Idée reçue : « les financiers sont des rapaces sans utilité sociale »

Prétendre que les financiers n’ont aucune utilité et sont des parasites constitue une erreur majeure.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Idée reçue : « les financiers sont des rapaces sans utilité sociale »

Publié le 25 juin 2017
- A +

Par Eddie Willers.

De nos jours et tout particulièrement depuis la crise de 2008, « la finance » – terme qui ne veut pas dire grand chose tellement celui-ci est large – a mauvaise presse. Les financiers ne seraient que des vautours qui « font de l’argent avec de l’argent », comme si un agriculteur ne faisait pas des céréales avec des céréales, mais passons.

Pourtant les financiers réalisent un métier avec une véritable utilité sociale, celle d’allouer le plus intelligemment possible une ressource rare : le capital.

Qu’est-ce qu’un capital ?

Pour correctement mesurer l’impact des financiers que nous entendrons comme les personnes réalisant une activité de collecte d’épargne et d’investissement, attardons nous sur la définition même du capital.

Michel Leter en faisait une analyse brillante dans Le Capital dont je ne peux que vous conseiller la lecture. Il rappelait que le capital c’est tout ce qui nous constitue en tant qu’Homme. Pourquoi donc ? Parce qu’avant de produire, l’Homme doit avoir accumulé quelque chose auparavant. L’ensemble de ce qu’il a accumulé au cours de sa vie est ce qui le définit.

Ainsi, nul ne peut récolter les blés s’il n’a pas semé. Vous me direz : si, dans le cas où ces blés ont poussé naturellement. Je vous répondrai : dans ce cas il faut qu’il ait la connaissance de l’utilité de cette céréale dans le cadre de son alimentation. Si vous poussez le raisonnement jusqu’à l’extrême, vous vous rendrez compte que pour produire il faut avoir accumulé quelque chose auparavant : une éducation, des ressources naturelles, des techniques, des ressources financières etc.

Plus vous accumulez et plus vous aurez de ressources à disposition pour pouvoir produire intelligemment. L’épargne est une forme d’accumulation de ressources, elle est donc au service de la production. Plus l’épargne est forte et plus les chances de produire des biens et services utiles aux hommes sont élevées. Toute politique qui vise à détruire l’épargne constitue dès lors une politique qui limite le potentiel de croissance à court, moyen et long terme car elle empêche la constitution d’un capital financier.

L’inflation, le système de réserves fractionnaires, les taux d’impôt confiscatoires sont autant de politiques qui ne permettent pas aux hommes d’épargner et donc qui limitent la croissance.

Une ressource allouée par des financiers

L’épargne est alors une condition nécessaire afin d’améliorer notre production, mais malheureusement non suffisante. Nous avons vu plus haut qu’elle augmentait les chances de mieux produire car nous disposions de plus de ressources. Néanmoins il faut que cette ressource essentielle soit correctement allouée ; c’est là qu’interviennent nos financiers.

Nous avons vu plus haut qu’un financier collectait et allouait de l’épargne. Lorsqu’il collecte de l’épargne, il doit absolument faire fructifier ce qui lui a été confié. L’épargne constitue une privation de consommation présente, c’est un sacrifice. Ce sacrifice doit être compensé par le fait que la privation actuelle donnera lieu à une satisfaction plus grande dans quelques années.

In fine, il faut donc que le financier propose un retour sur investissement attractif. Cela suppose donc d’allouer l’épargne qui lui a été confiée dans des projets utiles. Nous avions vu précédemment à quel point le profit constitue un très bon outil de mesure de l’utilité d’un bien ou d’un service. Plus vous en vendez et plus c’est un signe qu’il plaît. Pour autant il ne faut pas gaspiller des ressources pour le produire, sinon cela serait stupide. Le profit intègre donc ces deux paramètres afin de mesurer l’utilité d’un produit ou d’un service.

Un financier doit trouver les biens et services qui généreront du profit dans le futur. Le profit étant, comme nous l’avons vu plus haut, une proxy de l’utilité, les financiers agissent donc en vue de permettre aux projets les plus utiles d’être menés à bien.

S’il n’est pas en mesure d’identifier correctement ces biens et services utiles, il ne générera pas de profit, donc pas de rendement pour les personnes qui lui ont confié leur épargne. Que feront ces personnes ? Elles lui retireront la gestion d’une de leurs ressources les plus précieuses et il devra mettre la clé sous la porte.

Les mauvais financiers, c’est-à-dire ceux qui allouent mal les ressources, sont donc naturellement écartés grâce au principe éminemment vertueux du marché.

En conclusion, prétendre que les financiers n’ont aucune utilité et sont des parasites constitue une erreur majeure. Leur rôle consiste à affecter une ressource rare et nécessaire à la croissance, l’épargne, à des projets générant du profit, donc utiles. La sélection des projets doit être rigoureuse et minutieuse afin de ne pas gaspiller cette épargne.

Les citoyens devraient bien plus s’indigner contre les banques publiques et les bail-outs qui permettent à de mauvais financiers de continuer leur activité en échappant à la sélection naturelle du marché. Car notre épargne est un élément constitutif de notre capital et comme le rappelait Yves Guyot, « le capital c’est l’homme ».

Sur le web

Voir les commentaires (9)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • pourquoi comparer les financiers à des rapaces ? aprés tout , le rapace est un oiseau dont la véritable utilité n’est plus à démontrer ; il n’est pas certain que ce soit vraiment le cas des financiers dans leur intégralité ; ceux ci n’ont pas bonne presse et ma foi il n’y a pas de fumée sans feu ;

  • Ah bon!
    Ben j’ai du rencontrer que des busards!
    Pas de chance pour moi, parce que deux banques ont fermé en 2009 et ont envoyé leurs chers collaborateurs en voyage de repos à Curaçao. Repos financer par ma retraite épargne (Suisse), dont j’aurais des miettes rassies en 2042 (après ma mort ;-( )

    Mr E. Willers vous écrivez benoîtement:
    « Les mauvais financiers, c’est-à-dire ceux qui allouent mal les ressources, sont donc naturellement écartés grâce au principe éminemment vertueux du marché. » 🙁
    Pas suivi l’actualité?
    Too big too fail, fausse monnaie, manipulations de marchés, créances pourries, bilans faussés et fraude vous ne connaissez pas?
    Rapaces Non, les pauvres bêtes, mais une majorité de criminels sabotant le travail des entrepreneurs avec la bénédiction des banques centrales et des gouvernants!

    • « Too big To fail », « manipulations de marchés », « bénédiction des banques centrales et des gouvernants »
      À chacun de vos exemples, l’État est responsable, directement ou non
      Ne vous trompez pas d’ennemi.

    • Pas faux, même vrai.

  • Cet article, bien que « correct » sur le fond, prête à sourire par sa naïveté. Merci à Bago pour son commentaire. Les financiers sont devenus des criminels et des incompétents pour la plupart, main dans la main avec leurs complices mafieux des gouvernements. Une illustration parfaite? Freddie Mac et Fannie Mae dans le feuilleton de la crise des subprimes. Ces parasites sont loin de pouvoir se comparer aux financiers Italiens du Quattrocento, géniaux promoteurs de la lettre de change inventée par les Templiers, qui a tant fait pour développer le commerce et donc l’industrie à cette époque là.

    • Vous n’avez pas dû lire le dernier paragraphe :
      « Les citoyens devraient bien plus s’indigner contre les banques publiques et les bail-outs… »

      …. ce qui est exactement le cas de Fannie Mae et Freddy Mac.

      Vous mélangez les interventions privées et les interventions publiques venant soutenir des entreprises privées, ce qui n’est que du capitalisme de connivence.

  • Cher Eddie WILLERS, vous avez reçu une série de scuds en vantant l’utilité du financier mais il faut nous comprendre, nous pauvres petits mais avec quelques restes de mémoire…. Et admettez que la crise financière 2007/2008 nous donne quelques arguments pour rendre certains lecteurs un tantinet nerveux a l’évocation du bien fondé et de la nécessité du financier.
    Vous décrivez une situation idéale dans laquelle le financier ne serait guidé que par sa mission , avec la plus grande rigueur, sans aucune arrière-pensée, sans imaginer des produits pourris, mais rentables pour lui dans un premier temps, sans imaginer le trading haute fréquence ( dont je perçois mal en quoi ça peut enrichir le producteur… mais je vois très bien qui peut en profiter!! ). En somme, un financier qui ne serait que vertueux, mais la nature humaine étant ce qu’elle est, il doit surement exister des financiers honnètes mais en attendant,nous , les petits, on doit payer et pour très longtemps pour ceux ( et ils ont été très nombreux ) qui se sont comporter comme de vraies crapules.

  • Un article intéressant, s’il n’oubliait pas une chose… La finance est mondialisée, c’est bien ce qui lui est reproché. Donc l’épargne ne revient pas dans les mains des épargnants par le biais d’investissement, ou en tout cas qu’en partie. L’épargne, le capital est affecté à ses travaux plus profitables, souvent dans un autre pays.

  • Malheureusement, les gens susceptibles de le comprendre ne sont pas concernés par cette idée reçue.
    Et les gens qui ont cette idée reçue, ne sont probablement pas capables de le comprendre.

    Cela n’enlève rien à la qualité de ce genre d’articles. Merci à l’auteur pour cette série.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Dernier article de la série sur les mythes liés à la diversification. Partie I ; Partie II ; Partie III.

La diversification agit comme une bombe à neutrons et s’apparente de plus en plus à un pont de la rivière Kwaï : elle détruit la réalité en maintenant les apparences, et plus elle est « bien faite » et plus le mal s’aggrave. Un mal profondément anti-libéral.

Tout ce qui précède a en effet des conséquences en cascade, ne serait-ce que par le canal de la finance. Or, nos économies sont très financiarisées, elles ne l’ont jamais... Poursuivre la lecture

Partie I & Partie II.

« Il est difficile d’imaginer une façon plus stupide ou plus dangereuse de prendre des décisions qu’en les mettant entre les mains de personnes qui ne paient aucun prix pour avoir tort » - Thomas Sowell

La neutralité était l'apanage des profs des universités, quand leurs théories hérésiarques servaient jadis à injecter une discipline utile ; ce n’est pas le cas de leurs successeurs, des corporates et des commerciaux qui ont un biais très fort sur ce sujet. Un biais que vous devriez connaître.

Ce ... Poursuivre la lecture

Lire la première partie.

 

« Peu importe que vous soyez intelligent si vous ne vous prenez pas le temps de réfléchir » - Thomas Sowell

Revenons brièvement sur les idées reçues sur lesquelles s’appuie le dogme de la diversification.

On ne se souvient même plus que la promesse de départ consistait à atteindre la médiane des performances, ni plus ni moins.

« La théorie moderne de portefeuille vous apprend comment vous y prendre pour avoir la moyenne. Mais je pense que la plupart des gens savent comment il ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles