Macron président : une semaine plus tard, tout redevient comme avant

Avec le président Macron, on pouvait rêver d'un renouvellement des pratiques politiciennes dans le pays. Une semaine après son élection, revenons sur Terre.
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Poignée de mains négociation accord (Crédits Lucas, licence Creative Commons)

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Macron président : une semaine plus tard, tout redevient comme avant

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 mai 2017
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Voilà, c’est fait, Macron y est. Les choses sérieuses peuvent commencer et le renouvellement peut enfin débuter. Ou presque.

Parce qu’à bien regarder la semaine qui vient de s’écouler pour aboutir à ce petit moment républicain qui croustille, tout tend plutôt à montrer que la politique politicienne reprend bien vite ses droits partout dans le microcosme parisianno-centré. La foulée « En Marche » semble se transformer rapidement en petits pas minuscules de retraité pantouflé.

Les semaines qui suivirent les « stupéfiantes » révélations sur les emplois de la famille Fillon permettaient assez bien d’illustrer ce que pouvaient donner des rats fuyant un navire. Celles qui viennent de s’écouler donnent un ton particulier à la recomposition actuelle de la politique française.

On vient ainsi d’observer les extrémités auxquelles des naufragés de pédalos sont prêts à se livrer pour conserver l’accès à la gamelle républicaine. Je ne reviens pas sur le cas pathétique de Manuel Valls, barbotant dans le ridicule et l’absence consumée de honte et de colonne vertébrale, tentant le tout pour le tout auprès d’un subordonné devenu patron. Je passerai aussi rapidement sur le trio de mégères socialistes, Aubry, Taubira et Hidalgo, déjà évoquées dans un précédent article, qui tentent une chorégraphie pardon un « mouvement » pour animer un peu le cadavre du PS pendant que Cambadélis, jamais à court de pitreries, harangue les passants du haut de sa palette rouge. Rassurez-vous : la droite n’est pas en reste puisque du côté des extrêmes, l’alliance humide entre Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen, à l’instar d’un mariage de Brittney Spears, est terminée avant d’avoir pu donner le moindre bénéfice ; l’autre droite, elle, n’a pas attendu la fin du second tour pour se déchirer entre les partisans d’un avachissement global d’un programme politique déjà pas trop vigoureux et ceux, plus déterminés, ouvertement adeptes d’une bonne couille-mollisation à la Juppé.

Mais ce qui se passe en coulisse d’En Marche permet de remettre quelques pendules à l’heure et notamment celles de militants un peu trop naïfs qui auraient oublié ce que « politique politicienne » veut dire : on contemple à présent toutes les petites manigances habituelles qu’on croyait pourtant disparues avec l’arrivée de « notre » nouveau-président jeune et dynamique.

Eh oui, manque de bol, si le pays s’est mis en marche, ce n’est pas pour arpenter des sentiers inconnus mais les routes déjà hyper-fréquentées de toutes les habituelles tractations en coulisses et autres petits arrangements entre « amis » mutuellement profitables.

Voilà que Bayrou, éternel cocu de la République, se découvre une nouvelle paire de cornes : le nombre d’investitures de candidats MoDem est bien inférieur à ce qu’il attendait en retour de son soutien gratuit et surtout officiel à Macron. Oh. Zut alors. On appréciera au passage l’imbroglio qui a suivi à ce sujet, où ledit Bayrou tente de faire croire qu’il a obtenu un accord avec Macron alors que, de son côté, le secrétaire général de La République en marche explique qu’il n’y a aucune espèce d’accord entre eux.

Voilà Bruno Le Maire, valorisé 2% à la criée en novembre dernier, qui tente de récupérer l’un ou l’autre poste en vacance chez Manu le petit nouveau, tout en conservant tout de même un pied chez Les Républicains, des fois qu’il n’y aurait rien là-bas : après tout, si Valls, avec un tel passif, ne renonce pas à réclamer, pourquoi Le Maire s’en priverait-il, lui qui n’a jamais réussi à être nul qu’à un niveau ministériel moyen, jamais comme Premier ministre ? Certes, il reste aussi possible que les nombreuses manœuvres en coulisse qu’on prête au petit Bruno ne sont que rumeurs lancées par En Marche pour déstabliliser une droite dont on se doute que, unie, elle pourrait bien gêner fortement le nouveau président. Certes. Mais quand bien même : on serait, là encore, dans la petite politique politicienne tout ce qu’il y a de plus standard, non ?

Et pour avoir évoqué Valls, voilà que la République se garde bien de se mettre En Marche sur ses plates-bandes en ne nommant personne en face de lui dans sa circonscription… Commode coïncidence, et calcul électoral logique : même avec des chances réduites de l’emporter, Valls – susceptible de voter dans le sens de Macron – est préféré à un emmerdeur de droite ou, pire encore, de cette France Insoumise qui fera barrage à tout et dont on ne connaît pas encore la force réelle.

En pratique, le renouveau politique est très finement calculé : on fait du nouveau, oui, mais là où il n’y a aucun risque. Comme prévu, on récupère ce qu’on peut dans les vieux pots, ou du moins, on essaye. Et quand on prend un trop gros risque, comme avec le frétillant conseiller communication de Hollande, Gaspard Gantzer, ami de promo de Macron à l’ENA, en le parachutant à Rennes, on se doit de rétropédaler rapidement, exactement comme jadis les politiciens roués qui ont émaillé la politique française jusqu’à présent.

Pour d’autres enfin, le risque ne sera certainement pas pris par la République En Marche qui ne fera surtout pas le premier pas : pour Le Foll, Touraine et El Khomri, il faudra que ces derniers abandonnent l’étiquette PS pour pouvoir se retrouver au sein du « mouvement ». Apparemment, Macron aura jugé que ces tristes personnages n’ont pas déjà fait assez de dégâts pour leur redonner une chance, cette chance dont le pays ne semble vraiment pas jouir actuellement… Il n’est qu’à voir les premières nominations présidentielles qui ne surprendront que les plus naïfs qui auraient vraiment cru à cette histoire de renouvellement : on est allé, là encore, piocher dans les énarques et Science Po, sans originalité ni aucune prise de risque.

Bref, malgré toutes les promesses de changement, toutes les admonestations à faire de la politique autrement, il reste encore trop de vieux débris, de jeunes cancrelats et de vipères gluantes qui parviendront à se recaser, à continuer de vivre dans les couloirs dorés de la République. Les habitudes ont la vie dure et ce n’est pas encore maintenant qu’on observe un vrai changement de celles-ci.

Certes, Macron, trop neuf, devra composer. Certes, il est entendu que la nouvelle Assemblée sera forcément composée pour partie de ces insubmersibles grouillots qui patinent, de législature en législature, les ors républicains. Certes. Mais au moins pouvait-on espérer, vaguement, que les renoncements, les petits arrangements, les tractations et la politique politicienne dans ce qu’elle a de plus bas n’interviendraient qu’une fois ces législatives passées, pas avant.

Certes, il ne pleut pas à grosses gouttes. Mais les nuages s’accumulent déjà et quelques gouttes tombent…
—-
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  • qu’est ce qu’elle doit être sympa la gamelle d’en haut …….!!! quand on voit tout ces parasites s’humillier , se disputer , se pourrir les uns les autres pour accéder à un poste bien rémunéré …..ils n’ont vraiment pas de figure et ils me font honte ;

  • Le changement est un slogan que l’on entend depuis 1981, sans que rien ne change! Car cette mafia n’a aucune envie que le racket qu’elle impose aux couillons de citoyens diminue. Et rien ne changera puisque Macron est un pur produit de la nomenklatura française!

  • Ô surprise ! N’était-ce point cela qui était noté dans son « prochet » En Marche à Macron ! Zut ! On s’est fait eu !

    @véra
    Bonjour,
    Un gamelle de 1200 milliards qui ne demande qu’à être vidée, c’est très sympa !

  • Avant de critiquer et dénigrer, ne serait-il pas plus judicieux d’attendre de voir les actes? Milton Friedman disait: « L’une des plus grandes erreurs possibles est de juger une politique ou des programmes sur leurs intentions et non sur leurs résultats. » Alors un peu de patience que diantre! Une majorité des votants a choisi d’élire E. Macron, alors soyons conséquents: donnons-lui une chance, non? Faisons en sorte qu’il obtienne une majorité à l’Assemblée afin que ce quinquennat ne soit pas paralysé depuis le début.

    • Ben justement, ça ferait un quinquennat sans lois supplémentaires et sans idées saugrenues pour augmenter nos impôts.

      • Si je vous comprends bien, vous êtes pour l’immobilisme? pour continuer à enfoncer la France? surtout ne rien changer, tout va si bien madame la marquise! seuls ceux qui bénéficient de privilèges (gros ou petits) souhaitent que tout continue jusqu’à… la chute finale, celle qui nous attend dans ce cas. C’est ce que vous souhaitez vraiment?

        • Non justement : sans l’Etat socialiste (Etat providence, Etat stratége, Etat nounou etc…) la France ne serait pas dans cet état et il n’y aurait pas autant de privilèges.

          Privilège : du latin privilegium, de privus (« privé, particulier ») et lex (« loi ») : « loi faite pour un particulier ».

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