« Une Histoire du Brésil », par Michel Faure

Une très belle découverte.

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« Une Histoire du Brésil », par Michel Faure

Publié le 12 décembre 2016
- A +

Par PABerryer.

51omi0ezhfl-_sx317_bo1204203200_Il est des livres que l’on n’aurait jamais pensé lire, non pas par rejet, mais simplement du fait que l’idée ne nous aurait jamais traversé l’esprit. Ce genre de livre peut évidemment se révéler une déception mais est très souvent une belle découverte. Une histoire du Brésil par Michel Faure fait partie de ces belles découvertes.

Lorsque l’on me l’a proposé je me suis rendu compte que j’en savais assez peu sur l’histoire de ce vaste pays. Quelques faits marquant, deux ou trois anecdotes, mais rien de façon générale. Curieux de nature et passionné d’histoire, j’ai sauté sur l’occasion !

Ce livre a très bien répondu à mes attentes. J’y ai découvert une présentation globale mais en même temps suffisamment détaillée pour qu’elle ne relève pas de l’exposé de Science Po. À travers cette présentation l’on peut saisir les dynamiques de la vie de ce pays et mieux comprendre sa situation présente. Attention toutefois, s’il s’agit d’un travail sérieux et raisonnablement documenté, il ne s’agit pas d’un travail d’historien mais de journaliste. Je suis juriste et j’écris cela sans connotation négative. Cet ouvrage est une sorte de grand reportage sur l’histoire du Brésil, ne vous attendez donc pas à une œuvre scientifique, mais à un bel ouvrage de vulgarisation.

Cette histoire débute avec la découverte par les navigateurs européens de ce qui sera le Brésil. Il manque un chapitre, même succinct, sur le Brésil pré-colonial, en particulier une description des différents peuples y vivant, ou encore sur l’histoire du peuplement. Mis à part ce regret, c’est une présentation passionnante des différentes étapes de la construction de ce pays. Aux XVIIème et XVIIIème siècle il a été ce que le Far West a été au XIXème : une terre de découvertes, d’aventure, de richesses. La comparaison cesse sur le constat que le Brésil n’a pas su faire naître cet esprit entrepreneurial qui fit le succès des USA.

Une des raisons de ces différences est la question de l’esclavage. Ce dernier est une donnée essentielle de l’histoire du Brésil. L’auteur avance le chiffre de 75 millions d’Africains déportés au Brésil. Ce chiffre est manifestement exagéré, sachant que l’on estime à 12 millions le nombre des victimes de la traite européenne.

Plus que les questions de chiffres, il est très intéressant de constater que le Brésil ne connait pas la question raciale comme aux USA. Le mélange et le métissage font partie de l’identité brésilienne et cette société n’a connu qu’une version très dégradée de la ségrégation. Alors que les USA sont encore durement marqués par cette question, rien de tel au Brésil. Si ce dernier n’a pas connu de guerre civile ayant pour justification la question de l’esclavage, il y a sacrifié sa monarchie. En effet, le Brésil a été la seule monarchie, sous sa forme impériale, d’Amérique du Sud. C’est pour avoir aboli l’esclavage que l’empire a été renversé par un coup d’État mené par des militaires progressistes. Étrange paradoxe que des progressistes aient agi contre l’abolition de l’esclavage !

L’idéal du progrès est une donnée essentielle du Brésil contemporain. Le positivisme d’Auguste Comte a connu un engouement extraordinaire au Brésil. La devise de ce pays, que l’on retrouve sur le drapeau, y fait directement référence : « Ordem y Progresso ». C’est une donnée structurante pour tous les régimes qu’a connus le Brésil depuis la fin de l’empire des Bragance. Républiques ou dictatures militaires y ont tous fait référence, traduisant cet idéal de façon diverse mais toujours l’ayant en tête. De quoi donner à réfléchir à tous ceux que cette idée de Progrès interpelle.

En conclusion, je ne peux que vous encourager à vous procurer l’ouvrage. Intéressant et facile à lire, que demander de plus ?

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  • PABerryer vous dites que le chiffre de 75 millions d’Africains déportés au Brésil. Ce chiffre est manifestement exagéré, sachant que l’on estime à 12 millions le nombre des victimes de la traite européenne. Votre justification reste à démontrer. La culpabilité des blancs fait qu’ils ont la fâcheuse tendance à miniser les choses.
    Je ne partage pas l’idée de dire que cette société n’a connu qu’une version très dégradée de la ségrégation. Il faut m’expliquer pourquoi les noirs de ce pays sont toujours au bas de l’échelle, et pourquoi n’accèdent-ils pas au pouvoir.

  • Les commentaires sont fermés.

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