Par Melina Monjour.
Un article de Trop Libre
En novembre prochain, le futur président américain sera confronté à un monde profondément instable. Alors que le Moyen-Orient est en proie à de nombreux conflits et mutations ; l’Europe se voit déchirée par une crise économique et politique durable, à laquelle s’ajoute une vague de terrorisme islamique sans précédent. Quant aux pays asiatiques, en particulier la Chine, ils adoptent des postures plus agressives à l’échelle mondiale, aussi bien sur le plan commercial que militaire.
L’affaiblissement de l’Amérique
Traditionnellement, le rôle de la politique étrangère dans les campagnes présidentielles américaines n’est pas déterminant, si on le compare à d’autres sujets plus brûlants comme l’immigration ou le port d’armes. Cette fois, la situation est différente. Les dernières décennies bellicistes ont valu aux États-Unis un affaiblissement conséquent sur l’échiquier international. Ainsi, le pays passe par une phase de doute quant à son leadership. Deux candidats n’ont jamais proposé une vision aussi radicalement différente de l’engagement américain que pendant ces élections.
L’isolationnisme de Donald Trump
Donald Trump affiche une doctrine de politique étrangère nettement isolationniste. Le candidat martèle sans arrêt qu’il souhaite redonner « la priorité à l’Amérique », s’appuyant ainsi sur un sentiment de déclassement ressenti par l’opinion publique américaine. Pour retrouver « la grandeur » américaine, il faudrait se désengager des affaires du monde. Le candidat républicain se pose en rupture totale avec le consensus de politique étrangère depuis 1945, qui avait prévalu avant la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à ce que l’Amérique se voie forcée de se réengager après l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais.
Dérapages sensés ?
Au cours des derniers mois, Donald Trump a multiplié les déclarations provocatrices et tonitruantes en matière de politique étrangère, entraînant des critiques médiatiques virulentes dès qu’il s’exprime. Au-delà de ses positions les plus choquantes sur l’immigration clandestine, le candidat Républicain, grand admirateur de Poutine, propose un dégel avec la Russie, supposant un abandon stratégique des pays d’Europe de l’Est. Trump estime que les États-Unis n’ont plus intérêt à protéger systématiquement leurs alliés, qui doivent devenir plus autonomes. Ainsi, il va jusqu’à remettre en cause l’article 5 de l’OTAN, en cas d’agression extérieure. Toujours cohérent avec sa doctrine isolationniste, il souhaite également que la Corée du Sud et le Japon se dotent de l’arme nucléaire pour faire face à la menace nord-coréenne.
Prétextant que les Américains n’ont plus les moyens de leur ambition, notamment en matière économique, il prône plus de protectionnisme, aboutissant à la remise en cause de plusieurs accords de libre-échange comme l’ALENA, signé avec le Mexique et l’Amérique latine. Faisant de la Chine son bouc émissaire, il promet, en cas d’élection, une renégociation des accords de libre- échange avec le dragon asiatique, mettant en place des droits de douanes de 40%. En plus de ces propositions drastiques, il préconise une sortie de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Hillary Clinton prône le consensus
À l’inverse, Hillary Clinton incarne la position de consensus traditionnelle. S’inscrivant dans la continuité de la politique étrangère menée depuis 1945, elle plaide pour une présence très marquée des États-Unis sur la scène internationale, convaincue du rôle supérieur de son pays, qualifié de « gendarme du monde ». Elle même s’est beaucoup investie dans différentes crises, notamment au Moyen-Orient, d’abord comme First Lady, puis comme sénatrice membre du Comité des forces armées et enfin comme secrétaire d’État, où son exploit le plus connu reste l’intervention en Libye. Son expérience en matière de politique étrangère peut donc se révéler être une force. C’est d’ailleurs sur ce point précis que la candidate démocrate essaye de se démarquer. Toute la stratégie de Clinton vise en effet à décrédibiliser son adversaire.
Un faucon libéral
Sur bon nombre de sujets, Clinton semble s’inscrire à la droite de Donald Trump. Elle est même jugée comme étant fondamentalement néo-conservatrice (9), tant ses propos sont forts. Ainsi, elle compare, par exemple, la politique du président russe en Crimée aux transferts de population menés par Hitler avant la Seconde Guerre mondiale.
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Pas forcément fin des USA Gendarmes, si on regarde les déclarations de part et d’autres:
Clinton est dans la lignée des Faucons, une Bush 2.0, mais avec des possibilités d’intervention restreintes, la mémoire des 4000 soldats américains morts en Irak étant encore vive. De plus, ces différentes interventions militaires ont au final durement affaibli les USA, qui sont quasiment hors course au Moyen Orient et en Afrique. Mais la réalité du terrain met du temps à remonter aux cerveaux de Washington…
Pour Trump, il s’agit surtout de réaffecter les moyens militaires US en Asie, et de légitimement bousculer les membres de l’OTAN pour qu’ils cessent de se reposer sur Oncle Sam. Hormis la France, dont l’armée est pourtant dans un état lamentable (matériels terrestres à bout de souffle) et éventuellement le Royaume Uni, la Turquie et peut-être la Marine Italienne, la totalité des membres du Traité se planquent dans les basques des unités américaines. Vu le niveau de l’endettement américain et l’explosion des coûts au niveau des matériels de combat modernes (le cas du F-35 est emblématique), il est logique d’exiger plus pour les Américains, d’autant que ces derniers doivent se redéployer dans la décennie à venir dans toute la zone Pacifique pour faire face au dragon Chinois.
Donc le gendarme demande juste à ses vassaux de cesser de tirer au flanc…