École : moins d’élèves par classe n’est pas la solution

Les exemples étrangers montrent que pour avoir une école efficace ce qui compte ce n’est pas le nombre d’élèves par classe mais l’autonomie et le travail.

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École By: Rahul Narain - CC BY 2.0

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École : moins d’élèves par classe n’est pas la solution

Publié le 1 juin 2017
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Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’Iref-Europe

C’était dans le programme d’Emmanuel Macron et cela a été repris pour les législatives : ramener à douze maximum le nombre d’élèves en classe de CP et CE1 dans les écoles des réseaux d’éducation prioritaire.

Environ 280 000 enfants dans près de 12 000 classes sont concernés. Cette mesure ayant pour effet de doubler leur nombre, elles passeraient alors à 24 000. Il faudra donc embaucher 5 000 enseignants tout en gardant les embauches déjà effectuées sous la présidence Hollande : 60 000 au total.

200 000 enseignants sans classe

À ces chiffres s’ajoute le nombre d’enseignants sans affectation dont le cas n’a jamais été résolu. Selon plusieurs rapports de la Cour des comptes et du Sénat, environ 200 000 enseignants seraient sans classe ! Un chiffre énorme lorsque l’on sait que, grâce à leur statut, ces enseignants sont payés même s’ils n’enseignent pas.

Pour l’IREF, les problèmes de l’école ne seront pas résolus grâce à ce genre de mesure. L’IREF a comparé les résultats des systèmes éducatifs dans 31 pays européens en fonction des dépenses publiques et privées, des résultats des élèves, de la taille des classes, des salaires des enseignants, etc.

Ce qui en ressort c’est qu’une dépense publique élevée dans le domaine de l’éducation n’implique pas de meilleurs résultats, bien au contraire. La France, qui dépense environ 7 % de son PIB pour l’Éducation (de loin, le premier budget de l’État), ne se classe qu’à la 12e place sur 31.

Mieux vaut la liberté, l’autonomie et la suppression du statut

Concernant la taille des classes, en comparant la situation dans ces pays européens, nous avons remarqué qu’un nombre réduit d’élèves par classe n’améliore pas forcément les résultats.

Une quinzaine ont largement plus de 12 élèves par classe et sept obtiennent de meilleurs résultats que la France dans les classements PISA. Dans des pays comme l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et la Belgique, les élèves obtiennent de meilleurs résultats PISA en lecture, mathématiques, et connaissances scientifiques.

Dans tous ces pays mieux classés, le nombre d’élèves par classe dans le primaire est au moins aussi élevé qu’en France : entre 20 et 22. À remarquer qu’en dehors de l’Europe, un pays comme la Corée du Sud – avec les meilleurs résultats dans le classement PISA – a aussi le plus grand nombre d’élèves par classe dans le primaire : 30.

Liberté d’embaucher et de débaucher des directeurs d’écoles

Par ailleurs, en Allemagne et aux Pays-Bas, plus de statut de fonctionnaire pour la plupart des enseignants. Les directeurs des écoles sont libres d’embaucher et de débaucher selon les besoins et les compétences.

Des classes moins nombreuses peuvent rester défaillantes si les élèves ne sont pas incités à travailler. L’IREF a calculé que les élèves suisses, belges ou néerlandais passent au total plus de temps sur les bancs de l’école : 17,4 ans pour les premiers, 19,6 pour les Belges et 19,1 ans pour les Néerlandais, contre 16,5 années pour les Français.

Ce qui compte le plus, c’est l’autonomie des écoles et aussi le travail à l’école. Au lieu d’augmenter les dépenses en diminuant le nombre d’élèves par classe, mieux vaut réformer le système en le libéralisant et en lui donnant plus d’autonomie.

Certes, pour des enfants en difficulté, des classes réduites peuvent être utiles. Mais elles le seront plus encore si elles existent dans le cadre d’écoles réformées pour dynamiser et motiver enseignants et enseignés. Et s’il faut plus de moyens pour procéder à ces réformes, ils peuvent venir d’un redéploiement plutôt que d’un accroissement.

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  • Il faut de la liberté et de l’autonomie, mais aussi l’évaluation régulière des élève et des prof, non?

    • Dans l’éducastration nationale combien de profs des écoles déjà, de fait allergiques à l’évolution pédagogique raisonnable ou trainant des pieds , devraient être recyclés hors responsabilité d’une classe ?

      Mais ce n’est pas à des inspecteurs n’ayant pas au moins tenu une classe maternelle ou primaire durant vingt ans d’en juger.

  • Bof, l’éducation d’un enfant dépends de sa famille et de l’EN.
    Si l’un est défaillant l’autre doit être plus performant.
    Today : la famille disparait par conséquent le nombre en de prof doit augmenter….il faut diminuer le nombre d’élèves par classe voir pour certains élèves un prof particulier.

    • Ce n’est pas une évidence pour l’efficacité ; une solution peut être de conserver une nombre correcte (petite trentaine 30 à 35) d’élèves et d’y affecter deux instituteurs se complétant quand un fait le cours sert d’assistant et inversement car comme les élèves, les prof des écoles (c’est comme ça qu’ON dit maintenant) ont plus d’affinités pour certaines matières que pour d’autres. Le prof plus expérimenté pilotant un peu plus le nouveau venu, et la nouveau a surement de nouvelles idées donc le travail en binôme peut être profitable pour les deux enseignants.
      Et pourquoi pas faire aussi travailler les élèves en groupe de 4 et de 7/8 et le plus souvent également en binôme ; à la sortie de leur phase d’études, ils sauraient au moins travailler en équipe et pas uniquement à bachoter chacun dans son coin.

      • C’est exactement ce qui se passe dans les pays ayant les meilleurs classements PISA environ 30 élèves avec 2 profs

  • C’est dans tous les CP et CE 1 qu’il faudrait réduire les effectifs à 4 x 4 élèves ou à 3 « acccompagnants diplomés » adultes pour 2 x 20 élèves maxi

    Le pays y regagnerait après déjà en qualité des résultats en fin d’école primaire et en non redoublement ensuite au collège et aussi en tranquillité de tous, camarades de classe et professeurs en secondaire

  • Ce sont sur tout les méthodes d’apprentissage utilisées par l’instituteur qui sont bonnes dans certaines matières et moins valable pour d’autres… Un élève bon dans plusieurs domaines et cancre dans d’autres ; le cancre est devenu meilleur après que l’instituteur ait changé en cours d’année (pour cause d’hospitalisation). Pas besoin de dire qui étais l’élève en question, nous étions 38 dans la classe… Et toute la classe avait progressé et l’ensemble était plus motivé dans ces matières.
    Peut-être faut-il envisager le mécanisme de plusieurs instituteurs dans les CM comme ce qui se fait à partir de la 6ème ?

  • De toute façon une école publique ne peut pas marcher , les payeurs doivent être les décideurs .aujourd’hui tout le monde paie et l’état décide de la façon de faire et des programmes , marche pas ce truc !

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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