Le vaudeville de la gauche française

Nous n’avons pas le moindre doute mais nous nous tenons dans une feinte impatience pour nous laisser croire que François Hollande pèse encore un peu sur l’avenir de la France. Et les concurrents s’impatientent.

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François Hollande intervient lors de Les Défis de la compétitivité au Carrousel du Louvre, le 13 mars 2012. Crédits : Benjamin Boccas

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Le vaudeville de la gauche française

Publié le 4 novembre 2016
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Par Philippe Bilger.

Le vaudeville de la gauche française
François Hollande intervient lors de Les Défis de la compétitivité au Carrousel du Louvre, le 13 mars 2012. Crédits : Benjamin Boccas

Certes il s’agit, en effet, « d’une fin de règne » (Le Figaro).

Mais sans allure. Du Shakespeare médiocre revisité par Feydeau.

Ils attendent tous. Ils attendent tous la décision du président de la République. Il l’offrira – comme un cadeau si elle est négative mais personne ne croit qu’il aura ce courage et cette grandeur – entre le 1er et le 15 décembre. On saura dans quelques semaines. Le comble est que nous n’avons pas le moindre doute mais nous nous tenons dans une feinte impatience pour nous laisser croire que François Hollande pèse encore un peu sur l’avenir de la France.

Il n’aura plus le temps de bavarder avec des journalistes pour qu’un nouveau livre soit publié.

Il les fait attendre.

Les personnalités qui comptent à gauche

vaudeville-socialisteCe n’est pas qu’à gauche que les personnalités politiques, celles qui comptent ou s’imaginent compter, se tiennent l’arme au pied, l’espoir en bandoulière. François Baroin attend la victoire de Nicolas Sarkozy pour devenir Premier ministre. Nicolas Sarkozy attend de faire craquer François Bayrou qui attend la défaite de Nicolas Sarkozy. Valérie Pécresse s’est engagée pour Alain Juppé et attend sa victoire. Beaucoup se fantasment déjà ministres et attendent la consécration. Des attentes délicieuses quand elles sont plausibles, douloureuses quand elles ne reposent sur rien.

Mais à gauche, ils sont tous suspendus au bon vouloir de François Hollande. Je le devine gourmand, cynique, critique face à la comédie du pouvoir. Le vrai, il le tient encore un peu. Mais quel régal, pour un pessimiste, de considérer le spectacle de ces marionnettes humaines qui n’aspirent qu’à la relève, au grand remplacement ou, quand ils sont lucides, modestes, à rendre la déconfiture la moins amère possible.

Emmanuel Macron attend que François Hollande se détermine.

Manuel Valls, entre loyauté et volonté de sauvetage, entre accablement et exaspération, entre antagonisme et réconciliation, attend que le président de la République sorte enfin de son autarcie, si méprisante au fond.

Jean-Luc Mélenchon fait mine de s’en moquer mais je suis sûr qu’il attend d’en découdre avec François Hollande et de faire bien mieux que lui au premier tour de 2017.

Arnaud Montebourg attend d’affronter le président de la République au premier tour de la primaire socialiste au mois de janvier 2017. Parce qu’il est convaincu de pouvoir le battre et que son talent sera supérieur au sien.

Ils attendent parce qu’aucun d’eux ne dissimule plus que l’actuel titulaire du pouvoir leur semble dépassé, hors d’usage pour la suite. Un François Hollande périmé.

Pourtant c’est lui encore qui les domine, qui les tient en haleine. Il attend celui qui le premier se lassera d’attendre. Ils dépendent de lui qui les maintient dans un suspens fébrile, pénible.

Puisqu’il les fait attendre et qu’ils ne peuvent faire autrement, pour la gestion de leur propre futur, que d’attendre le verdict qui sortira de sa bouche quand il l’aura décidé. Et seulement à ce moment-là.

En attendant Hollande…

Ils piaffent, ils souffrent, ils n’en peuvent plus. Ils pressentent que cette manière de les faire lanterner relève plus du vaudeville que du drame même si la France est l’enjeu tout là-bas, à l’horizon.

Quand un président de la République n’a presque plus rien à apporter à la République, il lui reste le plaisir pervers de qui n’a plus que son sadisme pour démontrer, se démontrer qu’il est encore vivant.

Puisqu’il leur fait mal et qu’ils l’attendent.

En attendant Hollande, aujourd’hui malgré l’apparence de sérieux c’est une farce.
Je me suis trompé : à peine du Shakespeare mais trop de Feydeau là-dedans !

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  • L’éviction de Sarkozy à la primaire de droite lui confirmera que les Français ne veulent d’aucun de ces deux-là en 2017…

  • J’ose espérer que le processus de décision de Hollande sur le « j’y vais ou pas » n’obéit pas à ce petit jeu pervers. La gauche perdra les élections à venir mais l’avenir d’une gauche alternative sérieuse peut dépendre de ses choix à venir.

  • Oui, vous avez tristement raison.

  • Feydeau est amusant ce qui n’est pas le cas de cette mauvaise caleçonnade. Ici, outre une fin pathétique, ce qui est fascinant, c’est la médiocrité crasse des acteurs. Un président totalement dépassé par la fonction et effrayé, à juste titre, par le jugement de l’Histoire qui ne retiendra au mieux que ses histoires de cornecul, un premier ministre dont l’action s’arrête à ses coups de menton mussoliniens et ses imitations de Buster Keaton, un ministre de l’intérieur qui confond décision et loghorrée verbale, une ministre de l’éducation qui cache un vide intergalactique derrière ses beaux yeux, un ministre des affaires étrangères totalement étranger aux affaires, une ministre de la santé dont on ne se demande plus après l’avoir entendu si elle abuse de substances prohibées, une ministre de l’écologie à moitié démente dont les deux seules qualités sont un culot jamais vu auparavant et d’avoir fait 4 enfants au président, un ministre des finances qui réinvente les règles de l’arithmétique et qui n’est remarquable que dans le choix de ses chaussettes, d’un pore-parole qui mettrait volontiers des coups de boule à ses contradicteurs si ça ne risquait pas de décoiffer sa crinière blanche, d’un ministre des affaires européennes dont on a perdu toute trace … et on pourrait continuer longtemps cet inventaire à la Prévert de la nullité.

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