Climat : la gauche américaine contre la liberté d’expression

La plus grande victime du réchauffement climatique semble être la santé mentale du Parti Démocrate américain.

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Climat : la gauche américaine contre la liberté d’expression

Publié le 21 juillet 2016
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Par Shikha Dalmia, depuis les États-Unis.

Climat : la gauche américaine contre la liberté d'expression
By: Michael TraceyCC BY 2.0

Les Américains sont tellement focalisés sur la candidature extravagante de Donald Trump que nous avons raté l’une des plus grosses affaires politiques de 2016 : les manœuvres redoutables de la gauche pour étouffer ses opposants idéologiques. Le meilleur exemple : sa croisade pour réduire au silence les dissidents au changement climatique.

Environ vingt procureurs généraux démocrates ont lancé une campagne contre ExxonMobil et autres pollueurs industriels pour avoir prétendument diffusé de fausses informations à propos du réchauffement climatique. Qu’a fait le Parti Démocrate ? Railler la campagne ? Non. La dénoncer ? Nope. Demander sa fin ? Bien sûr que non.

Campagne contre ExxonMobil

Les démocrates ont plutôt fait de cette position un élément officiel de leur programme de parti, promettant d’utiliser le « ministère de la Justice pour enquêter sur des présumées fraudes industrielles d’entreprises d’énergie fossile qui auraient supposément induit en erreur ses actionnaires et le public sur la réalité scientifique du changement climatique ».

Les militants écologistes affirment détenir des mémos internes prouvant que ExxonMobil savait dès 1977, bien avant que le réchauffement climatique devienne effectivement d’urgence publique, que le doublement du dioxyde de carbone atmosphérique produirait une hausse de température mondiale de 2 à 3° Celsius. Ils affirment aussi que l’entreprise a discuté en interne des impacts du réchauffement sur les opérations en Arctique dès le début des années 1990.

Mais de la même façon que les cigarettiers ont nié publiquement le lien entre fumer et cancer du poumon alors qu’ils connaissaient la vérité, Exxon aurait dépensé 30 millions de dollars au fil des ans pour financer le négationnisme du réchauffement climatique et faire cesser les mesures liées aux changements climatiques.

Des affirmations exagérées

Ces affirmations sont exagérées, pour ne pas dire erronées.

Premièrement, comparer l’industrie du tabac et celle des énergies fossiles n’est pas seulement absurde mais hypocrite, sachant que fumer tue directement les fumeurs. Avant d’affirmer que le réchauffement climatique pourrait un jour être meurtrier, rappelez-vous que les énergies fossiles sont une source d’énergie bon marché sans laquelle des millions de pauvres, particulièrement dans les pays du tiers-monde, périraient sur le champ, et non dans un futur lointain quand la Terre se réchauffera.

Quant à ces mémos soi-disant irréfutables, ils ne sont que de simples spéculations soulignant maintes fois les profondes incertitudes de l’époque autour de la climatologie. Mon collègue Ron Bailey, du magazine Reason rapporte que ExxonMobil a commencé à mettre en garde les investisseurs des risques pour l’entreprise des politiques afférentes au changement climatique dès 2006, année où le GIEC a déclaré anthropique le réchauffement climatique. L’entreprise a d’ailleurs révisé son opposition aux mesures climatiques en appuyant la taxe carbone.

Mais peu importe tout cela pour les guerriers du réchauffement climatique, lesquels, dans une ferveur rappelant l’inquisition espagnole, souhaitent la prison pour les dissidents climatiques et accusent Exxon de meurtre industriel. Dans ce but, ils se sont alliés au Parti Démocrate et s’en prennent à Exxon et n’importe quel groupe ayant de près ou de loin à voir avec le changement climatique.

À l’automne dernier, une poignée de scientifiques du climat de l’Université de George Mason s’est empressée de solliciter par courrier le ministère de la Justice, pour utiliser la loi RICO anti-corruption en vue d’une enquête sur cette prétendue machinerie mensongère ; constat relativement inquiétant, loin de rejeter cette requête, le Procureur Général Loretta Lynch l’a transmise au FBI.

Pire encore, ce printemps, quelques procureurs généraux, membres de l‘Union des procureurs pour les énergies propres, ont sommé à comparaître Exxon pour ses liens, depuis 1977, avec une centaine de think tanks, groupes de défense, lobbyistes et pôles universitaires qu’ils ont financés ; incluant la Fondation Reason, où je travaille, laquelle a reçu des fonds d’Exxon il y a bien longtemps. Ces procureurs ont également tenu une conférence de presse, en présence d’Al Gore pour ajouter, sans doute, une touche d’objectivité, pour faire part de leur intention d’aller jusqu’au bout de cette bataille.

Mais le premier amendement de la constitution des États-unis protège tout lobbying industriel, même mensonger. En l’état, il est peu probable que ce djihad juridique donne lieu à des poursuites. Quel est donc son objectif ? Harceler Exxon jusqu’à ce qu’il mette fin aux financements de groupes aux orientations politiques et de recherches qu’ils jugent nuisibles.

Face au harcèlement étatique

Quand la CEI (Competitive Enterprise Institute), un des groupes listés, pointe du doigt cet abus flagrant de pouvoir dans un article d’opinion, le procureur général des Îles Vierges des États-Unis Claude Walker rétorque avec une nouvelle injonction à comparaître, exigeant la totalité de ses correspondances avec Exxon, entre 1997 et 2007.

Habituellement, les entreprises plient face au harcèlement étatique afin d’éviter de coûteuses divulgations et de la mauvaise presse. Mais face à cette campagne tellement aberrante, Exxon a insinué qu’il poursuivra en justice en retour et a déposé une requête en jugement déclaratoire auprès d’une cour de justice du Texas, au motif d’infraction de ses droits à la liberté d’expression, à la procédure équitable, à l’absence de perquisitions (et saisies illégales), constitutionnellement protégés.

Pendant ce temps, la CEI a demandé par requête des sanctions envers Walker, l’obligeant à rembourser ses frais de justice, entre autres indemnisations. L’E&ELI, un groupe de juristes pro-marché, a quant à lui invoqué la loi Freedom of Information Act à propos des emails des scientifiques soi-disant indépendants de George Mason ayant sollicité le ministère de la Justice ; ces juristes ont trouvé des preuves limpides, non seulement de collusion entre ces scientifiques et plusieurs procureurs généraux et autres législateurs démocrates, mais aussi une volonté de leurrer les journalistes.

De telles révélations accablantes ont conduit Walker ainsi que d’autres procureurs du Massachusetts et de Californie à se retirer. Seul le Procureur Général de New York Éric Schneiderman se maintient dans cette conspiration, au risque d’y perdre.

Cette victoire des libertés constitutionnelles sera de courte durée en cas de victoire de Hillary Clinton, le Parti Démocrate ayant officiellement déclaré ses intentions de soumettre au silence les dissidents climatiques. La sénatrice californienne Barbara Boxer a dénoncé au Sénat la Fondation Reason comme étant l’une des trois organisations californiennes, avec la Pacific Research Foundation et le Hoover Institute, faisant partie de l’internet négationniste sapant la science climatique.

Pour tout cela, il incombe au Parti républicain américain de centrer les débats de l’élection présidentielle sur ce sujet.

Un candidat intègre serait idéal, moins centré sur lui-même que sur le respect de la Constitution. Hélas, Trump est très occupé à porter plus gravement atteinte au premier amendement en utilisant des arguments anti-trusts, dans sa propre vendetta à l’encontre de Jeff Bezos, le propriétaire du Washington Post, qu’il accuse d’avoir publié de « faux » articles à son sujet ; Trump n’a ni l’intérêt ni la stature pour dénoncer les dérives de ses opposants politiques.

Même en cas d’échec de Trump, cette élection aura été une énorme opportunité manquée à ralentir le calendrier politique de plus en plus déjanté de la gauche. Quelle que soit l’issue en novembre de cette épouvantable campagne, la liberté d’expression pourrait être le combat du siècle dans ce pays.

Traduction d’Antoine Dornstetter pour Contrepoints de The liberal war on climate dissenters de The Week.

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  • « rappelez-vous que les énergies fossiles sont une source d’énergie bon marché sans laquelle des millions de pauvres, particulièrement dans les pays du tiers-monde, périraient sur le champ »

    Cette phrase est intéressante : elle montre que l’auteur ignore totalement la classe moyenne de son pays.
    Depuis quelques temps, le discours de l’élite « saute » régulièrement la partie de la population qui constitue la majeur partie du peuple…

    • Le monsieur parle des pays du tiers monde où l’essence vaut 10x moins qu’ici. Votre réponse n’a absolument aucun sens.
      Et de quelle élite vous parlez ?
      Vraiment n’importe quoi

  • «  » » »rappelez-vous que les énergies fossiles sont une source d’énergie bon marché sans laquelle des millions de pauvres, particulièrement dans les pays du tiers-monde, périraient sur le champ «  » » »

    Je vais en remettre une couche, comment se fait-il que des peuples de chasseurs cueilleurs soient toujours de ce monde ? ainsi que de nombreux autres …

  • Et moi j’en ai vu des vrais sur l’Oyapock (fleuve frontière Guyane-Brésil) pendant 6 mois, tribus des Emerillons et des Wayampis.
    Ils sont très contents d’avoir troqué la pagaie pour le moteur (surtout en saison sèche lorsqu’il faut 3 jours pour remonter de Saint Georges à Camopi (4 jours si c’est le village de trois Sauts).
    Ben oui Robert, le méchant progrès pétrolifère n’a pas que des inconvénients, sauf pour les bobos « Rousseauistes » des villes se déplacant en Vélib qui idéalisent les « bons sauvages ».

  • Ce sont des marrants, ces intello-bobos de gauche américains. Et pourtant il suffit de faire un tour en Californie pour les voir vivre leur vie écolo : grosses voitures 4×4, eau gaspillé à profusion au point d’assécher le Grand Canyon et le lac Powell, électricité à gogo et éclairage à giorno, pas une seule villa non-climatisée; alors c’est donc ça, être démocrate écolo aux US?

    Ben oui, tout omme les mêmes écolos français.
    Ah oui, ils sont aussi friands dé léguées et fruits bio; pas de soucis, ils ont les moyens.

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