La France est-elle incapable de repenser la place de l’État ?

Sans une réflexion profonde sur la conception de l’État, celui-ci encombrera la vie économique, politique et sociale de notre pays. Ce défi devrait être une priorité pour les esprits indépendants !

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La France est-elle incapable de repenser la place de l’État ?

Publié le 1 mai 2017
- A +

Par Erwan Le Noan.

Il y a quelques mois, un constat dramatique et un espoir émergeaient : cette fois, l’élection présidentielle serait celle de la dernière chance ; elle donnerait l’occasion d’engager un « vrai » débat sur l’avenir du pays et constituerait une opportunité unique pour réfléchir aux « vraies » solutions. Évidemment, il n’en fut rien.

Un sujet en particulier a été peu abordé : celui de l’État. Quel paradoxe ! Dans un pays où l’on se vante d’avoir une vision spécifique de l’action publique, où l’incantation politique ne cesse de rappeler le rôle si particulier de l’État dans l’histoire de la Nation, où l’administration n’en finit pas de justifier ses privilèges par le fait qu’elle servirait le seul détenteur légitime de l’intérêt général !

Quand la discussion a été abordée, elle ne s’est faite que sous l’angle du « rabot », engageant des débats d’apothicaires sur le niveau de réduction des dépenses à mettre en œuvre. L’objectif est évidemment pertinent (et il faut déplorer que seul François Fillon l’ait mis en avant) ; mais il n’épuise pas le sujet, loin de là.

Réduire la gabegie est vital pour notre économie et notre société : chaque euro de dépense publique prive l’initiative privée et asphyxie la liberté. Pour autant, cette coupe nécessaire ne peut se faire sans engager une réflexion sur ce que doivent être les contours de l’action publique qui sera conservée. Comment l’État doit-il se transformer ? Quels services publics la collectivité doit-elle financer et comment en assurer leur prestation ? À quelques productions près, la réflexion est d’une pauvreté affligeante en France, alors qu’elle est stimulante dans les pays anglo-saxons .

Comment l’expliquer ?

Une première raison, c’est que chaque Français bénéficie, directement ou indirectement, de la dépense publique. Ceux qui reçoivent des transferts sociaux ont peur de les perdre : c’est compréhensible, dans un pays figé où ils n’ont souvent aucune opportunité de réussite. Les plus favorisés craignent de voir les prestations se réduire, alors que leurs impôts resteront, eux, au même niveau. C’est légitime : l’exaspération fiscale a atteint des sommets. Les élus le savent : ils préfèrent laisser pudiquement le sujet de côté.

Une seconde raison, plus structurelle encore, est que dans notre pays (et c’est l’une de ses particularités), le débat intellectuel est façonné par l’État. De façon indirecte, puisqu’il distribue les aides et subventions. Mais aussi de façon très directe : en France, ce sont des institutions publiques (France Stratégie ; Trésor ; conseils, centres et commissions divers) qui, dotées de moyens énormes, produisent les nouvelles idées et les diffusent, façonnant le débat et l’opinion, relayées ensuite par une élite qui est, plus souvent qu’ailleurs, issue de la fonction publique. Ce faisant, elles asphyxient la production intellectuelle.

Sans une réflexion profonde sur la conception de l’État, celui-ci encombrera la vie économique, politique et sociale de notre pays. Ce défi devrait être une priorité pour les esprits indépendants !

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  • Tout à fait, puisque chaque français compte dessus pour quelque avantage ou prébende!

    • @ Virgile

      C’est vrai et à tous les niveaux!

      Je suis et fus domicilié dans 2 (« vraies ») monarchies (sans pouvoir), pays socio-démocrates.

      J’ai travaillé en France 16 ans, comme « travailleur immigré »!

      « Monarque » est un terme fréquemment utilisé pour votre président, sauf que c’est un monarque « partisan » et « régnant », électif et provisoire!

      (Les « vrais » monarques européens sont sans pouvoir ni rôle politique, symboliques et essentiellement représentatifs de TOUTE la nation: exception: le Prince de Monaco).

      Des républiques ont des présidents aussi symboliques: Italie, Suisse, par exemple.

      De Gaulle, oui! Les suivants: quelle valeur ajoutée … ou disparue (mention spéciale pour G.Pompidou)? Et budget de « l’Elysée » = ?

      Je propose depuis un moment, un ministre, vice premier ministre, venu du « civil », chargé de:
       » l’abrogation des lois et règlements désuets,

      la simplification administrative,

      l’informatisation des organes de la politique et de l’administration, bien sûr sécurisée,

      l’organigramme public français répondant concrètement à qui fait quoi, où et pour qui? Histoire de voir les redondances, les inutiles, les « absurdes », les « payés pour rien »,

      Aucun gouvernement n’acceptera ma proposition qui n’a pourtant rien d’absurde!

      Pourtant cela pourrait éviter que la France envoie au parlement européen les Le Pen, père et fille, comme représentants (!), présents que quand ils prennent la parole, absents le restant du temps, comme bien d’autres députés européens français (inconnus du public) qui viennent « pointer » avant le « Thalys »! (exception D.Cohn-Bendit, actif!).

  • C’est, effectivement, une question centrale.
    La non-réforme de l’état est le résultat des politiques étatistes (pour ne pas dire socialistes) poursuivies depuis près de 40 ans. Pendant cette période, se sont constitués des chapelles, des rentes de situation, des comités Théodule en grand nombre dont la plupart sont parfaitement inutiles.
    Si chaque frençais « bénéficie » de cet état obèse, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’en a pas pour son argent.
    Le drame, c’est qu’on vend aux français une soit-disant liberté, alors que notre régime est de plus en plus collectiviste, sans que ceci ait été le résultat d’un choix clair d’une majorité de français votant pour le collectivisme et un état dépensant plus de 57% du PIB et bientôt plus encore.
    La « réforme » de cet état devenu obèse et interventionisite ne se fera que dans la douleur, au vu des intérêts personnels en jeu

  • Merci à Erwan Le Noan pou cet article.
    Le défi à relever pour repenser la place de l’Etat devrait être effectivement une priorité mais, l’ultra centralisme français a pour effet de concentrer à Paris, tous les pouvoirs décisionnaires en matière politique et économique, entre les mains de hauts fonctionnaires, véritables Barons de la « république », dont le champ de compétence devrait être normalement celui des élus territoriaux et nationaux.
    Pour mettre un terme à cette forme de « Bonapartisme », il faut tendre vers plus de démocratie directe, instituer des possibilités de référendum d’initiative citoyenne notamment pour contrôler le champ d’action des élus imposteurs.
    La démocratie libérale de la confédération Helvétique devrait, à ce titre, être un modèle à suivre; ceci permettrait d’arriver au quasi plein emploi et à une augmentation significative des revenus salariaux.
    Le modèle Suisse en matière d’immigration contrôlée nous permettrait d’éviter les problèmes liés à des populations qui s’installent illégalement dans notre pays sans aucune intention d’intégration… et souvent bien au contraire….!!

    • @ Duglandin

      Arrêtez! Proposez un modèle suisse à la France c’est impossible, ou, en tout cas, infaisable! Irréaliste!

      La Suisse sert à s’en moquer

      La Suisse sert à la critiquer (paradis fiscal, pays d’émigration des « Riches » …)

      La Suisse est un pays démocratique (la France, pas tout-à-fait!),

      la Suisse est un pays ultra-neutre (la France a un droit universel de critique et de jugement et d’intervention, y compris militaire, auto-proclamés, comme elle se dit « pays des droits de l’homme »!)

      la France ne prend pas exemple sur des pays plus petits: elle est un « GRAND » Pays!

      Donc non, votre (bonne) idée ne sera pas suivie!

      La France refuse le « pacte de stabilité et de croissance » qu’elle a signé, l’austérité et la rigueur qui en découlent, même pour aller mieux!

      La France refuse de faire des économies et son état de renoncer à son train de vie!

      Il était donc indispensable de mettre Fr.Fillon hors-course!

  • Et il y a aussi le poids de l’ortf et les subventions à la presse et à la culture pour façonner l’opinion publique. Si je pouvais ne plus payer la redevance ou au moins choisir ce que je finance… Si la presse devait vivre d’avoir envie d’être lue et les chaínes d’information d’être vraiment regardées…

    • @ trublion

      Si vous voulez un conseil, lisez la presse étrangère: elle vous éclairera plus objectivement sur ce qui se passe en France! Et vous connaitrez l’attitude des étrangers par rapport à la France, ce dont votre presse ne parle pas souvent! Vous verrez, ce n’est pas le même coup d’oeil!

      Simple suggestion!

  • Cette incapacité à penser hors du cadre de l’État se retrouve dans les références ad nauseam aux hommes de gouvernement, De Gaulle en tête, à l’évocation du pays lors de discours politiques . Je n’en vois guère vanter des Geoffroy Guichard, Pierre & Marie Curie ou encore les frères Lumière. Comme une forme de mépris de la société civile.

  • Excellent article. Merci à l’auteur.

  • Les commentaires sont fermés.

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