Les fonctionnaires marseillais en grève parce qu’on leur demande de faire leurs heures !

La récente décision de la mairie de Marseille d'imposer aux agents de travailler toutes leurs heures de travail semble coincer un peu au niveau syndical...
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Les fonctionnaires marseillais en grève parce qu’on leur demande de faire leurs heures !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 23 juin 2017
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Croustillance d’un mois de juin tout en chaleur : on apprend dans une presse qui fait pourtant d’habitude fort attention à ne pas laisser fuiter d’informations vraiment irritantes que la mairie de Marseille a décidé de prendre quelques mesures musclées dans l’encadrement de ses agents et de leurs horaires de travail. Forcément, la grogne monte.

Et il y a de quoi ! D’après un passionnant article de La Provence, tout indique que la direction a décidé d’imposer aux agents de la ville de Marseille… de faire toutes leurs heures de travail.

Bonne mère ! Mais c’est la mort d’honnêtes travailleurs que veulent ainsi ces patrons inconséquents ! Imposer ainsi à toute une administration de faire ce pour quoi elle est payée (avec vos sous, au passage), c’est mettre un doigt puis, c’est évident, le bras entier dans un engrenage catastrophique où productivité, efficience et rationalisation seront les mots-clés répétés en mantras capitalistes néolibéraux. D’autant que la mairie a clairement expliqué vouloir remettre un peu d’ordre dans les horaires de travail et les astreintes des uns et des autres aussi rapidement que possible, d’ici à la fin de l’année au grand maximum.

Et ça, les syndicats ne pourront pas l’accepter : l’intersyndicale FSU, CGT et UNSA a déjà appelé à la grève et ses membres rappellent âprement que si la mise en conformité avec la loi est évidemment nécessaire, elle ne pourrait se faire dans la précipitation. Demander subitement aux agents de venir faire toutes leurs heures et de modifier leurs habitudes ancestrales en moins de six mois, c’est plus serré qu’un café de Georges Clooney ! C’est intolérable !

Les esprits s’échauffent donc déjà à ce sujet. Rassurez-vous cependant : certains avantages resteront confortablement acquis comme celui, pour la municipalité, de ne faire travailler ses agents que 1567 heures par an au lieu des 1607 heures légales. Et tant pis pour les rapports de la Chambre Régionale des Comptes qui pointait cet écart et notait qu’il en coûtait 10 millions d’euros au contribuable en manque à gagner : la bonne santé, les joues roses et les fesses rebondies des agents municipaux marseillais méritent bien ça.

Plus précisément, l’administration municipale tente de faire passer cette pilule sur le dos des « spécificités des conditions de travail à Marseille et des problèmes sociaux ». En clair, l’insécurité urbaine, la gestion des populations « en difficulté », tout ceci justifierait qu’on puisse travailler moins à Marseille qu’à Trignac ou Trouville. On imagine, avec de si solides arguments, que dans les communes encore plus gangrénées par la pauvreté, le chômage et l’insécurité, les agents municipaux ne font qu’une journée par semaine pour s’éviter les ennuis… Et quoi qu’on en pense, pour les politiciens en charge des collectivités concernées, c’est en tout cas bien plus simple à gérer comme ça que de résoudre réellement les causes de ces écarts.

Ce qui permettra sans doute de mettre un petit mouchoir pudique sur l’histoire qui a déclenché cette soudaine prise de conscience d’un petit manquement des agents au niveau de leurs horaires : apparemment, une enquête préliminaire est en cours pour comprendre l’organisation du temps de travail du SAMU social de Marseille et qui, depuis 10 ans (sachons vivre), permettait à ses agents d’y travailler une semaine sur deux soit 10 à 12 jours par mois. Cette pratique, selon les calculs de la Chambre Régionale des Comptes, aurait entraîné un préjudice de 5 millions d’euros pour la collectivité, qui s’en est donc douillettement tamponné le coquillard pendant une décennie.

Et au-delà des préjudices financiers évidents, ces petits manquements aux horaires optimaux normalement attendus pour ces agents (tant pour le SAMU social que pour le reste de l’administration municipale) entraînent quelques effets adverses que les salariés de la mairie doivent subir de façon croissante : avec une belle place sur le podium 2016 de l’absentéisme (36,8 jours d’absence par an et par agent en moyenne, soit deuxième au classement après Amiens), ces horaires minimalistes et la charge de travail pour le moins réduite des agents municipaux ont une fâcheuse tendance à « venir ternir la vision déjà contrastée de la population locale sur la question de son administration municipale », pour paraphraser certains folliculaires évoqués dans un précédent article.

Eh oui ! Travailler nettement moins en gagnant toujours autant, pendant que tous les autres travaillent plus pour gagner finalement moins et payer plus d’impôts, cela finit par « ternir » les réputations, même les moins « contrastées ».

On attend donc avec impatience la mise à niveau de la municipalité marseillaise dont on sait déjà qu’elle se fera avec la souplesse légendaire de l’administration française syndicalisée. Mais indépendamment des petits borborygmes que provoqueront inévitablement les organisations syndicales à l’idée qu’on puisse faire travailler tout le monde à hauteur de ce qui a été convenu dans le contrat de travail et les conventions collectives, on en vient tout de même à se demander quand il sera fait de même partout ailleurs dans nos belles administrations, à commencer par la fonction publique territoriale notoirement connue pour ses horaires fantaisistes (avec nocturnes le jeudi jusqu’à 16h45).

Au passage, on est en droit de se demander – soyons fous – si l’application du strict cadre légal des horaires dans l’administration ne permettrait pas quelques gains de productivité et un meilleur service rendu aux administrés, ce dont le pays a grandement besoin actuellement. Voilà assurément un domaine dans lequel Marseille va pouvoir s’illustrer et, qui sait, montrer la voie.

Voie qui ne sera – contenez vos vapeurs – certainement pas suivie par nos élus qui, eux, savent en tous lieux, en tout temps, rester suffisamment hors de portée de leurs électeurs une fois que leur mandat est acquis. On peut donc d’ores et déjà se rassurer tout de suite et s’éviter le cauchemar d’une Assemblée engorgée, toujours pleine de députés affichant une belle présence, des débats enflammés et une myriade de questions remontant de leur électorat vers le gouvernement, d’un Parlement européen débordé et de la disparition afférente des emplois fictifs ou presque d’assistants divers et variés qui entourent nos élus.

A contrario, on continuera donc de soupirer en lisant les saillies consternantes de ces derniers tentant de faire passer leurs emplois pour de véritables sacerdoces dont on se demande pourquoi, alors, ils attirent toujours plus


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  • il faut les mettre devant le fait accompli : soit les agents éffectuent leurs heures de travail et touchent leur salaire , soit ils ne font pas le nombre d’heure et on baisse leur salaire ; point barre ; ça commence à bien faire tout ces glands qui veulent le beurre , l’argent du beurre et le sourire de la crémière ;

    • He! Vous les Entrepreneurs , de quoi parlent ils tous ces gens??
      Connais pas de semaines à moins de 60/70 heures.
      Même salarié de mon entreprise, les samedis et dimanches c’est au moins 4h. Sinon je ne pourrais pas fournir aux fonctionnaires tous les papiers qu’ils ne regardent pas, et qui leurs garantissent un chèque à la fin du mois + les bilans et contrôles que demandent les banques, le fisc, la sécurité sociale, les organisations professionnelles et autres ventilateurs dorés qui font la fierté et la réputation mondiale de notre France moderne.
      Ah oui, je pourrais travailler, bien même, mais pas pour vous!
      Oui parce que 25 h c’est en moyenne le temps hebdomadaire à consacrer, à vous fournir du travail, vous les fesses d’huîtres brasseuses de vent !!!!!!!!!

  • Bonjour

    Le pire c’est qu’on confond heures de présence et heures de travail effectif.
    J’ai travaillé comme fonctionnaire et je travaillais 1-2 h par jour, le reste c’était des réunions, le café, de la palabre quand ce n’était pas carrément faire ses courses.
    Le tout jusqu’à 16h30 où tous les services se vidait pour aller chercher les enfants à l’école.

    • Voilà, merci pour ce rappel.

      Il faut mettre fin à cette nauséabonde culture du présentéisme.
      Ce n’est pas parce qu’un employé (ou un fonctionnaire) reste assis à son bureau jusqu’à 19h qu’il est plus productif !
      Il a juste perdu son temps, et celui de son entreprise / administration.

      S’il a fini son travail, il doit pouvoir rentrer chez lui et profiter de la vie et de sa famille.
      S’il a été particulièrement performant pour finir plus tôt, il faut lui laisser la récompense de pouvoir partir plus tôt… et lui donner des objectifs un peu plus ambitieux le jour suivant.

      Le plus ironique est que les syndicats mentionnés se battent pour la bonne cause, mais avec les mauvaises raisons…

      • Oui m’enfin, le fini-parti fait des ravages chez les éboueurs..

        • Je suis étonné que le fini-parti, existât encore. Moi, je l’ai pratiqué pendant 1 à 2 mois sur le chantier de Fos sur Mer en 1973. Pour tirer, préparer et raccorder les câbles de THT alimentant l’aciérie. Et il est certain que plus on étaient nombreux, moins on se crevait pour tirer ces câbles.
          Et savoir que les éboueurs de Marseille le pratiquent encore, 44 ans après, ça me fait tout drôle, pour avoir souvent dépassé les 70h/semaine dans ma carrière professionnelle.
          Si j’avais su, je serai devenu « éboueux ». Pour les calendriers aussi.

      • c’est pas faux , mais ça relève d’une entente interne avec le chef.
        initialement , leurs emploi du temps devraient faire 1607h/an.

        Moi même fonctionnaire à 1607h/an, j’ai déjà vu bien pire dans des collèges.
        Nous avons personnellement la moitié des congés scolaire ,donc pour réaliser nos 1607h nous faisons 39h40/sem.

        C’est là que la grosse arnaque réside!
        Certains vont faire 35h/sem mais avec l’intégralité des fermetures d’établissement et quelque congé en prime.
        Par contre les contractuels sous leurs ordres , on leur demande de faire 43h/sem pour compensé les fermeture , et sans congé ni RTT

        Il y a du ménage à faire.
        Ce qui m’inquiète , c’est de quelle façon ça sera fait.

      • « S’il a fini son travail, il doit pouvoir rentrer chez lui et profiter de la vie et de sa famille. »
        Ben voyons. Vous avez une curieuse définition du travail.
        Il y a toujours du travail à faire même dans une administration, quitte à prendre de l’avance. Si ce n’est vraiment pas le cas (et que cela se reproduit régulièrement) c’est que:
        . soit le travail est bâclé
        . soit la quantité de travail est insuffisante par rapport à l’effectif. Donc, il y a trop de personnel (donc gaspillage de l’argent du contribuable) et cela nécessite un « ajustement » de l’effectif…

      • il y a tellement de tâches administratives qui ne servent strictement à rien…

  • On est bien en France! Travailler? Quelle horreur! Cela explique pourquoi ce pays béni des Dieux, qui logiquement devrait posséder le plus haut niveau de vie est loin derrière la Suisse, pays matériellement le plus pauvre à cause de son relief.
    Les anglais ont raison quand ils plaisantent sur la France malheureusement peuplée par les français!

    • Virgile
      En vérité, une France qui sera bientôt peuplée par les remplaçants des français et, c’est déjà le cas dans bien des agglomérations…

  • C’est juste hallucinant d’apprendre que ce type de situation existe.

    Donc en France, une fois déduits les politicards, les chômeurs, les fonctionnaires et autres improductifs… on peut se demander combien d’individus travaillent réellement !!!

    C’est pas « en marche », c’est « au travail » qu’il faudrait vous mettre.

  • Pour répondre à Virgile.

    En Suisse, nos « administrations » locales sont soumises à une obligation de résultat.
    Nous payons certes moins d’impôts mais le moindre papier est payant, malgré cela je trouve plus juste cette situation. « Utilisateur payeur »

    De plus les administrations locales s’adaptent à la conjoncture locale. Plus d’habitants et les heures d’accueil a l’hôtel de ville changent .. etc.

    • Tout à fait d’accord.
      j’ai été très étonné de la disponibilité et de la dilligence de l ‘administration suisse.
      L’amplitude horaire permet de s y rendre sans forcement devoir prendre sa demie journée voire sa journée.
      Ils sont joignables par téléphone et/ou par email. Les choses sont en général simples. C’est vraiment du service au publique digne de ce nom, une toute autre mentalité.

  • H16, Tu me fends le coeur….
    de rire.

  • L’administration territoriale Française est à vomir – Et je parle là tant des fonctionnaires irresponsables, malhonnêtes et profiteurs concernés, que des responsables qui laissent faire en toute impunité – Et ainsi comme cela est mon cas, je paie 1.600€ de taxe d’habitation pour un appartement de 60 M2 qui n’a rien d’exceptionnel à Marseille – Pour comparaison : j’étais propriétaire d’un appartement de 80 M2 au centre de 73 Chambéry et d’une maison de 70 M2 sur 1.400 M2 de terrain dans un village située à 25 Kms de cette même ville, et le total de ces deux taxes s’élevait à 1.200€ – Cherchez l’erreur !?*… – Et comme j’ai eu l’outrecuidance de demander des explications, le centre des impôts m’a fait début 2017 un redressement de 3.000€ en me supprimant ma 1/2 part pour enfant, sur l’impôt sur le revenu !!!…. – Jeunes : fuyez ce pays, les dirigeants incompétents sont devenus fous !

  • Un des nouveaux députés des Bouches-du-Rhône (car constitutionnellement il ne l’est pas d’une certaine circonscription de Marseille), avec l’aide de tous « ses soumis à un » va haranguer et arranger tout ça :-)))

    • « va haranguer et … » expliquer comment on peut rester sans travailler toute sa vie ! « Faites comme moi j’ai le métier de politicien » sign » Méchant C..

  • L’alternative à fonctionnaire invisible, marseillais ou pas, c’est politicien.
    La condition est simplement de savoir brailler fort sur les salauds de riches. Si vous y arrivez, à vous le pognon gratuit des autres par valises entières :mrgreen:

  • En France, l’Etat, l’administration vivent sur des budgets qui sont décidés par ces entités.
    Ces budgets doivent consommés coûte que coûte et même dépassés pour pouvoir réclamer plus l’année suivante.
    Supprimer des postes de fonctionnaires et limiter les dépenses bien sûr que cela est possible mais il manque la volonté !!

    Quel serait le chef de département assez C… pour réduire ses effectifs et devoir soit même se mettre au travail, réduire les dépenses de son département notamment celles dites « de confort » ?
    Et voir son département devenir « rentable ».
    Jamais cela ne se fera dans l’administration française ….

  • En Suisse, les taux d’imposition ont été décidé au niveau fédéral selon une estimation des besoins de chaque commune.
    Pour les modifier, il faut une votation.
    Récemment le syndic de La chaux-de-fond a voulu augmenter le taux local de 3% pour 3 ans. Cette proposition a été soumise à votation locale et refusée. Il devra donc faire avec le taux initial.

  • Je suis solidaire.
    Avec les contribuables marseillais.

  • Ils ont raisons d’en profiter, tant que ça passe.. Après ceux qui critiquent ou qui font les jaloux, je vous invite à postuler la ou il faut pour l’avoir belle. Je fais en moyenne 52 heures par semaines de boulots, j’ai des contraintes et aussi des avantages (encore heureux). Chaque secteur apporte sont lots d’avantages.

  • Il y a un petit détail à prendre en compte et qui était sous-entendue dans l’explication donnée par l’administration (tout du moins je l’ai lue comme cela) ; la mafia est incrustée un peu partout dans cette ville, ce qui signifie que l’on ne change rien sans son aval et que des intérêts pas très nets sont peut-être en jeu avec l’organisation du travail des fonctionnaires sur place. Ça ne change rien à votre discours de fond, mais je souligne simplement qu’il y a peut-être d’autres paramètres à prendre en compte et d’autres associations bien plus agressives que la cgt derrière ce refus de s’aligner sur les heures à effectuer. Que ce soit le cas ou non, ça reste une question politique vous me direz.

  • Les commentaires sont fermés.

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