10 paradoxes français qu’il faudra surmonter pour réformer

L’élection présidentielle passée met en lumière un certain nombre de paradoxes. Drôle de pays que la France.

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10 paradoxes français qu’il faudra surmonter pour réformer

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 17 mai 2017
- A +

Par Yves Buchsenschutz.
Un article d’Emploi 2017

Certains se sont réveillés le matin du 8 mai 2017 avec l’impression d’avoir la gueule de bois. Pourtant, la veille, ils n’avaient ni bu, ni fait la fête : ils avaient simplement regardé le résultat des élections. Comme annoncé par les sondages, Emmanuel Macron sera notre président, et il a gagné avec une confortable majorité.

Non seulement Marine Le Pen n’a pas réussi une égalisation, au demeurant difficile, mais elle a perdu environ cinq points par rapport aux estimations annoncées. Quoique cette issue ne soit pas très étonnante, cette élection met en lumière un certain nombre de paradoxes. Drôle de pays que la France.

Drôle de pays que la France : il se montre – en tout cas dans les dernières élections locales – plutôt à droite, mais il élit un président qui dit n’être rien du tout mais est de racine socialiste, c’est-à-dire de gauche. Tout comme celui qu’il remplace et dont la politique est unanimement considérée comme un désastre. Mais il avait, lui, remplacé un homme de droite, dont la politique avait aussi été considérée comme un fiasco.

Le chouchou du président

Drôle de pays que la France : ce pays pleure unanimement sur la déroute du mandat de François Hollande, lequel renonce à se présenter en personne, et il finit par élire celui qui est le plus proche de ce dernier : un conseiller intime et ministre chouchou du président sortant.

Drôle de pays que la France : la candidature d’Emmanuel Macron, homme neuf, a décollé lorsque François Bayrou, dinosaure en politique s’il en est, a annoncé son ralliement.

Drôle de pays que la France : alors qu’Emmanuel Macron a fait de la moralisation de la vie publique un de ses chevaux de bataille, son deuxième grand soutien est Gérard Collomb, maire de Lyon, lequel subventionne l’Olympique lyonnais dans des proportions injustifiables1. 

Des jeunes mélenchonistes

Drôle de pays que la France : on entend dire que plus de 50% des jeunes ont voté au premier tour pour Jean-Luc Mélenchon ! Et ceci, même après qu’il a annoncé que son idéal républicain est le Venezuela et Cuba, deux pays de pauvreté absolue. Curieux, il semble qu’il ait oublié la Corée du Nord et la Russie, laquelle représente aujourd’hui moins de la moitié du PIB de la France2. 

Drôle de pays que la France : en faisant des recherches dans les livres d’histoire et de géographie de nos enfants, il semblerait que la seule allusion à l’entreprise – laquelle semble enfin reconnue comme la vraie source d’emplois et de richesses – soit pour dire qu’elle (l’entreprise) « est un lieu d’exploitation ».

Pourtant, en moyenne, quatre enfants sur cinq iront travailler dans des entreprises, grâce auxquelles ils auront « le gîte et le couvert ». L’ignorance crasse des Français en matière de micro-économie est insondable, alors que ses principes commandent leur bien-être matériel et devraient au minimum influencer leur vote.

Le sens des priorités de Ségolène Royal

Drôle de pays que la France : Ségolène Royal énonçait cette semaine de grandes vérités politiques et stratégiques, absolument nécessaires au futur radieux de notre pays, donnant à penser qu’elle a véritablement le sens des priorités.

Il aurait été intéressant de comprendre pourquoi il fallait faire passer en urgence samedi, un arrêté concernant la reproduction des dauphins en captivité, juste après ceux concernant la loi El Khomri dont on sait déjà que le nouveau président veut la revoir.

Drôle de pays que la France : de la même manière qu’à la Révolution, où 50% des cahiers de doléances portaient sur les poids et mesures, en 2017, 50% des insatisfactions exprimées sont liées à l’emploi.

Mais à part dans le programme de François Fillon, en avez-vous entendu parler sérieusement, c’est-à-dire sous forme de solution globale finançable et non sous forme d’incantation anti-licenciement, semi religieuse, voire idolâtre, ou de distribution générale de monnaie de singe ?

Les recrues du président

Drôle de pays que la France : s’il y a aujourd’hui un président, ce dernier n’a pas de candidats dans toutes les circonscriptions. Il prétend recruter son armée chez ses adversaires ? Curieuse hypothèse.

Aussi le président ferait bien de s’informer sur le fonctionnement des gouvernements de coalition que sont capables de construire des pays voisins comme l’Allemagne, la Belgique, la Hollande, voire l’Espagne. Dans les pays où il y a des coalitions, on observe que les engagements et programmes sont en général tenus.

Drôle de pays que la France… La France marque cependant un cran d’arrêt dans la montée du populisme dans le monde. Espérons que ce ne sera pas au détriment des réformes qu’elle doit mener car alors, demain, elle ne sera plus là pour fêter la victoire. Bon courage Monsieur Macron.

  1. Voir le site canol.fr
  2. Voir répartition du PIB mondial dans Courrier International.
Voir les commentaires (7)

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  • Merci à l’auteur de l’article qui incite à la réflexion sur le devenir démocratique et économique de notre pays.
    « Drôle de pays que la France… » Un pays géré de fait par des « médiats » et des « magistrats » gauchisants qui puisent leurs sources dans un système étatique omniprésent et étouffant ou l’on pratique le culte du prélèvement outrancier au plan fiscal et social sur ce qui reste d’un secteur industriel et commercial en perdition.
    En quelque sorte, une France à la « grandeur » passée que Monsieur MACRON s’apprête à gérer à grands coups d’ordonnances et de 49-3….Une France qui revendique être le pays des droits de l’homme…

    • @ Duglandin

      Oui, vous avez raison: 10 paradoxes, c’est un simple « échantillon »!

      Sur Contrepoints, on insiste beaucoup sur les défauts de la gauche « socialiste » (que je ne soutiens pas du tout) mais qui n’est, manifestement, pas seule responsable de la situation actuelle du pays!

      Une objectivité demanderait une opposition froide des critiques des 2 côtés, calme et argumentée sérieusement.

      « Exploitation » n’a, en soi, pas de connotation péjorative (sauf chez vous?): le temps où on parlait d’ « exploitation agricole » n’est pas passé!

      Semer une graine pour obtenir une plante donnant fruits/légumes et nouvelles semences est, disent certains: « fruit de la terre et du travail des « hommes »!

      Médias et magistrats polluent un peu le climat, c’est vrai. Mais ça ne touche pas la majorité de la population.

      Un problème plus spécifique est « le poids des mots »: chez vous, on résiste mal à un beau discours (J.L.Mélencon), parfois réduit à un « bon mot » ou une « petite phrase » qui fait mouche (beaucoup d’autres!) ou à tout ce qui est écrit et imprimé!

      W.Shakespeare disait « Words, words, words… » et mon père: « le papier, ça se laisse écrire! ».

      La bienséance « vieille France » exige qu’on ne parle ni d’argent, ni de politique ni de religion, à table: ça devient de plus en plus difficile avec, en gros, 60 millions d’obsédés du pognon!

      Pour le reste, si E.Macron soutenu par une large (ou, ici, élargie) majorité (ce qui est la règle, dans la Vième: quand les législatives suivent la présidentielle, on donne une majorité au président élu: c’est cohérent), alors ce quinquennat est sans doute celui de la dernière chance, même si il ne semble parfait à personne!

      Un bashing, dès le départ, ce n’est ni réaliste ni intelligent! Il est là pour 5 ans!

  • Prendre la Belgique comme exemple de coalition efficace n’est pas très judicieux. C’est le pays de l’immobilisme par excellence…

    • PierreH,
      Une coalition efficace ne serait opportune dans dans la mesure ou l’action gouvernementale serait le fruit d’un débat démocratique.
      Je suis persuadé que l’action gouvernementale sera menée par une équipe d’énarques se sentant guidé par une volonté divine…
      Le but de Monsieur MACRON est maintenant d’obtenir une majorité confortable pouvant résister aux motions de censure de l’opposition destinées à mettre en minorité l’action du premier ministre.

  • Le vrai problème c’est la bêtise des français et leur nullité crasse en économie!

  • Le plus grand paradoxe francais: http://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/la-france-est-elle-victime-dune-overdose-de-politi.html
    Les francais se méfient des politiciens mais placent dans le même temps de grandes attentes en eux. Ils attendent des politiciens que ceux ci améliorent leurs vies alors que dans le même temps, ils les détestent

  •  » l’Allemagne, la Belgique, la Hollande, voire l’Espagne » pour l’allemagne et les pays bas d’accord. Pour la Belgique et l’Espagne pas du tout d’accord. La Belgique est une particratie où règne magouilles et compromis foireux. compromis à la belge: compris absurde, irrationnel et tellement complexe que personne ne comprends rien au compromis. Le système de compromis en Belgique conduit le gouvernement à mener une politique compliquant tout pour satisfaire tout le monde. Pas vraiment un modèle de libéralisme. L’état belge n’est pas vraiment un état très efficace. La Belgique manque de pragmatisme. A noter qu’il y a des différences entre la Flandre (plus à droite, plus pragmatique, plus riche, bien mieux géré et avec une mentalité plutôt germanique) et les francophones (plus à gauche, moins pragmatiques, avec une mentalité latine). La Wallonie est une république bananière gérée depuis des décennies par le PS, qui ressemble plus à une mafia qu’à un parti politique. Quand à Bruxelles, n’en parlons même pas. Le PS de Bruxelles devrait s’appeler parti de la sharia

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