Les incohérences méthodologiques d’Oxfam

En recourant à une méthodologie qui a été discréditée plusieurs fois, Oxfam prouve sans le vouloir que la lutte contre les inégalités est un échec intellectuel.

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Les incohérences méthodologiques d’Oxfam

Publié le 20 janvier 2017
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Par Mathieu Bédard.
Un article de l’Institut économique de Montréal

Les incohérences méthodologiques d'Oxfam
By: Andy WrightCC BY 2.0

Le rapport Une économie au service des 99% d’Oxfam, publié il y a quelques jours, répète les mêmes erreurs que les éditions précédentes, comme si ses auteurs n’avaient rien appris des critiques suscitées par leurs profondes incohérences méthodologiques. L’organisation semble avoir renoncé à lutter contre la pauvreté et choisi de mettre l’accent sur la dénonciation des inégalités.

L’affirmation du rapport selon laquelle « huit hommes possèdent autant que la moitié de la population mondiale » est basée sur des données justes, mais des calculs complètement faux.

Pour obtenir ces résultats, les auteurs du rapport soustraient les dettes des actifs. Par exemple, si vous avez emprunté pour acheter votre maison, on soustrait le prêt de la valeur de la maison. C’est une mesure de la richesse qui n’est pas fiable et qui rend les résultats du rapport dénués de sens.

Selon cette méthodologie, une grande partie des personnes les plus pauvres du monde sont des personnes dans les pays riches ayant un niveau d’endettement élevé parce qu’elles ont une hypothèque. L’édition 2014 commettait cette erreur et a été dénoncée par de nombreux économistes, mais cela n’a pas empêché Oxfam d’utiliser la même méthodologie en 2015, en 2016 et encore une fois plus tôt cette semaine. Ces rapports, d’une institution au demeurant respectable, ont ainsi été publiés avec des erreurs conceptuelles importantes non pas une fois, mais quatre années consécutives.

Conception surréaliste de la richesse et de la pauvreté

Comme l’ont souligné certains économistes (ici, ici et ici), l’analyse d’Oxfam laisse entendre par exemple qu’un diplômé d’une grande université qui, comme beaucoup d’étudiants, est endetté, est plus pauvre qu’un agriculteur qui n’a pas de dettes dans l’un des pays les plus défavorisés du monde. C’est une conception de la pauvreté et de la richesse complètement surréaliste ; selon cette même analyse, les États-Unis compteraient une plus large part des personnes les plus pauvres au monde que la Chine.

Les grandes déclarations du rapport sur les inégalités font de belles manchettes, mais elles répondent mal au défi du développement économique mondial. Les pays occidentaux ne sont pas passés de la calèche aux automobiles modernes et n’ont pas augmenté leur niveau de vie d’un facteur de 16 au cours des 200 dernières années, en n’ayant que le mot « inégalité » à la bouche. Ils l’ont fait par l’innovation et l’entrepreneuriat.

Parmi les recommandations « prioritaires » d’Oxfam, il faut « mettre un terme une bonne fois pour toutes à l’ère des paradis fiscaux ». Pourtant, ce débat n’a rien à voir avec la pauvreté absolue. Les recommandations de politique d’Oxfam se concentrent tellement sur les riches et l’accumulation de richesses, qu’elles en oublient même d’être préoccupées par le sort des pauvres.

Mais pourquoi le débat et la mission d’Oxfam sont-ils passés de la lutte contre la pauvreté à la dénonciation des inégalités ? C’est sans doute dû au fait que le grand combat contre la pauvreté est largement en train d’être gagné. L’économie de marché entraîne une prospérité accrue dans les pays en développement à un rythme sans précédent.

En effet, la liberté économique et l’entrepreneuriat, tous deux en croissance au niveau mondial, sont fortement associés à la prospérité et à la réduction de la pauvreté. Cela affecte non seulement le nombre de personnes vivant dans la pauvreté, mais aussi le niveau de vie de ces pauvres. La Banque mondiale a annoncé il y a deux ans que le taux mondial de pauvreté devait tomber en dessous du seuil de 10 % pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Les inégalités ne sont absolument pas pertinentes pour expliquer ce développement.

En recourant à une méthodologie qui a été discréditée plusieurs fois, Oxfam prouve sans le vouloir que la lutte contre les inégalités est un échec intellectuel. Tout comme l’aide étrangère et l’allégement de la dette des pays pauvres n’ont pas réussi à faire changer les choses, l’obsession à propos des inégalités ne sera sans doute pas un remède miracle.

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  • La lutte contre les « inégalités » a échoué 34 fois d’affilée, plongeant plus d’un milliard de personnes dans la pauvreté et les massacres.
    En 1970 il était encore vaguement acceptable d’avoir ces idéologies, le communisme était encore suffisamment opaque, en 2016 c’est criminel.

  • Oxfam est une organisation gauchiste, donc qui répète la propagande socialiste sur les inégalités, le seul argument qui leur reste puisque le lamentable échec du socialisme n’attire plus personne!

  • Oxfam c’est fou totalement que sa méthode de « calcul » soit bidon. Ce qui les intéresse c’est le buzz médiatique autour du titre.
    Aucun journaliste n’est sérieux, car aucun n’a vérifié la méthodologie d’oxfam.
    L’important c’est de manipuler les foules, de les monter contres les riches… et pour cela tous les moyens seront « bons ».
    Le militantisme d’oxfam, wwf, greenpeace, FNE, ROC, GIEC et autres menteurs se contrefout de la vérité. Seul l’objectif compte : manipuler les « pauvres » pour mettre des taxes et voir imposer un « nouvel ordre mondial » !!!

    • Exact.
      Et pour une personne qui démonte ces mensonges, combien de milliers de gauchistes de salon s’indignent sur facebook et prennent ces chiffres pour argent comptant?
      Un mensonge répéþé des milliers de fois devient une vérité.

  • Il n’est pas illogique de retirer du patrimoine les dettes mais en contre partie il faut alors compter dans le patrimoine l’ensemble des actifs que la dette que vous avez contracté, vous a permis d’acquérir.

  • Je ne sais pas trop…Un des problèmes de certains CONSTATS c’est qu’ils suggère une méthode simpliste et mauvaise pour les résoudre..les inégalités sont le résultats le plus probable d’une l’économie naturelle, forcer l’égalité des revenus est donc antiéconomique en démotivant les plus productif des travailler or l’économie est ce qui génère les revenus…
    donner aux plus pauvres n’est pas forcement un mauvais calcul social pour autant, puisque ça peut diminuer les ressources dépensées pour maintenir l’ordre et la jouissance de sa propriété.. je n’en sais rien, mais c’est imaginable..

    J’ai du mal avec les subtilités du libéralisme , le monde tel que je le vois, c’est : j’ai des patates et il y a dix types qui les convoitent , je peux acheter un fusil et eux non…et surveiller mes patates, et de ce fait diminuer ma future production de patates ..ou payer des types pour les surveiller..etc etc…
    Mais l’inégalié et la convoitise naturelle et la facilité du vol implique des dépenses pour protéger le fruit de sont travail.

    Mais les mots ont un sens, la redistribution est inepte…car les revenus ne sont pas distribués…
    En outre…ou bien on estime qu’il existe une inégalité de revenu justifiée (et on explique), on l’accepte …ou bien on prône l’égalité totale de revenu aboslue et on l’applique…

    Donner des revenus égaux à tout le monde est hypocrite Comme les taches pour générer les richesses sont différentes…il va falloir expliquer à une personne pourquoi il doit gagner la même chose qu’une personne a un boulot moins « pénible » que lui de son point de vue.. on distribue les taches au hasard? on fait « tourner »? on adapte via la durée de travail ( salaire horaire inégal : horreur ! )?
    Il faut se tordre le cerveau pour penser qu’une société quelque peu complexe puisse marcher sans inégalités de revenu vraie ou inégalité déguisée..( il faut imaginer que les tâches sont affectées au « mérite »..qui décide de cela? )..

    Il ne faut pas creuse longtemps pour savoir qu’une société complexe aura toujours un inégalité de revenus…donc…quelle égalité de revenu est justifiée?
    Si on ne sait pas répondre à cette question constater une inégalité de revenu ne vous sert à rien.

    En fait, toute personne aisée qui vit dans une société où elle voit une montée des vols et des crimes, voire des accusations morales de cupidité , mettant en péril sa situation pratiquera sa propre « redistribution » ou diminution des inégalités en payant des taxes pour augmenter les forces de police ou des milices privées ou en pratiquant la charité. J’ai tendance à penser qu’il est là le vrai mécanisme permettant la réduction « sociale des inégalités ».

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