Éducation : Mélenchon rédige-t-il les programmes ?

Parcourir un manuel scolaire en histoire géo est parfois utile pour avoir une idée de la source de toutes les idées fausses contemporaines véhiculées par l’extrême gauche.

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Éducation : Mélenchon rédige-t-il les programmes ?

Publié le 29 juin 2017
- A +

Par Yves Buschsenschutz.
Un article d’Emploi 2017

Notre année électorale est maintenant pratiquement terminée. En dehors des phénomènes concernant les grands partis, un élément un peu différent se détache : l’émergence de Jean-Luc Mélenchon. Il a fait un score élevé aux présidentielles, soutenu en particulier par les jeunes, et participant largement à la déroute du PS historique.

Lors des législatives, il a été largement élu à Marseille et a obtenu un nombre de députés lui permettant de former un groupe à l’Assemblée. Néanmoins, et quoiqu’il s’en défende, les différents éléments de son programme nous emmèneraient assez directement vers des régimes de type Poutine, Castro, ou Chavez1. Comment donc expliquer un tel succès ?

Pourquoi nos enfants plébiscitent les régimes totalitaires

Ayant eu l’occasion de voyager tant en Russie qu’à Cuba, pays de faillite économique totale ou peu s’en faut, liberticides et totalitaires, etc., je me suis posé la question de savoir pourquoi nos enfants plébiscitaient le promoteur de ces régimes.

Alors il y a bien sûr l’idéalisme de la jeunesse, la haine de la finance internationale, l’égalitarisme… mais tout de même. J’ai alors pensé à l’éducation. J’ai pu me procurer le manuel d’histoire et géographie des classes terminales S édité chez Hachette avec lequel l’un de mes petits-fils travaillait. Il me semblait raisonnable de penser que c’était d’abord dans ces matières que devait se trouver une partie de la réponse.

Quel fut le résultat de cette enquête ?

J’ai trouvé un livre intéressant, très bien documenté, mais assez touffu et avec des choix parfois un peu curieux : les élèves ont droit à la liste de tous les présidents chinois mais Kennedy n’apparait nulle part, ni pour la conquête de la Lune ni pour la crise de Cuba, ni pour le Viêt-Nam, ni même pour l’enthousiasme qu’il suscita aux États-Unis et dans le monde à l’époque.

Politiquement correct à tous les étages

Par ailleurs les cartes, graphiques, présentations, enchaînements, etc., censés valoriser le travail de l’enseignant, se bousculent jusqu’à saturation. Enfin je fis une constatation gênante : les chapitres ne se suivent pas par ordre chronologique, entraînant la disparition de fait de la chronologie, colonne vertébrale pourtant indispensable pour se repérer.

Quant aux opinions sous-jacentes véhiculées, elles sont parfaitement « politiquement correctes » avec le régime politique que nous venons de quitter et dont Jean-Luc Mélenchon représente une continuation dans un mode accentué. En résumé, le capitalisme et les « croisés » représentent le grand Satan, et le reste du monde est une victime ! Il règne également au travers de ces pages une idée de complot permanent (voir le hard et le soft power des États-Unis) et une absence désolante de substrat économique réel.

La drôle de définition de la mondialisation

Un bon exemple est celui des chapitres traitant de la mondialisation : la définition retenue par le manuel est la suivante :

La mondialisation est un processus de diffusion du capitalisme dans le monde. Elle se manifeste par un accroissement des flux et implique des acteurs multiples. Ces acteurs nourrissent un débat qui anime les sociétés civiles. La mondialisation provoque une interdépendance croissante entre les territoires et les hiérarchise. Mais de nombreux territoires restent à la marge du processus. La mondialisation a, en revanche, renforcé le caractère géostratégique des espaces maritimes. 

À titre de comparaison, voici la définition donnée par le journal The Economist et reprise par Le Monde : la mondialisation

désigne un processus par lequel les échanges de biens et services, capitaux, hommes et cultures se développent à l’échelle de la planète et créent des interactions de plus en plus fortes entre différentes parties du monde. Il est maintenant admis que le terme désigne le développement de l’interdépendance au niveau mondial… Sa nature multidimensionnelle se décline en économie, sociologie, politique, philosophie…

La définition de la mondialisation proposée à nos enfants est donc pour le moins assez loin du compte, délibérément orientée et pour finir assez confuse, empruntant au style de Diafoirus.

Formatage des cerveaux

Si l’on ajoute que les deux exemples retenus et développés chacun sur huit pages sont l’iPhone (bien entendu) mais aussi le café (une sorte de mondialisation historique ?), on comprend progressivement comment on formate le cerveau de nos enfants, en donnant une place démesurée à certaines choses tandis que d’autres plus essentielles sont tout simplement ignorées.

Quant aux deux grands acquis de la mondialisation économique, à savoir l’éradication progressive de la pauvreté dans le monde par l’alignement sur le modèle occidental – modèle standardisé et évolutif mais plébiscité par les populations -, ainsi que l’amélioration massive de la productivité et en conséquence la baisse des coûts d’accès aux produits manufacturés et autres services, ils ne sont même pas évoqués. Seules restent les conséquences – souvent difficiles il est vrai – de la nécessaire adaptation des modes de vie et de pensée qui en sont le prix.

Contre la mondialisation

Manifestement, la mondialisation, ce n’est pas bien. Et curieusement, comme souvent, ce sont les mêmes personnes qui sont contre la mondialisation des biens par les échanges commerciaux et pour la mondialisation des populations par les migrations (voir les chapitres sur ces dernières) qui semble pourtant générer des problèmes d’une tout autre gravité.

Les jugements voilés sur la « gouvernance mondiale », le rôle néfaste des « multinationales » comme Nestlé ou Walmart, le rôle quasi missionnaire des « ONG salvatrices » de type Greenpeace, Oxfam ou les Indignés – quoi qu’elles fassent ou disent -, la croissance continue et générale des « inégalités » entre et dans les pays – pourtant la pauvreté recule ? – … sont savamment orientés.

À croire que c’est Jean-Luc Mélenchon lui-même qui a défini avec l’Éducation nationale le programme et le manuel scolaire, se préparant à bon compte des électeurs pour demain, prêts à tout pour casser la machine qui les nourrit !

  1.  Pour mémoire Cuba était classé 67ème sur 186 pays en Indice de Développement Humain en 2014 (en baisse) et le Venezuela 72ème, en stagnation. Quel magnifique objectif !
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  • Bravo pour cette article! Je conseille (bien que ce soit une épreuve que cette lecture) de consulter le manuel équivalent en cinquième « réforme Bel Kacem » tellement idéologique et s’adressant à des enfants encore plus influençables; pour la première fois j’ai songé à ne pas envoyer mon fils au collège, pourtant c’est le quatrième…

  • « son programme nous emmèneraient assez directement vers des régimes de type Poutine, Castro, ou Chavez »
    Je ne vois pas bien la ressemblance avec Poutine, celui-ci étant certe autoritaire sur les questions militaires, mais libéral sur les questions économiques, avec les mêmes résultats que les 2 autres.

    Quant à : Comment donc expliquer un tel succès ? (dans la jeunesse).
    Et bien ce n’est pas très compliqué, quant on dit à un jeune qu’il devra payer 2000 milliards de dette avec des contrats précaires mal rémunérés, pendant 42 années, et bien le jeune, il vote Mélenchon ou Le Pen.

    • « quant on dit à un jeune qu’il devra payer 2000 milliards de dette avec des contrats précaires mal rémunérés, pendant 42 années, et bien le jeune, il vote Mélenchon ou Le Pen. »

      La question c’est pourquoi ?

      • @ Melissa H
        La raison est simpliste: parce que la droite et la gauche traditionnelles, alternativement au pouvoir, sont les responsables depuis 30 ans.

        Ce n’est pourtant pas tout à fait exact:beaucoup de « jeunes » ont voté pour E.Macron aussi.
        Il y a pourtant un drame qui devrait être et rester prioritaire, c’est le chômage des 18-30 ans ou un travail où ils sont surqualifiés ou le fait que le chômage n’est pas mis à profit pour donner une qualification « utile » à ceux qui n’en ont aucune.
        Refuser d’engager un jeune « sans expérience », comme dégager « un vieux » (dès 45 ans, parfois) parce qu’il est trop cher, ça pose question.

        • « Refuser d’engager un jeune « sans expérience », comme dégager « un vieux » (dès 45 ans, parfois) parce qu’il est trop cher, ça pose question. »

          Faisons en sorte que ça coute moins cher et ça ne posera plus question. Ah oui, j’oublaiis, c’est de l’exploitation turbocapitaliste.

    • Superbe.
      « Poutine, celui-ci étant certe autoritaire sur les questions militaires, mais libéral sur les questions économiques » Ben tiens…. Evidemment : La corruption endémique, les apparatchiks, la dépendance a la rente pétrolière et le capitalisme de connivence sont les caractéristique d’une politique économique libéral.

    • Poutine n’est en rien libéral en économie, ni même partisan du marché. Ce n’est qu’un mafieu qui ne pense qu’à mettre la main sur toute entreprise qui marche, au profit de ses affidés, par l’intermédiaire de la justice qui est à ses ordres.
      Le président Medvedev a reconnu dans un discours que son pays était sous développé, car il n’exporte que des matières premières; pétrole, gaz, or, diamant, métaux rares! Mais impossible de trouver un seul produit manufacturé russe en vente en occident, alors que nous sommes submergés de produits chinois! C’est révélateur de l’état de l’économie russe.

      • « Mais impossible de trouver un seul produit manufacturé russe en vente en occident »… Question : Trouve-t-on énormément de produits manufacturés français dans les commerces aux US, au Canada, au Royaume Unis ? Du vin des alcools, du fromage qui pue, si nous étions si bons que ça nous ne serions pas en déficit commercial !

        •  » Question : Trouve-t-on énormément de produits manufacturés français dans les commerces aux US, au Canada, au Royaume Unis ? Du vin des alcools, du fromage qui pue, si nous étions si bons que ça nous ne serions pas en déficit commercial !  »

          Vous oubliez la chimie, les produits pharmaceutiques, l’automobile, l’aéronautique, les produits de luxe comme les vêtements et les parfums. Etre en déficit commercial n’est pas une question d’être bon ou mauvais dans ce que l’on exporte. Les USA sont aussi en déficit commercial. Je n’aurais pas le temps de vous lister tout ce que est exporté des USA dans le reste du monde ça me prendrait des heures.

        • Manifestement, payez-vous un voyage aux USA.
          Vous y verrez de l’électroménager SEB (Tefal aussi dont la friteuse sans huile qui fait un carton), SEB qui réalise 85% de son CA hors de france, Les stylos BIC (40% de son CA aux USA), les parfums, la mode… et les centaines d’entreprises françaises ayant une implantation aux USA : SAFT, AIRBUS, MATERNE, UBISOFT, DANONE, VINCI, L’OREAL, LAFARGE, SANOFI…

        • « Mais impossible de trouver un seul produit manufacturé russe en vente en occident »
          Si, des kalashnikov. Ça pullule dans nos banlieues. Je vous accorde qu’elles sont rarement fabriquées en Sainte Russie.

      •  » Poutine n’est en rien libéral en économie, ni même partisan du marché. »

        Tout les indicateurs économiques ( WEF ou institut des libertés ) place la Russie parmi les pays les moins libre économiquement.

    • C’est justement en votant Mélenchon et Le Pen qu’il aura le plus de chance de finir chômeurs! Puisque c’est la prospérité économique qui apporte emploi, salaire et bien être! Inutile d’être un génie pour voir que leurs programmes détruiraient l’économie de la France, et donc l’emploi.

  • Je ne doute pas que le diagnostic posé par l’article soit correct.

    En revanche je trouve que le seul exemple cité est bien insuffisant pour l’appuyer. Le galimatias prétentieux n’est pas vraiment la marque d’une orientation politique.

  • Si vous voulez transformer votre enfant en marxiste, envoyez le en face de géo, résultat garantis.

  • Rien de neuf sous le soleil! A douze ans, à partir de 1981, je me battais déjà contre les profs socialo-communistes de l’époque qui tentaient de nous formater. Ils y ont réussi et nous en sommes déjà à la troisième génération de « bien-pensants » décérébrés et acculturés. C’est irréversible et sans espoir, car flattant le navrant penchant atavique de nos compatriotes pour la jalousie sociale.

  • Mettre Poutine dans le même sac que Castro ou Chavez, c’est tout simplement ridicule.

    • Ah oui? Votre ignorance est affligeante! Avant d’affirmer une chose vous feriez mieux de lire le CV de Poutine!
      Colonel du KGB, chef de la mafia qui dirige la Russie, pillant son économie, bafouant les droits de l’homme et le droit international en attaquant ses voisins!

  • Et oui, le bourrage de crâne par le mensonge commence à l’école, et explique pourquoi la France est en pleine décadence sur tous les plans! Et pourquoi elle ne s’en sortira pas!

  • Ce qui plait à l’extrême-gauche, c’est le pouvoir absolu, à l’abri de la versatilité de l’opinion, même motivée. Quant aux bijoux(ou joujoux) de la technologie, ils sont bien sûr appréciés.

  • je parlais de Sam Player mais il n’est pas le seul , vous êtes tous comme lui . je ne le connais pas et ne tiens pas à le connaitre , je ne fréquente pas les dépressifs . simplement c’est le type même du loser qui poste ici . Il y a quelques années , il se plaignait que sa compagne l’avait quitté ( qu’est -ce -qu’on en a à foutre ) et la dénigrait , ensuite il avait chialé d’être au chômage , encore ensuite il avait retrouvé un job mais se plaignait d’être mal payé malgré ses diplômes ( comme si il n’y avait que lui )….etc
    Bref vous passez une soirée avec lui et vous vous tirez une balle !

  • L’auteur vise juste, mais ne trouvera pas facilement les exemples tant le langage des ouvrages est sibyllin. Le fond de la question repose sur ce qui se passe dans les cours, et pour côtoyer ce monde des enseignants en histoire-géographique, il faut savoir que leur position politique moyenne se situe à l’extrême gauche, dans les mouvances anticapitalistes, anonymus, et toutes sortes de visions dans lesquelles le monde est analysé et reconstruit au delà du réel.
    Par ailleurs, leur action est renforcée par celle des enseignants en Philosophie, porteur d’une forte aura auprès des élèves de Terminale, et des enseignants de français, qui ont un impact dans les options dites lourdes (théâtre, cinéma, etc, toutes options ludiques et amusantes réalisées avec nos impôts).

  • Merluchon a gagné, certes, mais :
    1) C’est un arrondissement traditionnellement à gauche dans lequel la droite n’a jamais gagné, et rarement atteint le second tour.
    2) Un quart seulement des gens sont allés voter : il faisait beau et les Marseillais avaient autre chose à faire que de choisir entre la peste et le choléra.

    Quand à la diffusion de ses idées par l’éducation, c’est finalement assez réjouissant de voir que malgré une propagande subie pendant plus de 20 ans, peu de jeunes choisissent Merluchon.

    Finalement, le capitalisme, c’est incroyablement résistant.

  • Les insoumis ne réfléchissent pas ils bêlent derrière le grand timonier……….

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Nicolas Quénel est journaliste indépendant. Il travaille principalement sur le développement des organisations terroristes en Asie du Sud-Est, les questions liées au renseignement et les opérations d’influence. Membre du collectif de journalistes Longshot, il collabore régulièrement avec Les Jours, le magazine Marianne, Libération. Son dernier livre, Allô, Paris ? Ici Moscou: Plongée au cœur de la guerre de l'information, est paru aux éditions Denoël en novembre 2023. Grand entretien pour Contrepoints.

 

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