Primaire à droite : ce qu’il faut retenir du débat Fillon-Juppé

Le débat d’hier soir entre François Fillon et Alain Juppé n’aura rien révolutionné mais souligne l’inanité du positionnement d’Alain Juppé.

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Primaire à droite : ce qu’il faut retenir du débat Fillon-Juppé

Publié le 25 novembre 2016
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Par Alexis Vintray.

François Fillon (Crédits Rama, CC-BY-SA 2.0)

Le débat télévisé entre François Fillon et Alain Juppé s’est donc tenu hier, à 2 jours et demi du second tour de la primaire ouverte de la droite et du centre. Un duel très attendu après les attaques polémiques d’Alain Juppé envers un François Fillon grand favori. A-t-il été à la hauteur des attentes ? Tour d’horizon de ce qu’il faut retenir du débat

Deux positionnements réaffirmés lors du débat

Le débat a souligné les différences de positionnement entre les deux hommes, plus que des différences de programme. Ainsi François Fillon a clairement assumé l’ambition de son programme, dont la radicalité est nécessaire selon lui pour espérer sortir la France de l’ornière et viser en dix ans la place de première puissance européenne.

Alain Juppé a joué comme à son habitude la carte de la modération et de la raison, sur un positionnement résolument chiraquien. Il a aussi été à fond dans son rôle de technocrate, volontairement ou pas, parlant chiffres, dosage et savante alchimie de réformes. Malgré plusieurs instants de flottement, comme sur l’ISF ou sur les premières réformes qu’il mettrait en oeuvre avant le 15 août 2017 : « deux ou trois réformes de structure qui montreront que tout change ».

Pour autant, sur le fond des réformes, on est resté sur sa faim, avec un peu de flou de part et d’autre, en particulier sur le temps de travail des fonctionnaires chez François Fillon.

Fillon, patron ?

François Fillon a toutefois dominé le débat indirectement et en imposant quasi systématiquement les sujets, à chaque fois ou presque liés à ses propres prises de position : la Russie, 500 000 suppressions de postes dans la fonction publique, etc. De quoi poser le débat et se donner une longueur d’avance.

Alain Juppé n’a, il est vrai, pas été aidé par les questions des journalistes sur des sujets bien souvent au ras des pâquerettes ou des polémiques de bas étage. Polémiques qui lui ont bien souvent fait mal, en particulier quand, de façon incompréhensible, il s’est lui même enfoncé à plusieurs reprises, rappelant sa condamnation en justice, l’association qu’on lui prête avec l’islam radical (« Ali Juppé ») ou l’échec en librairie de ses livres-programmes.

La domination de François Fillon dans le choix des sujets a été renforcée par les postures physiques : un Fillon qui aura à peine regardé son adversaire et qui cherchait manifestement à renforcer sa stature présidentielle. À l’inverse, désireux probablement de remettre François Fillon à son niveau, Alain Juppé l’a systématiquement appelé par son prénom, cherchant son regard, mais a pâti de manifestations physiques qui ont énormément intrigué les internautes sur Twitter :

 

Fillon ou Juppé, qui a emporté le débat ?

Pour un regard extérieur, il n’y a eu que peu de coups d’éclats de part et d’autre, en particulier avec un François Fillon qui n’a pas pris de risques et a déroulé ses arguments pour mobiliser son électorat. Et les Français ne s’y sont pas trompés, n’accordant qu’une avance moyenne à François Fillon, jugé à 57% le plus convaincant selon Elabe/BFM dans un sondage à chaud parmi un petit millier de téléspectateurs représentatifs.

Pour les électeurs de droite, il en a probablement été très différemment, avec un Alain Juppé qui n’a que marginalement essayé de leur parler, allant jusqu’à conclure le débat par un éloge de la diversité qui semblait plus calibré pour une primaire de gauche. À l’inverse, François Fillon a tenu bon sur son programme et tenté de donner des gages à l’électorat de droite sur l’éducation, la réforme de l’État, l’identité nationale, etc. Des positions que l’on peut approuver ou non mais qui résonnaient bien davantage auprès du cœur de l’électorat qui devrait se mobiliser dimanche.

Cela s’en est ressenti dans le même sondage Elabe/BFM, puisque 71% des sympathisants de la droite et du centre ont jugé Fillon meilleur, contre 28% Juppé. De même, sur les réseaux sociaux, François Fillon accentuait son avance sur Alain Juppé :

De même, les lecteurs de Contrepoints préféraient largement François Fillon à Alain Juppé dans un sondage informel organisé pendant le débat :

Il fallait pour Alain Juppé renverser la table et gagner de manière décisive le débat ce soir, auprès des électeurs de droite. Il en a été très loin. Suffisamment pour finir à 25% des voix dimanche ? Cela reste une hypothèse sérieuse pour moi…

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  • On a pu remarquer que la caméra a montré le premier banc des soutiens d’Alain Juppé et a évité ceux de François Fillon. Les journalistes, en outre, étaient aussi plus favorables à Juppé.

  • Il ne reste plus à Juppé qu’à tenter sa chance aux primaires de la gauche (si elles ont lieu…)

  • Il y a deux moments clés dans un entretien d’embauche : l’into et la conclusion.

    Dans ces deux moments, Juppé à parlé de lui et aux journalistes et Fillon aux électeurs et ses vœux pour la France.

    La raclée s’annonce sévère dimanche.

  • Excellent quand Fillon dénonce le fait que les livres scolaires d’Histoire de France sont conçus en fonction de l’idéologie de leurs promoteurs.

    Moins bon, quand il fait la grimace après qu’on lui a dit que trois personnalités du FN avaient récemment fait des déclarations en sa faveur…

  • A. Juppé l’a trop joué technocrate en multipliant les interventions chiantes à mourir et parfaitement incompréhensibles pour le citoyen lambda. F. Fillon l’a fait aussi mais une seule fois (commentaire juridique sur l’adoption); le reste du temps il était bien plus clair.
    En annonçant le programme pour les fonctionnaires F. Fillon ne s’ai pas fait des amis mais :
    – une bonne partie d’entre nous (et oui, j’en suis, nobody’s perfect) n’avait pas prévu de votre pour lui;
    – mais il y en a tout de même pour admettre, sans enthousiasme excessif, qu’il va falloir participer aux efforts demandés;
    – et surtout ça va faire un carton en dehors la fonction publique.

  • J’ai bien peur que Fillon ne puisse, s’il est élu, ne jamais appliquer son programme. Quand bien même celui-ci le serait, il faudrait que les résultats se montrent rapidement car l’alternance à Gauche en 2022 se construirait sur une détricotement des mesures fillonistes.

    • Cette partie de cartes ne concerne que les sympathisants d’un courant d’opinion. Les autre sont spectateurs d’une scène de théâtre que ne les concernent pas, d’autant que Fillon fait peur à 5 millions de fonctionnaires qui n’apprécient pas son projet de supprimer 500000 postes et le retour aux 49 h. Chercher à plaire à ses sympathisants est une chose, c’en est une autre quand la véritable élection aura lieu où des choix différents seront proposés. Celui qui prendra la défense des fonctionnaires aura à coup sur l’appui d’une groupe social qui dépasse le nombre de votants qui ont participé à cette élection de la droite et du centre. Il sera alors trop tard pour regretter les choix modérés d’A Juppé. Mais, il est tout à fait possible que je me trompe si à Gauche persiste dans sa stratégie actuelle du chacun pour soi avec un émiettement des candidatures. Le jeu d’échec n’est pas terminé….

  • L’après débat sur Fr2 était d’une partialité…. (intervenants, temps consacré à Juppé…) C’est bien de se donner bonne conscience en veillant aux temps de parole!
    Diversité dans les médias, en particulier sur le service dit « public », il faudrait aussi changer ça

  • Je vous paris que bientôt, ils vont tous se retrouver au bistrot de la place des grands hommes et se marrer des cons de français qui n’ont pas compris que ce sont toujours les même qui les représentent. N’oubliez pas que si Juppé revient dans un probable gouvernement Fillon 5 ou 6, il voudra un titre de Premier Ministre d’État qui soit dit n’existe pas mais que Fillon acceptera pour lui faire plaisir et pour « rassembler » tous les français. Comme d’habitude. Et les fonctionnaires, verront défiler leurs futurs remplaçants sous contrat de travail de type CPC (Contrat Première Charia) et devront travailler 39h alors que les nouveaux pourront « prier leur dieu » pendant ce temps. L’égalité républicaine de la socialie jusque dans les institutions républicaine de la droite laïque.
    Electeurs cathos partisans de Fillon, vous serez les dindons de la farce républicaine quel que soit le candidat « élu » de la primaire de la droite (et du centre qui n’existe pas).

  • Juppé et sa « savante alchimie de réformes » : c’est bien cela le problème, c’est de la presti-digitation.

    « Alain Juppé n’a, il est vrai, pas été aidé par les questions des journalistes sur des sujets bien souvent au ras des pâquerettes… »

    On appelle là un retour de bâton : Juppé pris à son propre piège.
    De plus en se focalisant sur le programme de son adversaire (au lieu des résultats que ce programme pourrait avoir) il fait la pub à Fillon.
    Economiquement il s’est passé la même chose entre Bouygues et Free : Bouygues a fait la pub de Free alors qu’il voulait le dénigrer !

  • Juppé est coincé, il ne pouvait pas jeter l’éponge et il sait que sur les 1,2 M de voix qu’il y a eu, il y a 0,5 M voix de gauche venu juste pour sortir Sarkozy.
    Cette gauche serait surement revenu si Fillon avait été derrière ou à peine devant, mais là, pourquoi se déplacerait-elle ? C’est pourtant la seule chance de Juppé, il n’avait pas d’autre carte. Donc il la joue.
    25% ? plutôt 20 % (0,5 M pour lui, 2 M pour Fillon)

  • Etant donné que Virginie Calmels, adjointe du maire de Bordeaux et son porte-parole, et que Jérôme Chartier porte-parole de Fillon vivent en couple, on peut supposer que la répartition des sujets (et réponses) des 2 candidats a été savamment orchestrée pendant un ou deux petit-déjeuners (du genre « passe moi les oeufs durs STP: au fait, tu dis à ton candidat qu’il prenne mal le sujet de l’IVG, on prendra mal le sujet des emplois publics… »).
    Bref deux candidats de droite ne devaient pas trop se taper sans risque de dommages collatéraux. Et, si Fillon arrivait à devenir le prochain Président, une gestion fine des postes permettrait de recaser le ban et l’arrière ban de Juppé. La routine quoi, et pas de quoi penser que, demain, la France s’en sorte.

    • Parce que vous pensez qu’avec la gauche, Macron compris, on pourrait s’en sortir ?
      Les politiciens de gauche n’ont qu’un but : se servir et leurs copains avec. Leurs beaux discours ne sont que mensonges.
      Attention, je ne veux pas parler de leurs électeurs qui pour un grand nombre sont des gens sincères et généreux. On peut en dire autant du peuple de droite d’ailleurs …

  • Journalistes médiocres enfermés dans leurs questions, incapables de laisser les candidats de prendre du recul et de faire preuve de pédagogie. Pire, ces journalistes tout contents de pouvoir pérorer devant des millions de spectateurs, ont empêché un débat direct entre les deux candidats.

  • Arrêtez vos sondages SVP c’est à chaque fois calamiteux !!!
    A qui servent ils sinon à engraisser régulièrement des organismes d’ incapables prétentieux ??

  • Les commentaires sont fermés.

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