Corriger l’Histoire-Géo au Bac

Petit témoignage d’un enseignant plongé dans la correction de copies du bac…

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Corriger l’Histoire-Géo au Bac

Publié le 19 juin 2018
- A +

Par Gérard-Michel Thermeau.

Je me suis livré à un exercice que j’ai eu l’occasion de pratiquer à de nombreuses reprises dans ma carrière : la correction des copies d’Histoire-Géographie de la série S.

Quand je dis correction, je m’exprime sans doute mal. En fait, nous ne corrigeons pas les copies du Bac, nous les évaluons. Corriger supposerait de souligner les problèmes, les erreurs et les confusions et d’indiquer en marge ce qui ne va pas. Travail que nous accomplissons avec nos élèves tout au long de l’année.

Un exercice encadré

Au Bac, il n’est pas du tout question de cela. À une époque aussi procédurière que la nôtre, il est devenu hors de question d’écrire quoi que ce soit sur les copies pouvant prêter à contestation.

Nous nous contentons de les lire puis de rédiger dans l’en-tête une appréciation, ou plus exactement deux, l’une pour l’histoire, l’autre pour la géographie. La note globale doit être cohérente avec les appréciations. L’inspection nous invite à user de toute l’échelle de la notation, mais néanmoins sans mettre de zéro, sauf en cas de copie blanche.

La correction, quoiqu’en disent les collègues, il faut bien se plaindre, peut donc être faite rapidement, en tout cas beaucoup plus rapidement que pendant l’année scolaire. Le principal inconvénient en cette période pour les professeurs de lycée réside surtout dans les déplacements imposés par le souci de ne pas noter ses propres élèves.

De Lyon à Saint-Étienne

Dans l’académie de Lyon, les Stéphanois découvrent les charmes de la circulation lyonnaise et les Lyonnais les agréments imprévus de Saint-Étienne. Cela fait beaucoup de déplacements plus ou moins utiles, beaucoup de pollution atmosphérique sans parler d’émissions de méchants CO2. Mais le Bac, c’est le Bac, n’est-ce pas.

La lecture des 74 copies dont j’avais la charge m’a un peu rassuré. D’abord sur le niveau qui, pour les uns, baisse depuis la nuit des temps et qui, pour les autres, monte jusqu’au ciel. Disons-le, les élèves que j’ai évalués ont, dans leur grande majorité, rédigé des copies relativement correctes.

L’orthographe était ce qu’elle était, aussi mauvaise que dans nombre de quotidiens de référence. La syntaxe n’était pas toujours exemplaire, et parfois rigolote. Les perles agrémentaient parfois la lecture un peu répétitive du traitement de mêmes sujets.

Quelques surprises

Mais globalement, nos têtes blondes ou brunes étaient capables de présenter de façon claire et précise la place de la Chine dans le monde depuis 1949.

Et là, surprise, que lisait-on ? Eh bien que la période maoïste a été particulièrement désastreuse, avec un régime totalitaire, une terrible famine provoquée par le bond en avant et une désastreuse révolution culturelle.

Ensuite que la libéralisation de l’économie chinoise a fait reculer la pauvreté. Mais cependant, la nature toujours autoritaire du régime chinois était soulignée avec des références souvent précises à l’écrasement du « printemps de Pékin ».

N’est-ce pas rassurant ?

L’autre sujet de composition sur « Gouverner la France» a été moins réussi. Comment en 1h30 à 2 h, un candidat peut-il traiter un sujet aussi vaste, ambitieux et mal conçu d’ailleurs ? La faute en est au programme plus qu’aux candidats. Aussi ce sujet fut peu choisi.

L’analyse de documents sur l’insertion de l’Afrique dans la mondialisation était dans l’ensemble correctement traitée. Certes, les candidats ne comprenaient pas nécessairement la différence entre un texte évoquant des flux d’IDE et une carte représentant des stocks d’IDE.

Mais la plupart des correcteurs ne faisant pas davantage la différence, cela n’avait pas une grande importance. Dans l’ensemble, les candidats s’efforçaient de montrer en quoi l’insertion dans la mondialisation était une bonne chose. Mais aussi les handicaps du continent africain, avec l’analphabétisme, la corruption des dirigeants et l’instabilité politique.

Et finalement, en lisant ces copies, parfois maladroites, je me posais une question : comment des jeunes gens qui rédigeaient des choses sensées sur les méfaits du communisme, les bienfaits de la liberté en économie et le rôle positif joué par les IDE dans le développement des pays pauvres pouvaient-ils ensuite voter Le Pen ou Mélenchon ?

Cet article a été publié une première fois en 2017

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  • melenchon est insoumis pa

    • s communiste, il se serait donc opposé à mao..la longue marche par contre….

      • @jacques lemiere
        Désoél mais je dois objecter. JLM est communiste, rien de moins ! Mao est un de ses modèles (avec Staline, Castro, etc…). Il ne se serait aucunement opposé et aurait pris part à la révolution culturelle, se serait allègrement servi chez autrui. Il n’aurait peut-être pas autant crapahuté dans les campagnes chinoises.
        Si vous avez encore, comme c’est le cas non loin de chez moi, des affiches du candidat JLM, je vous suggère de vous en approcher et de bien regarder sa photo.

        • @ jacques lemiere
          J.L.Mélenchon est surtout « mélenchoniste »!
          Il fut un tribun en rupture avec les lois et règlements, Français ou Européens, au moins dans ses discours, convaincu que ses idées énoncées, même minoritaires, devaient se réaliser, autoritairement si nécessaire, puisque telle était la volonté des travailleurs exploités. Envers et contre toute règle précédente et toute réalités existantes!

          Je lui laisse son talent de tribun doué et sa dialectique très habile. J’apprécie moins sa façon télévisuelle d’imposer son discours (« c’est moi, l’invité! Laissez-moi parler ») qui lui permet de briller plus (et de « jouir » en meeting!) que par des résultats obtenus, par exemple, quand il était confortablement député européen, légèrement plus présent (ou moins absent) que la moyenne des 73 autres!

          Ancien socialiste, il a fondé son parti pour être en fait le « patron ». Paradoxal! Mais il veut être « devant »!

  • Réponse partielle à votre dernière question : il faut croire que leur réflexion sensée se perd par grégarisme et tropisme pour la bien pensance à la fin de la puberté.

    • Enseignant l’économie au lycée vos propos me chagrine! Avez vous déjà assisté à une séance en 1ere ou en terminale. C’est bien d’économie que l’on parle, si toutefois aborder l’entreprise, la création monétaire, le chômage, le commerce international (avec l’importance des IDE!)… c’est faire de l’économie! Je ne doute pas que selon son orientation politique tel ou tel prof mette ces grands thèmes à sa sauce, mais le programme officiel avec des imperfections est ce qu’ il est. Pour ma part je me régale!

  • Question : Comment des jeunes gens qui rédigent des choses sensées sur les méfaits du communisme, les bienfaits de la liberté en économie et le rôle positif joué par les IDE dans le développement des pays pauvres peuvent-ils ensuite voter Le Pen ou Mélenchon ? Exemple typique d’un biais de position. Vous corrigez des copies de candidats de la série S. Etes-vous sûr que vous pourriez faire le même commentaire sur des copies de série L, ou ES ? Personnellement j’en doute, spécialement pour la série ES (Economique et Social), dont la formation, malgré son intitulé, est proprement a-économique.

    • Objction, votre honneur! La formation des ES n’est pas a-économique (alpha privatif, synonyme d’absence de) mais bien anti- économique, c’est à dire que le cours dit très souvent le contraire de la réalité.

  • La question finale de l’auteur me laisse pantois. Est-ce de la bêtise ? de la naïveté ? de l’humour au second degré ?
    Il ne semble pas avoir perçu que l’éducation nationale n’a pas pour objet de développer la liberté d’esprit et d’apprendre à la faire valoir. Toute opinion susceptible de contrarier le professeur est à éviter soigneusement pendant toute la scolarité. Tous les professeurs étant gauchistes, ou plus récemment convertis au pseudo libéralisme macronien, il me paraît très intelligent de la part des étudiants de dissimuler leur opinions réelles, qu’elles soient nationalistes ou communistes. Cela paraît pourtant évident. Vous pensez possible d’obtenir la moyenne en vantant dans la copie les mérites de Marine le Pen ?

    • Les étudiants dissimuleraient leurs opinions et chercheraient à flatter celles des profs « tous gauchistes »… en tenant des positions libérales économiquement !!! Ah ah ! oui, tout cela est « évident » !

      Qui parle de bêtise ?

  • Bonjour
    De quelle sorte d’IDE parlez-vous ? Un sigle ou acronyme mérite d’être explicité.
    Cette remarque n’enlève rien à la qualité et l’intérêt de vos articles

    • @ Rica
      De fait les acronymes français sont « usants »: le plus souvent, ils sont traduits et ne sont le premier choix ni de Google ni de Wikipédia: il ne suffit pas d’être francophone pour les comprendre et ils se multiplient, en France, au fur et à mesure des constructions « d’usines à gaz », le nom évoquant plus le « déguisement politico-moral » que la mission réelle de l’organisme.

  • L’Investissement Direct à l’Etranger, c’est pour moi, la création de réseau divers et variés dans ces pays à très forte natalité, qui « approvisionnent » notre république de produits à très forte demandes de la part de nos gouverneux socialisants. La remontée de drogues, par « go fast » dont quelques journaux nationaux, nous informent parfois, ou l’introduction, forcément humanitariste de centaines de migrants en mal de vivre dans les pays sahéliens africains, ne sont que 2 mauvais exemples de ces Investissements Directs à étrangers que pratiquent certains États Africains devenus indépendants depuis plus de 50 ans.
    Alors, que notre jeunesse vote Le Pen ou Mélenchon, c’est d’abord faux, puisqu’eux sont encore dans les « jupes de leurs mères, ou habitent encore chez papa/maman », et ne sont pas encore plongés dans la vraie vie du français de base. Et c’est encore plus faux, si l’on considère que l’on peux « encore » passer son bac à 16 ans, pour les plus doués, même si l’on considère que de plus en plus d’élèves candidats le passent à plus de 19 voir 20 ans. Et que tout le monde sait que forcément, ils votent statistiquement, comme leurs parents.
    Donc, l’auteur de cet article, professeur d’histoire géographie aurait mieux fait de ne pas se positionner idéologiquement pour jouer encore ce jour là, au maitre de conscience.

    • Aïe aïe aïe… Le commerce de la drogue et les migrations ne sont pas des investissements directs à l’étranger.
      Pour le dire autrement : des mouvements de biens ou de personnes ne sont pas des mouvements de capitaux.

      Quant au vote des jeunes, informez-vous au lieu de tenir pour acquis vos propos de café de commerce (« tout le monde sait que forcément, ils votent statistiquement, comme leurs parents »).

      Bref, instruisez-vous.

  • « L’autre sujet de composition sur « Gouverner la France» a été moins réussi.  »
    HAHAHHAHA !
    Y en a qui cherchent des idées tellement ils sont à sec et à la ramasse !

    Je travaille avec des professeurs. Un prof d’histoire m’a dit qu’il devait enseigner comme on le lui avait dit. Il s’agissait du cours d’E.M.C en collège. Ce cours me donne des boutons. Si l’inspection académique s’occupait de jardineries, elle ferait périr tout ce qui pousse.

  • Dès que l’on aborde la politique les gens perdent la raison et deviennent idiots!

  • Y’a quand-même des quiches en histoire politique par ici.
    Voir un rapprochement entre le programme de FI et l’ouvre de Staline et Mao ou même Castro !!! Faut le lire vite !!!
    Et les jeunes qui votent JLM ou MLP, comment font-ils ?
    Très simple, dans le premier cas il veulent un peu plus de démocratie et de justice sociale, dans le deuxième ils ont juste loupé l’école. Le reste n’est que procès d’intentions.
    Il est rassurant que des jeunes ayant un niveau d’Histoire équivalent au BAC ne votent pas pour les mecs qui ont mis la France dans cet état (LePS /LaREM/LesREP)

    • @Jehan
      Bonsoir,
      Le rapprochement est simple : communisme !
      Négation de l’individu, de la propriété, de la liberté et des droits individuels.
      JLM avait entonné une « sérénade » à la mort de Castro pour lui rendre hommage ; vantait le Vénézuéla de Chavez comme modèle de socialisme du XXIème siècle.
      Voter JLM ou MLP pour avoir « un peu plus de démocratie et de justice sociale » vous ne pouvez pas être sérieux, si !?
      La démocratie en France n’est plus. Quant à la « justice sociale » c’est une ineptie, la justice doit être la justice. Avec un pouvoir judiciaire aux bottes d’un agent de l’exécutif (le Ministre de la Justice), la Justice n’est pas. Votre justice sociale passe par une administration, et celle-ci ne devrait avoir aucun pouvoir d’accusation, ni de jugement et encore moins de sanction.

    • @Jehan
      Effectivement, il est rassurant que les jeunes en question préfèrent voter Mélanchon que se laisser manipuler par quelqu’un comme Macron. Le problème, ce n’est ni Mélanchon ni Le Pen, car ils seraient anecdotiques si le vide qu’il y a en face ne leur laissait pas autant d’espace.

      De plus, vous avez raison de noter le manque de pertinence qu’il y a à réduire le programme de FI à un simple programme totalitaire.

      Il est par exemple difficile de traiter de totalitaire un parti qui entend faire inscrire dans la Constitution le droit à disposer de son corps et dont les arguments en faveur de la légalisation de l’euthanasie sont exemplaires. De ce point de vue, c’est plutôt le régime dans lequel nous vivons qui est totalitaire, et c’est un gouffre qui s’ouvre entre La France Insoumise, seule à même de défendre une liberté fondamentale, et tous les autres partis (Le PS/LaREM/LesREP) qui rejoignent le parti des Le Pen (RN EX-FN) pour maintenir les Français exclus du champ de cette liberté.

  • Bizarre en effet la dernière question de l’auteur…

    L’auteur semble naïf. C’est mieux de voter des candidats royalistes ou qui maintiennent des privilèges sans s’occuper de la nation ?

    Sans être pour ou contre les extrêmes (surtout contre melenchon quand même faut pas pousser ^^), on peut comprendre le test de ce genre de parti. Et certains pays commencent à enfin penser dans ce sens pour s’occuper des vrais problèmes qui nous pendent au nez (immigration massive incontrôlée par exemple…)

    Autant ne pas voter sinon, en espérant que le vote blanc sera majoritaire un jour…

  • Je crains que les jeunes en question ne fassent pas le lien entre ce qu’ils apprennent en histoire, même contemporaine, et la manière dont ça se présente à un Chinois sur place, impliqué au jour le jour. D’où leur hésitation quand il s’agit d’analyser ce qui se passe en France, ils n’y voient pas de ressemblance avec les épisodes étrangers qu’ils ont étudiés, faute de recul d’une part et de compréhension d’autre part de ce que c’est que de vivre dans un système soviétique ou maoïste. Les différences sont bien plus subtiles et du second degré qu’ils ne l’imaginent…

  • Ils ne font que recracher stratégiquement les leçons apprises, et non exprimer leurs opinions. Il n’y a qu’à voir ce qu’est le bac français à l’oral: apprendre par cœur une trentaine de commentaire d’œuvres rédigés par le prof. Non ce n’est pas du tout rassurant.

  • « Et finalement, en lisant ces copies, parfois maladroites, je me posais une question : comment des jeunes gens qui rédigeaient des choses sensées sur les méfaits du communisme, les bienfaits de la liberté en économie et le rôle positif joué par les IDE dans le développement des pays pauvres pouvaient-ils ensuite voter Le Pen ou Mélenchon ? »

    Voici mon humble réponse : petit témoignage d’un développeur plongé dans les souvenirs du bac…

    J’ai passé mon bac en 1998 ; pour avoir passé des examens avant et également après CET examen, je partage entièrement l’avis de Monsieur Jean-Baptiste Noé dans son article https://www.contrepoints.org/2018/06/18/213326-comment-evolue-le-bac-general : le baccalauréat est l’examen que j’ai trouvé le plus difficile, précisément pour les raisons qui y sont pertinemment mentionnées !

    En faculté, lorsque vous passez les épreuves de mathématiques, il n’y a pas à tergiverser : soit votre copie est bonne, soit votre copie est fausse. Précisément parce que deux plus deux font quatre et que i carré égale moins un ! Et que ceci reste vrai en tout temps et en tout lieu.

    De la même façon, en faculté, lorsque vous passez les épreuves de chimie, votre copie est soit bonne, soit fausse. Précisément parce que deux molécules de dihydrogène et une molécule de dioxygène donneront toujours et partout deux molécules d’eau.

    Ce n’est pas pour rien si l’on parle de sciences EXACTES ; ainsi, en faculté, si vous optez pour pour les sciences exactes, vous êtes débarrassés des sciences dites HUMAINES que sont l’économie, la philosophie et, dans la manière dont cette matière est enseignée, l’histoire-géographie, et dont l’évaluation de votre copie n’est soumise qu’à la subjectivité d’un homme, ce que je trouve inhumain.

    En 1998, j’ai eu le meilleur professeur d’histoire-géographie de toute ma scolarité. Je crois d’ailleurs savoir qu’il enseigne toujours, bien qu’il ait depuis fort longtemps dépassé l’âge de la retraite. Il n’a jamais enseigné l' »histoire » : il a toujours étudié l’histoire. Avec un Doctorat en Histoire, je m’étais toujours demandé ce qu’il faisait dans un lycée aussi pourri que celui que je fréquentais, alors qu’il aurait pu obtenir une chaire à l’Université.

    Plus tard, je compris qu’il fit le meilleur choix : à étudier l’histoire comme il l’a toujours fait et publier des ouvrages, il n’avait pas besoin d’enseigner dans un lycée pour vivre, son salaire d’enseignant étant plus son argent de poche que son gagne-pain. Et surtout, avec les nombreux congés dont il bénéficie en tant qu’enseignant, il a toujours utilisé son « argent de poche » pour financer ses voyages. Des voyages d’études, bien entendu.

    Ce professeur parle parfaitement le russe, l’italien, l’anglais, possède une bonne connaissance de l’espagnol, quelques connaissances du portugais et de l’allemand, si ma perception de ce personnage est bonne. Avec ses connaissances linguistiques, il se rendait toujours dans différents pays pour consulter les archives locales !

    En tant que russophile – j’ai bien écrit RUSSOPHILE, pas COMMUNISTE -, il se rendait souvent en Russie pour étudier les documents.

    Ainsi, lorsqu’il fut question du bilan de la Seconde Guerre Mondiale, il n’avait pas besoin du torchon mis à disposition par l’Éducation Nationale et que l’on appelle plus communément « manuel scolaire » pour enseigner : il avait simplement ses fiches cartonnées sur lesquelles il avait synthétisé le résultat de ses études. La phrase qui revenait systématiquement lorsqu’il enseignait était : « Je vous le dis pour votre culture mais SURTOUT, N’ÉCRIVEZ JAMAIS CELA DANS UNE COPIE DE BAC ! ».

    Quand vous avez un professeur comme lui en Terminale qui, lorsqu’il est question du monde après 1945, vous narre toutes les horreurs du communisme, toute place confondue, je puis vous dire que vous êtes soigné à vie en ce qui concerne le communisme !

    Je n’obtins pas une note brillante a l’épreuve d’histoire-géographie ; en grande partie parce que je fis l’impasse dessus, me concentrant davantage sur les sciences exactes plutôt que sur les sciences inhumaines. Par curiosité, je consultai ma copie après diffusion des résultats. Le sujet que je choisis pour la géographie fut « Population et développement dans le monde ». Dans ma copie, j’évoquai la Chine et sa – détestable – politique de contrôle des naissances, politique qui menait parfois à la stérilisation forcée ! Je devais être suffisamment distrait en classe lorsque mon professeur d’histoire prononça sa fameuse phrase « N’écrivez pas cela dans une copie de bac » au moment de nous parler de ces choses.

    Et bien le professeur qui évalua ma copie souligna ce passage et le qualifia de « propos extrême » ! Alors que ce sont des choses qui sont connues depuis !

    En guise de conclusion et surtout de réponse à la question « comment des jeunes gens qui rédigeaient des choses sensées sur les méfaits du communisme, les bienfaits de la liberté en économie et le rôle positif joué par les IDE dans le développement des pays pauvres pouvaient-ils ensuite voter Le Pen ou Mélenchon ? », c’est parce que les professeurs d’histoire-géographie, dont la politique de l’Éducation Nationale a également mené à la stérilisation forcée, n’enseignent pas vraiment le communisme.

  • @JonCow
    Ce qui est rassurant, c’est que les bacheliers semblent bien faire la différence entre leurs convictions profondes et ce qu’ils sont obligés de « recracher stratégiquement » sans que cela les fasse changer d’opinion. Ce qui montre que nous sommes déjà soumis à un régime totalitaire où les gens se gobergent de liberté alors qu’ils en sont privés, et que dans ce cas, la propagande a des limites.

    Le fait est qu’il est incohérent de reprocher à Mélanchon d’être communiste du point de vue d’une position dominante qui est elle-même soumise à une forme de communiste. Cela fait penser à cette vieille plaisanterie d’étudiants chinois, toujours d’actualité, qui nous rappelle que nous faisons partie des leurs, étant réputés appartenir au 5ème pays communiste au monde. Cela nous rend assez ridicules d’être conditionnés à pointer les méfaits de leur communisme pour faire ressortir l’excellence de notre étatisme tout en devant passer sous silence les méfaits du collectivisme à la française auquel nous sommes soumis.
    Ce qui est rassurant, c’est qu’apparemment les jeunes n’en sont pas si dupes puisqu’ensuite ils votent, non pour un communisme qui de toute façon leur sera imposé avec un habillage vaguement libéral, mais contre un système qui les met dans une incohérence de pensée qui confine à la perversion et qui sème une confusion propice à la manipulation. Dans ce contexte, passer un examen est une épreuve académique qui doit respecter les règles d’un jeu à prendre comme tel avec raison sans mettre en jeu le fond de sa pensée.

  • Pour repondre a la question de l auteur sur le vote FN/FI c est tres simple. Il a corrigé des copie de S, ce qui grosso modo correspond aux meilleurs eleves.
    Autrement dit ceux qui seront CSP+ et voteront Macron. Les deviationnistes voteront PS ou LR (bien que LR soit surtout un parti pour les vieux)

    Les electeurs FN ont souvent fait peu d etudes ou votent pour des raisons non economiques mais identitaires/securitaires (comme disait Le Pen pere, un electeur FN, c est un electeur RPR a qui on a brulé sa voiture)

    L electeur FI lui a souvent fait plus d etudes que son homolgue FN mais dans des secteurs bouchés (psy, culturel …). En General, pas l orientation que vous choisissez quand vous etes en S

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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