Les énergies renouvelables et le théorème du clou

Sous l’influence de la répétition de slogans, l’intelligence et l’esprit critique finissent par rendre les armes. Le conditionnement s’installe. C’est le théorème du clou. Celui-ci est observable dès qu’on parle d’énergies renouvelables.

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Eoliennes By: Jerome Bon - CC BY 2.0

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Les énergies renouvelables et le théorème du clou

Publié le 2 mars 2017
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Par Michel Gay.

Formatée par des messages si inlassablement repris que leur pertinence n’est plus remise en question, l’opinion hexagonale ne doute pas de l’impérieuse nécessité d’implanter massivement éoliennes et panneaux solaires, en substitut d’un nucléaire honni via les mêmes processus répétitifs et anesthésiants.

Dans un énoncé simple, le  « théorème du clou » stipule que, frappé sans relâche, un clou ne remonte jamais…

Marteler sans cesse 

Ainsi, marteler sans cesse la conscience de nos concitoyens avec les mêmes messages ciblés et manichéens, permet d’y inculquer subrepticement des idées simples et fausses qui servent de repères, voire de bases de raisonnement.

Sous ce processus répétitif, l’intelligence et l’esprit critique finissent par rendre les armes. Le conditionnement s’installe.

Par exemple : « il faut développer les énergies renouvelables ». Ce message répété à l’envi est devenu un tel mantra qu’aucun candidat à une élection ne peut manquer d’y faire non seulement référence, mais allégeance.

Peu en souligne la pertinence, ni les limites. La nécessité de développer les énergies renouvelables pour la production électrique en France, est pourtant, pour le moins, sujette à caution. Pourquoi ? Pour qui ?

Pourquoi des énergies renouvelables ?

Pour soutenir ce développement, de nombreuses raisons sont invoquées par les promoteurs des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) : « le remplacement du nucléaire jugé dangereux, la substitution aux combustibles fossiles émetteurs de CO2, la performance économique, l’indépendance énergétique,… « 

Pour certains, l’énergie nucléaire serait diabolique et aucun argument ne peut y faire pièce.

Pourtant, il est matériellement impossible de remplacer une énergie programmable et pilotable, telle que le nucléaire, par une énergie aléatoire et intermittente, sans lui adjoindre un moyen de secours souple. Ce dernier, compte tenu de la performance des EnRi et à puissance installée égale, produira à la place de l’éolien les trois quarts du temps, et du solaire les neuf dixièmes du temps !

L’indépendance énergétique en danger

Un tel schéma de réduction du nucléaire en France conduirait à devoir reconstituer un parc de centrales à gaz (voire au charbon). Adieu donc à la belle performance du système électrique actuel qui, à 95%, ne produit pas de gaz à effet de serre.

Même souci pour l’indépendance énergétique et économique. Le gaz et le charbon sont totalement importés, ainsi que les panneaux solaires et les éoliennes.

Réponse du berger renouvelable à la bergère atomique : « le nucléaire est totalement dépendant des importations d’uranium ». C’est vrai, sauf que, largement réparti sur la planète, le risque de déficience des producteurs d’uranium est mince, et que les réserves en combustibles sont de plusieurs années en France.

Par ailleurs, la part du minerai d’uranium est faible dans la quantité d’électricité produite (moins de 100 grammes par Français et par an), et dans son prix de vente (1%).

Pour mémoire, seul un gramme d’uranium est fissionné par Français et par an pour produire 75% de sa consommation d’électricité.

La question du nucléaire

Autre antienne incontournable : « Le nucléaire produit des déchets à vie longue dont on ne sait pas se débarrasser ».

Prétendre qu’il n’y a pas de solution est inexact, et la quantité de déchets est particulièrement faible au regard de l’énergie produite. Les opposants devraient plutôt dire qu’ils n’acceptent pas les solutions proposées, car c’est leur ôter un argument contre le nucléaire.

Une autre affirmation contestable: « Le nucléaire est de plus en plus cher quand les prix des renouvelables baissent chaque jour ». Cette assertion ne compare pas le même service électrique rendu.

Le nouveau nucléaire et le durcissement des normes a effectivement conduit à faire évoluer certains des équipements existants et à en ajouter d’autres qui ont accru le coût de la production nucléaire.

Le coût du kW installé éolien baisse, à cause de l’augmentation des puissances unitaires et celui du solaire PV à cause de la performance des capteurs. Mais les limites basses sont presque atteintes.

Mais surtout, le coût de production de ces EnRi doit inclure celui du soutien « thermique » nécessaire pour pallier leur intermittence, ainsi que celui des multiples raccordements aux réseaux existants.

Globalement, le kWh nucléaire, même grevé de toutes ses servitudes de l’amont et de l’aval, reste largement compétitif.

L’énergie électrique au regard des besoins

Toutefois, le plus important est de considérer l’énergie électrique effectivement produite par les EnRi au regard des besoins. Durant les mois de novembre et décembre 2016, la couverture par les EnRi (éolien + solaire) a été de moins de 4% des besoins. Cette contre performance n’a pas empêché leurs partisans de présenter cette contribution comme ayant évité le black-out du réseau. Ceci est parfaitement inexact, les apports se faisant au bon gré du soleil et du vent et non en fonction des besoins. Par contre, il est juste de dire que l’énergie produite alors, a permis d’économiser, en proportion, gaz, charbon et fioul. Mais à quel prix ?

 

Quant au démantèlement des réacteurs et des usines du cycle, l’opinion est désormais convaincue : « qu’il s’agit d’un exercice technique extrêmement délicat et d’une bombe financière à retardement». Nos politiques ont affirmé qu’en fermant Fessenheim, les tâches de démantèlement des installations pourraient occuper une force de travail équivalente à celle des personnels du site, préservant ainsi l’emploi local.

Rien n’est vrai dans une telle présentation.

Il est étonnant qu’à l’ère où l’esprit critique est célébré, « des idées toutes faites » continuent leur chemin sans être remises en cause. Les méfaits du «  théorème du clou » se répandent.

Malheureusement, cette passivité est fort dommageable pour les Français puisqu’elle permet l’avancée d’options qui malmènent l’économie et l’écologie.

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  • il faut avancer à grands pas dans la recherche sur la fusion nucléaire, comme aux états-unis où de nombreuses start-ups annoncent des avancées permettant des proto-centrales d’ici moins de 10 ans.

    Pour le reste cet article est à charge, mais il existe des éléments sur l’autre plateau de la balance. Il n’y a pas qu’un clou… 🙂

  • Une centrale nucléaire est une centrale thermique.
    L’alternateur électrique est solidaire d’une turbine mise en rotation par une pression de vapeur, pression de vapeur générée par la chaleur, que cette chaleur soit due au charbon au fuel, au gaz au nucléaire.
    Le rendement global de cette machinerie est d’environ 40%.
    Le 60% autres sont de la chaleur.
    Chaleur difficilement exploitable parce que disponible à faible température et distante des points d’éventuelles utilisations.
    Une augmentation du rendement qui permettrait, à puissance installée identique, doubler la production.

  • « Par exemple : « il faut développer les énergies renouvelables ». Ce message répété à l’envi est devenu un tel mantra qu’aucun candidat à une élection ne peut manquer d’y faire non seulement référence, mais allégeance. »

    Il faudrait leur rappeler qu’à une époque, on n’avait que des énergies renouvelables à disposition: bois, moulins à eau et moulins à vent.
    En l’absence d’idéologie il y a un siècle, c’est logiquement la plus puissante et la plus efficace de ces énergies qui nous avons développée pour accompagner notre développement technologico-économique: l’énergie hydraulique.
    Parce-qu’elle fonctionne en continu même quand il ne pleut pas et qu’elle se stocke.

    Aujourd’hui l’idéologie a pris le pas sur la raison et on ressort les moulins à vent. Ils s’appellent désormais éoliennes ou aérogénérateurs et sont beaucoup plus sophistiqués, mais aussi peu efficaces. Seul intérêt: pouvoir économiser l’eau stockée derrière les barrages (un barrage ne produit que 20% du temps) quand il y a du vent. En pratique, à la lecture des données du site Eco2mix de RTE, on constate effectivement une baisse de la production hydro les jours avec vent par rapport aux jours sans vent, mais on fait aussi appel au gaz pour compenser les variations aléatoires du vent.
    On constate surtout qu’en dehors des situations difficiles comme la période froide de janvier dernier, on exporte au moins autant d’électricité que n’en produisent nos éoliennes quand il y a du vent…

  • J’ai changé d’avis sur le sujet,l’avenir est aux renouvelables et à la production individuelle..Le nucléaire….Petites unités réservées aux entreprises gourmandes en energie , aux villes à forte concentration urbaine et puis c’est tout.
    Il ne faut jamais oublier que le progrès est continu et de plus en plus rapide…Investir aujourd’hui dans le nucléaire….Stupide, il ne sera sans doute jamais rentabilisé car son coût est croissant alors que pour le renouvelable celui ci est décroissant.

    • @reactitudeVous n’aurez jamais le rendement du nucléaire avec le solaire et l’éolien. Ces deux moyens de production d’énergie ont coûté 50 milliards en 10 ans pour produire moins de 5% d’électricité en tout. Ces 50 miliards auraient été bien mieux utilisés ailleurs. Et en plus, la note est pour nous.

  • Peut-être qu’avec les milliards ventilés dans les éoliennes, le solaire et autres, les ingénieurs compétents d’EDF s’en seraient servis pour entretenir les centrales et faire de la recherche, pour justement tendre a mieux « maîtrisé » le nucléaire et ses déchets.
    Sans compter qu’avec 50 milliards de dettes, les prix vont forcément augmenter, et quand EDF se réveillera, elle n’achètera plus l’électricité produite par les consommateurs. D’ailleurs à ce stade-là, nous ne devrions même plus payer quoique ce soit à EDF, puisque nous payons avec nos impôts. Idem pour la SNCF. Nous sommes dans un régime communiste.

  • Petite rectification

    Il n’y a pas eu la construction de centrale thermique en vue de compenser l’intermitence des EnRs. En allemagne, les centrales thermiques n’ont pas été construites dans le but de palier les EnRs, mais pour s’affranchir de la technologie française : le nucléaire.

    Certes, l’ensoleillement et le vent sont totalement intermitents, mais ils sont prévisibles. 24h à l’avance, tout est plannifié et la souplesse des dernières centrales est telle qu’elles compensent les fluctuations des EnR. Les centrales thermiques sont surtout la pour compenser les pics de consommations.

    dixit les propos tenus par RTE

    • Quand vous roulez en voiture à vitesse constante au régime de rendement optimal de votre moteur, votre consommation est basse et vos coûts aussi. Quand passez votre temps à accélérer et freiner sans cesse, votre consommation et vos coûts sont hauts. Il en va de même pour les turbines à vapeur et les turbines à gaz. En ce qui concerne les turbines à vapeur (centrales charbon), vous ne pouvez pas moduler la chaudière rapidement, vous devez laisser échapper de la vapeur, c’est gâché. Quant au vent et au soleil parfaitement prévisibles 24h à l’avance, chacun peut en juger.

      • Les Enr ne sont valables que si l’intermittence est gommée par un stockage
        => il y a des innovations à apporter

        Pour le tout Enr, quid de la surface nécessaire ou de la défiguration du paysage ?
        Les Enr sont loin d’être la panacée, à l’instant t mais elles sont meilleures pour la santé en cas d’accident et ne fabriquent pas de déchets compliqués/dangereux a recycler, en regard du nucléaire actuel.

  • Le nucléaire, aucun risque, tant qu’il n’y a pas d’accident!

    Que préférez vous, prendre un panneau solaire dans la g…le ou que toutes une région bouffe du Césium 137 pendant des décennies ?
    Après c’est un choix.

    Certes les panneaux solaires ne sont plus fabriqués en France mais si on veut, on peut, ce n’est pas une difficulté technique majeure, on sait faire.

    Je suis pour le nucléaire actuel, jusqu’à ce qu’on le remplace par quelque chose de plus propre en cas d’accident et produisant des déchets facile à retraiter.
    La question est par quoi remplacer le nucléaire actuel ?
    et pour l’instant il n’y a que les renouvelables d’opérationnelles.
    d’où effectivement : « il faut développer les énergies renouvelables »
    Mais le temps que tout se fasse, rien n’empêche une innovation de supplanter tout ça.
    pourquoi pas le Thorium, si c’est si propre mais pour l’instant je ne vois pas beaucoup de centrales qui tournent.

    Bref, tout cela ne se fait en un claquement de doigts, tout cela doit se planifier avec les technologies du moment tout en s’adaptant aux technologies futures.
    Il ne s’agit pas d’être intégriste dans quelque voie que se soit.

    • @leham
      Je suis d’accord avec vous quant au risque d’accident style Tchernobyl. Le nucléaire demande de l’entretien, et c’est ce qui a manqué dans la centrale soviétique, La recherche sur le nucléaire demande des moyens financiers et humains, mais sans fonds, il n’y a pas de chercheurs. L’Etat a gaspillé l’argent pour faire ses petites lubbies politiciennes, au lieu de laisser faire EDF la bonne utilisation des fonds.

  • La taille des centrales nucléaire civiles baissera.

    C’est techniquement très possible, – voire les sous-marin et porte-avions- ces petites centrales produiront en cogénération (chaleur utile + électricité).

    Le rendement d’une cogénération est deux fois celui d’une production électrique banale.

    Les avantages seront proportionnels au rendement et les déchets inversement proportionnés à ce même rendement.

  • chouette, un article de M.Michel « le nucléaire c’est bien, le renouvelable c’est mal » Gay
    avec petits chiffres à la clef sauf que « La production nucléaire (72,3% de la production totale en 2016) a chuté d’environ 8% en raison des arrêts pour maintenance et des contrôles de réacteurs exigés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à partir du mois de novembre.La production des énergies renouvelables a en revanche progressé et couvert près de 20% de la consommation d’électricité grâce à des conditions météorologiques favorables, égalant le niveau record de 2014. »
    et encore l’électricité, l’hiver c’est pour le chauffage électrique, qui est largement dépassé par le bois! (encore un renouvelable)

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