5 raisons pour lesquelles le Congrès devrait annuler le décret Trump sur l’immigration

L’Amérique n’a peut-être aucun devoir moral d’éteindre les feux dans le monde, mais elle a le devoir moral de ne pas bloquer les sorties de secours.

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5 raisons pour lesquelles le Congrès devrait annuler le décret Trump sur l’immigration

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 7 février 2017
- A +

Par David Bier.
Un article du Cato Institute

5 raisons pour lesquelles le Congrès devrait annuler l'interdiction des immigrants
By: Rafael Amado Deras – CC BY 2.0

Le président Trump a signé hier un décret interdisant à tous les réfugiés syriens et à presque tous les réfugiés de tout pays d’entrer aux États-Unis pendant six mois, tout en divisant par deux le quota annuel de réfugiés et interdisant pendant au moins 90 jours toute immigration de sept pays musulmans. Cela implique que cette interdiction pourrait continuer indéfiniment pour certains pays. Ces politiques n’amélioreront pas la sécurité nationale et nuiront aux efforts des États-Unis pour combattre l’extrémisme islamique et le terrorisme dans le monde.

1. Cette décision est illégale. En vertu de la loi sur l’immigration de 1965, le Président ne peut refuser de donner des visas aux immigrants qui viennent vivre définitivement aux États-Unis en raison de leur nationalité. La disposition stipule sans ambiguïté qu’aucune personne ne peut être « victime de discrimination lors de la délivrance d’un visa d’immigrant en raison de sa race, de son sexe, de sa nationalité, de son lieu de naissance ou de son lieu de résidence ».

Bien que cela ne s’applique pas aux visiteurs temporaires et aux réfugiés, j’ai déjà expliqué en détail pourquoi le Président ne peut légalement appliquer cette ordonnance contre les immigrants qui sont parrainés par des employeurs ou des membres de leur famille aux États-Unis.

2. Les réfugiés et les immigrants des pays à majorité musulmane ne représentent pas une menace sérieuse pour les Américains. Le décret interdit l’entrée aux États-Unis à toute personne venant d’Irak, d’Iran, de Syrie, de Somalie, du Soudan, de la Libye et du Yémen ; aucun terroriste venant d’un de ces endroits n’a mené d’attaque mortelle aux États-Unis. En fait, aucun Libyen ou Syrien n’a même été condamné pour avoir planifié une telle attaque.

De plus, la probabilité d’être tué par un réfugié de n’importe quel pays est de 1 sur 3,64 milliards par an. Cette discrimination est arbitraire et ne peut être rationnellement justifiée sur la base d’une évaluation du risque. Il convient de rappeler que les Juifs allemands ont été refusés pour un prétexte similaire car ils auraient pu être des espions nazis – pour finir massacrés dans les camps de la mort.

3. Cette décision aide l’État islamique. ISIS a déclaré qu’il voulait « obliger les Croisés à détruire activement la zone grise eux-mêmes », forçant les musulmans occidentaux à « soit apostasier … soit à [émigrer] vers l’État islamique et ainsi échapper à la persécution des gouvernements et des citoyens croisés ». Ils veulent qu’il y ait cette réaction excessive.

La seule chose qui empêche ISIS d’imploser, ce sont ses nouvelles recrues qui rendent la victoire de la guerre de propagande dangereuse. Accepter des réfugiés prive ISIS de ressources humaines. La principale source de revenus du Califat est le peuple qu’il met en coupe réglée. Un réfugié a déclaré au Times : « ISIS ne nous laissait pas partir. Ils disaient : ‘Vous allez chez les infidèles.’ «  Qu’est-ce qui pourrait être plus important que de rendre les « infidèles » plus populaires que ISIS ?

4. Les immigrants musulmans aux États-Unis réforment l’islam. Les Américains musulmans sont à 81% des Américains de première ou deuxième génération qui sont venus des pays les plus socialement illibéraux dans le monde. Pourtant, ils constituent les musulmans les plus socialement libéraux et tolérants au monde.

En fait, au cours des sept dernières années où l’immigration musulmane était à son plus haut niveau, les musulmans américains sont progressivement devenus plus tolérants socialement à propos des autres religions et de l’homosexualité. Les immigrants musulmans américains répandent la bonne parole sur les libertés des États-Unis dans le monde entier. « Quand je parle à ma famille, ils demandent : Comment se passent les rapports avec les Américains ? Et je dis : c’est merveilleux », a expliqué un réfugié syrien. L’immigration aux États-Unis crée une cohorte de musulmans tolérants qui peuvent faire face au radicalisme mondial.

5. La tradition américaine d’accepter les réfugiés doit être défendue. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont accepté des millions de réfugiés fuyant le communisme et le totalitarisme dans le monde. Le rejet par l’administration Roosevelt des Juifs fuyant l’Holocauste a été l’un des actes les plus honteux commis par un président américain.

Plutôt que de revenir à une telle politique visant un nouveau groupe de personnes persécutées, les États-Unis devraient continuer d’accepter l’immigration humanitaire, non pas parce que les réfugiés peuvent améliorer les économies locales (bien qu’ils le puissent) et non pas parce qu’ils peuvent fournir des renseignements tangibles contre ISIS (bien qu’ils le fassent), mais parce que sortir d’un chemin tracé et permettre aux gens d’échapper à la violence est le minimum absolu de décence morale.

L’Amérique n’a peut-être aucun devoir moral d’éteindre les feux dans le monde, mais elle a le devoir moral de ne pas bloquer les sorties de secours.

Traduction par Contrepoints de Five Reasons Congress Should Repeal Trump’s Immigrant & Refugee Ban.

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  • Je suis en désaccord avec le point 2.
    On ne peut pas affirmer catégoriquement que « les réfugiés ne représentent pas une menace sérieuse pour les Américains ». La vérité c’est que on en sait strictement rien. La seule chose qu’on sait, c’est que le libéralisme est en danger chaque fois qu’un État juge les groupes (« les réfugiés sont méchants ») plutôt que les individus (« tel réfugié est méchant, mais tel autre réfugié se tiendra à carreau et n’incitera pas ses gosses à détester leur pays d’accueil. »)

    Je suis également en désaccord avec le point 5. Pour faire simple : Si un djihadiste assassine un modéré qui tente de fuir en occident, c’est le djihadiste l’assassin, et non pas le propriétaire privé occidental qui exerce son droit de ne pas accueillir le modéré.

    Je suis néanmoins d’accord avec le point 3. Un pays occidental qui ne respecte pas les libertés des musulmans est un pays qui – s’en forcément s’en rendre compte – fait le jeu des djihadistes.
    Il n’y a rien de mal à ce que des occidentaux critiquent l’islam avec la même intransigeance qu’ils critiquent d’autres religions, en revanche, ce qui tend à renforcer Daesh c’est les occidentaux défavorables au respect des libertés des musulmans.

    Je suis également d’accord avec le point 4. Si un pays occidental possède une communauté musulmane, et que ce pays est libéral ou devient libéral, selon moi on assistera alors au phénomène suivant :

    La communauté musulmane se divisera irrévocablement en deux :

    – D’un côté : Une partie des musulmans interpréteront le Coran d’une nouvelle manière, comme par exemple à Dubaï où les musulmans s’autorisent quelques « vices » de temps en temps. Il se peut aussi que certains musulmans abandonnent carrément la religion musulmane, et cessent par conséquent de se considérer comme étant des « musulmans ».

    – D’un autre côté : La partie des musulmans qui restera intransigeante, qui ne consentira à aucun compromis, qui voudra continuer à « suivre l’islam à la lettre », tendra à quitter d’elle-même ledit pays libéral en choisissant volontairement, de plein gré, sans subir aucune coercition, l’option d’une émigration ou ré-émigration (« retour au bled ».)

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