Mais où est l’austérité ?

Une nouvelle étude comparative de l’INSEE des économies française et britannique illustre à sa manière la vacuité du terme « austérité », qui ne signifie rien du tout en économie.

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Mais où est l’austérité ?

Publié le 3 novembre 2016
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Par Vladimir Vodarevski.

Mais où est l’austérité ?
By: Gerry LauzonCC BY 2.0

L’INSEE a sorti un article sur le différentiel de croissance entre la France et le Royaume-Uni. On y apprend que ce dernier a une croissance supérieure à la France en raison notamment de sa dépense publique. Ce qui ne laisse pas d’étonner.

Vacuité du terme « austérité »

Diantre, la Perfide Albion n’est-elle donc pas le chantre de l’austérité, qui coupe sauvagement dans les dépenses publiques, et notamment les dépenses sociales ? En fait, à son corps défendant, l’INSEE illustre à sa manière la vacuité du terme austérité, qui ne signifie rien du tout en économie.

En 2009-2010 (l’exercice budgétaire ne correspond pas à l’année civile au Royaume-Uni), la dépense publique représentait 47 % du PIB. Le gouvernement travailliste de Gordon Brown menait une politique économique basée sur la dépense publique et le déficit.

Quand la crise s’est déclarée, l’effet ciseau a été terrible : baisse des recettes et hausse des dépenses. Le déficit budgétaire a atteint 10,3 % du PIB au cours de l’exercice 2009-2010. En France, en 2009, le déficit public atteignait 7,5 % du PIB. Et la dépense publique 55,6 % du PIB.

Diminution anglaise du déficit budgétaire

Au terme de l’exercice 2015-2016, le déficit budgétaire du Royaume -Uni s’élevait à 4,1 % du PIB. Mais le gouvernement de David Cameron n’a pas diminué la dépense publique. Celle-ci a augmenté, mais moins vite que le PIB. Ce qui fait qu’elle est redescendue à un peu plus de 42 % du PIB. En France, en 2015, la dépense publique s’élève à 57 % du PIB. Le déficit à 3,5 % du PIB.

On constate donc que le Royaume-Uni a diminué son déficit budgétaire de près de 6 points de PIB, tandis que la France l’a diminué de 4 points. On constate que la France a augmenté la dépense publique en pourcentage du PIB, ce qui signifie que la dépense publique a augmenté plus rapidement que le PIB.

Quelle austérité ?

Le Royaume-Uni a aussi augmenté la dépense publique, mais moins vite que le PIB, ce qui fait qu’elle a diminué en pourcentage du PIB. Il faut également noter que la dépense publique, au Royaume-Uni, est simplement revenue à sa moyenne. Elle n’est pas exceptionnellement basse. C’était la politique de Gordon Brown qui l’avait fait augmenter à des niveaux exceptionnels, puis la crise.

Mais, où est l’austérité ? Du côté du Royaume-Uni, qui a plus fortement réduit son déficit, et contenu sa dépense publique ? Mais son déficit reste supérieur à celui de la France. Du côté de la France, qui a moins réduit son déficit, mais davantage augmenté sa dépense publique ? Mais la France ponctionne plus ses citoyens, tandis que le Royaume-Uni leur laisse davantage de disponibilités. Les deux pays sont en déficits budgétaires, donc en position de relance keynésienne.

En économie, un seul indicateur ne veut rien dire. Le déficit budgétaire n’a pas de signification en lui-même. Sous l’influence du keynésianisme, on diffuse des idées simplistes comme celle qui considère qu’un déficit est bon pour l’économie, et on tire des conclusions simplistes du fait qu’un pays a un déficit supérieur à un autre. Mais la réalité est plus complexe.

On peut ajouter que l’Allemagne voit croître son économie, alors qu’elle est en excédent budgétaire, et que sa situation démographique n’est pas favorable à la croissance. (La baisse ou la stagnation de la population est un facteur qui diminue la croissance. La performance de l’Allemagne est donc remarquable compte tenu de sa démographie. La France, avec sa démographie, devrait avoir une croissance bien plus importante.)

Et s’il y a croissance sans déficit budgétaire, et il y a eu croissance sans déficit au cours de l’histoire, cela signifie que la théorie keynésienne est démentie par les faits, et que le déficit n’est pas l’indicateur pertinent de la croissance.

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  • Ah ces églises alors (sourire) ! Voler le pauvre pour donner au riches la séparation de l’état n’ aura servit à rien malgré la constitution puisque le schéma est reproduit par ces états dépendants et non contrôlés…

    • Voler le pauvre pour donner au riche ? Zut, j’ai du manquer un truc, car ni en France ni en Angleterre ni même en Allemagne un tel mécanisme de semble exister. Est-il possible d’avoir quelques sources d’info sérieuses sur le sujet ?

      • @ PukuraTane

        L’austérité tend à rendre la gestion de l’état plus rigoureuse: arrêter de dépenser plus que les recettes: (donc déficit = 0!).

        Faire de l’ « égalitarisme » à la française est inutile: prendre aux riches pour distribuer des « allocations » aux pauvres, coûte cher en fonctionnaires, à l’amont comme à l’aval, (combien: 20, 30 %?, forcément prélevés sur le transfert devenant forcément moins efficace!): les « prélevés » en voudront à l’état, les bénéficiaires oublieront très vite, une fois la somme dépensée!

        Il n’est simplement pas normal que l’état français + dépendances se goinfre d’au moins 57,5% de PIB, chiffre officiel quand l’Allemagne n’en prélève que 45%: seul ce chiffre devrait vous obséder, si il est correctement calculé!

        • Ben oui, l’Etat français prend aux riches (et aux classes moyennes) pour donner aux pauvres (qu’il a fabriqué et qu’il entretient amoureusement, puisque c’est sa base électorale). Ma question a Gavroche était de comprendre pourquoi il a écrit l’inverse. Humour ? Idéologie ?

          Au passage, les 57% de PIB sont la redistribution faite par l’Etat au sens large (aides sociales, Secu, retraites, tout compris).
          L’Etat (et organismes sociaux) ne prend qu’un peu plus de 45%, la différence vient des produits issus des dividendes versés par les entreprises dont l’Etat est actionnaire, d’emprunts, etc.

      • Voler le pauvre pour donner au riche ? Zut, j’ai du manquer un truc

        Cuicui, que vous l’avez manqué. Exemple : subventionner les activités culturelles, dont le théâtre ou les rupins ne payent pas plein pot.
        Vous y allez au théâtre vous ❓ Moi pas.

        • Toujours pas OK.
          Les subventions culturelles, l’argent, il,vient d’où ? Pas de la poche de vos pauvres, qui ne paient pas d’impôts.
          Et que je sache, les prix sont les mêmes pour tous. Ah, on me signale que nom : certains pauvres (selon ce qui semble être votre définition, mais je peux me tromper) ne paient pas du tout leurs places. Ben zut, j’ai encore du manquer un truc, mais votre exemple ne marche toujours pas.
          Et surtout, il n’est qu’un cas particulier qu’on ne peut pas généraliser.

          Pour finir, je n’ai pas l’impression que le théâtre soit quelque-chose destiné aux riches. Peut-être avez-vous un sens de la culture très bobo, qui est loin d’être le mien…

  • Mais où est l’austérité ?

    Rassurez-vous : je l’ai retrouvée. Dans mon porte-monnaie 🙂

  • « On peut ajouter que l’Allemagne voit croître son économie, alors qu’elle est en excédent budgétaire » est-il écrit dans l’article ci-dessus.
    Et un peu plus loin : « cela signifie que la théorie keynésienne est démentie par les faits »
    Seul petit problème : le mois dernier la production industrielle de l’Allemagne a diminué de plus de 1% (en moyenne annuelle).
    Objectivement, qu’est-ce qui est « démentie par les faits » sinon la croissance de l’Allemagne et l’article ci-dessus qui l’affirme ?

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