Matteo Renzi, une expérience italienne

Le gouvernement de M. Renzi, plein de promesses et d’espérances, n’a pas réussi à inverser structurellement la courbe du chômage.

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Matteo Renzi By: Alessandro Valli - CC BY 2.0

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Matteo Renzi, une expérience italienne

Publié le 2 mars 2017
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Par Alexis Camberlyn.
Un article de Trop Libre

L’Italie, membre fondateur du projet européen et puissance historique en Europe, a un rôle essentiel à jouer dans les relations internationales. L’histoire italienne du président du Conseil des ministres de l’Italie, Matteo Renzi, prend fin suite au rejet de son référendum, et trouble la visibilité politique dans le pays.

Le « réformateur » à l’épreuve du référendum

4 décembre 2016, les Italiens doivent voter dans le cadre d’un référendum à l’initiative du président du Conseil Matteo Renzi. Le vote porte sur une réforme constitutionnelle. En Italie, la Chambre des députés et le Sénat ont le même poids pour l’élaboration des lois, ils peuvent tous les deux voter la confiance au gouvernement.

Le Sénat passerait de 315 à 100 membres, mandatés pour 5 ans non renouvelables. Le Sénat n’aurait plus qu’un rôle secondaire à jouer dans l’élaboration des lois, et il ne pourrait plus voter la confiance. Il est question d’une perte considérable de pouvoir pour le Sénat.

L’objectif de Matteo Renzi est de mettre fin à l’instabilité gouvernementale qui empêche toute politique efficace dans le pays. Le gouvernement souhaite, en dehors du référendum, la partition du pays en centaines de circonscriptions. Si un parti politique obtient 40% des suffrages au niveau national, il obtiendra 340 sièges sur 630 de la Chambre.

Le reste est complété par les partis ayant eu plus de 3%. Si le score de 40% n’est pas atteint alors un second tour serait organisé. Le but de la réforme est donc une limitation des pouvoirs du Sénat, limite des prérogatives des régions et la suppression des provinces (équivalent aux départements).

Matteo Renzi ayant lié son sort à celui du référendum, sa démission suivrait un échec potentiel au scrutin. Le risque de cette opération est de faire peser sa propre personne sur un référendum, et de cristalliser les déceptions et les rancœurs dans les suffrages exprimés.

Le référendum italien a notamment mobilisé nombre d’acteurs internationaux, Barack Obama, Angela Merkel, Jean-Claude Juncker et François Hollande. Le résultat est pourtant sans appel, la réforme constitutionnelle est rejetée à 59,11%, le mandat de président du Conseil italien de Matteo Renzi prend fin suite à sa démission le 19 février 2017.

Un bilan contrasté

Dans nos sociétés contemporaines, les données économiques et budgétaires sont des paradigmes prioritaires pour mesurer la situation d’un pays. L’Italie n’échappe pas à cette évaluation. Le gouvernement de M. Renzi, pleine de promesses et d’espérances, n’a pas réussi à inverser structurellement la courbe du chômage.

Entre 11,4% et 11,7% de chômage, les mesures mises en place n’ont que moyennement répondu aux attentes des italiens. Les prévisions de croissance envisagées par le gouvernement ont été à chaque fois au-dessus de la réalité, prévisions à 0,8% du PIB pour les instances romaines alors estimé par Matteo Renzi à 1,2% pour l’année 2016.

Plus récemment 1% envisagé par les instances romaines, et en réalité 1,4% estimé par le gouvernement en 2017. La croissance italienne est une des plus faibles en Europe (Allemagne 1,8%, la France 1,4%, l’Espagne 3%). La dette est supérieure à 130% du PIB, ce qui handicape l’avancée politique et financière du pays.

Matteo Renzi est à l’origine de la flexi-sécurité à l’italienne, le « Jobs Act », faisant des CDD la norme et les protections des salariés augmentent en fonction de l’ancienneté. La réforme pose les fondamentaux d’un RMI (Revenu Minimum d’Insertion) à l’italienne. L’assurance chômage est moins généreuse mais plus étendue.

Autre nouveauté, en termes de fiscalité : la suppression de l’impôt foncier et la réduction de l’impôt sur les bas revenus. S’ajoute à ces réformes une baisse d’impôt sur les sociétés qui passe de 27,5% à 24%. L’Italie reste le dernier grand pays d’Europe à ne pas reconnaitre de statut aux couples homosexuels, le projet était de créer une union civile pour les personnes de même sexe. La loi a cependant été réduite par le Parlement, qui a retiré la possibilité d’adoption.

L’Italie post-Renzi

L’opposition à la réforme constitutionnelle de Matteo Renzi réunit Beppe Grillo, leader du Mouvement 5 étoiles, Silvio Berlusconi fondateur du parti Forza Italia et Matteo Salvini, secrétaire fédéral de la Ligue du Nord.

Beppe Grillo est le principal adversaire d’opposition de Matteo Renzi, il est crédité à 30% des intentions de vote dans les enquêtes d’opinions. Le Mouvement 5 étoiles a obtenu la mairie de Rome, dirigée par Virginia Raggi. La maire de Rome enchaine les controverses, elle est qualifiée d’amatrice politique. Ce qui est en contradiction avec le ton moraliste de Beppe Grillo.

Silvio Berlusconi, créateur de Forza Italia en 1994, ancien Président du Conseil, fragilisé par ses affaires judiciaires et ses problèmes de santé, a déclaré vouloir se présenter en cas de démission de Matteo Renzi. Il s’oppose à la réforme électorale qui l’empêcherait d’être élu (il est crédité à 15%), il ne peut compter que sur les alliances électorales. Se pose la question de l’alliance, soit avec le Parti démocrate (centre gauche), ou alliance avec la Ligue du Nord et le « jeune loup » Salvini.

La Ligue du Nord, incarnée par Matteo Salvini, créditée elle aussi à 15% des intentions de vote est considérée comme la cousine du Front national en France. La majorité des suffrages en faveur de Salvini se concentre logiquement dans le Nord de l’Italie, par conséquent l’enjeu est d’arriver à mobiliser un électorat dans le sud de l’Italie. Notons également que tous ces partis profitent de la scission du Parti démocrate, mis à mal par l’opposition entre l’aile gauche et l’aile droite du parti.

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