Macron : l’ENArchie au pouvoir ?

Macron est le modèle achevé de l’énarque, sorti à l’Inspection des finances, le corps de fonctionnaires le plus important de l’État par le poids qu’il a pris dans la vie économique de la nation, par les désastres qu’ils entraînent et les avantages qu’ils en tirent.

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Macron : l’ENArchie au pouvoir ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 février 2017
- A +

Par Bernard Zimmern.
Un article d’Emploi 2017

Macron : l'ENArchie au pouvoir ?

Nous vous engageons à lire Révolution le livre d’Emmanuel Macron. Un très bon travail d’énarque. 260 pages au terme desquelles on se demande toujours comment réaliser son programme. Mais l’on pleure sur l’évocation de sa grand-mère et on sait qu’il est contre la suppression de l’ENA.

Il a su copier les politiciens de la IIIème et IVème république, pour lesquels un bon programme doit présenter les objectifs comme la solution… mais sans dire comment.

Pour ceux que séduit l’attrait du neuf, ils se demandent si nous ne mettons pas à la tête de notre pays un membre éminent de la tribu qui, jusqu’à présent, a su si bien les rançonner.

Macron est en effet le modèle achevé de l’énarque, sorti à l’Inspection des finances, le corps de fonctionnaires le plus important de l’État par le poids qu’il a pris dans la vie économique de la nation, par les désastres qu’ils entraînent et les avantages qu’ils en tirent.

Il y a eu certes de grands Inspecteurs, comme Bernard Lathière, un père fondateur d’Airbus. Mais, dans Le Dossier noir de l’ENA publié lors du soixantenaire de cette école, nous faisions le point sur les 200 milliards d’euros perdus par la promotion Titanic, nom de baptême du Canard enchaîné pour réunir Michel Albert, Jean-Michel Bloch-Lainé, Georges Bonin, Jean Dromer, Jean-Yves Haberer sorti major de l’ENA, etc., tous inspecteurs.

La catastrophe des énarques dans le secteur bancaire

Plus grave, comme le public l’ignore, le secteur bancaire, dominé par les inspecteurs des finances, est celui dont la performance a été la plus désastreuse de tous les secteurs économiques français : taux de croissance négatifs alors que toute la banque internationale s’envolait et que les autres secteurs de services français, notamment l’assurance, voyaient une progression soutenue.

Aucun média n’en a bien entendu parlé.

Il s’agit ici moins d’attaquer des personnes qu’un système idiot qui sélectionne sur l’art de la parole les éléments les plus vifs à répondre1 d’une génération pour en faire, à 25 ans, des rentiers et des profiteurs.

En sortant dans un grand corps, c’est un emploi à vie comme tout fonctionnaire, mais aussi pouvoir passer à volonté du secteur public au secteur privé, beaucoup plus lucratif que la fonction publique où sont bloqués leurs camarades de l’ENA non sortis dans les grands corps. Avec, en plus, pour l’Inspection, la possibilité d’alterner entre privé et public, quasiment à volonté, du jour au lendemain.

Qu’a fait Emmanuel Macron pour corriger ce système ? Seulement, en profiter ?

Pourtant, avec ses camarades de la promotion Léopold Senghor, il signait « l’ENA2 ne forme pas ses élèves, elle les classe3 … l’esprit critique n’est pas de mise. Dans la rédaction des copies, le copier-coller remplace l’analyse, l’élève se contentant d’adopter la Doxa en vogue dans l’administration… Principale cause d’immobilisme du système, la sortie directe des élèves dans les grands corps de l’État n’est pas remise en cause. » Et la promotion de proposer la suppression de l’accès direct aux grands corps (Conseil d’État, Cour des comptes, Inspection générale des finances) et de conclure : « nous n’acceptons pas pour notre compte que l’ENA dispense une scolarité au rabais, qui n’est que l’alibi d’un concours de beauté organisé par les divers corps de l’État venant chercher la confirmation annuelle de leur propre prestige : « miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est le plus beau ». ».

Il nous dit qu’il ne fermera pas l’ENA mais qu’attend-il pour exiger 10 années d’expérience concrète avant d’entrer dans les Grands Corps ? Il éviterait de voir des inspecteurs des finances honorables comme Jean-Maxime Lévêque, incarcéré (et finalement disculpé) parce qu’ayant toujours été au sommet de l’État, il n’avait jamais eu à traiter de la pratique journalière et s’était fait « ramasser » comme un bleu quand il a pris la tête d’une petite société financière.

Jusqu’à présent, Macron nous a simplement démontré qu’il avait su exploiter les avantages de Bercy, la citadelle des Inspecteurs, non seulement logement, bureaux, cantine des hauts fonctionnaires, amphithéâtre Pierre Mendès-France mais aussi, possiblement, comme l’ont publié deux journalistes4, le budget de son ministère pour lancer sa campagne.
Il est vrai qu’il est remarquablement soutenu non seulement par les médias et Bercy mais, idéal ou intérêt, par les grandes fortunes avec LVMH, Altice (SFR), Pierre Bergé, etc.

Une coalition en face de laquelle le peuple des petits entrepreneurs ne fait pas le poids. À moins que lors du vote, la France profonde, celle de nos ancêtres les Gaulois, ne se réveille.

Sur le web

  1. J’en connais les trucs pour avoir eu la deuxième note de ma promo à l’examen de sortie de culture générale.
  2. Extraits courts, placés entre…
  3. Pour confirmation, lisez « la promotion Ubu roi » par Olivier Saby. Flammarion Document.
  4. Dans l’enfer de Bercy. Enquête sur les secrets du ministère des Finances, de Marion L’Hour et Frédéric Says. JC. Lattès.
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  • Il faut détruire l’ENA qui est une menace absolue pour la France.
    Comme le disaient les Romains : »Delenda est Carthago »

  • La prescription ne devrait pas exister, et ce pour n’importe quel acte !
    Il n’y a aucune raison qu’une personne ayant commis un acte répréhensible ne puisse plus être poursuivit car les dernières recherches sont trop anciennes, allez dire ça aux familles des victimes et donnez-leur l’adresse des coupables !

  • J’ai dû me tromper d’article pour commenter.
    Au sujet de l’énarchie au pouvoir :
    N’y serions-nous pas en plein dedans depuis plusieurs mandats présidentiels ?
    D’où vient le résident du 55 Fg Saint-Honoré si ce n’est pas de l’ENA ainsi que ses sbires ?
    Sarkosy n’en venait pas, mais son entourage ?

  • Fermons l’ENA. Place aux entrepreneurs. Suppression de toutes les entraves à la création d’entreprises et surtout restauration de l’ETAT Régalien.Avec un peu de chance et un minimum de volonté, nous devrions pouvoir nous en sortir . Place aux hommes , aux vrais,cette fois-çi

  • supprimer l’ENA , est une bonne chose si vraiment elle n’apporte rien de plus qu’un poste de rentier et un carnet d’adresse par rapport aux facultés de droit et iep.
    A propos des IEP, une fusion avec les IAE serait sans doute assez logique et profitable

  • telmar237 – D’accord avec vous sur la prescription, c’est trop facile actuellement. Surtout avec tous les copains de promo à tous les étages du pouvoir. Le risque est faible d’être ainsi inquiété.

    • Si dans tous les système juridiques il y a prescription ce n’est pas un hasard.
      Je sais qu’il peut apparaitre choquant qu’un crime soit prescrit, mais il arrive au moment ou le temps faisant son œuvre il est impossible de garantir à l’accusé un procès équitable.

      Après on peut débattre du délai de prescription pour certains crimes ou délits, mais supprimer la prescription ne rendra pas la justice plus juste.

  • Le procès de l’énarchie par un auteur énarque c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité , dans le même style que Eric V.

    • Cantona ne pourrait pas critiquer le foot ?

      • Bien sur qu’il le fait mais comment dire si Cantona se mettrait à désigner les joueurs agités sur le terrain ça serait un brin comique vu son passif non?

        Sur l’ENA je pense que tout dépend de ce que la personne titulaire fait de son diplôme.

        Macron n’est ni plus ni moins énarque que les autres énarques.

        Outre atlantique on a un gouvernement qui est typiquement anti-ce que dénonce l’auteur et au dernières nouvelles la mécanique est loin d’être huilée pour un business government.

        Alors oui je veux bien qu’on nous ressorte constament le X année d’expérience etc etc mais pour moi c’est la vision naïve du patron de boîte qui se lance en politique en se disant il faut faire ça pour que cela se passe?

        Autant supprimer l’ENA dans ce cas là c’est plus explicite hein vu que les initiales sont École National de l’Administration.
        les ricains ont le même hein: tout ce qui est business administration ou public administration, ou public policy ou je ne sais quoi c’est pas une école en particulier mais ces des cursus universitaire qui forment dans le même sens.

    • Il vous sans doute échappé que l’auteur n’a pas fait carrière dans l’administration ou le secteur bancaire français.

  • excellent article sur la situation de L’ENA.. il faut des entrepreneurs créatifs de tout horizon pour relancer la France…

    • L’Etat n’est pas une entreprise et avoir été un chef d’entreprise n’est pas un brevet pour diriger l’Etat. Ce qu’il faut c’est ramener l’Etat à un périmètre raisonnable et l’y contenir. Un mega pouvoir c’est au mieux des mega conneries car aucun crâne d’oeuf, fût il énarque, ne peut prétendre gérer un pays tout entier.

  • Bernard Zimmem : Un entrepreneur ayant réussi qui intervient sur Contrepoints.
    L’énarchie au pouvoir c’est une typicité bien française dans la sphère polico-administrative.

    La tradition française établit une hiérarchie entre la gestion politico-administrative du pays réservée à une sorte de noblesse constituée de personnages spécialement formatés – notamment par l’ENA – et, la fonction économique de ce même pays constituant le secteur dit « marchand » que la noblesse politico-administrative considère avec condescendance !…

    Emmanuel MACRON est le prototype de cette noblesse polico-administrative qui aspire à tout régenter dans l’intérêt « imaginé » des français ainsi infantilisés….

    Ce concept de gouvernance est une spécificité française qui n’existe dans aucun autre pays.
    Il en découle pour notre pays une prépondérance étatique qui entend s’approprier tous les domaines qu’ils soient politique ou économique.

    Le résultat est flagrant : la France est un bateau fou, en faillite et, rien n’est envisagé pour redresser la barre.
    La catastrophe finale n’est pas loin

    • J’ose espérer que votre conclusion n’est pas encore pour maintenant, mais je vous accorde que je souscris entièrement à l’analyse de M. Zimmern et à votre commentaire.

    • Aristocratie, pas noblesse – c’est d’ailleurs une grande partie du problème : le manque de noblesse de cette aristocratie. La noblesse est un privilège qui repose sur deux devoirs : celui de dignité et celui d’efficacité.

      • La noblesse, on lui coupe la tête en France depuis 1791…

        • Et les aristocraties se suivent et se remplacent, étant de moins en moins nobles au fil du temps : maréchaux d’Empire, grands bourgeois du 2° Empire, lettrés (avocats et journalistes) de la 3° république, ENA … au fil de l’utopie égalitariste et du nivellement par le bas.

  • Vu sur le site https://twitter.com/EmmanuelMacron

    « Je prends l’engagement qu’il y ait dans toute la restauration collective 50% de produits bio, écologiques ou de circuits courts d’ici 2022. »
    Arbitrairement Macron favorise un mode de production particulier : pas très libéral le camarade Macron…

    « Bien-être animal : je prends notamment l’engagement d’interdire d’ici 2022 de vendre des œufs de poules élevées en batterie »
    Macron ignore qu’une Directive européenne fixe les conditions de production et de commercialisation de ces produis et qu’il n’a pas le pouvoir de changer les règles a sa guise .

    « Il n’y aura pas d’exploitation de gaz de schiste sous mon quinquennat. »
    Macron préfère importer le gaz du Qatar ou de Sibérie.

    « Je garderai le cadre de la loi de transition énergétique. Je maintiens donc le cap des 50% »
    « Dans le quinquennat, nous devrons fermer toutes les centrales à charbon qui existent encore dans notre pays. »
    « Je m’engage à tenir l’objectif de 32% en termes d’énergies renouvelables. On doit accélérer les investissements dans ce secteur »

    Bref c’est lui qui décide comment on produit de l’énergie dans notre pays…

    Politique étrangère :
    « J’ai échangé ce soir avec Mahmoud ABBAS, le président de l’Autorité Palestinienne, qui est en visite officielle en France »
    Pas vraiment une référence libérale ce vieux dictateur palestinien qui rêve de détruire Israël.

  • Le fond du problème est très simple. On n’a pas compris que l’administration était un pouvoir, ce qui est pourtant évident. Il en découle, au nom de la séparation des pouvoirs, qui est une des bases de la démocratie, que l’administration doit être radicalement séparée de la politique (si ce n’est dans son exercice, qui consiste à appliquer les décisions de l’exécutif, du législatif et du judiciaire). Cela implique évidemment que les membres de l’administration devraient se voir interdite toute carrière politique et tout mandat électif. Sur ces bases, l’ENA aurait simplement pour mission de former des préfets, des sous-préfets, des hauts fonctionnaires en général, mais aucun de ceux qui en sortent ne serait ensuite éligible à la moindre fonction politique. Elle accueillerait uniquement des élèves dont la vocation serait le service public, et qui, au nom même de cette vocation renonceraient à toute ambition politique. C’est la confusion entre le politique et l’administratif qui tue la France. Et c’est cette collusion qui provoque le rejet massif des politiques.

    • La séparation des pouvoirs est une des bases de l’Etat de Droit, et n’a rien à voir avec la démocratie.

      • Il n’y a pas de démocratie sans séparation des pouvoirs. La démocratie athénienne repose sur une absolue séparation des pouvoirs, même si elle n’était pas théorisée. En revanche le concept d’état de droit est flou: il y avait aussi un droit nazi et un droit soviétique. La confusion même, que, d’ailleurs vous semblez commettre, entre état de droit et État de droit (et non de Droit), le montre clairement.

        • Etat de droit, désolé.

          La séparation des pouvoirs n’est pas une des bases de la démocratie, les démocratie directes n’admettent pas la séparation des pouvoirs contrairement aux démocraties représentatives qui doivent définir les contours de chaque représentation. Relisez Rousseau qui explique en long et en large que la seule démocratie est la démocratie directe, justement parce que c’est la seule qui ne sépare pas les pouvoirs et donne le pouvoir entier au Peuple.

          Elle est par contre inhérente à tous système politique ayant une hiérarchie des normes. Les systèmes féodaux, monarchiques, fédéraux … reposent sur une séparation des pouvoirs, définie par le droit (qui est en général coutumier)

          • Rousseau est un théoricien catastrophique. Retenons quand même à sa décharge qu’il avait reconnu que son Contrat social ne tenait pas debout. Il faut regarder les systèmes concrets, et non les utopies de théoriciens fous. Il est faux de dire que les démocraties directes n’admettent pas la séparation des pouvoirs: à Athènes, une des bases les plus solides du système était la graphè paranomôn, imputation d’illégalité qui assurait une absolue indépendance du fondement législatif par rapport à l’exécutif populaire. Les Athéniens avaient bien vu le problème que pouvait poser l’emballement d’une volonté populaire, même s’ils n’ont pas toujours su y échapper, pour leur malheur. Le concept d’état de droit est apparu et s’est développé dans un monde régi par des monarchies absolues, telles qu’il n’en existe plus. Aujourd’hui les pires dictatures se donnent un fondement juridique. Même Staline ou Hitler n’auraient pas osé dire « l’État c’est moi » ou « tel est notre bon plaisir », ils s’exprimaient au nom des droits du peuple, allemand dans un cas, ouvrier et paysan dans l’autre. La notion d’état de droit ne signifie plus qu’une chose très simple, l’état normal, tandis que le rejet de l’état de droit n’est plus qu’une phase transitoire pendant laquelle on suspend les garanties juridiques normales. Phase plus ou moins brève, à l’issue de laquelle soit on passe à un nouveau droit (du peuple, du califat, du sultanat…), soit on retourne à l’état normal. Le droit n’assure pas la séparation des pouvoirs, aucune dictature n’a jamais supprimé les tribunaux. En revanche, la séparation réelle des pouvoirs est la condition absolue de l’impossibilité d’une dictature, ce qu’avaient compris les Athéniens. La séparation des pouvoirs est donc bien au fondement de la démocratie.

            • Pitié, abandonnez l’argument de la normalité, surtout en utilisant des arguments historiques qui vont du XX° siècle à la Grèce antique, quelle est la normalité dans un régime politique qui considère l’esclavage comparé à l’utopie démocratique actuelle ?

              De même, vous opposez démocratie et dictature, ce en quoi après avoir rejeté Rousseau, vous utilisez un de ces arguments : « La liberté de chacun est garantie par l’abandon des droits individuels à la volonté générale qui élève le peuple à l’état moral de souverain et les hommes au statut de citoyens » car il bien question dans la démocratie, de la question de la souveraineté populaire, dès lors que vous opposez démocratie et dictature, la dictature étant considérée comme la perte des libertés et la confiscation du pouvoir par quelques uns.

              La république d’Athènes n’était pas une démocratie directe, lisez la République de Platon pour vous en convaincre. De quoi parle Platon d’autre que des effets du pouvoir sur ses représentant ?

              L’Etat de droit n’indique pas que le droit existe dans l’Etat mais que la puissance publique doit respecter le droit et que celui-ci est indépendant de la puissance publique.

              Je vois mal un juge poursuivre Staline ou Hitler pour le juger d’un quelconque crime.

              • D’abord la normalité est simplement un état habituel, auquel s’opposent les états d’exception. Chaque époque et chaque type de société ont leur propre normalité, c’est tout. Les Romains de la république l’avaient parfaitement compris lorsqu’ils interrompaient le cours normal de leur régime politique pour confier le pouvoir à un dictateur en cas d’urgence, et sur un mode exclusivement provisoire. Il n’y a évidemment aucune normalité absolue, c’est tellement ridicule que j’ai du mal à imaginer qu’on ait pu y penser.
                Ensuite, on ne comprend rien à la politique si on l’aborde à partir de théoriciens plus ou moins fumeux. La volonté générale de Rousseau est la matrice de toutes les dictatures du XXe siècle, et ce n’est pas chez ce théoricien, que je n’ai jamais considéré comme un philosophe (corporation à laquelle j’appartiens à titre émérite), qu’on pourra trouver une idée claire sur la liberté.
                Quant aux Grecs, ils manifestent de votre part une ignorance absolument stupéfiante. D’abord personne ne qualifie le régime athénien de république (mauvaise transposition de politeia). Ensuite l’Athènes de Périclès est l’exemple le plus emblématique de démocratie directe, ce qui est le b.a. ba de la philosophie politique. Vous n’avez pas lu Platon, qui ne peut se lire qu’en grec, comme j’ai dû le constater après quelques décennies de fréquentation, et la constatation qu’il n’en existait aucune traduction fiable. Si vous aviez lu le Gorgias, vous sauriez que Platon rejette le régime démocratique d’Athènes, et il est stupéfiant que vous ne sachiez pas que la République n’a strictement rien à voir avec le régime de son temps. C’est comme quelqu’un s’imaginait que le Contrat social décrit la société de la France de Louis XV. La seule chose que Platon dit des régimes politiques de son temps (avant et après 404, ce n’est pas exactement la même chose), c’est qu’ils fonctionnent mal, mais il n’en donne aucune analyse, ça ne l’intéresse pas.
                Quant à l’état de droit, que vous n’avez pas non plus compris puisque vous croyez qu’il s’agit d’un État de droit, c’est simplement un état, l’état du régime politique d’une société. Il renvoie donc au fonctionnement régulier des institutions, dans lesquelles les pouvoirs doivent évidemment être clairement définis et situés les uns par rapport aux autres, dans un strict respect de la légalité.

                • Ne pourrait ton pas parler prudemment d’un état de Droit et de droit d’Etat ? Le deuxième concept s’applique sans problème aux états totalitaires.

                • L’Etat de droit auquel je faisait référence (et encore désolé pour la typo sur Droit, trop l’habitude de parler du Droit et du droit naturel sur ce site) s’oppose à l’arbitraire.

                  La démocratie ne combat pas l’arbitraire, elle l’intègre.

                  Et désolé, on ne peut pas à postériori parler de démocratie et encore moins de démocratie directe en parlant d’Athènes. Vous faites exactement le même genre de réécriture de l’histoire et d’anachronisme que les auteurs du XVII° ont fait quand ils ont romantiquement théorisé et magnifié le régime politique athénien : vous tentez de vous appuyez sur des références historiques en les relisant à l’aulne de la normalité contemporaine.

                  Ce qui ironiquement, les variations sur le titre de l’ouvrage de Platon illustre parfaitement : de la politique (pour les contemporains), de la Démocratie (pour les romains), de la République (pour nos contemporains) comme vous l’avez vous même indiqué.

                  Et de nouveau pitié, ne tordez pas les concepts en les réexpliquant à postériori et en tentant de les redéfinir par des concepts encore plus flous : la normalité fait référence à une norme. Un « état habituel » ne veut absolument rien dire en parlant de régime politique, les habitudes sont des comportements humains, les régimes politiques s’appuient soit sur des normes, soit sur l’absence de normes, variant de l’état de nature (qui fait abstraction de la société et de ses effets) à l’état de guerre (qui fait abstraction de l’humain et de sa nature) et qui est caractérisé par l’arbitraire et l’absence de normes. L’état de droit est une invention … Rousseauiste (tient donc) qui assimile (comme vous) le droit avec la loi (l’ordre), qui ne considère que le droit positif et l’oppose à la conception Rousseauiste de l’état de nature, qui selon lui représente le chaos.

                  Mais je pense que c’est ce que vous avez voulu dire, développant cette vielle chimère (actuellement majoritaire pour notre plus grand mal) que l’ordre réside dans l’homme (la loi, le droit positif issu de l’homme) et non dans la nature : que le socialisme est la solution et le libéralisme le mal absolu.

                  La démocratie n’est pas le b.a.ba de la philosophie politique, c’est une utopie romantique.

                  • Le contraste entre votre ignorance et le ton péremptoire avec lequel vous l’affichez dénote une jeunesse à laquelle on pardonne beaucoup de choses, surtout quand on a été professeur toute sa vie. Le lien entre l’aulne et la normalité m’a amusé. L’aulne est un arbre, il a même son roi, Erlkönig, qu’a superbement et dramatiquement chanté Schubert, d’après Goethe. À ne pas confondre avec l’aune, qui désigne une mesure. Si vous ne connaissez pas, allez sur you tube, et vous serez saisi dès la première mesure du piano. Votre conclusion me confirme dans l’opinion que j’avais de vous. Vous êtes, là aussi, dans le contresens le plus complet: je suis un antisocialiste radical, primaire, secondaire et tertiaire. Je crois viscéralement au marché, qui est non seulement le juge de paix, mais aussi la condition de la démocratie, mais je suis non moins viscéralement hostile à l’artificialisme contemporain: l’homme ne se crée pas, il est naturellement conditionné, et va à la catastrophe quand il nie la nature. Il me paraît donc clair que vous avez quelques difficultés de discernement. Quant à vos arguties sur la normalité, elles sont assez étonnantes après les mois de débats autour de l’état d’urgence. On a du mal à penser qu’il puisse y avoir encore des gens qui ne fassent pas la différence entre le fonctionnement habituel, normal, d’un système juridico-administratif, et un fonctionnement différent, adopté en raison des circonstances, mais conçu par essence pour ne pas durer. Quant à votre ignorance sur Athènes, elle est renversante. Ne pas savoir que la démocratie est une invention grecque à laquelle Périclès est associé, montre à quel point notre système scolaire s’est effondré. Lisez n’importe quelle histoire de la Grèce classique. L’Athènes du cinquième siècle, après le coup d’État de 510 et le choix initial de Clisthène, établit progressivement une démocratie à laquelle Périclès donnera son statut définitif à partir des années 460, démocratie directe, puisque c’est l’assemblée de tous les citoyens, l’ecclésia, qui détient le pouvoir, avec cette garantie que la graphè paranomôn interdit de toucher aux lois fondamentales. Aucun anachronisme là dedans, ce qui est, au contraire, anachronique, c’est de parler de démocratie aujourd’hui, puisque nous n’en avons plus que la fiction. Athènes était démocratique (une fois admises les restrictions bien connues: démocratie réservée aux hommes citoyens), alors que nous vivons, nous, dans l’illusion de la démocratie. La seule démocratie directe connue est celle de Périclès. Les Romains, eux, n’ont jamais été démocrates, la « république » romaine est une oligarchie régie par une aristocratie sénatoriale. Comme vous ne connaissez rien à l’Antiquité, je vous signale qu' »a posteriori » est du latin, et ne doit donc pas prendre d’accent. Sinon, surveillez votre orthographe.

                    • La démocratie athénienne est une mascarade organisée par l’aristocratie pour faire taire le mécontentement des paysans. Elle s’est transformée comme tous les régimes socialistes en un monstre de corruption et d’arbitraire qui a mené la cité à sa ruine.

                      Le romantisme des précieux arrogants et pervers des salons du XVIII eme l’a transformée en un idéal de vertu qu’elle n’a jamais été.

                      C’est un des meilleurs exemples de négation de la liberté individuelle par la vindicte et l’arbitraire populaire : du totalitarisme dans toute sa splendeur.

                      Si ça vous plait de vivre dans l’utopie, libre à vous.

                      Toute utopie (qui n’existe que par l’autosatisfaction apportée par un amour propre disproportionné) est dans la réalité une dystopie.

  • Si jamais Fillon se fait éliminer, j’aimerais bien voir vos tronches quand vous devrez choisir entre Micron et Le Pen…. Continuez surtout. Mais que serait le camp libéral sans cet inimitable talent pour marquer des buts contre son camp?

  • le probleme c est qu a part macron il y a qui ?
    Melanchon -> se retrouver dans l etat du venezuela n ets quand meme pas enthousiasmant

    Fillon -> doutes sur son programme (il n a jamais explicité comme il va reduire de 500 000 le nombre de fonctionnaire, certains dans son parti disent meme ouvertement que ca sera pas fait (Barouin aujourd hui). Sur la secu il a reculé dès que les retraités (electorat majeur des LR) ont commencé a remuer) + discredit grace a l emploi fictif familial (comment aller expliquer a quelqu un qu il va devoir travailler 4 h de plus gratuitement quand on fait salairer sa femme a 6000 €/mois par son suppleant)

    Le Pen -> la sortie du l euro achevera ce qui reste de secteur productif en france

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