Comment la Chine compte devenir un grand pays du football

La Chine déploie un plan d’ampleur pour devenir une grande nation du football mondial. Avec des chances de succès ?

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Comment la Chine compte devenir un grand pays du football

Publié le 29 juillet 2016
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Comment la Chine compte devenir un grand pays du football
By: IvanWalsh.comCC BY 2.0

S’il existe bien un pays dont le football se développe beaucoup ces derniers temps, c’est bien la Chine. Même si les résultats sportifs sont encore loin d’être là, on entend régulièrement parler de transferts au montant astronomique pour des joueurs de classe mondiale récupérés en Europe. Fini le temps où le football chinois ne recrutait que des joueurs internationaux en fin de carrière ; les clubs chinois sont devenus des acteurs de la sphère footballistique à ne pas sous-estimer, comme le montrent bien leurs 200 millions d’euros dépensés lors du dernier mercato hivernal. Voyons plus en détail ce qu’il se passe actuellement là-bas.

Un plan de 50 points décidés par le président de la république pour développer le football en Chine

Déjà revenons à la genèse de tout ce projet. Car la Chine ne s’est pas intéressée au football du jour au lendemain. L’impulsion provient de son président même, Xin Jinping, qui a voulu que l’économie du pays ne dépende plus seulement des entreprises chinoises, mais a souhaité l’étendre à des industries du divertissement. Très grand fan de football, Xin Jinping décidera donc d’instaurer un plan en 50 points afin que le football devienne l’un des sports majeurs chinois.

Il existe plusieurs volets dans ce plan, et l’un d’entre eux est celui de l’organisation d’une Coupe du Monde d’ici 2030. Une mesure qui tient particulièrement à cœur, une offre ayant été faite à la FIFA, et « qu’elle ne pourra pas refuser ». Le but serait même de la gagner, un ambition assez folle, la Chine trônant actuellement à une humiliante 81ème place au classement FIFA, au  point qu’absolument personne ne la voit gagner une compétition majeure avec son équipe actuelle.

Afin d’améliorer le niveau général des joueurs chinois, Xin Jinping a décidé de mettre l’accent sur la formation en rendant le football obligatoire dans les écoles et en planifiant l’ouverture de 50 000 académies de football d’ici 2026. Et si la venue de stars étrangères est importante pour la visibilité du championnat, il a toutefois pris la décision d’interdire aux clubs chinois de recruter des gardiens de buts étrangers, car estimant que le niveau des portiers locaux n’est pas suffisant.

Un public très présent dans les matchs de football en Chine

Mais changer le niveau d’un sport national est un processus long et complexe… que l’on peut accélérer avec de l’argent. Et l’aspect financier de ce programme est sûrement l’un des plus importants.

Le but pour la Chine est que le football représente 1% du PIB d’ici 2025, équivalant à 800 milliards de dollars, c’est-à-dire près du double de ce qu’il est actuellement. Dans ce but, les plus grandes fortunes chinoises s’y impliquent énormément ; les 10 plus grosses entreprises sont chacune à la tête d’une équipe.

Tout cela est bien appuyé par un public asiatique généralement très friand de ce sport, et si jusque-là les championnats européens connaissent une bonne visibilité (il existe en Thaïlande une chaîne spécialement créée pour la Premier League), la sauce commence tout de même à bien prendre. Avec 20 000 spectateurs en moyenne, l’affluence de la Chinese Super League est équivalente à celle de la Ligue 1 et le Beijing Guoan a reçu cet été 42 000 demandes d’abonnements pour un stade de 27 000 places.

Les droits télévisés commencent aussi à exploser et sont passés de 8.2 millions d’euros à 183 millions cette saison, une augmentation par 22 du chiffre initial ! On est encore loin des championnats européens (748.5 millions pour la Ligue 1, 2.3 milliards pour la Premier League) mais l’écart se réduit.

Une densité qualitative croissante du football chinois

Toutefois, la plupart du temps, on entend parler de la Chine seulement lorsque l’un des joueurs évoluant habituellement en Europe part pour l’Empire du Milieu. Et il convient de reconnaître que progressivement le championnat commence à être intéressant. Avec des joueurs comme Demba Ba, Papiss Cissé, Graziano Pellè, Roger Martinez, Ezequel Lavezzi, Gervinho et Hulk, évoluant tous dans un club chinois, le niveau s’est grandement amélioré ces dernières années. La venue de certains de ces joueurs se paie à prix d’or, si bien que la Chinese Super League est déjà le douzième championnat avec la plus grosse masse salariale tout sports confondus, ce qui le situe juste deux places en dessous de la Ligue 1. La D2 chinoise a pour l’instant davantage dépensé cette année sur le marché des transferts que la Ligue 1, la Bundesliga ou la Liga !

Et si la Chine avait dans le passé un championnat archaïque ne comptant que sur des internationaux en fin de carrière (comme Anelka et Drogba en 2012) pour bénéficier d’un peu de visibilité, celle-ci a bien progressé aujourd’hui. Le football chinois s’est adapté à la stratégie des championnats, comme en Ukraine ou en Russie, qui misent sur des jeunes joueurs arrivant tout juste à maturité, autour de 22 ans, ou qui consistent à piller des clubs de championnat financièrement plus faible comme ceux d’Amérique du Sud.

Cette technique semble plutôt bien fonctionner, car Francis Gillot, qui a coaché pendant un année le Shanghai Shenhua, a reconnu que le niveau du championnat était bien supérieur à ce qu’on laisse souvent penser, les deux plus grandes équipes chinoises (le Guangzhou Evergrande et le Shangai SIPG) ayant le niveau du top 5 de la Ligue 1.

La Chine met donc les moyens afin de respecter son ambition d’être prochainement l’une des futures grandes nations du football. Avec ce plan bien préparé sur des points plutôt lucides, aucun doute, il faudra compter avec elle dans le futur. Ce n’est évidemment pas encore le cas, aujourd’hui, des nations comme le Japon ou la Corée du Sud lui semblent supérieures, et il reste forcément beaucoup à faire. Quand la Chine rivalisera-t-elle directement avec ses homologues européens ?

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