Nos élus et leurs petits patrimoines

Les déclarations de patrimoines s'accumulent et imposent un constat : la gestion patrimoniale, c'est vraiment pas le truc des politiciens !
Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Nos élus et leurs petits patrimoines

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 21 février 2017
- A +

Avec le lancement de la campagne électorale pour le prochain tour de manège élyséen, tous les prétendants à décrocher la queue de Mickey se sont pliés à l’étape indispensable de déclaration patrimoniale. Si certains candidats, qui n’en sont pas à leur premier parcours, ont fait connaître leurs possessions depuis un moment, d’autres, en revanche, se découvrent un peu pour un électorat avide d’informations croustillantes.

Évidemment, la surprise n’est guère énorme lorsqu’on parle de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou de François Fillon.

Le premier s’était déjà ouvert sur son patrimoine lors de la précédente campagne présidentielle où il avait même profité de l’occasion pour brocarder cette presse qui se repaît de façon un peu trop gourmande de ces détails affriolants qui, finalement, ne regardent que l’honnête homme : après tout, il pouvait aisément justifier des quelques biens immobiliers acquis au fil du temps et de quelques sommes rondelettes accumulées sur de modestes comptes épargnes.

Et ma foi, même si L’Express s’était, sur le moment, fendu d’un article intitulé « Patrimoine : Mélenchon n’est pas trop plébéien » que l’intéressé n’avait donc pas trop goûté, on ne peut que constater la modestie des sommes et possessions dont il est question et dont l’addition des montants dépasse probablement assez peu le million d’euros. Après 27 années passées dans la vie publique française, dont plusieurs mandats de sénateurs, de député européen, de conseiller général et deux années comme ministre délégué, l’accumulation financière reste modeste.

Concernant François Fillon, non seulement son patrimoine est connu, mais en plus a-t-il bénéficié de l’épluchage en règle de toute une partie de la presse et notamment du Canard Enchaîné, épluchage qui aura d’ailleurs conduit à jeter le doute sur la solidité des emplois attribués à sa femme. Nonobstant, là encore on parle de sommes qui, si elles sont plus substantielles que celles de Jean-Luc Mélenchon, n’en restent pas moins relativement modestes. On est loin des patrimoines accumulés aux États-Unis par les Clinton et autres Obama qui se comptent en multiples millions.

Pour Marine Le Pen, le constat reste le même : si, là encore, les montants déclarés semblent un peu plus gros que ceux de Fillon ou de Mélenchon, on a bien du mal à atteindre le million d’euros, barre peut-être trop symbolique pour que nos candidats se risquent à la franchir.

À vrai dire, c’est même suffisamment modeste pour qu’on se demande un peu où passe l’argent que ces élus perçoivent de leurs fonctions : après tout, tous les trois ont été pendant de longues périodes assez bien rémunérés par la République et on pourrait s’attendre à des économies plus substantielles. Manifestement, être élu impose un train de vie qui s’accommode mal d’une solide épargne.

Du côté des petits nouveaux, difficile de ne pas s’attarder aux cas de Benoît Hamon et Emmanuel Macron.

Le second est d’autant plus intéressant qu’il est connu pour avoir participé à une grosse fusion-acquisition pour le compte de la banque Rothschild et que cela lui a permis d’engranger presque trois millions d’euros. Son passage au secrétariat général de l’Élysée aura ajouté presque 400 000 € de salaires. Si l’on découvre, au fil des informations disponibles dans la presse, qu’il a bien quelques comptes et assurances vie dont les montants totaux ne dépassent finalement pas le demi-million, ses déclarations ne permettent pas forcément d’en savoir plus sur son patrimoine total et ce qui reste effectivement des millions obtenus suite à sa courte expérience de banquier.

Bref, même après être passé par Rothschild, notre frétillant leader christique ne semble pas avoir conservé une grosse fortune personnelle.

Quant à Benoît Hamon, sa déclaration de patrimoine envoie autant de rêve que son programme politique : à part de l’immobilier (pour plus de 800 000 € et dont plus de 70 % n’ont pas encore été remboursés) et un fonds de retraite d’Euro-député qui grimpe un peu au-dessus de 60 000 euros, ses comptes courants sont à la fois nombreux (une bonne demi-douzaine) et peu charnus (leur total n’excède pas 8 500 euros). Même en ajoutant une vrombissante Opel Corsa à 10 000 euros dans l’escarcelle (qui paraît tout de même un peu plus sérieuse que le vélo de Taubira), tout ceci ressemble terriblement à un patrimoine moyen de Français aisé, mais ni trop, ni trop peu.

À la lecture de ces éléments, pour chacun de ces candidats, un constat s’impose : être élu ne rapporte vraiment pas des masses. C’est même pire que ça : compte-tenu du risque de voir sa vie ainsi exposée dans les journaux, d’être si régulièrement trainé dans la boue par les journalistes, voire de vilains blogueurs moqueurs, de se retrouver empêtré dans une enquête diligentée par l’un ou l’autre parquet financier soudainement soucieux à l’extrême de la bonne utilisation des fonds publics, on se demande exactement si les patrimoines accumulés et les sommes gagnées en valent la chandelle.

Pensez donc : on ne compte pas les heures de ces messieurs-dames ; on leur demande de courir la lande, presque tous les jours ; ils sont élus, je vous le rappelle, pour défendre vaillamment la veuve, l’orphelin, la République et la société française contre un peu tout ce qui va de travers dans ce bas monde ; et en échange, tout montre que les émoluments qu’ils reçoivent ne sont qu’une bien piètre compensation du sacerdoce, que dis-je, du sacrifice que ces individus nous font en se présentant ainsi, inlassablement, aux élections.

On en viendrait presque à se demander pourquoi ils sont si nombreux dans la course.

La seule explication raisonnable qui me vient à l’esprit est que le pays est si gravement malade des décisions politiques hasardeuses du passé que plusieurs belles âmes se sont levées pour tenter de le relever et lui donner un futur scintillant ; seule une situation presque perdue d’avance explique à la fois le nombre conséquent et l’abnégation de ces politiciens qui n’accumulent guère de patrimoine alors que leurs salaires sont très notoirement au-dessus de la moyenne et de la médiane française.

politics, before & after elections...

Par ailleurs, une autre question vient immédiatement à l’esprit à la lecture de ces patrimoines.

Lorsqu’on voit, justement, la difficulté que tous ces gens ont pour épargner et conserver un patrimoine conséquent, on ne peut que se demander si l’État n’est pas un trop terrible prédateur pour qu’il soit raisonnablement envisagé de le maîtriser dans son appétit fiscal vorace : si des élus, ceux-là même qui font les lois, ne parviennent pas à accumuler un peu de richesse, comment attendre des Français qu’ils sortent de la pauvreté, alors même que tous ces candidats s’y engagent d’une façon ou d’une autre dans leurs programmes ?

Alternativement, si ce n’est pas l’État qui leur ponctionne bien trop, on se demande si ces gens, incapables qu’ils semblent être d’accumuler vraiment du capital, sont bien dans la meilleure position pour gérer tout un État et ses centaines de milliards d’euros de budget, ses milliers de postes de dépense et ses myriades d’occasion de faire une grosse boulette coûteuse…

Plus simplement, faut-il vraiment voter pour des types qui vont gérer la France comme ils gèrent leurs propres affaires ?
—-
Sur le web

Voir les commentaires (29)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (29)
  • Je suis surpris que vous soyez surpris. Quel besoin auraient ils a accumuler du capitale alors qu’ils ont tous une rente a vie leur assurant un train de vie confortable…. le français économisent pour transmettre a leur descendants, les descendants de politiques n’ont pas ce besoin , ils ont leur carnet d’adress..et il est exonéré d’impôts!

    • Oui, ils se chopent une belle rente mensuelle à vie, qui pour 5000 Euros, qui pour 10000 Euros et qui pour 15000 Euros.
      Loin des 1000 à 2000 Euros que la plupart d’entre nous auront reçu. Rien que pour cela, cela vaut l’os.
      Sans compter que, au pouvoir, cette rente, ils peuvent la protéger, bec et ongles, puisque apparemment sans dents :mrgreen:

  • Je possède une moto, une guitare et son ampli, un P.C, deux armoires suédoises et 50€ sur mon compte. C’est bon ? Je peux me présenter ?

    • Si vous avez une Rolex : oui. Au moins, on saura que vous ne nous l’avez pas … disons fauchée 🙂

    • Vous pouvez, comme eux, vous présenter. Maintenant, si vous gagnez 100 k€/an depuis 20 ans et que c’est là tout votre patrimoine : il faudrait être bien sot pour vous confier autre chose qu’un chewing-gum.

      Des gens incapables de gérer leur propre argent ne sont pas capable de gérer un Etat.

    • @MichelC
      Je n’ai pas de Rolex, ni même de montre. Je fais avec mon smartphone d’occasion. Vu que je n’ai pas de montre de luxe, je peux donc rester chez moi à préparer des vivres, du papier toilettes, et planter des patates.

      @Agua
      Je suis sûr de ne pas avoir gagné 100k€ durant la décennie passée. 50k€ en 10 ans, oui.

  • Chez nos ministres il en est une aussi qui m’avait fort impressionné.
    Najat !

    La très chère ne dispose que d’environ 110 000€ d’épargne (c’est si peu mais peut-être utilise t-elle le coiffeur d’hollande à 10 000 euros/mois), dont approximativement 45 000€ sur son compte courant.

    Quand on est si médiocre pour gérer un si petit porte feuille comment peut-on gérer un ministère ?
    Incroyable.

  • Quoiqu’ils fassent de leurs revenus ils ne représentent pas la plèbe loin s’en faut et ce n’est pas la modestie relative de leur patrimoine qui change ce constat !!!!! Quant à leurs capacités à gérer les finances de la France au de la de la compétence il faut aussi du courage et c’est peut-être ce qui leur manque le plus !!!!!

  • vu les taxes sur le patrimoine qu’ils nous pondent régulièrement d’une façon ou d’une autre, pas étonnant qu’ils essayent d’en avoir le moins possible à déclarer.

    Pour Fillon, effectivement il doit en fumer pas mal(ou plutôt ses voitures) sur circuit automobile. Un ami me disait utiliser un train de pneu pour sa porsche à chaque sortie; cela peut vite faire beaucoup !

  • Hypothèse alternative: ils ne déclarent strictement rien de leur patrimoine à l’étranger, capital acquis en donnant des valises diplomatiques à des amis de confiance dans lesdits pays étrangers, donc non-traçable.

  • L’explication n’est-elle pas, qu’étant assurés d’une retraite correcte, les politiciens de carrière n’ont pas le même réflexe de précaution que les citoyens dont l’avenir est incertain?

  • Foutons leur la paix. Ils ont le droit d’avoir le train de vie qu’ils souhaitent! Il y a des pinces et des dispendieux… il faut croire que les politiques ont tendance a claquer leur blé. M’étonne pas… certains traders ont aussi tendance à dépenser ce qu’ils gagnent…ce sont des vies forcément hors normes comme le souligne l’article d’ailleurs.

    • @ LeLibéralSolidaire: être un politicien ambitieux demande une structure psychologique particulière, faite de narcissisme et d’égocentrisme (ce qui n’empêche pas le travail, je le reconnais, sans compter les « corvées ») mais ils sont peu sensibles au coût de leur ambition forcément « exceptionnelle »: et donc, c’est l’intendance qui doit suivre!

      Maintenant qu’il existe des combines légales, des « recettes » discrètes pour que les apparences même chiffrées restent trompeuses, c’est plus que probable! Ne soyons pas naïfs. (Que je sache, ces déclarations se font « sur l’honneur », sans vérification, sauf par quelques fouille-m… dans la presse, l’objectif étant souvent bien ciblé!)

  • en tout cas, vivant aux crochets de l’Etat, ils n’envisagent (et ne prévoient) manifestement pas la faillite de celui-ci !

  • Pour beaucoup, le patrimoine et les revenus partent en donation aux enfants, tout simplement.

  • La réponse a votre dernière question est : NON.
    Il n’est pas raisonnable de confier la Direction du pays a des gens qui ont été incapables de faire fructifier leur patrimoine personnel en depit des confortables revenus qui leur ont été alloués chaque annee et des multiples avantages dont ils ont bénéficie.
    Le fait de l’avoir fait les 40 dernières années explique d’ailleurs le déclin du pays qui atteint son paroxysme avec l’actuel squatter de l’Elysee.

  • Avoir un patrimoine n’est pas un crime, c’est éventuellement la façon dont on l’a constitué qui peut scandaliser..
    Dans le meilleur des cas voir qu’un homme politique s’est enrichi durant son mandat peut suggérer de la corruption ou des prises d’intérêts illégales mais ça ne le prouve pas. tRANSPARENCE EN TOC;
    Et en plus ça participe à la mise en avant de la personne par rapport au programme.
    Rendre une augmentation de patrimoine indue publique oui mille fois mais je préférerais la sanction pénale! …mettre en place des lois pour empêcher la corruption et les connivence …oui…
    Mais ce qu’on a gagné honnêtement relève de la vie privée. Où va-t-on?

  • Votre amitié pour M. Hamon vous fait oublier qu’il peut vivre des largesses de son épouse qu’on espère bien rémunérée ? Pour Fillon on compte pour un couple, on aimerait la même scrutation pour les compagnes, compagnons, concubins, concubines, maîtres et maîtresses !!! On aimerait aussi savoir qui paye une capitation qui est une très grosse poire pour la soif. C’est vrai que quand on imagine les revenus des propriétaires de journaux qui sont si influents on aimerait savoir combien ils palpent, Charlie a bien mis en relief l’appât du gain … On suppose que Contrepoints n’est pas concerné, mais qui sait ? Chut c’est derrière le rideau ?

    • Et bien non!Rien « derrière le rideau comme vous dites!…Contrepoints, enfin le « propriètaire » de Contrepoint ,c’est une association…Non subventionnée comme le reste de la presse, complètement indépendante…Non achetable et non achetée par quiconque d’ailleurs…

  • Pour apporter peut être une réponse à la question que se pose le journaliste de BFM, si entretenir une maison coute déjà cher, entretenir un manoir ou un chateau est un véritable gouffre, raison pour laquelle (si j’en crois nombre de reportages télé) les propriétaires ouvrent leur bien au public afin de pouvoir en assurer l’entretien.

  • On y croit ?
    Comme Hollande en 2012… Vous avez remarqué ? Une seule chose n’a pas changé de tout le quinquennat c’est la base de l’ISF… et oui… il s’était placé juste en dessous pour ne pas le payer …

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture
8
Sauvegarder cet article
« Je déteste tous les Français »

Le 3 février dernier, un immigré malien de 32 ans, Sagou Gouno Kassogue, a attaqué au couteau et blessé grièvement des passagers de la Gare de Lyon. Finalement maîtrisé par l’action conjuguée des passants, des agents de sécurité et des membres de la police ferroviaire, l’homme en garde à vue a été mis en examen pour tentative d’assassinat aggravée et violence avec armes aggravée.

Les premiers éléments de l’enquête dévoilés par le préfet de police de Paris révèlent les discours conspirationnistes d’un in... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles