La diffamation médiatique, cet outil de campagne à la mode

Le tollé médiatique suscité par les récents propos d’Emmanuel Macron sur le mariage pour tous met en exergue une nouvelle façon de faire de la politique.

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Emmanuel Macron by Ecole polytechnique(CC BY-SA 2.0)

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La diffamation médiatique, cet outil de campagne à la mode

Publié le 21 février 2017
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Par Philippe Vilmain.

La diffamation médiatique, cet instrument de campagne politique à la mode
Emmanuel Macron by Ecole polytechnique(CC BY-SA 2.0)

En cette année 2017 et à l’ère du numérique, nul ne peut ignorer la prépondérance qu’ont pris les réseaux sociaux, Facebook et Twitter en tête, dans le débat démocratique et l’influence des opinions citoyennes. Cela, certains candidats à la présidentielle à venir l’ont bien compris : Jean-Luc Mélenchon, suivi par Florian Philippot sur le front Youtube, mais aussi Emmanuel Macron par le partage régulier de vidéos, tous trois s’étant parés d’une présence importante sur Twitter.

La puissance de cet outil n’est plus à démontrer, particulièrement après l’élection de Donald Trump à la fonction suprême des États-Unis. Les internautes ont ainsi rapidement pris le pas, suivis par différents médias, partageant et commentant allègrement tous les faits et gestes de nos chers candidats dans le but de manipuler d’informer des millions de Français du déroulement de la campagne présidentielle.

Dans ce contexte, on peut constater ces derniers temps des polémiques de plus en plus récurrentes, la plus récente tenant aux propos d’Emmanuel Macron dans l’Obs. Non sans une certaine maladresse, il a affirmé au sujet des opposants au mariage pour tous que : « C’est ce qui s’est passé avec le mariage pour tous, où on a humilié cette France-là. Il ne faut jamais humilier, il faut parler, il faut « partager » des désaccords. »

Il n’en a pas fallu davantage pour que de nombreux journaux ou internautes, aux œillères politiques cachant tout sauf la première phrase, s’insurgent dans les heures qui suivent, affirment devant des millions de témoins curieux qu’Emmanuel Macron soutient avec ferveur la Manif Pour Tous. Or, il a toujours, depuis la proposition de loi de Christiane Taubira, exprimé son soutien à cette avancée sociale, et l’a réaffirmé par obligation aujourd’hui, à nouveau dans l’Obs, détaillant le fait qu’il ne faisait, par cette affirmation, que prôner la liberté d’expression et le dialogue social en opposition avec l’affrontement direct et le discrédit des opinions contraires.

La diffamation, une limitation éthique aux libertés

Le constat qu’on peut rapidement faire suite à ces événements est malheureusement trop récurrent dans le contexte électoral à l’ère des réseaux sociaux et du numérique. Outil d’influence presque trop simple d’utilisation, la liberté d’expression sert aujourd’hui de prétexte au partage de citations partielles et interprétées à des fins militantes, pratiquant allègrement la diffamation démagogue sous le masque de l’information avérée. Si c’est l’exemple de Macron qui est ici mis en avant, ce n’est évidemment pas un cas unique, avec par exemple les récentes affirmations sur la proximité de Benoît Hamon avec les milieux djihadistes, la prétendue volonté de François Fillon d’interdire l’IVG, ou chaque intervention sur Twitter de Florian Philippot.

Ce contexte devient effrayant pour la qualité du débat démocratique. En 2017, beaucoup privilégient pour faire campagne le discrédit envers les menaces politiques, et ce par tous les moyens, à ce qui devrait constituer le cœur de ce débat : convaincre les électeurs du bien-fondé de sa vision et de son projet. A contrario, la France replonge aujourd’hui dans ce qui fut déterminant en 2002 et 2012 : le vote par défaut motivé par le « tout sauf lui ».

La supériorité de l’esprit critique

En conclusion, l’ère des réseaux sociaux est une période où la méfiance est de mise, et le croisement d’informations fondamental. Là où des polémiques imaginaires délocalisent l’attention du pays sur des sujets mineurs voire diffamatoires et démagogues, les Français doivent plus que jamais se concentrer sur le débat de fond et avant tout faire usage de leur esprit critique en se basant sur le texte intégral de citations souvent tronquées.

C’est ainsi que chacun se forgera une opinion qui est réellement la sienne, plutôt que de trop hâtivement relayer des informations non vérifiables et non vérifiées. C’est ainsi que chacun pourra choisir le bulletin de vote qui lui convient, par conviction et non par élimination.

 

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  • Peut être faut il sortir de l’ambiguïté..il est surtout absurde d’avoir peur d’etre assimilé avec une personne qui refuse le mariage pour tous. Il y a de bons arguments pour être contre le mariage pour tous ou certains tamponné par l’etat…L’état doit il avoir une politique maritale? voire à destination « nataliste »?

    SI vous estimez qu’il y a diffamation, il y a des lois contre ça…sinon…s’en plaindre est une manœuvre de communication.

  • Les poliques sont suffisamment intelligents pour jouer de la rumeur a leur profit et c’est ce qu’ils font. en créant le doute ils s’achète des voix.

  • Le billet enfonce un peu des portes ouvertes. Mais bon, il faut bien rappeler de temps en temps des vérités simples qui s’oublient trop souvent, sans doute.
    Quant à la dénonciation de ce climat malsain qui sourd de ces présidentielles en France, c’est le constat d’une réalité malheureuse. Il y a beaucoup de frustrations personnelles qui semblent s’exprimer dans le comportement des Français. « Je n’aime pas les riches » et « la finance est mon ennemie », en est un des révélateurs partagés par beaucoup puisque cela à finalement conduit à l’élection de notre président normal. Les Français ont donc eu celui qu’ils méritaient. A force de détester ceux qui réussissent, les Français n’ont plus d’autres alternatives que de les voir partir et de continuer leur pente vers le plus d’Etat et le plus de pauvreté. La pauvreté étant le système le plus sûr et le facile à mettre en oeuvre pour arriver à l’égalité tant aimée !
    Mais la dérive de « tout sauf celui-là », n’est pas propre à la France. Les dernières élections – bi-polaires, il est vrai – aux USA ont atteint des sommets dans ce sens. Il faut espérer toutefois que le rejet et l’adhésion soient inextricablement associés dans le vote fait par les Américains. Ce qui devrait être le cas si j’en juge par mes propres sentiments vis-à-vis de l’élection de Donald.

  • Il ne faut pas rêver, la naïveté des gens est une cible de choix pour les diffamateurs. 150 parlementaires emploient femme ou enfants, mais seul Fillon est accusé et condamné, ce qui en fait un bon exemple! Pourquoi s’en prendre à Pénélope et pas à Mme Bartolone? Sauf que l’une est de droite, l’autre de gauche, ce qui pour nos media est suffisant.

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