en ce qui concerne leur avenir et celui de leur proche ; le soufflet retombe , mais bon , macron vient d’être élu , il faut voir d’ici quelques mois ce que cela va donner ;

  • « Macron s’est fait élire par la gauche étatiste, en rejet d’un Fillon très libéral. »

    Il serait temps que les gens de droite digèrent leur raclée et cessent de se bercer d’illusions.

    Non ce n’est pas la gauche étatiste qui a fait perdre la droite, c’est Fillon qui, par son obstination, n’a pas voulu écouter tous ceux qui lui ont conseillé de passer la main alors que la présidentielle était encore jouable.

    Non Fillon n’était pas « très libéral » face à un Macron « étatiste ». Il n’y avait qu’une épaisseur de papier de cigarette entre les deux programmes. La vérité est qu’ils ont proposé l’un et l’autre un programme social-démocrate, très proche.

    Je vois que, par la voix de Hector Allain, la « droite la plus bête du monde » a encore de beaux jours devant elle : critiquer Macron sur des points de programme… que Fillon voulait également appliquer. Elle ferait mieux de tirer les leçons de ses échecs et revoir son positionnement doctrinal.

    • Raphaël ne lit pas bien les programmes…
      Fillon voulait supprimer 500 000 fonctionnaires ce qui est un minimum !
      Chaque fois que nos politiciens de gauche parlent de cela ils oublient l’incroyable inflation de la fonction publique dénoncée dans de nombreux rapports de la Cour des Comptes. Et ce y compris dans la fonction hospitalière où règne la gabegie : il suffit de comparer le ration de personnel dans ce domaine entre la France et l’Allemagne

      • 120 000 fonctionnaires en moins dans le programme de Macron. Avec 500 000, c’était mieux chez Fillon dira le libéral naïf. Le libéral à qui on ne la fait pas, lui, était allé vraiment regarder dans les programmes les détails des promesses pour vérifier laquelle était la plus crédible…

        Continuez donc d’entretenir la légende d’un Fillon super ultralibéral contre Macron le vilain étatiste ! La vérité était tout autre, tous deux de bêtes sociaux-démocrates, bonnet blanc et blanc bonnet : https://www.contrepoints.org/2017/03/13/283860-macron-programme-de-francois-fillon-va-casser-baraque

        • 1 fonctionnaire c’est 42 ans de carrière, 21 ans de retraite et 10 ans de réversion soit 3.5 millions d’euros au total.

          500,000 x 3.5M€ = 1750 milliards sur une vie… sans compter les méfaits de la bureaucratie sur l’économie.

          • il va falloir revoir vos calculs: 42 ans de carrière sachant qu’ils commencent à travailler à 22 ans en moyenne, ça signifierait qu’ils partent en retraite à 64 ans… une blague.

        • « la légende d’un Fillon super ultralibéral »

          Sophisme, juste le moins étatiste et donc plus libéral que d’autres qui ne le sont pas du tout.

    • Epaisseur d’un papier à cigarette… Pas du tout. Fillon souhaitait supprimer plus de 500 000 emplois publics, Macron quelques dizaines de milliers. Ca fait une différence considérable.

    • Le débat n’est pas temps qui est plus ou moins liberal. Le point de divergence est que le programme de Fillon avait une cohérence globale des réformes que l’on a du mal à voir chez notre nouveau Président. Les 20% qui avaient choisi cette cohérence ne sont pas les plus bêtes du monde. Il faut arrêter avec ces mots valise qui justement coupent court à la discussion.

  • Cet article est une analyse de la véritable stratégie de Macron et de tous ceux qui marchent ou font semblant de marcher.
    Après la conquête du pouvoir, si possible sans partage, c’est gouverner en faisant semblant de faire et de continuer à donner une illusion de puissance française.
    Un super programme…. qui agace de plus en plus nos voisins….

  • Quand vous aimez l’abri ulture vous allez dans une école d’agriculture ,quand vous aimez le pouvoir de l’état vous faites l’ENA……inutile de chercher la petite bête chez Macron ,il aime l’état et fera en sorte que l’état soit fort et reconnaissant…pas plus démocrate ou socialiste ou d droite ou de gauche que les autres ce qui compte ,leur banquier et se faire aimer de gens qui comptent comme lui et en dépendance.

  • Macron a été formé à l’ENA et n’a connu le privé que chez Rotschild où il a trempé dans une acquisition qui lui a rapporté gros, sans prendre aucun risque. Il n’a connu que des succès p^lus dus à la chance qu’à son talent et n’a pas l’expérience de l’échec.
    Homme du sérail étatique il ne va pas jouer contre son camp (la fonction publique) et à mon avis il va se planter en beauté, malheureusement la France avec lui ….

  • Non Le combat Macron Fillon n’a pas été sur libéralisme contre radicaux réformistes mais le résultat d’un lynchage médiatique. Macron avec le soutien des grands patrons de la presse, nous a privés d’un débat idéologique, nous ne saurons jamais si les Français étaient prêts au un virage libéral

  • Thatcher ou bien les gouvernements de centre droit au Canada ou en Suede , c ‘ était au vingtième siècle. En 2017 il est trop tard pour ce type de réformes. La dérive est devenue inévitable.

  • Ho non ho non !
    Groooose decepetion, Groooose decepetion, Big problem !

  • Excellente analyse. Les 6 mois qui viennent nous en diront beaucoup. Macron a été élu par un coup d’état médiatique et juridique. Le système s’est défendu

  • E. Macron ne s’est pas beaucoup mouillé pendant la campagne présidentielle. Le flou de son programme, sauf sur quelques points, lui permettront, devant la résistance de tous ceux qui profitent du système, d’éluder les questions et de ne pas se mettre à dos toute la fonction publique. Sur les questions économiques, la cour des comptes vient de servir sur un plateau l’occasion de retarder certaines propositions (ISF, Baisse des charges etc.). E. Macron restera un grand communiquant , mais sûrement pas un homme d’action.

  • Répondre aux besoins des classes en difficultés en diminuant le supposé absentéisme, c’est de la mauvaise théorie.
    Le problème de fond pour tout libéral en France est qu’il n’y a pas de place pour le libéralisme chez nos politiques qui partagent tous des idées aussi débiles que l’État stratège (et Colbertiste), le marché régulé (par L’État), etc.
    Quel politique pourrait réellement appliquer une réforme libérale ? Dan s une perspective systémique, on voit bien tous les blocages à venir, il faudrait mentir et trahir ceux qui soutiennent le pouvoir…

  • Les électeurs ne se sont pas trompés en votant Macron plutôt que Fillon : ils ne veulent pas d’une France libérale! Le sursaut n’interviendra que dos au mur, malheureusement!

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