Idée reçue : « les J.O, c’est bien, ça donne du travail aux gens »

Est-il souhaitable de payer une moitié de la population à creuser des trous et l’autre moitié à les reboucher ?

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Idée reçue : « les J.O, c’est bien, ça donne du travail aux gens »

Publié le 13 mars 2017
- A +

Par Eddie Willers.

Il semblerait que Paris soit en bonne position pour remporter l’organisation des Jeux Olympiques de 2024. Pour un passionné comme moi, je devrais être ravi que la plus grande compétition sportive du monde ait lieu en France. Néanmoins, les expériences passées ont montré que ces événements sont des gouffres financiers qui permettent bien plus souvent aux politiques de se faire mousser qu’à nos athlètes d’y briller.

Et pourtant en février dernier, 65% des Français approuvaient la candidature de Paris aux JO. L’argument souvent avancé, et cela était également le cas pour l’Euro de football l’an passé, est le suivant : oui mais c’est pas grave, même si c’est déficitaire, au moins ça donne du travail aux gens.

Employer des gens juste pour employer, n’augmente pas la consommation

Il semble donc que peu importe que les JO soient déficitaires, du moment que ceux-ci emploient des personnes ce n’est pas un sujet. La bonne recette keynésienne est connue : on creuse le déficit, on emploie des gens qui consomment et on fait repartir l’économie. Malheureusement, employer quelqu’un pour l’employer n’a qu’un seul résultat : créer un déséquilibre entre l’offre et la demande et par voie de fait un gâchis de ressources.

Imaginons qu’un jour, l’État décide de me salarier pour rédiger des articles sur mon blog (chose hautement improbable au vu de ma ligne éditoriale). L’État n’a pas d’autre argent que celui qu’il vous prend. Pour me payer, il devra donc taxer Pierre qui est un socialiste convaincu et n’a aucune envie que son argent serve à encourager la propagande ultra-néo-turbo-libérale. L’État crée donc une insatisfaction puisque des ressources, ici financières, sont allouées de façon non-optimale.

Reprenons l’exemple des événements sportifs : l’État décide de financer la construction d’un stade. Il doit donc taxer les individus (ou créer des déficits qui ne sont in fine que des taxes à venir) qui pour certains ne s’intéressent absolument pas au sport. Ces individus préfèreraient utiliser leur argent pour aller au cinéma, pour acheter des livres, pour partir en vacances, etc.

Payer ces emplois va créer de l’insatisfaction

L’État gaspille donc des ressources puisqu’il crée des insatisfactions chez tous ces Français qui se fichent du sport. L’argent utilisé pour payer des employés à la construction d’un stade est autant d’argent qui ne pourra être dépensé chez un fleuriste, chez un libraire ou au cinéma. Prétendre que l’emploi de ces personnes générera un surcroît de consommation constitue donc une erreur majeure. Les personnes qui affirment cela raisonnent « toutes choses égales par ailleurs » alors que ce n’est pas le cas. L’emploi des ouvriers de construction modifie les structures de consommation qui se réduisent au moins d’autant en numéraire dans d’autres secteurs.

Donc non seulement l’emploi pour l’emploi n’accroît pas la consommation mais en plus il crée des insatisfactions. Nous nous retrouvons alors face à une situation de destruction de richesses soit l’objectif totalement inverse de la politique initialement visée.

Certains rétorqueront : oui mais l’organisation de ces événements donne une bonne image de la France ce qui a des effets bénéfiques pour tous les Français, ce que les économistes appellent des externalités positives.

Le sujet des externalités positives/négatives mériterait un article à lui tout seul. Cependant, il faut retenir que ces externalités sont très difficilement mesurables et servent bien souvent de justifications du fait de leur caractère inquantifiable à toutes les idées saugrenues qui passent par la tête de nos politiques.

L’État engendre des distorsions sur le marché de l’emploi

Moralité, toute politique de l’emploi qui ne passe pas par un recours plus important au marché est condamnée à l’échec. Lorsque certains prétendent savoir mieux que les Français ce qui est bon pour eux, ils se trompent. Parce que personne n’est mieux placé que vous pour savoir comment vous souhaitez vivre votre vie. À chaque intervention sur le marché de l’emploi, l’État engendre des distorsions destructrices de ressources et de richesses.

Si l’emploi pour l’emploi était créateur de richesses cela se saurait : il suffirait alors de payer la moitié de la population à creuser des trous et l’autre à les reboucher.

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  • J’apprécie beaucoup les arguments et la logique de cet article, difficilement contestables !

  • Comme dirait Francois, l’important, c’est la courbe. C’est ce qu’on voit de toute façon, même si pour lui il sera trop tard.
    Les dettes accumulées, même si on commence à apercevoir une petite bosse sous le tapis, elles sont sous le tapis justement, donc on ne les voit pas. Donc c’est un non-problème.

  • Article: 65% des Français approuvaient la candidature de Paris aux JO.

    En aucun cas.
    C’est un sondage TNS sofres téléphonique fait aux débottées alors que les gens n’ont eu que des échos. Ça n’a strictement rien à voir avec le fait de déposer un bulletin de vote dans une urne après débats, devis et mûre réflexion.

    Quelques sondages ne sont pas « les français », pas plus que quelques types sur une place avec des pancartes, pas plus que quelques centaines de milliers de manifestants, pas plus que les « représentants élus », car ils ne doivent leurs postes en moyenne qu’à trois électeurs sur dix.

    Je tiens à préciser, car les médias, et leurs amis politiques ont un pouvoir incommensurable avec cette confusion.

    • Sinon très bon article, évidemment 😉

      • Non, cet article n’est pas réaliste: que je sache les J.O. de Londres ont été bénéficiaires, et de 1; dites-moi que le tourisme étranger en France ne vous rapporte rien: des J.O., c’est un afflux provisoire d’étrangers venus dépenser en France: si ce n’est pas un bénéfice, c’est quoi?Et de 2. Avec ou sans J.O., la nécessité de construire un stade existera un jour ou l’autre, sauf que celui-là peut déjà compter sur une fréquentation exceptionnelle. Et de 3! Il est vrai que le « prestige » se calcule mal en termes comptables, mais c’est un argument contre l’impuissance comptable pas contre la réalité non mesurable! Et de 4! Que les « grosses légumes » politiques en profitent est juste un effet pervers, en rien, un argument! Et de 5! Croire que l’individu est le seul juge valable de sa destinée, c’est nier la valeur de tous les procès en justice, l’importance de la vie en société car sans société, pas de marché! Et de 6! Et je ne suis pas à court d’autres arguments!

        Il faut vraiment vivre en France pour considérer le libéralisme d’une façon aussi purement théorique jusqu’à l’absurde! Partout où des libéraux sont aux responsabilités, ils composent avec la réalité du terrain où tous les citoyens ne sont pas libéraux.

        Comme si le marché était absent du sport!

        Je ne dis en rien que des J.O. à Paris seraient nationalement rentables, ne devinant que trop bien comment seront payés ceux qui les créeront concrètement par comparaison avec les (ir)responsables au titre ronflant astucieusement désignés par le pouvoir parmi l’ « happy few » habituel: ceux qui auront bien négocié ce « retour d’ascenseur », bien sûr sur le compte de « la Princesse »!

        Enfin, j’ai du mal à ne pas imaginer qu’Eddie Willers ait envie de regarder les J.O. à la télé mais sans qu’il lui en coûte 1 cent, dans son innocence que les retransmissions sont elles aussi l’objet d’un énorme marché où le client-consommateur ou le citoyen qu’il est ne pourra jouir du spectacle qu’en ayant craché au bassinet bien avant de regarder le spectacle (ou pas!)! Et de 7!

        • Le problème des JO comme de toutes ces grandes opérations, c’est que même globalement bénéficiaires, es opérations mutualisent les coûts via les impôts, mais privatisent les gains.
          Et ça, c’est parfaitement et légitimement critiquable.
          Quant à la « nécessité » de construire un nouveau stade, rien ne justifie la encore que l’impôt de tous les français paie une infrastructure si spécifique.
          Pas même l’impôt d’une région ou d’une agglomération.

          • @ PukuraTane
            C’est effectivement là que le bât blesse: la gestion.

            À Londres, il a été fait appel très largement au sponsoring, d’une part, ensuite il est possible de récupérer une partie des frais par un deal avec les fournisseurs sous-traitants, enfin, on peut considérer un stade comme un investissement ( forcément à risque, celui-ci pouvant se partager entre public et privé) qui bien géré dans la suite, se montrera rentable avec le temps: que les autorités nationales et locales participent à l’investissement ne me parait pas insensé.

            Les J.O., maintenant que l’amateurisme n’est plus exigé, peut se considérer comme « super-production de spectacle », donc pas à but nécessairement déficitaire!

            Le problème, c’est que la politique prévoit souvent un budget trop court, donc systématiquement dépassé, et des revenus surévalués qui ne seront pas obtenus, avec, au passage, une complexité administrative justifiant les fonctionnaires et bien sûr, un « état-major » politique qui ne manquera pas à l’appel.

        • Bonjour mikylux

          Je ne vous comprend pas, les JO étant l’exemple emblématique de ‘l’éléphant blanc’, et vos arguments ont été de maintes fois mis en avant.
          Toujours est-il que comme d’habitude, on prend dans la poche de Paul l’argent que l’on donne à Pierre.
          Personnellement, je ne regarde jamais les jeux olympiques, au sport dans son fauteuil je préfère le sport in vivo :).

          • Bonjour gllllb,

            Que ce soit sur place ou à la télévision, les J.O. sont devenus un spectacle sportif comme expliqué ci-dessus à PukuraTane avec des milliers de spectateurs et des millions de téléspectateurs (« payant » d’une façon ou d’une autre). « Éléphant blanc »? Oui, le pays, la région et la ville organisateur bénéficieront bien sûr d’un prestige: on parle plus souvent des J.O. en précisant le lieu et pas l’année. Combien vaut ce prestige, c’est incalculable, ce qui ne signifie pas que ça n’existe pas ou que ça n’ apporte pas des retombées économiques. Et cet effet existe pour toutes les manifestations internationales comme les « salons », les grands congrès, les festivals etc…

            Il s’agit donc bien d’un problème d’organisation et de gestion, les politiciens devraient se rendre compte qu’ils n’ont pas les compétences pour faire autre chose que de se mettre à la disposition des organisateurs dont c’est le métier et pas l’inverse, en veillant au respect des contrats et au respect des budgets avec des juristes et comptables aguerris! Hors caprice personnel, évidemment, malgré les tentations de s’accaparer un prestige personnel, de faire engager des copains etc … Qu’a coûté la corruption au Brésil?

            • mikylux: avec des milliers de spectateurs et des millions de téléspectateurs (« payant » d’une façon ou d’une autre).

              Les téléspectateurs français des JO de Rio ont généré des retombées financières… en France. Pas sûr que le contribuable brésilien s’y retrouve.

              mikylux: Combien vaut ce prestige, c’est incalculable, ce qui ne signifie pas que ça n’existe pas ou que ça n’ apporte pas des retombées économiques

              Les chiffres des retombées pour Londres sont très controversés. Certains parlent de comptabilité « très créative ».

              mikylux: Combien vaut ce prestige

              L’état français est en faillite, la situation est réellement très grave et le sera probablement d’autant plus en 2024. Les JO de Rio ont généré une image plutôt négative dans le monde pour le Brésil, comptez sur les médias pour parler des problèmes de la France, pas sur que le « prestige » soit aussi fort surtout qu’on peut compter sur les corporations et les pastèques pour essayer de saboter ou utiliser l’événement comme levier pour leurs grèves ou leurs revendications.

              Ce serait ballot qu’un événement qui coûte deux fois le budget de la justice soit entaché de problèmes d’émeutes ou de grèves.

              L’urgence absolue c’est d’assainir les comptes publics et de limiter les dépenses et les prélèvements pour donner de l’air. Ce n’est pas au moment où on est à la limite de déposer le bilan qu’il faut organiser une fête hors de prix aux retombées plus qu’incertaines surtout vu l’interventionnisme et l’incompétence des élus.

        • Je ne dis en rien que des J.O. à Paris seraient nationalement rentables, ne devinant que trop bien comment seront payés

          Voilà.

          Que les « grosses légumes » politiques en profitent est juste un effet pervers, en rien, un argument!

          La moyenne de l’audience c’est 2 millions en France (hors ouverture), la retransmission de « Bienvenue chez les Ch’tis » a fait 7 fois mieux le film a coûté 1200 fois moins.

          la nécessité de construire un stade existera un jour ou l’autre,

          Éventuellement, mais on n’achète pas un porte-avions pour aller faire ses courses.

          Il faut vraiment vivre en France pour considérer le libéralisme d’une façon aussi purement théorique jusqu’à l’absurde!

          Personnellement dans un pays libéral et responsable je n’y verrais pas trop de problèmes, pour autant que le consentement de la population soit clair parce qu’un extra de temps en temps quand tout est bien géré ça va. Il y aura moins de corruption, de connivence et les installations seront mieux gérées après coup.

          Le problème n’est pas tant que des élus s’en servent pour leur postérité, mais le fait qu’ils le fassent sur les ruines d’une économie qu’ils ont eux-mêmes dévastée comme en Grèce ou au Brésil.

          sans société, pas de marché!

          Votre critique ne s’adresse pas au libéralisme (classique)
          https://www.wikiberal.org/wiki/Anarcho-capitalisme
          https://www.wikiberal.org/wiki/Libertarianisme

        • Pas un seul de vos 7 points ne réfute les arguments d’Eddie Willers. Pas le temps de les reprendre un à un mais prétendre que quelque chose est utile quand on n’est pas prêt à l’échanger contre le fruit de son propre travail est un mensonge.

  • Je ne vois pas en quoi l’organisation des JO augmenterait le prestige de Paris ; l’aura de la ville est déjà telle qu’avec ou sans JO, Paris ne sera pas plus connue en les organisant.
    En ce qui concerne l’augmentation des recettes touristiques grâce aux JO, comment pouvez-vous savoir si les gens vont faire le déplacement exprès, ou alors s’ils vont avancer ou reculer leur voyage à Paris en fonction de l’événement (mais y seraient quand même allés sans les JO) ?

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