Retraites : la réforme Macron coûtera 28 milliards aux entreprises

Ces 28 milliards, devinez qui va les payer…. Cela ne sera plus de l’impôt. Ce seront des cotisations employeurs. Ou comment tuer la compétitivité de nos entreprises.

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Retraites : la réforme Macron coûtera 28 milliards aux entreprises

Publié le 3 mars 2017
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Par Éric Verhaeghe. 

Tiens, Macron a décidé de sortir de l’ambiguïté et propose une « réforme systémique des retraites ». Présentée dans une interview au Parisien, il est difficile de savoir exactement en quoi elle consiste. Mais voici ce qu’on peut en retenir (et éventuellement en penser)…

Macron annonce une hausse des cotisations retraites

Premier point, qui fait toujours plaisir à entendre :

Il précise qu’il ne touchera pas durant le quinquennat l’âge de départ à la retraite ni le niveau des pensions.

Oh, quelle promesse téméraire ! Rappelons que la retraite fonctionne sur trois paramètres : la durée de cotisations (dont l’âge de départ est l’un des éléments visibles), le montant des retraites, et les cotisations qui servent à les financer.

Donc Macron ne modifiera pas le montant des retraites. Il ne touchera pas à l’âge (ce qui n’exclut pas de modifier la durée de cotisations, annoncée par ailleurs). Pour le montant des cotisations, en revanche, il ouvre clairement la porte à leur augmentation. Et c’est bien normal, parce que, pour mettre en place ce qui suit, il n’aura pas la choix : il faudra payer plus cher.

Macron veut unifier les régimes

Selon Macron, la réforme doit aboutir à un principe simple :

L’objectif est de faire converger progressivement l’ensemble des systèmes de retraite en termes de financement, de caractéristiques et de taux de réversion.

Un euro versé pour cotisation ouvrira droit aux mêmes droits quels que soient votre secteur ou votre statut (…) Les règles seront les mêmes pour tous les régimes. Ce sera la vraie fin des inégalités entre fonctionnaires et salariés du privé.

Comme c’est simple ! Fonctionnaire ou salarié, un euro cotisé donnera lieu à la même fraction de retraite. C’est évidemment très séduisant. Toute la question est de savoir combien ça coûte.

Macron veut faire endosser le déficit des fonctionnaires par les salariés du privé

Rappelons en effet que, en l’état, le régime des fonctionnaires n’est pas équilibré. Autrement dit, les cotisations acquittées par les fonctionnaires ne suffisent pas à équilibrer les pensions civiles. Pour le comprendre, on reprendra juste cette capture d’écran issue de la circulaire de 2016 sur les cotisations employeurs pour les pensions civiles de l’État :

En 2013, le Conseil d’Orientation des Retraites a d’ailleurs consacré un rapport à ce sujet, qui montre le tableau suivant :

Des sommes hallucinantes comparées au secteur privé

Dans le privé, les taux sont les suivants :

Autrement dit, le prix à payer pour 1 euro de retraite dans le privé, c’est environ 10% de cotisation employeur, alors que le même euro dans le public, c’est 75 et 126% de cotisation employeur (ce qui rappelle que la retraite des fonctionnaires est aujourd’hui financée par le contribuable, puisque la cotisation employeur n’est rien d’autre que le produit des impôts).

Donc, reposons le problème : si le système du public doit être aligné sur celui du privé, dans un grand régime universel, il va falloir unifier les cotisations employeurs. Et là, ça va faire très mal.

La réforme systémique de Macron va coûter 28 milliards aux entreprises

Donc dire dans la même interview que l’on ne touchera pas au montant des pensions, ni à l’âge de la retraite et que l’on va unifier les régimes revient à dire deux choses très simples.

Premièrement, on va aligner tout le monde par le haut en accordant aux salariés du privé le même régime d’exception que celui des fonctionnaires. Deuxièmement, on va faire endosser au secteur privé par la cotisation le prix du déficit des pensions de l’État financées aujourd’hui par l’impôt. Rappelons que les pensions des fonctionnaires de l’État coûtent aujourd’hui 38 milliards aux contribuables, alors que, à taux identique avec le régime général, elles ne devraient coûter que 10 milliards.

Ces 28 milliards, devinez qui va les payer…. Cela ne sera plus de l’impôt. Ce seront des cotisations employeurs. Ou comment tuer la compétitivité de nos entreprises.

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  • ….Voulez vous dire que le statut actuel des fonctionnaires permet aux entreprises de ne pas débourser 28 milliards et donc qu’il ne doit pas changer ?

  • qui vous dit que le rapprochement se fera sur le statut des fonctionnaires? donc on ne touche à rien?

    • Mais si cela se fait par le bas, (fonctionnaires vers privé), on aura la guerre civile ! A mon avis, il fera cela uniquement pour les nouveaux entrants.

  • Stephlouya, croyez-vous vraiment qu’il soit possible en France de toucher au satut des fonctionnaires existants et retraités ? C’est le blocage définitif du pays ! Par contre il est impératif de revoir tout ce qui concerne les nouvelles embauches, le fonctionnement de l’Etat, des administrations et de toutes les collectivités locales et territoriales,ainsi que EDF, SNCF… Soit au moins la moitié du pays qui vit largement mieux que les actifs et retraités du privé, sans parler des agriculteurs et des petits commerçants et artisans qui financent en partie les premiers ( tous ceux qui dépendent de l’Etat, bien sûr)… On ne peut agir sur le passé, les droits acquis… mais on peut agir sur le futur. Mêmes cotisations, mêmes conditions de départ, mêmes droits et même retraite pour tous les entrants… on peut rêver mais a-t’on le choix si l’on veut éviter la faillite de notre pays et de notre système de retraites ?
    Cela n’a rien à voir avec les promesses irréalistes et mensongères de EM, c’est la logique. Si l’on continue comme actuellement, demain nous serons une Grèce bis et ni les retraités ni les fonctionnaires ne seront payés, sans compter qu’on videra nos comptes bancaires pour payer la dette faramineuse de la France dont aucun candidat à part F. Fillon ne semble se soucier… pas plus que nos médias et soit-disant économistes ( de gauche bien sûr, mais les autres étant tellement rares aujourd’hui !)…

  • Waren, je vois que nous avons partagé les mêmes réflexions, mais pour ma part je ne pense pas que monsieur Macron pense de même. Il se contente de faire des promesses à tout le monde même s’il se contredit, sans aucune réflexion économique, sans chiffrage… Cela a tellement bien marché pour Mitterrand et Hollande. « Moi, Président… ». Vous avez vu la suite. Malgré une conjoncture économique favorable, le pétrole et les taux d’intérêt au plus bas, la France, contrairement à ses voisins, n’a cessé de s’ enfoncer, et aujourd’hui Macron et consorts nous promettent à nouveau la lune…

    • Oui, les Français aiment le rêve; la preuve, ils croient encore aux sirènes du socialisme dur et du communisme « light ». Ce que je trouve terrible, c’est que la notion même de comptabilité leur semble étranger et qu’en parler n’est pas opportun (Cf Marine Lepen et la « vision comptable » du pays). Concernant Macron, cette élection présidentielle a 4 tours alors à mon avis, il est quasiment impossible de savoir ce qui va en sortir. On risque d’avoir des mois de flottement, ce qui n’est sans doute pas forcément un moindre mal dans ce malheureux pays ravagé par les sophismes et l’absence de pragmatisme.

      • Pour réformer, il faut dire avant de se faire élire quels sont les arbitrages difficiles à faire.
        Macron cherche à se faire élire avec les voix des bisounourses, ils ne fera aucun arbitrages, il va enchainer les mesurettes contradictoires, le tous porté par effets d’annonces inversement proportionnels aux enjeux.

  • Le bon point de sa proposition est qu' »enfin » nous avons un projet de réforme structurelle pour les retraites.

    Combien d’années que j’entends « tout le monde » en souhaiter une ?
    Et les libéraux ne vont pas bouder leur plaisir.

    Pouvons-nous alors concilier les deux ? Réforme structurelle et vigilance sur les chiffres réels pour ne pas alourdir la situation des entreprises ?

  • C’est sûr qu’en faisant cracher encore plus au bassinet les entreprises, ces dernières n’embaucheront pas en France, (c’est pas comme si le marché du travail était vérouillé, hein ?) donc pas de nouveaux salariés qui cotiseront, ni même de futurs retraités à rémunérer. Problème réglé ! Au suivant !
    Quelle vista il a ce Macron !

  • Bonjour à toutes et à tous,
    ll me semble que ces propositions de réformettes sont vraiment très très loin des enjeu réels …
    https://www.linkedin.com/pulse/la-retraite-%C3%A0-fran%C3%A7aise-quel-avenir-et-voies-de-progr%C3%A8s-tarissi
    Amitiés,
    Pierre

  • Et le paquet de clopes à 10€ ,sympa le mec,il est bien populiste de gauche. Si ce mec se fait élire les lobbys vont sabrer le champagne et faire une orgie de petits fours .. Ses propositions ne sont qu’electorales et n’auront jamais lieu .

  • 28 milliards cela fait pour 6 millions de fonctionnaires une cotisation à 18% de 389 Euros mensuel pour un salaire moyen de 2200 brut, soit un capital de 186667 Euros après 40 ans de cotisations.

    Ce qui donne pour une espérance de vie de 20 ans, un revenu brut de 9333 Euros et mensuel de 778 Euros.

    Quand on reprend l’exercice avec 39 milliards, on obtient un capital de 253333 Euros soit un revenu annuel de 12667 Euros et mensuel de 1056 Euros. A peine mieux que le minimum vieillesse.

    Même pour une retraite de base cela semble très peu crédible. La conclusion qui s’impose, c’est que le chiffre de 38 milliards est en dessous de la réalité, très même. Il n’est pas crédible.

    Quel politicien a dit que la France était en faillite ❓

  • il faut en finir avec l’inertie de la masse salariale publique. un fonctionnaire après un certain temps devrait passer dans le privé. Cela permettrait peut-être d’entrevoir une modification des retraites.

  • Les commentaires sont fermés.

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