Un manifeste citoyen face au chaos politique actuel

Un manifeste engagé qui se propose de faire souffler la révolution démocratique sur des institutions politiques françaises confisquées par ses élites.

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Un manifeste citoyen face au chaos politique actuel

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 8 février 2017
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L’excellent Nicolas Lecaussin de l’IREF a récemment appelé dans les colonnes de Contrepoints à un sursaut de la société civile face à la décomposition politique, le jeu de massacre des scandales, la non-prise en compte des réalités économiques dans les politiques publiques.

Je ne peux que le soutenir dans cette démarche, alors que de simple entrepreneur engagé dans le débat public (Génération Libre, Institut Thomas More), j’ai en 2016 fait le choix de m’engager dans la mouvance citoyenne avec notamment Alexandre Jardin, et de défendre des causes sociales qui me sont chères.

L’histoire dira si le mouvement citoyen a pu jouer un rôle dans l’élection présidentielle de 2017, en présentant un candidat comme Alexandre Jardin ou Jean-Pierre Gorges. Force est de constater que les partis au pouvoir ont considérablement entravé cette démarche et verrouillé le système de candidature à leur profit.

Qu’espérer de la présidentielle ? 

Que pouvons-nous espérer en mai 2017 ?  L’état de chaos politique me parait avancé, le cynisme, l’incompréhension du réel (en particulier économique), l’extrême personnalisation du pouvoir, les délires narcissiques, dominent ce jeu d’egos et cette théâtrocratie (pour reprendre le terme de Platon, remis récemment au goût du jour par le professeur Maffesoli) qu’est devenu le monde politique français. Ils en sont tous responsables,  Macron aussi bien que Fillon ou Hamon.

À ce stade, et à l’aune de cette chute morale, le nom du président importe peu. Sa légitimité pour réformer sera nulle. Nous aurons un président impuissant. Fillon ou son remplaçant aura peu de crédit pour imposer des réformes. Le Pen ou Macron qui n’ont pas de programmes solides et ne sont que de beaux parleurs n’auront pas de majorité. Les gens d’En Marche n’ont aucun ancrage local ou sont de vieux élus PS dont les Français ne veulent plus.

Macron ou Hamon peuvent gagner sur un malentendu mais auront une cohabitation un mois plus tard… cinq ans d’immobilisme après la léthargie hollandaise – probablement le moins pire des scenarios, encore que cette faiblesse institutionnelle fera de la France une proie pour des dirigeants agressifs et solides, tels que Trump ou Poutine.

Un sondage récent du Cevipof, cité par Nicolas Lecaussin, montre à quel point les Français commencent à se convertir à l’idée qu’un gouvernement citoyen de transition, composé essentiellement de personnalités de la société civile, serait une solution adéquate pour se rassembler autour d’un projet ambitieux de réformes de notre système institutionnel, économique et social.

Pourtant, force est de reconnaître qu’au sein de nombreux groupes citoyens, au-delà de la réflexion sur les institutions, la démocratie citoyenne et participative, la pensée économique, sociale et régalienne, n’a pas encore atteint sa maturité. L’ancrage historique de certains de ces groupes, issus de la gauche radicale ou du monde entrepreneurial, les empêche de penser transversalement un programme équilibré qui rassemblerait une majorité de nos citoyens. Sans chercher à dissimuler mes opinions personnelles et de manière engagé, j’ai tenté, dans mon dernier ouvrage, Le Manifeste Citoyen, de définir les principales valeurs et réformes sur lesquelles une majorité de citoyens engagés, désireux d’en finir avec l’actuel système politique et administratif centralisateur, vertical, énarchique, pourraient se rassembler.

Je n’ai pas souhaité faire un livre-programme ou un énième essai : l’ouvrage est bien un manifeste engagé, il est relativement court (135 pages), et adopte un style pamphlétaire (y compris dans sa critique du système politique) assumé. Ce n’est pas un ouvrage scientifique ou descriptif mais bien un manifeste proposant les linéaments et fondements d’une refonte totale de notre système.

Le Manifeste citoyen comporte quatre parties

  • La première, intitulée Redonner le pouvoir aux citoyens, expose les piliers de l’engagement citoyen, avec ses clefs de voute : le monde associatif, l’univers entrepreneurial, les territoires.
  • La seconde partie La modernisation économique et l’entrée dans l’Âge numérique, sera probablement la plus intéressante pour les lecteurs de Contrepoints. Ils y trouveront des idées maintes fois défendues dans les colonnes de ce media, comme la redéfinition du rôle de l’État français, la débureaucratisation et la lutte contre les normes, une réforme fiscale pour libérer les énergies des entrepreneurs et des investisseurs, un nouveau contrat de travail, une approche plus efficace des enjeux sociaux avec le développement de la finance sociale et solidaire, un revenu de base réaliste pour simplifier notre système social, ou encore une redéfinition du rôle de la banque centrale européenne (pour mettre un terme au système actuel de créditisme dont parle si souvent ici Simone Wapler).
  • La troisième partie, l’enracinement dynamique, traite du régalien, de la sécurité et de l’identité française. Elle propose aux citoyens français une approche moins caricaturale de ce qu’on appelle dans le débat public, les valeurs ou l’identité. Notre conviction est qu’un individu n’est jamais vraiment libre quand il ne sait pas d’où il vient et quel est le legs du passé de son peuple. À cet égard, plutôt que de se vouer à une religion moderne du progrès, naïve et béate, nous montrons qu’une approche positive du futur, de la science, de l’adaptation au monde moderne, doit être ancrée, enracinée (pour reprendre les termes de Simone Weil), dans la fierté de notre passé en tant que nation. Cette importance du legs historique nous amène aussi à critiquer l’attitude actuelle schizophrénique des élites françaises sur l’Europe et la mondialisation, qui ont largement ouvert notre économie aux vents du commerce international alors que notre système administratif et fiscal ne permet pas à nos entrepreneurs de se battre avec les mêmes armes que leurs concurrents étrangers.
  • Enfin, la dernière partie du Manifeste montre qu’aucune réforme ambitieuse de notre système n’est possible sans une remise en cause de l’élite actuelle, qui a failli, massivement formée dans les rangs des hauts fonctionnaires. Un gouvernement courageux n’aurait aucune chance de réformer la France sans remettre en cause la technostructure actuelle (nous aurons tous compris qu’Emmanuel Macron par exemple, est la dernière tentative de cette technostructure, alliée à quelques grandes fortunes, de sauver le système face à une révolte populaire qui gronde et que les médias subventionnés qualifient de populisme).

Sur une note plus personnelle, ce Manifeste est aussi le prolongement de certains de mes articles sur Contrepoints et je serais heureux de poursuivre ce dialogue avec la communauté des lecteurs du site.

  • Sébastien Laye, Le manifeste citoyen, éditions Alternative démocratique, 134 pages, janvier 2017.

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  • Pour illustrer le système, si ce qu’on reproche à Fillon n’a rien d’illégal c’est tout bonnement parce que c’est lui et ses « collègues » qui votent les lois !

  • J’aime bien Contrepoints, mais alors franchement, dès qu’il est question d’Alexandre Jardin, impossible de ne pas éclater de rire.

  • « La première, intitulée Redonner le pouvoir aux citoyens… »

    Mais on ne veut pas donner le pouvoir au citoyen ! Qui veut donner le pouvoir à son voisin pour qu’il puisse intervenir dans notre vie ?

    Ayez l`obligeance de me dire, M. Howard… pourquoi échanger un tyran qui règne à mille lieues d`ici… contre mille tyrans qui règnent à une lieue d`ici ?

    Ce qu’il faut, c’est limiter le pouvoir. Interdire à qui que ce soit, gouvernement ou voisins, de violer nos droits naturels et nos libertés fondamentales.

    • José, vous dites « ce qu’il faut, c’est limiter le pouvoir d’interdire … »
      Effectivement, mais après avoir anéanti le pouvoir d’interdire il serait logique de donner le pouvoir d’autoriser….
      Moi, je pense qu’un premier pas pourrait déjà consister à accorder un revenu universel renforcé et d’instaurer la gratuité d’accès aux clubs de golf et dans les stations de ski.

      • Vous avez dû mal me lire.

        Je dis qu’il faut limiter le pouvoir. Et interdire à quiconque (gouvernement ou « citoyens ») de violer nos droits et libertés.

        • Ne vous inquiétez pas je sais lire…

          • Hello,
            il y a beaucoup à dire car même si le système ne marche pas si mal que ça, il y a beaucoup de choses à faire évoluer. Et les deux points qui semblent les plus importants seraient d’avoir une politique de l’emploi clair, le plus simple possible, juste et surtout stable dans le temps permettant de libérer les énergies vives.
            Et des changements profonds dans nos institutions et sur ce point il faudrait des commissions citoyennes et représentatives accompagnées d’historiens spécialistes des démocraties ( quand on sait d’où on vient on sait où on va!) et limiter l’attrait du pour et l’argent qui va avec.

            Et comme il y a urgence car notre fenêtre de tir pour manifester notre mécontentement en vers la classe politique actuelle sera entre le 10 mars et le premier tour, il faudrait un acte fort de notre part. Car le seul pouvoir qui nous reste réellement ce n’est pas un vote blanc ou un vote pour les externes, ça ce sont de fausse bonne idées. C’est avant le premier tour que ça se joue si nous souhaitons avoir un vrai choix. Et pour quand tous les candidats seront officiels, j’aimerais diffuser l’idée d’un rassemblement populaire, dans lequel TOUS ENSEMBLE nous DÉCHIRONS NOTRE CARTE D’ÉLECTEUR pour leur dire qu’ils n’écoutent pas le peuple donc nous ne les soutenons plus.

  • Il faut se méfier de la démocratie directe. Ainsi la proposition de virer un élu sur base d’une initiative populaire amènerait à une rapide paralysie du système. Imaginons qu’un million de signatures suffirait pour démettre un président à peine élu (exemple Mr Trump). Qui met-on à sa place ? le colistier (Mr Pence)? Il ne faudra pas longtemps que lui aussi soit déboulonné. Si on mettait plutôt le perdant à la course présidentielle (Mme Clinton) Il ne faudrait pas longtemps pour que les électeurs du premier président réunissent un autre million de signature pour chasser la dernière arrivée. Bref, le système proposé par Mr Mélenchon ne peut pas fonctionner. Ce n’est pas pour rien que le président est protégé pendant toute la durée de son mandat. Changer un système qui marche à peu près par une aventure populiste ne résoudra certes pas la situation.

  • pour ne rien changer voici un catalogue (un de plus) de (très) bonnes intentions (à l’instar des cahiers de doléances [par millions] qu’il a fallut trier « à la fourche » du temps de Louis XVI)
    … et si une seule mesure devait impérativement être prise à l’exclusion de toute autre ?

    – diviser par 6 le nombre des élus de quelle qu’assemblée qu’ils soient et contrôler* les survivants pour qu’ils ne s’égarent pas comme leurs prédécesseurs !

    *Faites confiance, mais vérifiez ! (vieil adage, Ronald Reagan)
    *contrôler par des questeurs : électeurs retraités en bonne santé désignés au sort (à l’instar des jurés d’assise) au nombre de 80 (3 x 20 à tour de rôle mensuel et 20 de réserve) pour aider et contrôler chacun 1 député sur les 100 qui subsisteront après expurgation des autres.

  • Bonjour à toutes et à tous,

    Comme souvent, je reste un peu sur ma faim à propos du développement scientifique et technologique, à mon avis trop peu évoqué, alors qu’il est au coeur des capacités d’enrichissement des peuples. En même temps, science et technologie sont les activités humaines vraiment intersubjectives, et donc indépendantes des philosophies, politiques, religions …

    https://www.linkedin.com/pulse/croissance-une-seule-solution-beaucoup-plus-de-et-pierre-tarissi

    Amitiés,

    Pierre

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