Le Parti socialiste est mort, mais le socialisme vit encore !

Le parti socialiste est en train de mourir, éreinté par ses divisions internes. Cela ne signifie pas que le socialisme soit mort : au contraire, il est bien vivant et s’étend bien au-delà de la formation sociale-démocrate.

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Casper le fantôme (Crédits : Stu_wp, licence CC BY-NC 2.0)

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Le Parti socialiste est mort, mais le socialisme vit encore !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 8 février 2017
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Par Jacques Garello.

Casper le fantôme (Crédits : Stu_wp, licence CC BY-NC 2.0)
Casper le fantôme (Crédits : Stu_wp, licence CC BY-NC 2.0)

Le Parti Socialiste se porte mal, c’est vrai. Les divisions internes, le désintérêt pour les primaires jusqu’ici, la victoire des frondeurs, la fronde de Macron : les commentateurs ont à juste titre conclu à la mort du PS fondé par Mitterrand au Congrès d’Épinay en 1971. Le rassemblement ne se fera pas, ni avec les autres participants à la primaire, ni avec Mélenchon, ni avec Macron, même si dans les prochaines semaines la préparation des législatives s’accompagnera au sein de la gauche d’alliances contre nature, d’abandons et de trahisons.

Le PS aurait pu se survivre en se convertissant sincèrement à la sociale démocratie. C’est ce qu’ont fait les socialistes allemands du SPD avec la charte de Bad Godesberg en 1959. Ils ont admis les principes de la liberté économique, tout en prônant une large redistribution des revenus. Par contraste, en 1981 Mitterrand prenait le pouvoir avec les communistes et déclarait, mensongèrement, « Je suis marxiste » : vingt ans de décalage avec la plupart des socialistes européens.

Depuis un an, Manuel Valls s’était déclaré « social-libéral ». Allait-il entraîner les socialistes dans cette voie étroite, voire utopique ? La politique menée depuis 2012 a ôté toute crédibilité à une impulsion libérale au sein du PS. Alors, Macron a occupé le terrain réformiste et centriste… mais il n’est pas au PS. Émerge Benoît Hamon dont la ligne est bien claire : retour au socialisme révolutionnaire. Il faut rompre avec le capitalisme, la mondialisation, la finance, afin de déboucher sur l’égalité et la fraternité, valeurs fondamentales de la République dans la tradition de Robespierre. À gauche toute.

Archaïsme du socialisme et de l’étatisme

Faut-il s’étonner de cet anachronisme ? Non, il est le résultat de deux réalités : archaïsme du socialisme, tradition de l’étatisme.

Le socialisme est daté du 19ème siècle, même si l’utopie d’une société parfaite hante les esprits au moins depuis Platon. Sous-produit d’une révolution industrielle mal comprise, mal acceptée, il n’a pas longtemps survécu à ses contradictions internes, car la société ne peut effacer la propriété privée et la liberté contractuelle sans briser l’homme lui-même et le soumettre au joug du pouvoir politique. Marx avait fait rêver d’une société sans classe et annoncé le « dépérissement de l’État » : le socialisme n’a donné que nomenklaturas et dictatures, allant jusqu’aux camps et au génocide.

Le socialisme a cru pouvoir se survivre en devenant réformiste, à l’image de la Société Fabienne des Anglais, dont Keynes était membre. Le keynésianisme a repeint la façade avec un enduit économique, mais l’architecture du bâtiment n’a pas varié : dirigisme, scientisme, collectivisme, protectionnisme. Keynes n’a pas survécu à la chute du mur de Berlin et la liberté s’est imposée, jusqu’à pénétrer dans les pays jadis les plus hostiles.

La revanche du nationalisme

En 1975, Arthur Seldon l’avait prédit : « En l’an 2000 la Chine sera capitaliste ». La crise de 2008 (provoquée par l’État américain) a remis Keynes à la mode ; elle a permis la revanche des barbares désespérés par l’explosion de l’empire communiste et l’avènement de la mondialisation. Désormais, le drapeau du nationalisme sera brandi par les socialistes : cela s’appelle sans doute national-socialisme.

Hélas, en France, le national-socialisme reçoit l’appoint du national-étatisme. La tradition étatiste est millénaire dans ce pays, qui a vécu des siècles de concentration, de souverainisme, de jacobinisme, de protectionnisme (l’échange est réduit aux limites de l’Empire Français pendant un siècle). Quand on dit « l’école de la République », cela signifie « l’école de l’État ». Un État total, puis totalitaire.

Ici ce ne sont pas les tenants du marxisme qui sont seuls en cause, mais aussi les hommes d’un pouvoir qui n’a rien de démocratique, confisqué par les hauts fonctionnaires, les politiciens, les syndicalistes, les corporations.

Voilà pourquoi les méfaits du socialisme ont largement débordé le modeste PS et ont été acceptés depuis des lustres. Qui aujourd’hui veut remettre en cause un système social spoliateur, porteur d’esclavage et de corruption ? Qui aujourd’hui veut restaurer la liberté d’entreprendre et d’échanger, rendre au secteur marchand ce qui a été transformé arbitrairement en service public ? Qui aujourd’hui veut respecter la liberté des individus et des familles dans l’organisation de leur vie privée ?

Se poser ces questions, c’est expliquer le succès de François Fillon en novembre dernier, car des centaines de milliers d’électeurs ont entendu. Mais c’est aussi craindre pour l’avenir, parce que le socialisme hante encore et toujours l’esprit des Français et, par-dessus tout, l’esprit de la classe politique.

Oui, je le crains, le socialisme français se porte toujours bien. Mais je ne peux croire à sa pérennité et j’ai confiance : grâce à notre engagement, cet anachronisme va tôt ou tard céder devant la dynamique de la liberté, parce que les êtres humains ne sont ni des esclaves ni des barbares.

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  • Vous oubliez le pouvoir confisqué par les médias en grande majorité socialistes et certains juges ( ceux du mur …)

  • « Keynes n’a pas survécu à la chute du mur de Berlin et la liberté s’est imposée, jusqu’à pénétrer dans les pays jadis les plus hostiles. »
    lol liberté d’être esclave du capital !
    Oui Oui j’ai compris que les libéraux ne sont pas objectifs sur ce point, s’en est même écœurant d’aveuglement, donc ce n’est pas la peine d’en discuter.
    OK je sors

    • Si vous vous sentez esclave d’un objet inanimé, le problème vient plutôt de vous que de l’objet 😉

    • Esclave du capital? Vous ne savez même pas ce qu’est un esclave! C’est un homme privé de tout droit. Le capital vous offre un emploi, paye votre salaire, vos cotisations sociales et verse à l’état l’argent de son budget. C’est le socialisme qui jusqu’à présent a réduit l’homme en esclavage, dans les états socialistes il n’avait aucun recours car même le syndicat unique était une filiale du parti. Ceux qui protestaient contre le totalitarisme finissait au goulag, quand ce n’était pas contre un peloton d’exécution!

      • Virgile,
        Le capital ne vous offre pas d’emploi. C’est à vous de saisir l’opportunité, et de vous battre pour la conserver. Le socialiste fait la même chose, mais mais avec des masses d’alibis douteux! Ce sont les mêmes marchants de rêves, les mêmes techniques, les mêmes mensonges, les objectifs identiques: leur monde parasitocrate, leurs avantages, leur fric, leur réseaux.
        Vous ne croyez pas qu’il est temps de sortir de ces schémas politiques antiques, et d’oublier ce guignole politicard ? La droite m’a dupé (je reste poli), les extrêmes ne sont que des épiphénomènes, la gauche a démontré son incompétence.
        Pourquoi, parce que les uns et les autres se sont combattus à nos frais, avec des surenchères.
        A telle point qu’un Fillon va chercher son électorat chez Le Pen, et qu’un Hamon s’accoquine avec un candidat communiste, faisant siennes une grande partie de ses idées. Ou sont les extrêmes d’autrefois? Elles ont glissé au centre.
        Et ce jeu de la chaise va perdurer aussi longtemps que notre type de suffrage ne sera pas assaini!
        aussi longtemps que les faiseurs de législateurs se croient en dehors des lois, une sorte de surhomme qui a droit à tous les avantages.
        La politique a pris trop de place dans ce pays et comme les monstres, ils deviennent plus envahissants et nuisibles que constructifs.

    • C’est bien Keynes qui est sorti grand vainqueur de la chute du communisme.
      Depuis la chute du mur de Berlin et la disparition du repoussoir communiste l’ouest de l’Europe et les USA sont devenus keynésiens, en oubliant au passage la préconisation essentielle de Keynes à savoir qu’il faut revenir à l’équilibre budgétaire après une relance contracyclique.

      • @ bibi
        C’est bien cela que D.Trump vise, à mon avis, par ses volontés protectionnistes (déjà anticipées par des entreprises automobiles): je suppose qu’après avoir vu les chiffres de ce qui partait chaque semaine, en $, des U.S.A. vers la Chine, il a voulu tarir la fuite.

        Et il veut resserrer l’économie sur la production nationale: il sera toujours temps plus tard de rediscuter bilatéralement les règlements d’import-export, de façon bilatérale. C’est sa première façon d’enrichir ses compatriotes, riches évidemment, mais aussi appauvris depuis 2008: il n’utilise pas les subsides pour encourager le entreprises (jusque maintenant) mais le coût plus favorable du « made in USA » et la production nationale, donc l’emploi, tout en fermant la porte aux « illégaux », par « son mur ». (= « relance contracyclique sans influence budgétaire », idéalement)

        C’est brutal! Peu compatible avec la religion de l’OMC mais « America First », se sachant encore « fort », il ne craint pas les organisations internationales subsidiées par les U.S.A.!

        Il y a donc bien là, sous-jacent, un souci social réel qui ne se déclare que dans les faits sans distribution d’argent d’état aux particuliers. C’est bien dans sa logique, me semble-t-il.

        Le libéralisme « théorique » français devrait comprendre que si le socialisme « pur » a largement montré son inefficacité, la dimension sociale d’un président, même « libéral », reste indispensable à un minimum de faveur populaire compatible avec le pouvoir en démocratie, quels que soient les moyens utilisés. La « charité » et la « solidarité » individuelles restent utiles mais insuffisantes!

        • Mettre de grosses barrières douanières revient pourtant bien à subventionner l’économie. Quel que soit le sens de cette subvention c’est toujours le consommateur américain qui paiera.

    • Il y avait longtemps qu’on ne l’avait plus vu celui-là. La capacité de raisonnement d’un hamster, effectivement…

  • Les commentaires sont fermés.

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