Poids lourd, de Pascal Rebetez

Le périple d’un homme obèse au pays des Aborigènes.

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Poids lourd, de Pascal Rebetez

Publié le 25 mars 2017
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Par Francis Richard.

Le livre commence ainsi : C’est en Australie de l’ouest, à Perth, sur la balance de mon frère que s’enregistre l’énormité : 93 kilos et 300 grammes ! Le narrateur ne dit pas quelle est sa taille. Il n’est donc pas possible de calculer son IMC (indice de masse corporelle)…

Tout ce qu’il veut bien dire, c’est qu’il est sexagénaire depuis quelques mois, qu’il a entrepris son voyage dans les extrêmes pour y promener [sa] masse et qu’il a quinze kilos de trop… L’alcool l’a fait grossir, comme il fait grossir les aborigènes qui en boivent beaucoup :

Je suis donc un aborigène.

Les cousins colonisés

Au cours de son périple, cet anar, de par le milieu et les lectures, devrait croiser des aborigènes, ses « cousins » colonisés (les siens ont été colonisés par les forces de l’argent et du commerce). En fait, il en croise très peu, quatre en tout au centre-ville de Perth…

Route faisant, il ne triture que les débris de [sa] mémoire pour passer le temps au volant de la petite voiture qu’il a louée. C’est ainsi qu’il digresse, confirmant sa vision des êtres et des choses, et qu’il se remémore d’autres voyages accomplis en Syrie, en Colombie ou en Éthiopie.

Son surpoids est peut-être héréditaire, mais il ne veut pas ressembler à son grand-père Paul, qui était gros lui aussi mais qui n’était pas drôle, du moins quand il ne voulait plus voir son fils : même si la graisse m’y porte, je ne veux pas la foutue répétition des lignées, je n’en veux pas !

Juger son ancêtre

Il n’en veut pas, mais il n’en est pas moins homme et, comme de rouler en sens interdit, il se sent mal à l’aise à juger son ancêtre : Nom d’un diable à bretelles, j’ai bientôt son profil. Et je l’aime. Il fait quand même partie de moi pour un bon pourcentage.

En tous les cas il cultive l’autodérision pour parler de lui : Ma poitrine ballotte, pire, il y a des seins ; ils forment deux dunes parallèles sous la plage de ma barbe ; je les vois quand j’écris, quand je pisse, c’est l’insolence du ventre qui montre son corps boursouflé !

Son problème est qu’il adore manger et boire à satiété et que, même s’il sait être allé trop loin, il n’est pas près d’en revenir, ni prêt non plus à faire abstinence : il aime bien trop se taper la cloche et être allégé, ne serait-ce que passagèrement, par l’alcool.

Émotions musicales

Pourtant, à Mackay, il fait de louables efforts : J’ai laissé deux frites sur l’assiette du poulet à la mangue. Mon régime a commencé… Mais, plus loin, il suffit de quelques émotions musicales pour lui ouvrir l’appétit. Ce qui n’est pas pour dégonfler le pneu qu’il a autour de la taille.

En Australie, comme ailleurs de par le vaste monde, il n’est pas seul dans son surpoids :

Cette gélatine, cette dépression des tissus est un triste phénomène pour l’évolution humaine, mais dans la même pipette de sentiments, ça banalise le sexagénaire qui arbore ses munitions sur les hanches, son bedon qu’il faut décaler pour voir l’engin à pisse.

Au retour de son voyage, il prend de fermes résolutions. Ses ancêtres sont devenus ses balises, comme dans les rituels des aborigènes. Il empruntera donc des itinéraires inverses à ceux parcourus jusque-là et s’engage à perdre des dizaines de kilos, mais à raison d’un par année…

Durant tout ce temps, il lui faudra s’appauvrir en aimant, et puis aimer encore, enlever le poids lourd sur le cœur, s’affûter pour le grand jour, qui sera la grande nuit, où poser le chant, les notes, le ressac du monde et l’écume des grands fonds.

 

Le poids lourd, Pascal Rebetez, 124 pages éditions d’autre part

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