Digital detox : faire une parenthèse dans la vie connectée

A deux pas de la tour Eiffel, on propose des formules « digital detox ». Le téléphone portable est laissé dans un coffre et les communications sont limitées aux urgences. Les clients sont parisiens, à la recherche d’une césure avec leurs vie hyperconnectées.

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Digital detox : faire une parenthèse dans la vie connectée

Publié le 4 novembre 2016
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Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre

Digital detox : faire une parenthèse dans sa vie connectée
By: Robert GourleyCC BY 2.0

Hôtels, restaurants, tour opérateurs. On ne compte plus les professionnels du tourisme qui proposent des formules pour prendre le large, loin de nos vies numériques. Même les palaces parisiens s’engouffrent dans la brèche : à deux pas de la tour Eiffel, on propose des formules « digital detox » sur mesure. Le téléphone portable est laissé dans un coffre et les communications sont limitées aux urgences. 90% des clients sont des Parisiens, à la recherche d’une césure avec leurs habitudes électroniques.

Toujours à Paris, au « Café coutume », tablettes et smartphones sont tout simplement bannis depuis le 18 avril. Une mesure radicale que les clients tolèrent avec plus ou moins de philosophie. Employés et clients s’accordent pour saluer une amélioration de l’environnement, avec des échanges humains facilités. D’autres jugent la mesure trop excessive et partent sans payer.

Majoritairement, la diète numérique 0% séduit

Une pause qui stimule le dialogue et participe à la reconstruction d’une sociabilité, comme l’affirme Vincent Valentin, fondateur de l’agence de voyage « Into the tribe », « ici, on part en groupe, pour se ressourcer et se déconnecter, dans une forêt, au bord d’une plage ou à la montagne. Nous proposons une application téléchargée sur le smartphone, qui désactive toutes ses fonctionnalités, aucun accès pendant trois à quatre jours aux réseaux sociaux, aux applications et internet, seule la fonction « appel » est autorisée. »

Parmi les clients de l’agence, Zakaria, jeune actif de 29 ans témoigne après son séjour dans le Berry : « le séjour permet de redécouvrir des choses simples, à commencer par l’ennui, cet ennui qui permet aussi de développer la curiosité, l’imagination. Le matin, on conserve ce réflexe très mécanique de chercher son portable, pour regarder la météo, ses messages. Le manque se concentre d’ailleurs sur ces moments stratégiques que sont le matin et le soir ».

L’addiction aux écrans : nouveau mal du siècle

Avoir du mal à décrocher : un sentiment d’autant plus compréhensible que les Français passent en moyenne six heures par jour devant les écrans, au travail et à leur domicile. Pour Yannick Chatelain auteur de Mes mails m’emm…mêlent, les risques de l’hyper-connexion sont réels. « Pour exister, une entreprise doit communiquer, mais le nombre de mails envoyés chaque jour est complètement délirant ! » affirme-t-il. « Nous sommes passés de la main-d’œuvre au cerveau-d ‘œuvre ; certains employés sont proches du burnout et n’arrivent plus à gérer l’information. Exister, c’est aussi paraître.

Au niveau professionnel, paraître c’est poster ses réalisations sur LinkedIn ou Facebook, c’est envoyer des mails aux collaborateurs, pour dire j’existe, dans une sorte de selfie-society. Je pense qu’avant la digital detox, nous devons commencer par une utilisation beaucoup plus raisonnable de nos usages en entreprise. La prise de conscience de l’hyper-connexion, nous l’avons tous fait, le paradoxe c’est qu’avant, nous devions payer pour avoir le wifi, aujourd’hui, on paye pour ne plus l’avoir ».

Un wifi particulièrement addictif pour la nouvelle génération : les adolescents ne semblent pas encore prêts pour la digital detox et une journée sans écran relève encore du vœu pieux. Ce nouveau mal du siècle n’en reste pas moins une aubaine pour les professionnels du tourisme.

L’hyper connexion est un créneau porteur, à la mesure des sollicitations numériques qui consument nos journées. Chaque jour en France, un cadre reçoit au bureau 50 mails. 70 % des Français vérifient leur messagerie environ toutes les cinq minutes. 78 % se connectent avant de dormir et à peu près autant au réveil. De quoi alimenter et renforcer notre envie de débrancher.

Pour aller plus loin :

– « Digital detox, le jeûne des hyper connectés », Le Monde, mars 2015.

– « Nouveau monde. Les Français souffrent d’intoxication numérique », France info.

– « Digital detoxing in the real world: How to get started », ABC News.

– « La digital detox, le nouvel attrape-touriste 2.0 ? », L’Obs, juillet 2015.

– « Digital Detox » sur Canal Plus, 90 jours sans internet : un vrai sevrage thérapeutique », L’Obs, février 2015.

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