La e-médecine sera-t-elle la solution aux déserts médicaux ?

Les déserts médicaux se multiplient en France. Les consultations à distance sont-elles la solution ?

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Médecine (Crédits : Adrian Clark, licence CC-BY-ND 2.0)

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La e-médecine sera-t-elle la solution aux déserts médicaux ?

Publié le 29 novembre 2016
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Par Louis Malbète.
Un article de Trop Libre.

Médecine (Crédits : Adrian Clark, licence CC-BY-ND 2.0)
Médecine (Crédits : Adrian Clark, licence CC-BY-ND 2.0)

Les déserts médicaux prennent chaque jour davantage d’ampleur, à mesure que les anciens praticiens des campagnes partent à la retraite et que leur départ n’est pas compensé dans leur, intégralité par de nouveaux arrivants. La France connaît aujourd’hui une pénurie de médecins généralistes. Ainsi, d’après l’Atlas national de la démographie médicale 2015 publié par le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM), la densité moyenne nationale de médecins généralistes est passée d’environ 100 pour 100 000 habitants en 2007 à 88.7 aujourd’hui.

Pénurie de médecins généralistes en France

Les statistiques montrent qu’aucune région ne serait épargnée par cette diminution. Cette même publication du CNOM indique l’existence de 192 déserts médicaux sur le territoire ; 2.5 millions de Français seraient actuellement touchés par ce problème d’accessibilité à un médecin. Beaucoup rejettent la faute sur le Numerus Clausus dans les facultés de médecine, qui serait trop faible. Or celui-ci est en constante augmentation depuis 10 ans et n’a jamais été aussi haut. Le problème réside donc au-delà de la sélection à l’entrée des facultés et l’on peut supposer que la différence d’attractivité entre les territoires se reflète dans les disparités en termes de densité médicale. Quel remède donc à ces déserts médicaux ? Comment garantir à toute la population française un accès simple à un médecin ? Si les solutions miracles n’existent pas, il semblerait tout de même que le numérique et les nouvelles technologies puissent aider à contenir ce phénomène de désertification médicale.

La e-médecine se développe chaque jour un peu plus. Comme son nom l’indique, elle consiste en la pratique de la médecine, en utilisant des ressources numériques afin d’améliorer la prise en charge des patients et les soins qui leurs sont prodigués. Elle existe déjà sous sa forme administrative depuis un certain temps, avec les systèmes informatiques qui permettent aux hôpitaux de traiter directement les cartes vitales, ou le Dossier Médical Partagé (DMP) qui est un dossier médical hébergé sur un serveur accessible à tous les praticiens, et qui permet d’avoir instantanément les informations médicales sur chaque patient. Mais rares sont encore les pratiques médicales qui tirent pleinement profit du numérique. La e-médecine dans sa forme purement médicale n’existe aujourd’hui qu’à titre expérimental.

Les consultations à distance sont-elles la solution ?

La forme la plus connue de cette e-médecine ou télémédecine, consiste en la réalisation de consultations à distance. Le patient se rend ainsi dans une salle dédiée dans sa commune, équipée d’une webcam et d’un casque-micro, et réalise la consultation avec le médecin par visio-conférence. Le patient a également à sa disposition certains appareils faciles d’utilisation, tels qu’un tensiomètre, afin de contrôler certaines de ses constantes physiologiques les plus basiques. Enfin, s’ajoute à tout ceci, dans certains cas, un(e) infirmièr(e), présente afin de réaliser certains actes ou examens ; cela permet par la suite de faire un compte-rendu au médecin qui opère à distance face à ses écrans. Il peut également envoyer instantanément une ordonnance, qui s’imprime directement dans la salle où se trouve le patient.

Des robots médecins ?

Mais les consultations à distance ne sont pas les seules formes de télémédecine. Une autre possibilité offerte par le développement du numérique et des nouvelles technologies réside dans les intelligences artificielles et l’utilisation du Big data. Ainsi, des robots dotés d’une intelligence artificielle pourraient également réaliser un pré-diagnostic de patients, en les questionnant sur leurs symptômes, selon un algorithme préalablement défini, avant de recouper ceux-ci avec toutes les informations et connaissances intégrées dans sa base de données (programmes algorithmiques bien sûr, mais aussi publications scientifiques, cas similaires précédents, donnés épidémiologiques…), et d’envoyer le tout à un médecin. Le robot agira donc comme une aide à la prise de décision du médecin, qui restera, bien entendu, seul décisionnaire. Et ceci, tout comme les consultations par visioconférence, présente l’avantage de se faire à distance, évitant au patient de se déplacer, parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour parfois très peu de choses. Cela fait également gagner du temps au médecin, à l’heure où les salles d’attentes sont surchargées et où les délais de prise de rendez-vous augmentent constamment. Bien sûr, les intelligences artificielles en médecine n’en sont qu’à leurs balbutiements, mais les apports potentiels pour la médecine dans le futur demeurent considérables.

Ces nouvelles technologies pourraient se révéler extrêmement utiles dans leur application au problème des déserts médicaux. En effet, tant la réalisation de consultations à distance, comme de pré-diagnostics en ligne, semblent pouvoir être des solutions plausibles en vue de la résorption de la pénurie de médecins généralistes, qui touche la France de manière assez généralisée. Bien entendu, cela ne règlera sans doute pas l’intégralité du problème d’accès à la médecine, mais pourrait au moins contribuer à endiguer son développement.


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  • Comment dire, je ne le sens pas du tout…. :-)))) ca va etre trés chronophage et trés couteux, ( le poste à la mairie, l’informatique qui marche bien, si elle marche, l’infirmiére etc…établir la connexion, la webcam qui déforme, je ne parle pas du medecin qui va attendre les résultats etc… cela parait mal engagé )
    cela pourra peut etre aider pour la « bobologie » ou les  » affaires courantes…
    quant au robot, il va falloir lui inculquer quelques mots de patois ou d’argot par ex.. leur apprendre à REFORMULER les questions auxquelles les patients répondent mal ou pas…  » vous avez mal depuis combien de temps ? »  » oh, un bon moment, va… »  » c’est quoi un bon moment, un mois, 15 jours, une semaine ? »…  » bah, j’vous dis un bon moment, quoi »… « oui mais…..blabla  »
     » ah ben j’me souviens, c’est quand j’ai pris le train pour X.. que ca a commencé.. il faisait froid, c’était le matin , je tenais ma valise à la main etc etc… »
    je ne doute pas que les robots soient intrinséquement dotés de patience.. arrivent à trouver le  » truc » linguistique qui fait que tout d’un coup, dans un flot de paroles, on arrive à « extraire » l’élement clef qui va faire penser éliminer une étiologie potentiellement grave.
    je vous invite à lire quelques blogs médicaux, relatant des histoires vraies, pour vous rendre compte des problèmes rencontrés dans la vraie vie…:-)
    dont celui de JADDO http://www.jaddo.fr/2014/10/09/mme-sissoko-la-medecine-generale-et-autres-gnangnanteries/

  • J’ai connu un radiologue parisien, qui, sentant sa fin prochaine dans la Capitale, acheta du matériel d’occasion et nous le fit installer dans un cabinet d’une petite clinique en province bourguignonne. Un cabinet de radiologie équipé de matériels neufs, devait valoir à cette époque, aux environs de 500KF. Aujourd’hui, si on prend un cabinet d’un généraliste, j’imagine que ce n’est pas le matériel qui coute cher, c’est la clientèle que ce généraliste s’est constitué et qu’il ne peut « revendre » ou « faire reprendre » par un jeune médecin dont les objectifs professionnels ont été bouleversés ces dernières années. L’insécurité vis à vis de certains de ses « patients », l’administratif obligatoire par l’Etat socialisant, les scandales médicaux du type « médiator » voir les campagnes de « vaccinations obligatoires » du type H1N1, objet de déficits généralisés de l’Assurance Maladie à l’avantage des laboratoires pharmaceutiques auprès desquels beaucoup de médecins sont des « obligés » suites aux généreux cadeaux offerts à ces prescripteurs.
    Alors, les déserts médicaux, ce sont eux qui les ont « construits » avec l’aide de nos tètes d’œufs qui nous ont fermés les « petits » hôpitaux de provinces » tout ça pour économiser et faciliter la mise sous contrôle de tous les « clients ». Alors, aujourd’hui, les petites municipalités, sentant leurs fin prochaine, montent des projet de regroupement de professionnels médicaux, mais est-ce que cela va suffire, peut être pas, car le mal est très profond. Le politique a tout détruit, pour le bien de quelques très hauts fonctionnaires inamovibles, des directeurs, disons plutôt, des gestionnaires des grands hôpitaux, sans oublier certains « professeurs » et assureurs et laboratoires d’analyses en tout genre.
    Comment vont-ils faire pour empêcher les français de pratiquer l’automédication, le tourisme médical, les médecines douces et autres herboristeries d’antan?. Gageons que nos gouverneux, vont nous obliger à quelque chose d’autre, cogité par des spécialistes parisiens, pour éviter que l’on sache comment ont « disparu » les milliards de la Sécurité Sociale.

    • Aujourd’hui on ne reprend pas de clientèle de généraliste pour la simple raison qu’elle ne « vaut » rien ! On attend qu’il ou elle parte et on s’installe après ou pas. Ne confondez pas non plus laboratoire d’analyses qui pour survivent ont du « s’associer » entre eux et l’industrie pharmaceutique. Par ailleurs les cadeaux des laboratoires n’existent plus vraiment depuis plus de 10 ans pour la majeure partie des médecins. Il existe encore des pratiques douteuses avec des rémunérations contre enquêtes dont les protocoles sont plus que limites.

  • correctif : qui va faire éliminer…

  • Il n’y a pas vraiment de « déserts médicaux »… un mythe en grande partie. Ils sont très rares. Simplement des patients qui sont obligés de faire un peu de route et qui la font pour leur course mais pas pour le médecin ! Des mairies en mal de reconnaissance, des hôpitaux obsolescents, …

  • Si déjà on supprimait de nos cabinets tous ces motifs de consultation : un nez qui coule, un enfant qui a un bleu, un autre qui a vomi une fois la nuit, un autre parce que son caca n’est pas comme d’habitude, un autre enrhumé qui a peur de se mettre à tousser et réveiller sa compagne, un parce qu’il ne s’est pas réveillé et espère avoir un arrêt de travail, une autre parce qu’elle a lu un bouquin qui préconise un chek-up et qui n’avait probablement rien d’autre à faire de sa journée, une mère affolée parce que sa fille a 37.9 depuis 2h …bref tous ces gens qui sont complètement gavés de consumérisme médical, qui ne se rendent même pas compte qu’ils n’ont rien à faire dans les cabinets médicaux, que leur maladie n’en n’est pas, qui n’ont même plus aucune notion de ce qu’enseignaient les mères, les grands-mères : le rhume, la fièvre, une bosse, et qui n’ont aucun réflexe de bon sens  » j’ai mal à la tête mais je n’ai pas pris de cachet car je voulais vous montrer que j’avais mal », « je voudrais faire une radio car ça me rassurerait »….. enlevez-les déjà toutes ces consultations qui n’en sont pas et ce sera du temps et de la place dégagés pour la vraie médecine (et sans compter ce que les hôpitaux et leurs services d’urgence récupèrent aussi comme bobologie).
    Savez-vous que nos chers politiques mettent des aides à l’installation pour ceux uniquement qui s’installent en groupe ?
    Quel syndicat médical s’est insurgé contre cette discrimination à l’installation seule ?? Aucun. Pourtant il est parfois moins difficile qu’un médecin motivé à travailler ainsi, s’installe dans une ville ou village, dans son petit local à lui, que de bâtir à coup de millions d’euros des maisons, véritables gouffres financiers à entretenir, qui n’apportent pas de nouveaux soignants mais au mieux regroupent ceux déjà existants. Là encore bravo à ces politiques, pour le dégoût qu’ils occasionnent à ces potentiels jeunes.
    Alors allons-y pendant ce temps faisons croire aux gens que leur appendicite sera diagnostiquée via un écran sans qu’on leur chatouille l’hypocondre, faisons croire qu’un algorithme sera le bras droit de nos médecins cliniciens et surtout, oublions de préciser aux français, que nous sommes en train de vivre une catastrophe sanitaire sans précédent causée par les politiques, et masquée par des pseudos rustines de ces derniers.

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Non, il n’y a pas de déserts médicaux.

D’abord il n’y a pas de déserts : un désert est par définition un endroit où il n’y a personne : nul besoin de médecins dans un endroit où il n’y a personne. S’il y a des gens pour se plaindre de ne pas trouver de médecins, c’est que l’endroit où ils habitent n’est pas un désert. En France, depuis 7 000 ans et l’installation de l’agriculture et de l’élevage il n’y a plus de déserts, sauf peut-être en haute montagne, et encore ! Allez faire un tour sur le Mont-Blanc en ét... Poursuivre la lecture

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