L’eau sale dans les « guerres propres » occidentales

Depuis la guerre du Golfe, le recours à des tactiques illégales qui transforment l’eau en arme est une constante dans les guerres occidentales, qu’elles soient ouvertes (Irak, Kosovo, Libye…) ou clandestines (Yémen, Syrie…).

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L’eau sale dans les « guerres propres » occidentales

Publié le 7 janvier 2017
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L’instrumentalisation de l’eau dans les conflits armés est une tactique plurimillénaire. Selon le géographe Philippe Boulanger, dès l’Antiquité, « le détournement des eaux [est] recommandé par le stratège chinois Sun Tse dans L’Art de la guerre (Ve siècle av. J.-C.), ou par le stratège romain Frontin dans Les stratagèmes (Ier siècle apr. J.-C.) ».

D’après l’historien Jean-Nicolas Corvisier, il existe dans la Grèce antique

« une certaine conscience de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas durant les conflits (…) : ne pas utiliser des armes interdites ; ne pas empoisonner les eaux ; ne pas priver d’eau une Cité (…) Toutefois, si ces pratiques sont réprouvées, elles sont loin d’être inconnues. Certaines ont même fini par se banaliser avec le temps. (…) En revanche, l’interdit sur l’empoisonnement des eaux est beaucoup plus respecté ».

2 500 ans plus tard, et malgré le développement du Droit international humanitaire depuis un siècle et demi, le recours à des tactiques illégales qui transforment l’eau en arme est une constante dans les guerres occidentales, qu’elles soient ouvertes (Irak, Kosovo, Libye…) ou clandestines (Yémen, Syrie…).

En septembre 2016, le Huffington Post rapporta que « une station de pompage fournissant de l’eau aux quartiers d’Alep-Est tenus par les rebelles [avait] été détruite par des bombardements », ajoutant que les adversaires de Bachar el-Assad avaient « répondu en fermant une station approvisionnant le reste de la ville, laissant deux millions de personnes sans accès à l’eau potable. 

» Un an auparavant, dans un texte cosigné par cinq parlementaires français, le député syrien Boutros Merjaneh et le journaliste franco-libanais Nader Allouche dénoncèrent le fait que

« les groupes armés à Alep, qui ont pris possession de la station de pompage et d’épuration de l’eau, [avaient] décidé de couper l’accès à [cette ressource vitale], dont ils [privaient] intentionnellement la population d’Alep, qui compte encore 2,5 millions d’habitants. »

Rappelant les « relations privilégiées de la France avec les belligérants et leurs parrains » du Golfe, ils incitèrent en vain les autorités françaises à s’opposer à cette manœuvre des milices anti-Assad.

Depuis la fin décembre, le même processus d’instrumentalisation militaire de l’eau est à l’œuvre dans la région de Damas, chaque camp se renvoyant la responsabilité de cette situation tragique qui affecte près de 5 millions de civils. Comme l’a rapporté le site israélien YNetNews.com, en se basant sur des informations de Reuters,

« la source d’Aïn el-Fijé, qui fournit 65 % des réserves d’eau de Damas, a été bloquée par les rebelles ; ces derniers auraient également contaminé l’eau avec du carburant »,

tandis que les opposants à Bachar el-Assad accusent l’armée syrienne d’avoir bombardé la station de pompage de cette ville.

Durant ce conflit, les milices rebelles autant que les forces loyalistes ont utilisé l’eau potable pour déstabiliser l’ennemi, ce qui a durement touché la population. Sachant que l’État français et ses alliés soutiennent l’opposition anti-Assad, ils se sont abstenus de protester lorsque la rébellion a empêché des millions de personnes d’accéder à l’eau potable, tout en dénonçant les crimes de l’armée syrienne et de ses soutiens.

À l’aune de l’Histoire récente, cette complaisance occidentale face à de telles méthodes n’est pas surprenante, puisque les systèmes nationaux de distribution d’eau ont été systématiquement visés durant les « guerres propres » des puissances de l’OTAN (Golfe, Yougoslavie, Afghanistan, Libye), et dans les « guerres inavouables » où elles sont clandestinement impliquées (Yémen, Syrie).

Yougoslavie, Afghanistan : des guerres « propres » et « humanitaires » ?

Lancée en 1999, la guerre du Kosovo est la première application moderne du concept de « guerre humanitaire », autrement qualifiée d’« intervention d’humanité ». Or, comme l’a souligné l’universitaire Jean-Baptiste Jeangène Vilmer – qui est pourtant un défenseur de la doctrine de « Responsabilité de Protéger » (R2P) appliquée en Libye –,

« la campagne aérienne de l’OTAN au Kosovo a été une catastrophe humanitaire. Elle constitue encore aujourd’hui l’un des cas les plus exemplaires de violation du principe de proportionnalité.

La majorité des purges a eu lieu après le début des bombardements, et on a des raisons de croire qu’ils les ont accélérées. Lord Carrington lui-même, ancien ministre des Affaires étrangères britannique, Secrétaire général de l’OTAN et président de la Conférence Européenne sur la Yougoslavie, pense que ce sont les bombardements qui ont causé le nettoyage ethnique. » Moins connues de l’opinion publique, d’autres conséquences négatives de cette intervention militaire sont à déplorer, et elles discréditent la notion orwellienne de « guerre propre » popularisée en 1991, durant l’opération Tempête du désert.

En janvier 2001, un rapport de l’Assemblé parlementaire du Conseil de l’Europe critiqua l’impact écologique de cette campagne de l’OTAN en Serbie et au Kosovo. D’après ce document,

« entre le 24 mars et le 5 juin 1999, 78 sites industriels et 42 installations énergétiques en Yougoslavie ont été endommagés par les bombardements et les frappes de missiles [, ce qui a] entraîné une grave contamination de l’air, de l’eau et du sol par des substances dangereuses. » Cet impact environnemental ne s’est pas limité à la Yougoslavie, « qui possède des nappes phréatiques d’importance européenne ; leur contamination peut avoir des incidences négatives à de grandes distances du territoire yougoslave.

La situation est d’autant plus grave que les capacités d’auto-épuration des eaux souterraines sont nettement inférieures à celles des cours d’eau », selon les auteurs de ce rapport – qui soulignèrent également l’impact nocif des munitions à l’uranium appauvri. En outre, la destruction des infrastructures fournissant l’électricité ou l’eau potable – telles que les stations d’épuration –, ont massivement affecté les civils, ces frappes visant à encourager un rejet populaire de Slobodan Milosevic, alors Président de la République fédérale de Yougoslavie.

Titrant que ces opérations réduisaient les Serbes à des « hommes des cavernes », le New York Times rapporta que

« après deux mois de bombardements, qui commencèrent le 24 mars [1999], une OTAN désireuse de paralyser l’effort de guerre serbe s’[attaqua] intensivement au réseau électrique de ce pays, et les réserves d’eau dépendant des pompes électriques en [souffrirent] considérablement. Les bombes hautement explosives [causèrent] des dommages permanents à ces deux systèmes. »

Deux ans plus tard, à la suite du 11 septembre, « Tony Blair et Georges W. Bush [appelèrent] de leurs vœux la formation d’une coalition militaro-humanitaire avant d’attaquer l’Afghanistan ». Les opérations furent lancées quelques semaines après ces attentats.

À l’époque, les infrastructures garantissant l’accès à l’eau potable dans ce pays furent également visées par les avions de la coalition occidentale, qui frappèrent notamment les réseaux et les installations électriques permettant aux civils d’extraire l’eau de leur sol. Durant cet automne 2001, le peuple afghan venait de subir trois années consécutives de sécheresse. De ce fait, le cabinet de recherches énergétiques Frost & Sullivan souligna que ces frappes de l’OTAN suscitaient « de vives préoccupations en termes de santé publique et d’hygiène, puisque les villes [et les villages afghans avaient] besoin d’électricité pour pomper l’eau ».

Ce pays entrait alors dans sa troisième décennie de guerre ininterrompue, ce qui avait délabré le système national d’assainissement des eaux et d’irrigation. S’ils n’en sont pas à l’origine, les bombardements occidentaux en Afghanistan ont aggravé une situation déjà critique, alors que ce pays traversait une crise de l’eau qui a persisté jusqu’à présent.

Comme s’en est récemment alarmé le médecin humanitaire Teck Young Wee,

« partout sur cette planète, les enfants devraient pouvoir accéder à l’eau [potable]. Mais dans un Afghanistan “démocratique”, qui est soutenu par la communauté internationale et qui est le pays “le plus frappé par des drones”, Zuhair n’est qu’une personne parmi les 73 % de citoyens afghans qui n’ont pas accès à de l’eau potable et propre.

Quelque chose me contrariait alors : puisque l’État afghan et les gouvernements alliés ne semblent pas vraiment préoccupés par la résolution des causes premières de cette crise de l’eau, de celle de l’environnement et de bien d’autres [fléaux], que pouvions-nous faire, [mon ONG] et moi-même ? » Ainsi, malgré les dizaines de milliards de dollars investis par la communauté internationale dans la reconstruction de ce pays – dont une part substantielle a été détournée à des fins de corruption –, l’accès à l’eau potable reste un problème majeur pour les trois quarts des Afghans.

Sur le long terme, les tactiques ciblant les infrastructures d’assainissement et de distribution de l’eau peuvent avoir des conséquences désastreuses sur les populations (maladies infectieuses, pandémies, cancers, pénuries…). Or, considérant le manque d’études épidémiologiques sur cette question, il est impossible de mesurer l’impact de ces politiques, qui échappent souvent à l’attention médiatique.

Il est donc difficile de sensibiliser l’opinion sur ces méthodes mortifères et illégales. En effet, selon l’article 54 du Protocole I additionnel aux Conventions de Genève de 1949, de tels actes constituent des crimes de guerre. Dans certains cas, ils peuvent même être considérés comme des tactiques génocidaires s’ils engendrent la « soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle », en vertu de l’article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui fut adopté par les Nations-Unies en 1948.

Puisqu’elles ont induit le recours prémédité à des tactiques de privation d’eau potable ayant gravement affecté plusieurs millions de civils, nous allons expliquer dans quelle mesure les guerres du Golfe, de Libye et du Yémen pourraient entrer dans ce dernier cas de figure.

En Irak, l’eau est une « arme de destruction massive » depuis 1991

Au début de l’année 1991, les États-Unis, la France et leurs alliés lancèrent en Irak ce qui était présenté par CNN et d’autres médias occidentaux comme une « guerre propre », mais qui s’est avérée bien plus sale qu’on ne la décrivait.

À l’époque, les images des puits de pétrole en feu ont marqué l’opinion, et l’on se rappelle donc qu’en janvier 1991,

« Saddam Hussein [ordonna] la destruction des sites d’exploitation pétrolière dans le but de créer une pollution marine, le dysfonctionnement des usines de traitement de l’eau salée et des obstacles à un possible débarquement de la coalition.

Les forces irakiennes [mirent] le feu à 60 puits de pétrole le 21 janvier, puis jusqu’à 613 (sur 732 dynamités) à la fin de février, produisant une catastrophe écologique équivalant à 12 fois (…) le désastre de l’Exxon Valdez en Alaska en 1989 [, selon le Pentagone] ». Peu évoqué dans les médias grand public – contrairement à ces sabotages de l’armée irakienne –, un fait historique encore plus dérangeant échappe à la mémoire collective, et discrédite totalement cette notion de « guerre propre ».

En effet, selon l’expert britannique Nafeez Ahmed,

« des chiffres de l’ONU jamais remis en question démontrent qu’environ 1,7 million de civils irakiens sont morts à cause [du] régime de sanctions (…) imposé par l’Occident [à la fin de la guerre du Golfe], dont près de la moitié étaient des enfants.

Il semblerait que cette abondance de morts ait été intentionnelle. Parmi les biens interdits par les sanctions de l’ONU, l’on peut recenser des produits chimiques et des équipements essentiels au fonctionnement du système national de traitement des eaux de l’Irak. Un document secret de l’Agence de Renseignement militaire du Pentagone (DIA) (…) a été découvert par le Professeur Thomas Nagy, qui enseigne à l’École de Commerce de l’Université George Washington.

Selon lui, ce document constitue “un plan de génocide contre le peuple irakien”. » Toujours selon Nafeez Ahmed,

« dans son article scientifique (…), le Professeur Nagy expliqua que ce document de la DIA révélait, dans “les moindres détails, une méthode parfaitement opérationnelle pour ‘délabrer complètement le système de traitement des eaux’ d’une nation entière” pendant une décennie. Par conséquent, la politique de sanctions créerait “les conditions favorables à une vaste propagation de maladies, dont des épidémies de grande ampleur (…) liquidant ainsi une vaste portion du peuple irakien”. »

D’autres sources confirment cette politique génocidaire et son caractère intentionnel, dont la lettre adressée en mai 2000 par le parlementaire américain Tony Hall à la secrétaire d’État Madeleine Albright. Comme s’en alarmait alors ce représentant au Congrès,

« je partage les inquiétudes de l’UNICEF face à la détérioration permanente des systèmes d’assainissement et d’approvisionnement de l’eau sur la santé des enfants [irakiens].

Première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans, les maladies diarrhéiques ont dorénavant atteint des proportions épidémiques, et elles touchent quatre fois plus de personnes qu’en 1990. Les restrictions frappant les contrats dans le secteur de l’eau et de l’assainissement sont la première raison de la hausse des maladies et des décès.

Sur les 18 contrats concernés, 17 interdictions ont été imposées par le gouvernement des États-Unis. (…) [Madame Albright,] je vous implore de reconsidérer votre décision [d’interdire ces contrats], car les maladies et les décès sont la conséquence inévitable de ne pouvoir ni consommer de l’eau potable, ni s’assurer une hygiène minimale. »

Quatre ans plus tôt, en mai 1996, une journaliste de l’émission télévisée 60 Minutes rappela à la secrétaire d’État Madeleine Albright que cette politique de sanctions imposée par les puissances occidentales avait tué « un demi-million » d’enfants irakiens en 5 ans, selon des estimations de l’UNICEF. Visiblement choquée par ces chiffres, elle lui demanda si cela « en valait la peine ». Sans hésiter, la secrétaire d’État lui répondit par l’affirmative, ce qu’elle regrettera des années plus tard, mais sans démentir ce lourd bilan. En d’autres termes, Madeleine Albright reconnut puis confirma la responsabilité centrale du gouvernement des États-Unis dans ce qui constitue un génocide au regard du Droit pénal international.

Depuis ces aveux, aucun dirigeant occidental n’a été inquiété pour ce crime de grande ampleur, et l’Irak continue de s’enfoncer dans le chaos depuis l’invasion illégale de cette nation en 2003. À l’époque, selon le New Yorker, les soldats américains

« découvrirent un pays brisé par les sanctions. Les centrales électriques vacillaient, les canaux d’irrigation étaient bouchés, les ponts et les routes tombaient en ruine ; dans leur majorité, les infrastructures semblaient avoir été improvisées. Le gouvernement des États-Unis dépensa ensuite des milliards de dollars pour les reconstruire. »

Malgré les sommes colossales investies dans la reconstruction de ce pays, les conditions de vie de la majorité des Irakiens restent catastrophiques, notamment en termes d’accès à l’eau potable. Selon le dernier rapport annuel du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) relatif à l’Irak – qui a été publié un an avant l’offensive de Mossoul –,

« les besoins humanitaires [dans ce pays] sont énormes, et ils sont en croissance permanente. L’accès aux services de santé essentiels représente un besoin immédiat pour 8,5 millions de personnes. À travers le pays, 6,6 millions de personnes ont un besoin urgent d’accéder à l’eau, à des installations sanitaires et à de l’aide en termes d’hygiène. (…) Les systèmes de distribution hydrique et d’assainissement des eaux usées sont délabrés, ce qui amplifie le risque de crises majeures de santé publique. »

Depuis lors, selon les dernières estimations de l’OCHA, les conditions de vie de la population se sont encore dégradées, ce qui n’a pas empêché l’Irak de redevenir un producteur et un exportateur majeur de pétrole. « Mission accomplished ».

En Libye, quand la « guerre humanitaire » assoiffe la population

En 2011, vingt ans après le lancement de l’opération Tempête du désert, l’OTAN est intervenue en Libye au nom de la « Responsabilité de Protéger ». Quatre ans plus tard, pour citer à nouveau Nafeez Ahmed,

« de nombreux commentateurs parlent de la crise de l’eau qui s’aggrave à travers [ce pays], sachant que les besoins dépassent la production. Certains ont souligné le contexte environnemental de raréfaction de l’eau due aux changements climatiques. Or, ils ont ignoré le fait que [la Grande Rivière Artificielle (GRA),] le complexe système national d’irrigation patiemment construit et développé depuis des décennies afin de régler ce problème, fut délibérément ciblé et dégradé par l’OTAN. (…) En septembre [2011], (…) l’UNICEF rapporta que la destruction partielle de la GRA avait laissé 4 millions de Libyens sans eau potable. [En 2016,] la GRA est toujours en mauvais état, et la crise de l’eau en Libye continue de s’aggraver. »

Ces dernières années, d’autres experts ont confirmé une probable intensification de cette crise. Les raisons qu’ils invoquent pour l’expliquer sont principalement d’ordre naturel, telles que la rareté de l’eau dans cette région désertique. Or, les frappes de l’OTAN ont fortement détérioré le système national de distribution de l’eau en Libye, tout en retardant le développement de la GRA.

En 2016, si l’on se base sur les estimations de l’OCHA,

« environ 680 000 personnes [dans ce pays avaient] besoin d’une aide humanitaire pour satisfaire leurs besoins basiques en consommation d’eau et en hygiène (…) Le traitement des eaux usées [était] aussi de plus en plus préoccupant, en particulier pour les demandeurs d’asile et les migrants. »

Selon le spécialiste des questions environnementales Kieran Cooke, le système de la GRA « pourrait s’effondrer si le chaos en Libye perdure – aboutissant à une pénurie chronique d’eau potable qui affecterait des millions de personnes ».

Comme l’avait rapporté Bloomberg.com en mai 2015, les problèmes d’accès à l’eau en Libye sont également dus aux coupures d’électricité engendrées par le délabrement du système électrique national et les affrontements continuels entre milices rivales.

La campagne de l’OTAN ayant engendré ce chaos sécuritaire et la destruction partielle des infrastructures libyennes, elle fut donc un facteur central d’aggravation de cette crise de l’eau qui menace l’avenir de ce pays. De toute évidence, le recours à cette tactique fut intentionnel, puisque les frappes contre ces équipements ne constituèrent en aucun cas des bavures, mais des attaques planifiées et assumées par l’état-major de l’OTAN.

Au Yémen, des méthodes similaires de destruction délibérée des infrastructures d’assainissement et de distribution de l’eau sont employées par la « coalition arabe ». Bien qu’étant central, le rôle des États occidentaux dans ces opérations n’est toutefois pas assumé, sachant que cette guerre ne peut être justifiée par les motifs humanitaires attrayants qui ont légitimé l’intervention en Libye.

Au Yémen, un désastre humanitaire aggravé par les puissances de l’OTAN

Avant le conflit qui oppose depuis mars 2015 la coalition dirigée par l’Arabie saoudite aux rebelles houthis, le Yémen était déjà répertorié parmi les nations devant affronter les pénuries d’eau les plus graves. D’après certains experts, les nappes phréatiques de ce pays pourraient d’ailleurs être épuisées dès cette année. Dans un tel contexte, la guerre de la « coalition arabe » contre les Houthis a exacerbé une crise humanitaire qui préexistait, avec l’appui décisif mais confidentiel d’au moins trois États occidentaux.

En effet, comme l’a souligné Régis Soubrouillard en avril 2015, le Pentagone, la Direction du Renseignement Militaire (DRM) et la DGSE aident l’armée saoudienne à planifier ses bombardements et à sélectionner ses cibles, notamment au moyen de renseignements satellitaires.

En mai 2016, dans Le Figaro, le grand reporter George Malbrunot confirma l’implication clandestine de militaires français dans cette guerre, un haut gradé anonyme lui ayant affirmé que la France était « très discrètement cobelligérante », fournissant des « dossiers d’objectifs » ou effectuant des « missions de reconnaissance (…) non seulement par satellite, mais aussi avec des avions ».

Ce rôle opérationnel décisif des forces françaises est méconnu, car seule une poignée de journalistes l’a rapporté. En revanche, l’engagement direct des États-Unis et de la Grande-Bretagne dans ce conflit est mieux couvert par la presse anglo-saxonne, et il ne se limite pas à des ventes d’armements.

En effet, des officiers militaires de ces deux pays aident notamment leurs alliés locaux à planifier leurs opérations. La « coalition arabe » est donc une expression qui masque, intentionnellement ou non, le rôle majeur des gouvernements américain, français et britannique dans cette offensive aux conséquences humanitaires désastreuses – notamment en termes d’accès à l’eau potable.

Comme l’a rapporté Amnesty International en février dernier, « j’ai été témoin de ce que les Yéménites endurent – voir des corps tirés des décombres à Sanaa ou des restes humains parmi les gravats jonchant le site d’une station d’épuration visée par une frappe aérienne à Hajja ».

En janvier 2016, l’UNICEF expliquait que

« les enfants représentent au moins la moitié des 2,3 millions de personnes déplacées de leur foyer, et au moins la moitié des 19 millions de personnes qui s’efforcent chaque jour de trouver de l’eau potable ; (…) Les services publics de santé, d’eau et d’assainissement ont été décimés et ne peuvent pas répondre aux besoins toujours croissants d’une population désespérée. »

Ainsi, des millions de civils yéménites subissent les conséquences des bombardements massifs d’infrastructures civiles par la « coalition arabe ».

Ces opérations aggravent le manque chronique d’eau potable, ce qui favorise l’émergence ou la propagation d’épidémies de maladies diarrhéiques et de choléra. En d’autres termes, les dirigeants occidentaux ayant décidé d’appuyer secrètement cette offensive sont juridiquement coresponsables de l’aggravation d’un désastre humanitaire dans la nation la plus pauvre du Moyen-Orient.

En effet, ces opérations limitent considérablement l’accès à l’eau potable dans un pays qui connaissait déjà des difficultés structurelles dans ce domaine, sans parler des pénuries de nourriture suscitée par les bombardements d’infrastructures agroalimentaires et le blocus imposé par la « coalition arabe ».

Dans les « guerres propres », des millions de malades et d’assoiffés

Dans les pays de l’OTAN, la guerre au Yémen passe au second plan. En revanche, l’indignation politico-médiatique s’est massivement concentrée sur Alep-Est, ce qui est paradoxal puisque la reprise de ces quartiers par les forces syriennes et leurs alliés représente une défaite militaire majeure pour al-Qaïda.

À Mossoul, le même objectif est recherché par la coalition dirigée par les États-Unis, mais l’offensive contre Daech « a longuement piétiné » et les civils paient un lourd tribut dans cette opération, qui pourrait encore durer plusieurs mois. Dans ce contexte orwellien – où les jihadistes sont décrits comme « modérés » ou « extrémistes » en dépit de leur idéologie commune –, les opinions occidentales s’indignent des exactions de Bachar el-Assad et de ses soutiens, mais n’ont majoritairement pas conscience de l’implication de leurs gouvernements respectifs dans ce qui pourrait constituer des crimes de guerre, voire de génocide, au Yémen et dans les autres conflits étudiés à travers cet article.

Secrètement engagées dans des guerres inavouables au Levant et dans la Péninsule arabique, les puissances de l’OTAN y ont soutenu une coalition arabe et des mercenaires salafistes notoirement insensibles aux Conventions de Genève et aux droits de l’Homme. Entre autres actes de barbarie, ces forces sunnites ont empêché des millions de personnes d’accéder à l’eau potable.

Plus globalement, depuis 1991, les États occidentaux ont affirmé conduire des « guerres propres » en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan et en Libye. Or, durant ces opérations, les infrastructures fournissant l’eau à la population ont été massivement et intentionnellement dégradées, engendrant ou aggravant des crises humanitaires ayant affecté des millions de civils.

Et comme nous l’avons souligné, les pénuries d’eau courante ne sont que l’un des innombrables fardeaux imposés aux peuples « libérés » par ces offensives. De ce fait, et malgré les risques majeurs induits par sa présidence, il est plutôt rassurant que Donald Trump rejette les politiques de « changement de régime », qui sont hors de contrôle depuis le 11 septembre, et qui ont provoqué la plupart des catastrophes humanitaires décrites dans cet article. Néanmoins, au vu de son hostilité ouverte à l’égard de la Chine, des ex-généraux bellicistes qui domineront son équipe de sécurité nationale, et de sa volonté de durcir la guerre contre Daech en assouplissant les règles d’engagement au détriment des civils, tempérons notre optimisme et gardons à l’esprit que les promesses n’engagent que celles et ceux qui les reçoivent.

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  • C’est pas mal cet article et rempli de désinformation à souhait. J’aime bien l’idée de présenter les sanctions contre l’Irak comme responsables de la mort d’un million de personnes.
    A lire cet articulet de propagande, il n’y avait pas de gouvernement irakien et celui-ci n’est responsable de rien dans les malheurs arrivés à son peuple pendant ses 30 ans de règne dont la décennie allant de Bush père à Bush fils.
    De même la citation de lord Carrington n’est pas référencée. C’est logique, parce que ce qui est écrit dans l’article est faux : Carrington a dit que pendant les bombardements, les Serbes avaient accéléré le nettoyage ethnique, pour créer le maximum de fait accompli avant l’issue d’une guerre qu’ils allaient nécessairement perdre, et non que les bombardements avaient provoqué une opération raciste menée par les Serbes, visant à vider un territoire de sa population.
    Admirons d’ailleurs la rhétorique : les bombardements ont provoqué (ce qui est donc faux) le nettoyage ethnique. Par qui ce nettoyage ethnique a-t-il été réalisé, l’auteur de l’article ne le dira pas, puisque l’objectif n’est pas de donner une information mais de faire reposer la responsabilité sur l’OTAN.
    On se demande ce qu’un papier pareil fait sur Contrepoints…

    • De combien de conflits l’Otan est-elle responsable ces vingt-cinq dernières années? Quelles sont les conséquences objectives de ces conflits en regard des objectifs affichés?

    • Tout à fait. Article honteux, mensonges et déformations à tous les étages.

    • « Par qui ce nettoyage ethnique a-t-il été réalisé… »

      Rappelons que lors des Guerres balkaniques, les Serbes sont devenus les grands spécialistes du nettoyage ethnique, que ce soit envers les Bulgares, les Macédoniens ou les Albanais. Usant de violences qui choquèrent tous les observateurs et diplomates occidentaux en poste dans la région.

      Une lecture des premiers chapitre du livre Les somnambules de Christopher Clark éviterait à l’auteur un a priori un peu trop « victimiste » de l’histoire de la Serbie.

      • Exactement, on peut aussi citer les Bosniaques, les Croates et presque les Hongrois en Voïvodine (Milosevic a du mettre la pression sur Seselj & co pour ne pas entrer en guerre avec la Hongrie) plus récemment.

        C’est étrange qu’en France on présente les Serbes comme victimes alors qu’ils massacrent tous les non-serbes dès qu’ils le peuvent.

        Bizarre qu’ils soient haïs pour tous les peuples des Balkans.

        C’est bien d’avoir cité Christopher Clark, car les Historiens anglais contrairement n’ont pas de parti pris pro-russes ou pro-serbes qui vire souvent l’ethno-masochisme, ils préfèrent défendre la Russie ou la Serbie plutôt que la France, là bizarrement, ça ne les dérange pas, Mitterrand a envoyé ses soldats faire semblant en Yougoslavie quitte à les laisser sur faire sniper comme des lapins pour la grandeur de la Serbie).

        Pour la Bosnie plus spécifiquement il y a aussi Marko Attila Hoare.

        Trotski, envoyé en 1913 comme correspondant dans les Balkans aussi était choqué par les exactions serbes sur les Albanais, c’est dire !!!

        D’ailleurs Mladic et Karadzic ont réussi le miracle à mettre dans le même camp, les USA, une majeure partie des Juifs, l’Iran ainsi que les pays arabes sunnites pendant un bref moment.

        Enfin pour ce qui est de l’OTAN elle est intervenue pour mettre fin à des épurations ethniques en Europe dans les années 90, puis en 2001 pour lutter contre Al Qaïda. En quoi est-ce critiquable ?

        Pour l’Irak en 2003, c’était une intervention des USA et de leurs alliés mais nullement l’OTAN, d’ailleurs les Américains sont vaccinés des « faucons » ou plutôt des vrais.

  • Tout ceci est effrayant, et j’oserai demander: comment les libyens, les yéménites, les irakiens, les kosovars considèrent-ils l’occident, à la suite de ces crimes? Les puissances occidentales ne donnent-elles pas des raisons d’être haïes ? Je ne cherche pas à donner dans la culpabilisation individuelle, mais comment ne pas voir la responsabilité de l’occident dans le chaos causé dans ces pays ??

    Je revois ce reportage au JT de 20h, sur la guerre en Irak, et cette irakienne en gros plan qui accusait les occidentaux de « lancer des milliers de milliers de tonnes de bombes sur leur peuple ». Je revois aussi ces syriens en fuite interrogés par un journaliste naïf, leur demandant s’ils ne regrettaient pas de devoir quitter leur pays à cause d’Assad, et eux, restant silencieux, tout était dans leurs yeux, une expression complexe faite de commisération, d’ironie et de tristesse contenue.

  • « ce sont les bombardements qui ont causé le nettoyage ethnique »

    N’importe quoi. Lire ça dans Contrepoints, au secours ! Le nettoyage ethnique contre les Kosovars, pratiqués par les milices et les paramilitaires ultranationalistes serbes était en cours depuis dix ans. Article mensonger. Lire Paul Garde, « Vie et mort de la Yougoslavie » http://www.fayard.fr/vie-et-mort-de-la-yougoslavie-9782213605593

    • @JB

      Vous ne savez apparemment pas lire. La phrase de l’auteur est: « La majorité des purges a eu lieu après le début des bombardements, et on a des raisons de croire qu’ils les ont accélérées ». Vous avez le droit d’avoir une autre opinion, mais votre caricature est grotesque.

      • C’est faux justement, la majorité des faits de nettoyage ethnique a eu lieu avant les bombardements. C’est justement ce qui a provoqué l’intervention de l’OTAN, il ne sert à rien d’inverser les causes.

  • +1 autant le rôle de l’OTAN dans ces conflits est sujet à polémiques autant l’article fait clairement de la désinformation.

    En revanche dsl mais quand des sanctions eco sont appliqués qu’elles soient justifiées ou pas c’est les populations qui trinquent toujours et l’Irak ne fait pas exception à la regle.

    Pas pour rien que les sanctions sont désormais ciblés sur les cadres des régimes, milices et groupes d’organisations: gel d’avoir, interdiction de territoire etc etc.

    Les sanctions contre la Russie sur le plan économiques sont contreproductives, tout comme le sont encore les sanctions à l’égard de Téhéran ou de Cuba.

    Seuls les civiles subissent les embargos à grande échelle.

  • A la lecture des commentaires, je dirais que certains points peuvent être contestés dans cet article, mais que de nombreuses informations sont correctement sourcées. Il faut aussi ne pas perdre de vue que l’essentiel de l’article est le rôle joué par l’arme que constitue l’approvisionnement en eau dans toutes les guerres citées, et la contradiction qu’il y a entre mener des guerres « humanitaires » et utiliser cette arme.

    • La notion de guerre humanitaire, comme celle de guerre juste, est une des plus grosses fadaises rhétoriques de notre temps.

      • La notion de guerre juste, en Occident, remonte au moins à Saint Augustin, en passant par Saint Thomas d’Aquin ou l’École de Salamanque.

        • Et même bien avant eux. La notion tenaille l’humanité depuis que la guerre a été inventée, parce qu’il faut bien se chercher des excuses pour une pratique décontractée du sport favori de l’humanité.

          D’ailleurs, depuis, on a vu que cela, des guerres justes. Toute guerre est par définition juste, sinon on ne la ferait pas : une guerre injuste n’existe pas du point de vue du vainqueur qui prend toujours grand soin d’imposer sa vision du bien commun aux vaincus, puisque c’est là l’objet de toute guerre. Le sommet en la matière étant la disparition complète du vaincu, la simple existence de ce dernier pouvant apparaître contraire au bien commun du vainqueur.

          Ceci dit, c’est vrai, j’aurai dû tourner ma phrase autrement, à savoir que la guerre humanitaire était le dernier avatar humoristique de la guerre juste inventée il y a longtemps. Demain, on aura sans doute la guerre climatique juste, histoire de coller à la mode du moment. D’ailleurs, ce n’est pas faux car l’ennemi, dûment éliminé, n’est plus en mesure de polluer notre bon air pur. En sacrifiant l’ennemi, on sauve Gaïa, nouvelle incarnation de Baal adapté à notre temps qui se croit moderne.

          Ironie mise à part, la seule guerre vraiment juste est celle qu’on refuse de mener.

  • « Des tactiques illégales » ?

    Quelle naïveté ! A la guerre, il n’y a qu’une loi et une seule : gagner la guerre. Cette fin emporte tous les moyens, sans nuance ni limite. Sinon, ce n’est plus la guerre.

    • @ Cavaignac

      Oui, vous avez raison et il n’y a donc JAMAIS de guerre propre, encore moins « humanitaire » et donc, sur ce point, le fameux « droit d’ingérence » de B.Kouchner trouve sa limite. Qui sait ce qui s’est passé au Mali, en Centrafrique, au Cameroun?

      http://www.investigaction.net/le-dossier-noir-de-l-armee/

    • Oui, la guerre est une saleté, on est d’accord. Mais en quoi démolir les réseaux de distribution d’eau permette de la gagner, vous pouvez me dire? Cela n’atteint que les populations civiles, et les combattants, militaires ou non, eux, continueront de pouvoir s’approvisionner en eau.
      Avez-vous vraiment lu l’article?

      • La guerre vise d’abord et avant tout les populations civiles. Les militaires du camp d’en face ne sont que des obstacles temporaires à l’atteinte de l’objectif principal.

        • eh bah non c’est un processus historique datant des conflits de l’époque contemporaine, en proportion le nombre de civils tuées étaient bien moindre dans les conflits antiques médiévaux et moderne. Les conflits contemporains fonts de plus en plus de victimes civiles et de moins en moins de victimes militaires: d’une part parce le nombres de conflits interétatiques en baisse constante,au profit d’une d’une prolifération des confits intra-étatiques.

          Pour simplifier l’écrasante majorité des conflits actuels sont des guerres-civiles ou guerres-civiles-déguisés. De plus sur le plan opérationnel la guerre s’est métamorphosé avec la technologie: augmentation de la puissance de feu, de la portée etc, Sans compter que la guerre est aujourd’hui très majoritairement urbaine ou péri-urbaine ce qui n’était pas du tout le cas des conflits antiques, médiévaux et modernes ou l’on se battait dans des vallées, des plaines etc… L’approche cognitive du conflit à changé avec l’histoire.

          Les militaires du camp d’en face ne sont que des obstacles temporaires à l’atteinte de l’objectif principal: n’importe quoi aller vous cultivez au lieu de raconter des bullshits…

    • La confusion à propos de la guerre qui étreint notre temps est d’avoir cru pouvoir faire la police avec des soldats.

      S’il s’agit de deux métiers éminemment régaliens, menés tous les deux par de vrais fonctionnaires (les seuls vrais fonctionnaires avec les juges et les diplomates), ces métiers demeurent complètement différents et remplissent des objectifs en réalité opposés. Par construction, chacun est incompétent pour assurer le métier de l’autre, la réussite éclatante de la longue série d’attentats sur le sol européen et américain ayant amplement mis en lumière les conséquences des errements passés.

      Cette confusion a conduit à désarmer les soldats et à surarmer les policiers, deux options tout aussi néfastes l’une que l’autre, avec des conséquences pratiques indésirables. Le moment venu, sous la contrainte des évènements et probablement de la pression populaire, le peuple se sentant trahi par les politiciens qui se sont volontairement privés de deux outils complémentaires indispensables, on finira par revenir en urgence aux fondamentaux. Notamment, on comprendra qu’un soldat n’est pas compétent pour jouer l’humanitaire ou la police, mais pour mater ou éliminer une population civile ciblée par les politiciens. De même, on finira par admettre sous la contrainte des prochains événements dramatiques que le premier degré de la police n’est pas un corps de fonctionnaires aussi compétent soit-il, mais la population elle-même, armée comme il se doit dans un pays libre, parce qu’il est illusoire de mettre un policier devant chaque citoyen. Au passage, on note que, dans une démocratie, le policier doit être devant l’honnête citoyen correctement éduqué et non derrière. En effet, lorsque le policier est derrière le brave citoyen, on a à faire à un ordre de type fasciste et plus du tout à un régime démocratique.

      Pour illustrer le propos, on ne va pas tarder à admettre qu’ISIS est d’abord une population civile, bien avant d’être une troupe de combattants fanatisés, population facile à cerner d’ailleurs, et que résoudre la crise ISIS reviendra nécessairement à « résoudre » cette population spécifique. Dans l’immédiat, on a bien compris que nos braves gouvernants ont décidé de laisser le sale boulot aux Russes, c’est-à-dire le boulot sur le terrain, les pieds dans la boue et les mains dans les tripes, histoire de faire semblant d’avoir la conscience en paix, avec le verbe haut du roquet qui aboie vainement mais, au fond, avec le trouillomètre en dessous de zéro.

  • Excellent article. La présence française ne vise qu’une seule chose : vendre des avions à l’A.S.
    Quant à ces donneurs de leçons que l’on appelle les élites, ce ne sont que des couards.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

Aurélien Duchêne est consultant géopolitique et défense et chroniqueur pour la chaîne LCI, et chargé d'études pour Euro Créative. Auteur de Russie : la prochaine surprise stratégique ? (2021, rééd. Librinova, 2022), il a précocement développé l’hypothèse d’une prochaine invasion de l’Ukraine par la Russie, à une période où ce risque n’était pas encore pris au sérieux dans le débat public. Grand entretien pour Contrepoints par Loup Viallet, rédacteur en chef.

 

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