Hollande : le changement, c’est (vraiment) maintenant !

François Hollande signe son échec et s’en va, peut-être en scooter, sur un dernier semblant de réussite débité sur un ton presque larmoyant qui pousse à se demander s’il est véritablement maître de sa décision.

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Hollande : le changement, c’est (vraiment) maintenant !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 décembre 2016
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Par Nathalie MP.

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Si ce n’est le ton pitoyable sur lequel elle a été prononcée, c’est par une allocution qui aurait tout aussi bien convenu à une déclaration de candidature, tant elle n’énumère que des réussites mirobolantes, que le Président sortant François Hollande a annoncé hier soir, premier jour d’inscription pour les primaires de gauche, qu’il ne se représenterait pas. 

Une élection complètement dingue

Comme l’a dit le candidat écologiste Yannick Jadot dans la foulée de la déclaration du chef de l’État, « cette élection présidentielle est complètement dingue ! » Oh que oui ! Quel sera le prochain coup de théâtre ? On peut légitimement se le demander tant rien ne se déroule comme prévu dans cette course à l’Élysée qui nous fait soudain courir de surprise en surprise !

Je me désolais bien à tort en pensant que le temps serait long et ennuyeux jusqu’à mai 2017 ! Car depuis quelque temps, on a comme l’impression que le changement, c’est enfin maintenant !

Il y a seulement quelques semaines, on voyait se profiler un second tour Juppé-Le Pen, et sa variante éventuelle Sarkozy-Le Pen. Mais on croyait aussi deviner en embuscade un Hollande calculateur et manipulateur, et on se laissait à imaginer pour lui toutes sortes de scénarios complexes qui lui permettraient finalement de rafler la mise dans la primaire de gauche, puis de s’imposer pour un second mandat face à une Marine Le Pen dûment encouragée.

Aujourd’hui, Sarkozy, Juppé et Hollande sont hors concours. Des « grands » candidats, il ne reste plus que Marine Le Pen, dont la position est loin d’être aussi solide qu’auparavant du fait de la disparition des trois précédents. Si les instituts de sondages sont souvent accusés de ne pas rendre compte correctement de l’état de l’opinion, reconnaissons qu’ils ont toujours averti sur le fait que les Français ne voulaient plus revivre le match Sarkozy-Hollande. Eh bien, c’est chose acquise et la présidentielle s’annonce maintenant comme plus ouverte que jamais !

L’aveu d’échec de Hollande

Sans considérer sérieusement une victoire ultime de François Hollande, dont la cote de popularité est au plus bas de façon constante depuis très longtemps, j’étais cependant convaincue qu’il se représenterait pour la simple raison que ne pas se représenter équivalait à signer son échec. La condition qu’il s’était imposée sur l’inversion de la courbe du chômage commençait du reste à prendre mathématiquement forme grâce aux mises en formation accélérées de ces derniers mois.

De son côté, le Parti socialiste avançait argumentaire sur argumentaire pour défendre le bilan du quinquennat. Hé oh, la gauche ! Ça va mieux et le bilan du Président est excellent, faites passer le message ! nous répétait inlassablement Jean-Christophe Cambadélis qui a manifestement décidé de ne pas se laisser voler les fruits de son intense travail d’imagination. Dans un tweet censé saluer la décision de François Hollande, il continue à soutenir la thèse du grand Président et accouche d’une explication proprement  extraordinaire : si le Président renonce, c’est pour « protéger son bon bilan » !

Écoutons le Président de la République et réalisons à quel point, selon ses propres dires, il mériterait de se représenter (vidéo, 09′ 50″) :


REPLAY. François Hollande : « J’ai décidé de ne… par publicsenat

« Depuis mai 2012 (…) j’ai agi pour redresser la France et la rendre plus juste. Aujourd’hui, les comptes publics sont assainis, la Sécurité sociale est à l’équilibre et la dette du pays a été préservée. (…) Modèle social conforté … lutte contre le réchauffement climatique … mariage pour tous … etc… »

La réalité, c’est que malgré tous ces merveilleux accomplissements, François Hollande ne se représente pas. La réalité, c’est que le merveilleux n’existe que dans l’esprit foncièrement créatif des derniers soutiens de Hollande.

Le compte n’est pas bon

Dans le détail, les comptes publics ne sont pas assainis, il sont maquillés. La sécurité sociale n’est pas à l’équilibre, elle a été renflouée par des fonds divers et variés, en provenance de la CSG notamment, et les améliorations existantes sont le résultat de la réforme Woerth de 2010, pas des folles élucubrations de Mme Touraine. Quant à la dette, que veut dire préservée ? Entre décembre 2012 et juin 2016, elle est passée de 1834 à 2171 milliards d’euros et de 90 à 98 % du PIB.

La réalité, c’est que même à gauche et à la gauche de la gauche existe un sentiment persistant d’échec et un désir acharné de changement de tête qui s’est matérialisé dans la demande et l’obtention d’une primaire. La réalité, c’est qu’un ministre de l’Économie a démissionné pour se présenter contre Hollande en pointant les immobilismes de l’exécutif et qu’un Premier ministre a été récemment à deux doigts de le faire pour éviter de couler avec le Président.

Que se sont dit Hollande et Valls lors de ce fameux déjeuner qui s’est achevé sur le statu quo ministériel ? Quel marchandage y a-t-il eu entre eux ? Hollande avait-il déjà décidé de partir, conforté dans sa décision par sa popularité en berne, l’ampleur du rassemblement qui s’était formé autour de François Fillon et les incitations pressantes de ses « amis » ? Ou, plus prosaïquement, obligé par sa totale impuissance face à la déliquescence d’un pays qu’il a accentuée et ne sait plus endiguer ?

Une France tout sauf apaisée

La réalité, constate amèrement François Hollande, c’est que j’ai agi sans redresser ni apaiser la France, à tel point que plus personne ne peut me voir en peinture, que ce soit les collectivistes, les socio-démocrates ou les libéraux :

« Aujourd’hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle. »

Et c’est ainsi que François Hollande signe son échec et s’en va, peut-être en scooter, sur un dernier semblant de réussite débité sur un ton presque larmoyant qui pousse à se demander s’il est véritablement maître de sa décision. Et qui pousse ensuite à se demander qui pourrait bien être en train de tirer les ficelles.

À droite, les cartes ont été rebattues assez largement en faveur de François Fillon. L’extrême-droite a également ressenti la secousse car son succès devait beaucoup à l’horrible UMPS incarné par Hollande, Juppé et Sarkozy. Comment va se rééquilibrer la gauche après la défection surprise du Président ? Qui va bénéficier de l’espace qui vient de se libérer ?

Dans la primaire de gauche, dont le vainqueur bénéficiera du soutien, des finances et des parrainages du Parti socialiste, on pense d’abord à Valls (le côté « réformiste » du socialisme) qui apparaît maintenant comme le grand responsable de la révolution de palais qui s’est jouée hier. Hors de la primaire, on pense alors plutôt à Mélenchon (le côté archaïque du socialisme) qui pourrait récupérer les déçus frondeurs de la primaire.

Mais instruits par les surprises incroyables de cette présidentielle, on ne peut exclure les chances d’Emmanuel Macron d’apparaître comme un recours beaucoup plus cohérent que Valls du fait de sa démission préalable. On ne peut exclure non plus l’arrivée d’un Bayrou qui nous a déjà fait part de son insatisfaction vis-à-vis de François Fillon et dont on connaît la proximité avec le sortant auquel il a apporté ses suffrages en 2012.

Surtout, instruits par les surprises incroyables que nous a déjà réservées cette élection présidentielle qu’on pensait pliée, on attend avec impatience les prochains développements.

Valls mis à part, qui d’autre pourrait avoir soudain envie d’entrer dans la primaire de gauche ? Aubry, dépassée par Hollande en 2011 et qui pourrait s’imaginer retrouver un espace politique de gauche contre Valls l’ultra-libéral ? Ou Taubira, qui a expressément démissionné du gouvernement contre la politique sécuritaire de Valls l’ultra-autoritaire ? Ou Royal, qui du haut de ses 17 millions de voix de 2007, pourrait vouloir continuer à préserver les papillons et les abeilles ainsi que la dynastie Hollande au sein du pouvoir ?

Mes amis, plus que jamais, « le changement, c’est maintenant », alors à très bientôt pour de nouveaux rebondissements !

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