ONG : la fausse bonne idée du protectionnisme énergétique européen

Dans leur combat pour un « développement durable », de multiples ONGs s’opposent à l’utilisation du granulé de bois pour la production énergétique. Faut-il en conséquence en restreindre la production et l’importation ?

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ONG : la fausse bonne idée du protectionnisme énergétique européen

Publié le 23 juin 2017
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Par Bill Wirtz.

La transition énergétique est un processus continu et qui a recours à des technologies différentes . Ceux qui s’imaginent que des panneaux solaires et des éoliennes représentent déjà les technologies alternatives les plus importantes, ne connaissent pas la réalité de la composition de la production énergétique qui existe de nos jours.

Une de ces sources énergétiques est le granulé de bois, qui est produit à partir de matière compressée de biomasse, essentiellement à base de résidus forestiers, d’élagage, de cimes d’arbres ainsi que du bois de moindre qualité qui n’est pas utile à d’autres industries.

La guerre contre le granulé de bois

Dans leur combat pour un « développement durable », de multiples ONGs s’opposent à l’utilisation du granulé de bois pour la production énergétique. Des organisations comme Biofuelwatch font pression sur les responsables de l’Union européenne afin que la RED – Renewable Energy Directive (la directive européenne des énergies renouvelables) de 2020 n’inclue pas la bioénergie à grande échelle.

Pour Biofuelwatch, 115 groupes de 43 pays différents ont signé cet appel lancé à l’Union européenne. Ces écologistes prétendent que l’utilisation de ce type de biomasse émet une pollution importante et qu’elle contribue à la déforestation dans des pays comme les États-Unis.

Restreindre les importations de granulés n’est pas la solution

En 2015, la consommation de granulés de bois dans l’UE-28 a atteint 20,3 millions de tonnes, ce qui représentait 6% de la biomasse solide totale utilisée en Europe. L’UE a produit 14,1 millions de tonnes de pastilles couvrant 70% de sa demande. Le reste des granulés utilisés par l’UE provient principalement des États-Unis (plus de 26% de sa demande). (European Biomass Association, 2015)

En réalité, restreindre ou interdire les importations américaines de bois  n’est ni une solution économique, ni une solution écologique. Selon l’agence de l’environnement du Royaume-Uni, le passage du charbon aux granulés de bois a permis de réduire les émissions de carbone entre 74 et 90%, et vu la consommation actuelle, un coup d’arrêt des importations à ce stade représenterait un énorme problème pour le marché énergétique.

Lettre ouverte à Juncker

En septembre 2016, le gouverneur de l’Arkansas aux États-Unis avait écrit une lettre ouverte au président de la commission européenne Jean-Claude Juncker afin de lui expliquer l’importance du granulé de bois pour les objectifs du paquet climat énergie de l’UE sur les énergies renouvelables :

L’industrie des granulés de bois offre une source d’énergie renouvelable, ce qui est important pour les Américains et les Européens. En même temps, pour plus d’un million de travailleurs employés dans l’industrie forestière aux sud des États-Unis, cette industrie signifie beaucoup plus.

Les exportations américaines de granulés de bois représentent entre un tiers et un quart de la demande de l’UE.

La demande mondiale accrue pour les granulés de bois industriels réduit les émissions de carbone en Europe et crée des emplois aux États-Unis puisque l’industrie des granulés de bois emploie plus d’un million de personnes dans toute la région sud-est du pays.

En effet, l’Amérique du Nord possède des forêts importantes et est ancrée dans une longue histoire de gestion durable des forêts et des industries qui y sont liées. La couverture forestière ne s’est réduite que d’un pour cent de ce qu’elle était il y a 100 ans. Le volume de carbone forestier aux États-Unis a augmenté de 31% depuis 1990, atteignant 922 millions de tonnes métriques en 2010.

Le libre échange dérange

Après tout, c’est surtout l’aspect de libre échange qui est le plus dérangeant. Ce que proposent les ONGs qui critiquent les importations de granulé de bois constitue assurément du protectionnisme. Lors du sommet du G7, qui avait, en partie, comme mission de contrer le protectionnisme économique, les leaders mondiaux indiquaient clairement que :

Les avancées technologiques et la globalisation ont contribué fondamentalement à l’augmentation du niveau de vie global depuis des décennies.

Voir des ONGs, qui, de par leur philosophie écologiste se rangent plutôt à gauche, prôner des restrictions en matière de produits étrangers, semble contre-intuitif. En effet, ce sont souvent ces mêmes activistes qui choisissent de critiquer des personnages politiques comme Donald Trump ou Marine Le Pen pour leur fermeture au monde. Appliquer la même logique de fermeture par le refus des nouvelles technologies, revient à s’aligner aux illettrés économiques de l’extrême-droite.

La question n’est donc pas nécessairement de savoir si le granulé de bois ou d’autres technologies énergétiques sont les plus enviables, mais plutôt celle de la privation des consommateurs de leur choix individuel en matière énergétique, par la surtaxation ou la restriction des importations étrangères.

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  • à ma connaissance, la France est autonome voire légèrement exportatrice…………

    • Le sujet est l’Allemagne (et un peu les pays bas), qui sont passés du Nucléaire à la Biomasse pour produire de l’électricité dont une grande part avec des pellets….fabriqués aux USA, ce qui endommage la Forêt Américaine…. d’où la question de savoir si c’est « bien » et si cela « ne peut être interdit », car la liberté de commercer prime avant tout.

      • j’ai lu que l’Allemagne était autonome (c’est le plus gros producteur européen) et que les importations de pellets (notamment) des US étaient surtout le fait de l’Italie, du Danemark et de la Suède
        quant à la production d’électricité avec du pellets, faudrait voir côté Grande Bretagne et Danemark

  • L’article n’aborde pas la question de la pollution générée par la combustion du bois, se limitant au CO2. Faire l’impasse sur les particules fines et aromatiques générés par les poeles à pellets me semble difficile à accepter, quand tout le monde crie haro sur le diesel.
    Quant à la couverture forestière, ce sont les tendances actuelles qui sont à surveiller : les chiffres que je trouve donnent, sur dix ans, + 9 % en consommation, + 4% en matière disponible – un déficit non-négligeable, si la tendance ne s’inverse pas.

    • il faudrait peut-être prendre un peu de recul et se demander ce que le poêle à pelets remplace, avant de crier haro sur lui. Est-ce qu’il émet plus de composés aromatiques d’une ancienne chaudière à mazout ? Qu’une chaudière plus récente ? Mettre du gaz à la place est-il intéressant ? D’où vient ce gaz ? dans une pièce de vie, est-ce mieux ou pire qu’une cheminée à insert classique (côté souplesse, le choix est vite fait) ?

    • La couverture forestière en France est en augmentation constante! Avant d’affirmer il vaut mieux se renseigner.

  • ça ne va pas faire sourire ceux qui ont investi dans un poëlle à granulés de bois ;

  • La gauche est encore plus illettrée économique que l’extrême droite, car elle n’a aucune notion sur la marche de l’économie, ni de l’utilité des entreprises pour la création de richesses et d’emplois!

  • L’avantage de l’énergie ‘pellet’ , l’absence de sur taxe,..très bonne idée de bloquer les importations et empêcher une hausse des impôts en créant la penurie ?

  • Le respect de liberté doit s’accompagner de l’obligation du savoir des conséquences. Et ici les conséquences sont réellement en défaveur du Bois-énergie. Concernant son impact sur la pollution de l’air, quoique l’on fasse pour améliorer la combustion du bois, la nature des molécules en jeu, qui sont des hydrocarbures complexes de type CH1.4O0.6, avec environ 50% de carbone ne permettent pas de dépasser le rendement thermique au delà de 25% (seulement 25% de l’énergie contenue est restituée lors de la combustion), alors que le gaz naturel Méthane ou propane, atteignent naturellement 50%+. Parce que :
    La combustion du bois consiste à casser cette molécule complexe en molecules de gaz et en molecules d’hydrocarbure de type goudron. Les gaz nombreux prennent feu vers 300° et si tout est bien agencé les goudrons vers 800°, avec une oxygénation forcée. L’idée des pellets est de s’approcher d’une structure de gaz, où de petits éléments (les pellets) sont facilement mis en contact avec l’oxygène pour la combustion. Autant la combustion de haz Méthane et propane n’émet pas de particules ni de NOx, uniquement du CO2 et un peu de CO, autant la combustion du bois émet tous les composants de pollution qui affectent la santé humaine. Une étude de l’Agence allemande KFW (https://www.kfw-entwicklungsbank.de/PDF/Download-Center/Materialien/2017_Nr.7_CleanCooking_Lang.pdf) met en évidence les dangers de la cuisson au bois telle qu’elle existe en Afrique (notamment), en montrant que seule la combustion/cuisson au gaz Méthane et GPL présente les qualités permettant d’atteindre les normes qualité de l’air de l’OMS.
    Par ailleurs qualifier le Bois de « renouvelable » c’est une énergie lentement renouvelable (le pétrole est ultra lentement renouvelable) : brûler un arbre peut se faire en un jour, pour le renouveler il faut 15 à 20 ans selon les espèces. Le bois est il réellement qualifiable pour l’énergie, n’y aurait il pas un usage plus noble est moins risqué (dans la construction, la décoration etc…). le seul intérêt du bois-énergie est qu’il est une solution d’indépendance énergétique.
    Cet article oublie ces fondamentaux et ne retient que le côté « renouvelable », ce qui est mal prouvé, pour défendre la liberté de quiconque de polluer l’air.
    Comme tous les sujets concernat l’énergie, la complexité est mal appréhendée et les objectifs peu clairs. Finalement dans quel ordre d’importance faut il ordonner les objectifs : l’indépendance énergétique ? la qualité de l’air ? ne pas être intermittent ? la meilleure efficacité énergétique ? ou simplement être renouvelable ? le meilleur prix au MWh ? etc…
    On savait faire les études de Mix énergétique complexes, je constate qu’on ne le fait plus. Le renouvelable a supplanté la rigueur scientifique.
    Pendant ce temps, en Afrique la cuisson est faite à 85% au Bois (ref Banque Mondiale), la démographie va doubler en 40 ans, et il n’y aura plus de forêts et toujours pas d’electricité. Ne pourrait-on pas suggérer de regarder les alternatives transitoires, même fossiles, qui permettent de protéger la forêt (et donc la bio diversité et l’agriculture) ?

  • Utiliser des « déchets » agro forestiers, c’est certes pas développement durable… euh , si ?… Non ??
    Comme pellets rime (presque) avec benêts, on comprend mieux le « principe de précaution » écolo machin truc quelque chose.

  • le  » droit » d’interdire dépend de la qualité de la démonstration et de l’ampleur de la nuisance de ce qu’on veut interdire…
    Bon si on interdit de brûler des pellets à causes des effets sur la santé publique alors on doit interdire le chauffage au bois ou de brûler du bois non?

  • Les commentaires sont fermés.

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