Ronald Reagan, père spirituel du Brexit ?

Selon le Wall Street Journal, le discours pro brexit a été anticipé par celui du président Ronald Reagan au début des années 1980.

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Ronald Reagan, père spirituel du Brexit ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 juillet 2016
- A +

Par Dominique Mercier.
Un article d’Emploi2017

Reagan, père spirituel du Brexit ?
By: The Official CTBTO PhotostreamCC BY 2.0

D’après Daniel Henninger, un éditorialiste du Wall Street Journal, le père spirituel du Brexit pourrait être… Ronald Reagan. Le Brexit traduit en effet une rupture entre le peuple et le gouvernement, ou plus précisément, entre le peuple et ce que le gouvernement est devenu au fil du temps : un État administratif. Nous résumons ici la pensée du journaliste1, qui est celle de l’essentiel du monde libéral.

Le gouvernement est le problème

Déjà en 1981 Ronald Reagan déclarait : « Dans la crise actuelle, le gouvernement n’est pas la solution au problème, le gouvernement est le problème ». Ainsi qu’il le précisait dans le même discours, cela renvoie à la question de la responsabilité personnelle : « Nous sommes tentés de croire que la société est devenue trop complexe pour se gérer de manière autonome, que le gouvernement, par une élite, est meilleur que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Mais si personne parmi nous n’est capable de se gouverner lui-même, qui parmi nous a la capacité de gouverner quelqu’un d’autre ? »

La gestion de l’Union européenne semble donner raison à Ronald Reagan. Ainsi que l’analyse Daniel Henninger, dans toute démocratie il y a une sorte de pacte entre le peuple et le gouvernement. Le peuple accepte de payer des impôts et en retour le gouvernement embauche des experts, une « élite », qui s’occupe de gérer au mieux le pays et d’assurer à la fois la prospérité sur le plan économique et l’équité sur le plan social. Mais quand au fil du temps, le peuple constate que le gouvernement n’honore pas sa part du contrat, cela entraîne inévitablement le rejet de ce qui est devenu en fait un « État administratif ».

Ainsi que le note un autre article2 du Wall Street Journal, ce sont aujourd’hui 60% des lois britanniques qui sont faites à Bruxelles. Or, rappelons-le, selon la procédure de codécision dite « procédure législative ordinaire », les actes législatifs sont adoptés uniquement sur proposition de la Commission, laquelle Commission est exclusivement composée de bureaucrates non élus.

Un problème bureaucratique à l’origine du Brexit

Ces bureaucrates ont été évidemment impuissants à résoudre les problèmes de l’Europe. Selon Daniel Henninger, le traité de Maastricht a été signé dans le but d’éviter les dérives économiques des pays : il les obligeait officiellement à garder une dette nationale en dessous de 60% du PIB, et un déficit annuel en dessous de 3%. Mais cela n’a pas marché. Presque tous les membres ont triché, la croissance a chuté et le chômage des jeunes a atteint des sommets dans plusieurs pays d’Europe. La banque centrale européenne démontre tout autant l’échec des élites, s’étant depuis sept ans révélée incapable de redonner une croissance normale à l’Europe et, comme le dit ce journaliste, « disparaissant maintenant dans un trou noir appelé taux d’intérêt négatifs ».

Cette bureaucratie se targue évidemment de défendre l’intérêt général. On peut cependant en douter quand on connaît les salaires de certains fonctionnaires européens. D’après une étude de Die Welt d’il y a quelques années, 11.117 fonctionnaires européens percevraient un salaire de 12.444 euros par mois3

Si un référendum était mené aujourd’hui en Italie, en Espagne, en France ou en Norvège, beaucoup choisiraient, tout comme les Britanniques, de reprendre le pouvoir dérobé par la bureaucratie.

  1. Voir : Daniel Henninger, Goverments hits the wall, Wall Street Journal, 1er juillet 2016.
  2. Roberts, Britain and Obama’s ’Back on the Queue’, Wall Street Journal, 20 juin 2016.
  3. Source : observatoire des gaspillages : http://www.observatoiredesgaspillages.com/2014/03/hausse-des-salaires-des-fonctionnaires-de-l-ue/
Voir les commentaires (9)

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  • « les actes législatifs sont adoptés uniquement sur proposition de la Commission, laquelle Commission est exclusivement composée de bureaucrates non élus. »
    Pour avoir lu plusieurs projets de loi de finance ou de loi de financement de la sécurité sociale, il est clair que les idées sous jacentes provienne plus des hauts fonctionnaires non élus et inamovibles que de nos parlementaires.
    Que dire des propositions de Loi présentées par des ministres non élus pour ça ?

    Bruxelles ne fait que reproduire à grande échelle des pratiques instaurées en France depuis des lustres.
    Faire la retape sur ces fonctionnaires européens « non élus » n’a ainsi,pas vraiment de valeur, c’est juste un argument fourre-tout.

    Ça n’enlève rien au problème de l’excès administratif, mais la non élection n’en est pas la cause première.
    Le prétendu excès de rémunération non plus, à mon avis. Mais je peux me tromper.

  • Si une loi « britannique est « faite » à Bruxelles, c’est que le Conseil des Ministres, organisme interétatique, où est représentée la GB, a donné son feu vert. Bruxelles n’impose rien aux pays membres tant qu’elle n’a pas reçu le Feu vert du Conseil des Ministres où tous les pays sont représentés ! Lorsqu’une régulation ou une loi n’apparaît pas comme acceptable par la GB, c’est que son ministre n’a pas fait son travail ! Cessons de raconter n’importe quoi sur Bruxelles, bouc émissaire.

    • Je vous conseille grandement de relire les traités et de regarder comment se prennent les décision au conseil et comment depuis le traité de Rome le nombre de champs nécessitant une majorité qualifié n’a cessé de croitre.

      Les directives sont élaborés par les boureaucrates de la commission européenne avant d’être soumises aux conseils.
      Le conseil votent à la majorité qualifié sur bon nombre de sujet, et à partir du 1 avril 2017 le traité de Lisbonne entrera totalement en vigueur élargissant encore le champ des votes à la majorité qualifié, aujourd’hui un état membre peut imposer que le vote du conseil se fasse en appliquant les dispositions du traité de Nice ou plus de sujet nécessitent l’unanimité par rapport à Lisbonne.

      Donc quand un état membre se retrouve à devoir retranscrire une directive européenne ça peut parfaitement être en ayant toujours été en total désaccord avec celle-ci, et nullement parce que son ministre n’aurait pas fait son travail.

      Mais après on va encore venir expliquer que ceux qui sont contre l’UE c’est parce qu’ils sont mal informés.

    • Vous devriez changer de pseudo et vous appeler : Désinformer

      – Un état peut-il s’opposer à une décision prise à la majorité : non
      – Y a-t-il obligation de transposer les directives : oui
      – Dans le cas contraire que se passe-t-il : Avertissement, manquement, amende

  • L’impalpable haine de l’Europe (Marc Clément 4 juillet 2016)

    http://www.telos-eu.com/fr/europe/limpalpable-haine-de-leurope.html

    Extraits

    Ces mythes prospèrent parce qu’ils trouvent un terrain favorable, autrement dit qu’ils sont vraisemblables. Ils correspondent à l’image que les citoyens ont de l’Union européenne. Cette vraisemblance repose sur le fait que les négociations européennes semblent se dérouler dans un monde étrange et opaque. Mais cette opacité est due moins aux mécanismes mis en œuvre qu’à l’absence d’explications données par ceux qui y participent. Rappelons que les décisions ne sont pas prises par la Commission mais par le Conseil et le Parlement, et donc par des représentants élus des citoyens européens. La machine bruxelloise semble hors de contrôle du fait que ceux qui doivent faire le lien entre le niveau européen et le niveau national ne s’engagent pas suffisamment.

    • Franchement je vais vous dire, pour moi avec le « principe des nationalités » la formation d’Etat bloc, c’est à dire non constitutif (et il faut dire que ça s’applique de nos jours même a des fédérations) la liberté à prit une sévère défaite. Lord Action d’ailleurs qui était clairement un partisans des libertés a toujours combattus se principe et se battait pour la souveraineté du royaume de Naples. Alors ceux qui voulant absolument l’intangibilité partout veulent former avec elle un bloc dessus non merçi.

      Je trouve qu’il faut avoir un esprit curieusement tourné pour être partisans des libertés et d’un Etat réduit et de vouloir absolument qu’il soit le plus immense possible.

      Un Etat serait plus enclin a aller dans le sens de la liberté parce qu’il aurait plus de citoyens? Je pense le contraire.

    • Conseil qui vote sur beaucoup de sujet à la majorité qualifié, ce qui permet en gros à la commission de toujours trouver une majorité pour imposer ses directives.

    • Ce n’est pas parce que vous répétez 100 fois des bêtises que ça en fait des vérités.
      Votre coté « je vais vous éduquer » a un résultat désastreux : on a internet hein !

  • Comme l’indiquant d’autres intervenants dans les commentaires, ce n’est pas très convaincant. Si on admet que le gouvernement est le problème est pas la solution, pourquoi l’UE serait-elle davantage un problème que les gouvernements nationaux? Sont-ils davantage « démocratiques » ou moins technocratiques? J’attends toujours une analyse sérieuse qui me le démontrerait. Sont-il plus efficaces? Pour une partie au moins des Etats de l’UE, je suis persuadé du contraire.
    On arguera que supprimer l’UE enlève un étage à la fusée étatiste, ce qui est mieux que rien. Mais c’est oublier que l’UE est plutôt un frein aux délires collectivistes de certains Etats (suivez mon regard…). En outre, il est aussi évident que l’exercice de certaines compétences régaliennes au niveau de l’UE, telles que la défense ou le contrôle des frontières permet(trait) d’appréciables économies d’échelle et donc des économies. J’ai lu quelque part que l’UE dépensait autant pour ses armées que les USA – pour un résultat incommensurablement plus ridicule.

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Auteur : Catherine de Vries, Professor of Political Science, Fellow and member of the Management Council of the Institute for European Policymaking, Bocconi University

 

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