Vincent Peillon et Manuel Valls : frères siamois du socialisme ?

Il existe une convergence idéologique profonde, structurelle, entre Manuel Valls et Vincent Peillon. L’un et l’autre se situent sur la ligne de crête social-démocrate, même s’ils ont tendance à le nier.

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Vincent Peillon et Manuel Valls : frères siamois du socialisme ?

Publié le 5 janvier 2017
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Par Éric Verhaeghe.

Peillon, Valls : la convergence centriste
By: jyc1CC BY 2.0

Hier, Vincent Peillon et Manuel Valls dévoilaient leurs programmes pour la primaire de la gauche. Les deux rivaux ne se sont pas contentés de choisir le même jour pour présenter leurs projets. Malgré les différences qu’ils revendiquent, les deux hommes livrent des textes qui se ressemblent furieusement.

Une convergence très « centriste »

Quoiqu’en dise chacun, les deux textes se situent dans une démarche très centriste : ni Valls ni Peillon ne proposent de faire bouger les lignes, de s’installer dans un projet de rupture comme Fillon ou, à un degré moindre, Macron, ont souhaité l’avancer. Leur ambition consiste plutôt à réformer sans fâcher personne et sans modifier les grands équilibres dans lesquels le pays est installé.

Sur ce point, il existe une convergence idéologique profonde, structurelle, entre les deux personnages. L’un et l’autre se situent sur la ligne de crête social-démocrate, même s’ils ont tendance à le nier.

Deux projets siamois

Première ressemblance frappante : les deux projets reposent chacun sur des thématiques parentes, dont les intitulés sont très proches. Manuel Valls commence par évoquer une République forte avant d’évoquer une France juste. Peillon parle dans une première partie d’une République moderne et en troisième partie… d’une République forte.

Dans la République forte, Valls loge sa stratégie européenne. Peillon avance celle-ci dans une seconde partie, entre la République moderne et la République forte. Valls parle d’une refondation de l’Europe, Peillon propose un new deal européen.

Rarement on aura vu des mouvements de la pensée aussi convergents, aussi mimétiques même.

On pourrait aligner ainsi les ressemblances flagrantes entre les deux programmes.

Un même amour de l’Europe

Dans le domaine européen, Peillon propose une relance du projet européen à partir du couple franco-allemand. Il se prononce pour une baisse des déficits et de la fiscalité, avec une possibilité pour l’Union de s’endetter directement pour financer un plan de relance. Sans grande surprise, il propose un budget de la zone euro.

Valls ne propose pas, pour sa part, de relance à partir du couple franco-allemand. Mais, comme Peillon, il souhaite un grand plan d’investissement public sur le continent, et un budget européen. Comme Peillon, il souhaite rester dans les règles de réduction des déficits posées depuis plusieurs années.

La structure de la politique communautaire de Valls et de Peillon est donc relativement homogène et ne diffère pas fondamentalement.

Une même logique centriste

Sur la question des finances publiques, les deux candidats multiplient, là encore, les points de convergence.

Ainsi, Valls propose de consolider l’objectif d’un déficit sous les 3% de PIB, avec une hausse annuelle moyenne des dépenses publiques de 2,5%. Il préconise une baisse des prélèvements obligatoires. Tout ceci doit permettre de continuer à « protéger » les Français.

Du côté de Peillon, le langage est là encore très proche, même si son programme ne propose pas, à la différence de ce que Valls a publié, un « cadrage budgétaire ». Peillon propose une baisse des prélèvements, un respect des 3% et une politique d’investissement public préservant la « protection ».

On retrouve donc ici une sorte de statu quo raisonnable (ou prétendu tel) dans la stratégie de finances publiques.

L’éducation et la culture

S’agissant des politiques publiques, les deux candidats ne manquent pas de se retrouver sur des fondamentaux proches.

Peillon veut placer le travail et l’emploi au coeur de l’économie. L’éducation et la transition énergétique lui paraissent être les priorités de demain.

Pour Valls, il faut une Nation éducative et culturelle. Il préconise aussi une société du travail, mais il a oublié de parler de la transition énergétique. En revanche, il évoque le revenu universel qui n’est pas la tasse de thé de Peillon.

Sur le fond, on retrouve là encore une grande proximité idéologique entre les deux hommes.

À qui profitera le choix de la continuité ?

Les deux hommes soulignent donc, peut-être à leur insu, leur très grande proximité idéologique et même intellectuelle. On ne partage pas impunément le même parti pendant ses années de formation.

Reste à savoir lequel des deux tirera le mieux profit de ce substrat idéologique qui confirme bien l’existence de deux gauches : l’une, social-démocrate, suit le sillon tracé par Hollande en 2012, l’autre, « post-marxiste », préfère (c’est le cas de Hamon) exercer un droit d’inventaire plus direct sur l’héritage de l’actuel président. En l’état, Manuel Valls paraît le mieux armé et le plus déterminé pour gagner.

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  • Ah encore s’endetter pour des travaux dont on n’a pas besoin et dont il faudra assumer les coûts de fonctionnement…
    Ah encore plus d’Europe qui ne fonctionne pas et qui amène tous ses pays excepté l’Allemagne à la misère…
    Au secours.

  • Peillon, Valls, sociaux-démocrates ? Ce qui est affirmé sans preuves peut se réfuter sans preuves. Mais l’idée est lancée et peut aisément se réfuter :
    – Sont-ils sociaux ? Endettement du pays et fiscalité sont de signe contraire. Baisser dette et impôts concomitamment est donc antinomique. Ils ne sont donc pas  »sociaux » mais socialistes, c’est à dire intrinsèquement menteurs.
    – Sont-ils démocrates ? Aucun d’eux ou de leurs pairs ne propose ni n’a l’intention d’introduire dans la Constitution le référendum d’initiative populaire de façon équivalente avec ce qui se pratique en Suisse. Confiscateurs du pouvoir politique au profit de leur seule caste, ils ne sont donc pas démocrates.
    Il est possible d’aller plus loin :
    – Sont-ils progressistes ? Non, parce que ce qui est soutenu dans leurs programmes est déjà dans les tuyaux au niveau européen, et ils n’en sont pas les initiateurs. N’est pas progressiste le fait de suivre de façon opportuniste ce qui a été élaboré et mis en place par plus compétents qu’eux.

  • « Leur ambition consiste plutôt à réformer sans fâcher personne et sans modifier les grands équilibres dans lesquels le pays est installé »… Ah oui, je n’avais pas remarqué ces grands équilibres… Il me semblait plutôt que la France s’enfonçait chaque jour un peu plus et dans tous les domaines : économiques, culturels, sociétaux… grâce, en grande partie, à ces messieurs et leurs amis et alliés.
    Quant à leurs promesses, elles valent autant que celles de FH en 2012 :
    « Moi Président…! »…

  • Il faut ajouter que leurs programmes ne sont pas très élaborés. Pourquoi se fatiguer quand on n’a quasiment aucune chance de l’emporter?…

  • Peillon, social-démocrate qui a déclaré  » qu’on ne pourra jamais construire un pays de liberté avec le catholicisme »et « qu’il appartient à l’école de produire un individu libre , émancipé de toutes les tutelles politiques, religieuses, familiales, sociales »? Y aurait-il un rapport avec ses propres origines, dont son père, dernier directeur de la BCEN, la banque soviétique en Europe?

  • Des champions de slalom spécial !
    Heureusement il ne passeront pas la première porte…
    Voilà que même les fonctionnaire (pour partie) vont voter à droite. Les petits chatons socialistes commencent à ouvrir les yeux.

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