RSA contre bénévolat : est-ce la vraie question ? [Replay]

Les débats sur le RSA ne sont qu’une tentative de masquer le problème de fond de cette aide.

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RSA contre bénévolat : est-ce la vraie question ? [Replay]

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 octobre 2016
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Par Patrick de Casanove.

Logo RSA (Tous droits réservés)

La passe d’armes entre Marisol Touraine (ministre des Affaires sociales) et Éric Straumann, (Président du conseil général du Haut-Rhin) sur le RSA relève de la querelle de socialistes. Socialiste entendu ici non pas au sens actuel, qui est subjectif : théorie visant à transformer l’organisation sociale dans un but de justice entre les hommes au plan du travail, de la rétribution, de l’éducation, du logement, etc. (définition Larousse) mais au sens que donne à ce mot Frédéric Bastiat : spoliation légale1définition qui, elle, est objective.

Leur différend porte en fait sur la manière dont doit être distribué le produit de cette spoliation légale. Dans le cas qui nous concerne cette distribution s’appelle Revenu de Solidarité Active (RSA). Décidé en conseil des ministres en juin 2007, le RSA est applicable en France métropolitaine depuis le 1er juin 2009. Il est mis en place par les départements qui sont chargés du social.

Ce qu’on voit…

Comme toute mesure sociale le RSA a été décidé au nom de la justice sociale c’est ce qu’on voit.

Au début tout va bien. Les politiciens vendent très bien leur politique de solidarité, de générosité et de simplification. Toute la classe politico médiatique se félicite. Personne ne peut être contre ce genre de mesure au risque de se faire lyncher, médiatiquement, car accusé d’être contre la justice sociale et pour les riches.

L’intérêt de subventionner les pauvres est multiple ; acheter des voix avec l’argent des autres : l’État avec celui du département, et tous avec celui des contribuables ; rendre une population dépendante pour son niveau de vie de l’État, national ou départemental ; déresponsabiliser l’individu, le collectiviser.

…et ce qu’on n’a pas vu

Au bout d’un certain temps la réalité reprend ses droits et les dépenses de solidarité, comme toujours sous estimées, c’est ce qu’on n’a pas vu, explosent. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Le grand problème du socialisme est qu’il est délétère et induit toujours la misère et la pauvreté, la division sociale et l’affrontement. Il n’y a aucune exception.

Ainsi dans un pays comme la France, vieux pays développé mais aussi vieux pays socialiste, cette gestion a créé les nouveaux pauvres, les SDF, le chômage de masse2. L’afflux de personnes en difficulté a mis à mal, pour le cas qui nous concerne, les finances des départements

Le cas du RSA

Par conséquent le département du Haut-Rhin a décidé de conditionner le versement du RSA à l’exercice du bénévolat. « C’est une prestation qui est versée en regard duquel des devoirs sont attendus » rétorque Marisol Touraine. Certes, mais les devoirs liés à l’attribution du RSA sont très faibles. C’est difficile à vivre quand tout le monde souffre, et surtout les faibles. En cette période de difficultés, bien des personnes peuvent travailler pour un revenu à peine supérieur à celui que procurent les revenus de redistribution.

Les étatistes ont donc besoin de justifier et défendre leurs largesses mais aussi montrer qu’ils veulent faire des économies. Ils posent donc des conditions et réglementent. C’est, avec taxer, la seule chose qu’ils savent faire.

« Si le département du Haut-Rhin pense être capable de trouver sept heures de bénévolat par semaine pour les 20.000 personnes bénéficiaires, peut-être peut-il leur trouver une activité rémunérée. » En disant cela Marisol Touraine met le doigt sur une des tares du socialisme : l’inadéquation de l’offre et de la demande par la disparition des informations fiables que sont la liberté des prix et la liberté du marché du travail. Il n’y a pas cinquante possibilités. Soit les emplois existent et alors pourquoi ne sont-ils pas pourvus ? Soit les emplois3 n’existent pas et alors le vote du conseil général du Haut-Rhin n’est que de la poudre aux yeux, de la gesticulation politicienne.

La liberté économique est la solution à cette querelle d’étatistes.

D’abord, plus le pays est économiquement libre, plus il est prospère, donc moins il y a de pauvres. Donc moins il y a de nécessité d’assistance. Ensuite toute rémunération dépend d’un service sans qu’il y ait besoin de réglementation. Si le service est important la rémunération est importante. Si le service est faible la rémunération peut être basse mais cela encourage la personne à progresser pour améliorer son niveau de vie, par ses qualités et son travail.

Cette faible rémunération est très critiquée par les socialistes parce qu’elle dépend d’un emploi précaire ou parce qu’elle fournit de la main d’œuvre à bas coût « exploitée par le patronat ou les capitaliste » et créant « dumping social et concurrence déloyale ». À cela les socialistes préfèrent, pour se maintenir au pouvoir, des électeurs misérables et captifs prisonniers des minimas sociaux et d’un chômage de masse.

Cela démontre la justesse de la théorie des choix publics : les hommes de l’État prennent des décisions en fonction de leur propre intérêt et non de celui des individus.

  1.  « C’est ce qui est arrivé. La chimère du jour est d’enrichir toutes les classes aux dépens les unes des autres ; c’est de généraliser la Spoliation sous prétexte de l’organiser. Or, la spoliation légale peut s’exercer d’une multitude infinie de manières ; de là une multitude infinie de plans d’organisation : tarifs, protection, primes, subventions, encouragements, impôt progressif, instruction gratuite, Droit au travail, Droit au profit, Droit au salaire, Droit à l’assistance, Droit aux instruments de travail, gratuité du crédit, etc. Et c’est l’ensemble de tous ces plans, en ce qu’ils ont de commun, la spoliation légale, qui prend le nom de Socialisme. » La Loi
  2.  Le socialisme est logique : il crée des pauvres puis des subventions pour ces pauvres
  3.  Je parle de vrais emplois pas d’emplois fictifs subventionnés qui sont des emplois dont l’offre ne rencontrerait aucune demande dans une économie libre.
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  • Si je souscris à l’analyse de l’auteur, je n’en remercie pas moins le conseil général du Haut-Rhin pour son initiative. Cela va dans le bon sens, car il est bien obligé d’appliquer le droit.
    Vive l’Alsace libre !

  • Merci pour votre analyse objective. Hélas, dans le cas du Haut Rhin, c’est de la gesticulation politicienne.

    Pourquoi je pense cela ? Quand un élu ose dire que si des bénéficiaires du RSA sont dans l’incapacité d’effectuer ces heures, ils relèvent de l’invalidité, donc de la Sécu, je ne peux pas croire que ce même élu méconnaisse une des conditions pour demander l’attribution de l’invalidité « soit avoir travaillé au moins 600 heures au cours des 12 mois civils ou des 365 jours précédant l’arrêt de travail ou la constatation de l’invalidité, soit avoir cotisé sur un salaire au moins égal à 2 030 fois le montant du SMIC horaire au cours des 12 mois civils précédant l’arrêt de travail ou la constatation de l’invalidité. »

    Question : combien de bénéficiaires du RSA remplissent cette condition ?

    L’invalidité, il faut que le concerné la subisse soit pendant qu’il travaille ou pendant qu’il est indemnisé ; s’il a un souci de santé après, c’est foutu.

    Cet élu se joue de l’opinion publique, en abordant un point qu’une bonne partie de la population ignore.

    Le point sur lequel je suis d’accord, c’est que l’état participe de moins en moins à la prise en charge du coût du RSA qui s’accroît à mesure que le nb d’allocataires croît. Il faudrait « recentraliser » le RSA car ces conflits entre les départements et l’état prennent en otage les bénéficiaires du RSA.

    Et pourquoi oser le mot « bénévolat » ? Il y a déjà le CUI (Contrat Unique d’Insertion) qui existe, aussi bien pour le non marchand (CAE) et le marchand (CIE), au point que de plus en plus d’offres d’emploi sont proposées sous ce type de contrat… à un moment donné, les contrats classiques vont davantage se raréfier, mais vu qu’on nous a vendu cela que ça ne menacerait pas les emplois existants (gros mensonges, des contrats classiques ont sauté sur certains postes pour laisser la place à un ou deux CIE – car si payés au smic horaire, l’avantage est la subvention importante sur le salaire), continuons à gober cette soupe indigeste !

    La partie de la population qui soutient de telles mesures se tire une balle dans le pied : l’erreur que font certain(e)s, est de penser que tant que ça concerne une catégorie dans laquelle ils n’appartiennent pas, ça n’aura pas d’impact sur eux… terrible erreur !

    Ces mesures « laboratoires », même si, pour l’instant, c’est juste un effet d’annonce pour l’électorat qu’on souhaite récupérer lors des prochaines échéances électorales, elles finiront par être appliquées : dans un premier temps, aux bénéficiaires du RSA, puis de l’ASS, puis des autres demandeurs d’emploi puis aux travailleurs qui vont vite se retrouver dans les autres catégories, à force d’organiser cette casse, ce chômage de masse tant voulu (ce chômage n’est absolument pas un hasard).

    Et puis après, pourquoi pas faire bosser les gosses, comme cela existait, fut un temps ?

    Cette division organisée nous perdra, car le temps que les gens se réveillent sur les conséquences, beaucoup auront déjà gonflé les rangs des autres catégories… tout est fait pour niveler par le bas les classes moyennes (je ne sais pas si on peut encore dire « moyennes », vu l’inadéquation du coût de la vie et des revenus) et les autres pauvres… pendant ce temps, l’évasion fiscale se porte bien, et ça se chiffre en centaine de milliards ! Et que fait-on face à cela ? Rien, c’est plus facile de taper sur les plus faibles…

    • « combien de bénéficiaires du RSA remplissent cette condition ? » Peu importe, ce n’est pas le sujet.

      Dans RSA, il y a le A (active). Les bénéficiaires qui demeurent inactifs alors qu’on leur propose une activité de solidarité bénévole (le S du RSA), ne relèvent pas du RSA. C’est indiscutable.

      Alors, relèvent-ils de l’invalidité ? Selon le dictionnaire, est invalide celui qui n’est pas valide, celui qui est rendu, de manière plus ou moins durable, inapte à mener une vie active, en particulier une vie professionnelle normale. Les bénéficiaires du RSA qui ne peuvent pas travailler (ce qui est amplement prouvé par l’incapacité à assumer une activité bénévole) répondent à la définition de l’invalidité.

      Le montant de l’indemnité éventuellement versée par la Sécu est parfaitement accessoire. Il est en effet des invalidités qui n’ouvrent pas droit à indemnisation, notamment lorsqu’elles sont volontaires.

  • Une autre interrogation : quelle protection pour le bénéficiaire du RSA qui effectuerait ces heures de « travail forcé » (le terme bénévolat est inadéquat) sans contrat de travail, en cas de pépin ? Car dans le cas du CUI (contrat unique d’insertion), qu’il soit en CAE ou CIE, il a un contrat de travail, donc régi par le code du travail comme n’importe quel autre salarié et donc un filet de sauvetage en cas de pépin pendant les heures effectuées (accident du travail, comme les autres) ; seules les indemnités de précarité ne sont pas incluses comme le cdd classique.

    Ce type de mesure, c’est la porte ouverte aux dérives : déjà que sous contrat de travail, comme pour les autres, les prud’hommes sont débordés tellement il y a d’abus ; alors là, sans contrat de travail, open bar ! On peut lui faire du chantage, le traiter comme un larbin, l’harceler sexuellement, etc. et s’il ouvre sa gueule, on ne tamponne pas l’attestation de l’association ou autre, et il se fera couper les vivres… une aubaine !

    Cet élu n’a qu’à les mettre en CUI, comme ça existe depuis un certain temps, c’est tout. On est tombé bien bas…

    • « travail forcé »

      Est-ce du travail forcé dans ce cas ? Sans avoir besoin de se faire des nœuds aux neurones, personne n’est contraint de bénéficier du RSA. Evoquer le travail forcé est donc au mieux farfelu. Pire, l’abus de l’expression correspond au mépris de son auteur à l’égard les victimes qui ont eu à subir réellement cette situation scandaleuse. Il est vrai cependant que, depuis que les socialistes ont entrepris de pervertir la pensée pour mieux saborder la France, on est contraint de dire non plus « tout travail mérite salaire » mais plutôt « tout salaire mérite travail ».

  • il y a quand meme un point génant dans tout ça : « bénévolat ».
    L’idée de vouloir donner une activité à quelqu’un sans activité est excellente : Pour l’avoir vécu, il est très difficile à vivre de ne rien faire, de n’avoir aucun avenir professionnel à court terme. Ne serait-ce que devoir se préparer pour aller travailler, rencontrer des collègues, fournir un résultat, ça manque beaucoup quand on est au chomage, et ça n’aide pas coté confiance en soir.
    Pour autant, tout travail mérite salaire. Forcer des gens à travailler « bénévolement » est un contre sens total. C’est de l’esclavagisme, quelles que soient les raisons politiciennes invoquées.

    • L’esclavagisme, c’est quand on vous contraint, par la violence ou la menace de la violence, à céder une partie du fruit de votre travail au profit, par exemple (on peut en trouver des milliers d’autres), des bénéficiaires de minimas sociaux. Le département du Haut Rhin n’envisageait (il vient d’être débouté) aucune forme d’esclavagisme car rien n’oblige qui que ce soit à adhérer au dispositif du RSA. Ceci dit, comme le montre très bien l’auteur de l’article, il s’agit d’un faut débat, entre d’une part, une authentique socialiste (la ministre), et d’autre part, un député de droite qui tente maladroitement de remettre en question un dogme de l’idéologie socialiste, sans aller jusqu’au bout, prisonnier qu’il est, comme la quasi intégralité de la droite française, de l’emprise de cette idéologie sur la « société visible » (voir Philippe Nemo, « La France aveuglée par le socialisme »). En complément de l’article, auquel j’adhère totalement, j’ajoute que la vraie générosité et la vraie solidarité (basées sur le volontariat), loin d’être incompatibles avec le libéralisme, s’y épanouiraient de manière bien plus efficace, grâce à la liberté, que sous la contrainte. L’alternative entre libéralisme et solidarité est aussi un faux débat.

  • La spoliation ne vient pas des bénéficiaires mais de la nuée de fonctionnaires qui distribuent l’argent des contribuables. Mettre fin au statut public sauf le régalien (protection du citoyen et de SES biens) est la solution pour mettre fin à l’état providence et qui responsabiliserait chaque individu. Dans notre pays, il faut savoir que sur 1 euro distribué seul 20 centimes parvient à l’ayant droit et la distribution consomme 80 cts. Chercher l’horreur

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Marisol Touraine (Crédits Philippe Grangeaud-Parti socialiste, licence Creative Commons)
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