Arrêtez de confondre les libéraux et l’extrême droite !

Contrairement à ce qu’affirment deux journalistes du New York Times, les libéraux n’ont rien à voir avec les idéologies d’extrême droite.

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Arrêtez de confondre les libéraux et l’extrême droite !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 31 mars 2017
- A +

Par Jeffrey Tucker, depuis les États-Unis.
Un article de la Foundation for Economic Education. Traduction Contrepoints.

J’écris cet article depuis les États-Unis dans l’espoir de régler une fois pour toutes le stupide malentendu qui fait parler à tort d’extrême droite rebelle à propos du  Freedom Caucus. Mais je n’y crois guère, tant les idées fausses ont la vie dure. Cette appellation est une calomnie doublée d’un mensonge caractérisé, mais on la croise fréquemment, surtout ces derniers temps.

Le contexte

Tout d’abord, comme vous le savez certainement, la Chambre des Représentants des États-Unis abrite en son sein un groupe de parlementaires de plus en plus conscients de la grande tâche de notre époque : empêcher le gouvernement de mettre ses bâtons dans les roues puissamment productives de la liberté, et faire cela pour tous les domaines de l’existence.

Ce groupe se nomme le Freedom Caucus et son influence a abouti récemment à l’abandon de la réforme Santé de Donald Trump, car elle ressemblait trop à une fausse alternative préservant toutes les caractéristiques essentielles de l’Obamacare d’origine.

Compte tenu des bouleversements à l’œuvre chez les Républicains, les membres du  Freedom Caucus sont en train de développer une nouvelle compréhension d’eux-mêmes. Ils ont tenu tête à Trump. Il ressort clairement qu’ils n’appartiennent pas au spectre gauche/droite classique.

La débâcle de la réforme Santé

Si l’on considère la façon dont ils ont géré la débâcle de la réforme Santé, on devrait les appeler libéraux au sens actuel de libertarians puisque ce dernier terme est le mot américain qui a émergé pour les décrire aujourd’hui.

Mais plus correctement, on devrait les qualifier de libéraux au sens original de l’américain liberals. Si ce terme a évolué au point de décrire aujourd’hui les socio-démocrates ou les progressistes, il évoquait initialement tous ceux qui se firent les champions de la libération de l’humanité.

Cette dernière commença à la fin du Moyen-Âge, se développa à l’époque des Lumières, aiguillonna les révolutions du XVIIIe siècle contre l’absolutisme, mit fin à l’esclavage et à l’oppression des femmes au XIXe siècle et combattit le socialisme et le fascisme au XXe siècle.

Les parlementaires du Freedom Caucus sont aujourd’hui les successeurs de cette tradition. Au XXIe siècle, ils ont pris fait et cause pour l’innovation numérique, le respect de la vie privée et le progrès technologique.

On trouvera ici un excellent guide pour naviguer dans toutes ces notions.

Le Credo du Freedom Caucus

Ce groupe qui vit actuellement une renaissance sous de multiples formes tend à devenir une puissante force de liberté.

Il n’a pas encore atteint sa maturité, mais la tendance est évidente et se déploie dans la bonne direction. Il n’est pas seulement question d’obtenir des baisses d’impôt, bien que cela fasse partie des demandes.

Il s’agit aussi de libre-échange, d’un idéal de libre circulation des personnes, de liberté d’expression, de dérégulation, de réforme pénale et pénitentiaire et de la fin des guerres de tous ordres. Pour le dire en peu de mots, les membres du Freedom Caucus considèrent que le gouvernement est le problème et la société libre la solution.

Leurs liens avec ce qu’on appelle la gauche sont ténus, sauf en ce qui concerne la réforme des prisons, la dépénalisation de la drogue et la liberté d’expression. Mais ils ne partagent pas plus les valeurs de l’extrême droite qu’on voit apparaître en Europe ou aux États-Unis.

L’indépendance des libéraux

Ils rejettent tous les autoritarismes, ce qui explique pourquoi ils ne sont pas des partenaires automatiques de l’administration Trump.

Ils soutiendront le Président lorsqu’il aura raison à leurs yeux et ils le combattront lorsqu’il aura tort. Leur indépendance tient au fait qu’ils perçoivent la gauche et la droite comme deux formes d’une même idéologie étatiste, deux saveurs d’une même dérive.

Dans le lexique politique américain, on les nomme souvent conservateurs. Ils doivent parfois utiliser eux-mêmes ce terme car il coïncide mieux avec les attentes des médias et des électeurs. Mais ils ne l’aiment pas et il ne les décrit pas correctement.

Ils ne veulent justement pas conserver les vieilles habitudes du gouvernement. Ils souhaitent au contraire écarter le gouvernement du chemin afin de laisser les forces du marché et la société en général découvrir de nouvelles façons de mieux faire les choses.

Maintenant que j’ai fait de mon mieux pour décrire le Freedom Caucus de la Chambre des Représentants, regardons ce que le New York Times en dit. L’article « Trump prisonnier d’une guerre civile féroce chez les Républicains » est signé par Glenn Thrush (twitter.com/GlennThrush) et Maggie Haberman (twitter.com/maggieNYT). Voici ce qu’ils écrivent :

En stoppant l’abrogation de l’Affordable Care Act (ou Obamacare), priorité proclamée du Parti républicain depuis sept ans, l’extrême droite rebelle du parti de M. Trump s’est dressée contre lui, s’offrant ainsi une une victoire majeure sur l’establishment du parti qu’il dirige aujourd’hui.

Vous avez vu ? « L’extrême droite rebelle. »

L’extrême droite réelle

N’importe quel lecteur associerait cette expression à Marine Le Pen en France, Geert Wilders aux Pays-Bas, l’Aube dorée en Grèce, Jobbik en Hongrie, Norbert Hofer en Autriche, etc.

De fait, vous pouvez lire tout ce qui concerne la montée de l’extrême droite en Europe dans une source éminemment autorisée : le New York Times, au détour d’un article publié il y a seulement quelques mois.

Aujourd’hui, on peut aisément prédire la politique de ces partis. Ils veulent davantage de protectionnisme, une immigration restreinte, un retour à la planification industrielle et un État-providence puissant. Ils sont généralement en faveur d’un service de santé étatisé.

Même aux États-Unis, le site internet nazi le plus fréquenté (désolé, pas de lien) a publié en page d’accueil un éditorial ouvertement favorable à une assurance santé nationalisée le jour même du vote républicain contre la réforme Santé de Trump.

L’extrême droite anti-libérale

Ces politiques n’ont rien à voir avec la liberté. Elles ont davantage de valeurs en commun avec le style fasciste de l’entre-deux guerres.

La plupart de ceux qui pratiquent assidûment Twitter les connaissent bien car elles génèrent leurs légions de trolls, leurs meneurs sulfureux auto-proclamés (edge lords) qui tweetent nuit et jour des slogans racistes et antisémites. Il existe des logiciels complets destinés à les bloquer.

Le libéralisme est différent, très différent, de l’alt-right, de l’extrême droite, de la droite fasciste, de la droite nazie, etc. etc.

Rebelle, oui. Extrême droite, non.

La différence est particulièrement frappante lorsqu’on en vient au système de santé. Les parlementaires du Freedom Caucus se sont opposés au plan Trump/Ryan1 parce qu’il préservait les caractéristiques étatistes de l’Obamacare et ne faisait aucune place au jeu du marché.

Ils savaient par conviction et expérience personnelles que cela ne pouvait pas marcher. Leur attitude était une question de principe, mais elle résultait aussi de leur connaissance approfondie du secteur, de ce qui l’a conduit à la faillite et de ce qu’il faudrait faire pour le réparer.

Les deux journalistes du New York Times évoqués plus haut doivent vraiment trouver un moyen d’ajuster leur vocabulaire pour ne pas développer une confusion dangereuse.

Sortir de la propagande

Il est ridiculement trompeur de persister dans les vieilles habitudes qui consistent à décrire les groupes non gauchistes comme des partisans de l’extrême droite. Ça sent la propagande à plein nez. Nos journalistes doivent trouver mieux s’ils veulent saisir la part libérale qui émerge du Parti républicain avec un tant soit peu de précision.

Pour ajouter une touche personnelle, permettez-moi de préciser que j’adore le New York Times. Je le lis chaque jour avec attention. Je suis rarement d’accord, mais j’y trouve une source d’actualités inépuisable. J’aimerais beaucoup assister à l’amélioration des concepts idéologiques diffusés par ce journal.

Si vous adressez des tweets à ces journalistes, puis-je vous demander de le faire gentiment ? Ne trollez pas, ce sont des êtres humains. Ils essaient de faire de leur mieux. Ils ont juste besoin d’un petit peu d’aide. Il est crucial qu’ils comprennent bien combien le Freedom Caucus n’a rien à voir avec l’extrême droite.

 

Traduction Nathalie MP pour Contrepoints

Sur le web

 

 

  1. Paul Ryan : Président républicain de la Chambre des Représentants qui soutenait la réforme Santé de Trump.
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  • Depuis l’élection de Trump on sait que le NYT est un journal gauchiste, ce que confirme l’article en question. Dire que les USA étaient à l’origine un pays libéral. Les pères fondateurs doivent se retourner dans leurs tombes en voyant l’étatisme, le dogmatisme, le socialisme et l’intolérance qui y sévit. Et ce sont les universitaires les responsables de cette dérive totalitaire liberticide.

  • Puisque l’Europe copie souvent les Etats Unis avec un peu de retard, espérons qu’un « Freedom Caucus » émergera dans la prochaine Assemblée Nationale.

  • « Les deux journalistes du New York Times évoqués plus haut doivent vraiment trouver un moyen d’ajuster leur vocabulaire pour ne pas développer une confusion dangereuse. »
    NON! ces journalistes sont comme 95% des journalistes à savoir des gauchistes et/ou des étatistes. leur pire énnemie c’est justement les libéraux. Pour ces gens même l’extrême droite n’est pas aussi nocive que les libéraux mais il n’existe pas de qualificatif plus injurieux dans leur vocabulaire que « extrême droite » ou nazi pour salir le plus possible les promoteurs de la liberté qu’ils honnissent.

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