Amazon Prime Now : pour Anne Hidalgo, le progrès, c’est déloyal

Anne Hidalgo veut empêcher Amazon d’apporter un service efficace à ses clients.

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Amazon Prime Now : pour Anne Hidalgo, le progrès, c’est déloyal

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 juin 2016
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Un article du Parti Libéral Démocrate.

Amazon Prime by Andrew Hitchcock (CC BY 2.0)
Amazon Prime by Andrew Hitchcock (CC BY 2.0)

 

Vent debout contre l’ouverture des commerces en soirée et le dimanche, Anne Hidalgo s’en prend désormais à la dernière innovation issue du net. Le nouveau service d’Amazon, Prime Now, constitue selon elle « une concurrence déloyale à l’égard des commerçants et des artisans ».

 

La promesse d’être intransigeante contre Amazon

Anne Hidalgo est toujours en retard de deux guerres.

Vent debout contre l’ouverture des commerces en soirée et le dimanche, elle s’en prend aujourd’hui à la dernière innovation issue du net. Le nouveau service d’Amazon, Prime Now, constitue selon elle « une concurrence déloyale à l’égard des commerçants et des artisans ». Rien que ça. L’idée que les Parisiens puissent souhaiter se faire livrer des produits – en particulier alimentaires – en une heure, maximum deux, lui est juste insupportable. Et les commerçants de proximité qui n’ont pas encore l’équivalent de Deliveroo ?

Nous la voyons brandir l’arme de la répression avec l’érection de « garde-fous » – lesquels ? – et la promesse d’être « intransigeante » avec Amazon. Si elle l’est autant qu’avec les services de la Ville de Paris – pensons au ramassage des poubelles et à la propreté -, les dirigeants d’Amazon peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Et les Parisiens impatients de bénéficier de ce service ultra réactif aussi.

Elle a déjà haussé le ton à l’égard d’AirBnB, concurrent (forcément) déloyal à l’égard des hôtels. Le durcissement des conditions de location d’appartements s’est accompagné d’un recours implicite – sans l’avouer – à la délation des « voisins vigilants » pour punir les propriétaires – et donc leurs clients – qui ne respecteraient pas strictement l’empilement croissant de restrictions et d’interdictions.

Tout cela n’est qu’un début. Tant d’autres nouveautés en préparation ou en cours de lancement sont en passe de bousculer les acteurs économiques actuels qu’Anne Hidalgo ne va bientôt plus savoir où donner de la tête. Elle devra embaucher et former pléthore de nouveaux fonctionnaires chargés de surveiller toutes ces nouvelles pratiques et de réprimer ces barbares du net alors que les comptes de la ville sont largement déficitaires. Est-ce bien raisonnable ?

 

Oui aux startups, non à leur offre ?

La maire de Paris adore pourtant inaugurer les incubateurs de startups : Numa et, récemment, la Digital Foundry dans la Silicon Sentier, le Cargo ou la Halle Freyssinet où s’installeront 1000 startups aux cotés de la fameuse école 42 cofondée par Xavier Niel, Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon. Avoir plein de startups, c’est branché. Les laisser développer leur offre auprès des consommateurs, c’est une autre affaire. Comme tant d’autres responsables politiques, Anne Hidalgo découvre que ces jeunes pousses deviennent vite des mauvaises herbes pour l’économie planifiée et soutenue à coups d’autorisations, d’aides et de privilèges. Internet ne connaît ni les frontières, ni les vieilles règles. Elle va devoir admettre qu’aucune muraille ne résiste à ces avancées.

Elle n’est pas seule à rester hermétique au changement, l’ancien président de la République vient seulement d’apprendre l’existence du site leboncoin.fr. L’arrivée des plateformes numériques a déclenché une révolution tant sur le plan de nos habitudes et de l’usage de nos biens que sur celui du travail. Le Big Data, les Smart Cities, la voiture autonome, la Blockchain et d’autres ruptures technologiques en cours vont bouleverser les liens sociaux, l’économie et le rapport des citoyens à l’État.

Myriam El Khomri et Philippe Martinez s’étripent en tête-à-tête sur quelques ajustements marginaux du Code du travail alors que la première n’a jamais travaillé dans une entreprise et que le second les terrorise. Ils n’ont pas compris que le Code du travail tomberait bientôt dans l’oubli avec la concurrence déloyale du progrès. Celui-ci fait émerger de nouvelles formes d’activité, condamnant sans doute à terme le salariat traditionnel. Nous travaillerons de plus en plus pour plusieurs donneurs d’ordre au lieu d’un employeur unique.

La pluri-activité exigera de l’agilité et de l’autonomie, tout le contraire du salariat engoncé dans ses 3500 pages de réglementations trop complexes et rigides.

 

Paris, ville-musée

L’ambition d’Anne Hidalgo c’est de faire de Paris une ville provinciale à l’échelle de l’Europe.

Sacré pari compte tenu des nombreux atouts de la capitale. Elle n’est pas loin d’y parvenir. Malmenée par une planification ratée des transports et de multiples restrictions, Paris devient une ville-musée ; un musée qui se vide avec la baisse annoncée par le Louvre de 1,7 million de visiteurs en 4 ans. Pour elle comme pour l’ensemble de la classe politique, les nouvelles technologies sont bonnes pour l’image, la déco, tant qu’elles n’altèrent pas nos modes de vie. Leur ode à la lenteur se voit néanmoins régulièrement percutée par les innovations que les dirigeants politiques n’ont pas vues venir. Des entrepreneurs, des ingénieurs et des inventeurs géniaux sont en train de dessiner nos sociétés de demain tandis que les politiques ne s’intéressent qu’au prochain scrutin. Ces derniers doivent se préparer à de nombreuses nuits blanches.

La révolution numérique rend aux citoyens de nombreuses libertés, liberté d’expression, d’action et de consommation. L’État voit ses assujettis le contourner sans scrupule, lui et ses réglementations à l’ancienne. La société est en train de se reconstruire sur de nouveaux fondements qu’aucun dirigeant ne parvient à comprendre ou à contrôler. Décidément, la rupture numérique est vraiment une concurrence déloyale pour le pouvoir.

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  • Sale temps pour les politiques , voila que les « cons » , « sens dents » , « rebelles analphabètes  » quand que ce ne sont pas des « boursouflures du moi » se mettent à agir en désaccord avec la propagande … la machine à manipuler est grippée , les nains sont en slip , gare au reveil , ce n’est jamais facile

  • les chiens aboient mais la caravane passe…hidalgo ne peut rien faire contre le progrés ; elle peut seulement le ralentir ;

    • C’est clair, la liberté finit toujours par gagner parce que les régimes coercitifs portent le germe de leur disparition, mais les effets des ralentissements et les dégâts peuvent s’étaler sur plusieurs générations.

    • Je suis d’accord avec âne : il faut vraiment interdire les livraisons de pizza à domicile le soir après 20h et le week-end 🙂

  • Amazon contournera une potentielle législation comme il le fait si bien avec les livres. La semaine dernière, j’en ai commandé un à livrer chez mes parents et Amazon m’a proposé trois solutions :
    – La livraison sous 2-3 jours.
    – La livraison en 24 heures contre un supplément de 7 euros et des poussières.
    – La livraison en 24 heures gratuite si j’essayais Amazon Premium.

    Qu’ai-je donc fait ? Facile, j’ai opté pour la troisième solution et dès le livre reçu, j’ai annulé Amazon Premium. Au pire des cas, l’entreprise utilisera des subterfuges de ce genre si Hidalgo tente de mettre des « garde-fous ».

    • Ce qu’il y a de bien avec Amazon, c’est qu’ils se foutent complètement des gesticulations des politocards. La dernière fois, le gouvernement a crée une loi « spéciale Amazon », oui une loi faite tout spécialement pour une société, incroyable. Cette loi rendait illégale la gratuité des frais de livraison. Amazon a donc passé ces frais de 0 à 0,1€. On en rigole encore. Bravo, Amazon 🙂

  • « Anne Hidalgo découvre que ces jeunes pousses deviennent vite des mauvaises herbes pour l’économie planifiée »

    Très bon, citation à retenir! 🙂

  • Bon encore une fois les gens s’en foutent des autres, ca ne gêne à personnes de demander à des commerçants de bosser la nuit et le dimanche ? Ils n’ont pas le droit à une vie avec un minimum de repère ? Ca gêne personne de voir congés annuels sur la devanture d’un commerce ? Et après ces mêmes personnes diront : « Ah c’était bien le temps où tu pouvais te balader dans les rues et faire ton shopping en ayant un contact humain « 

    • Premièrement vous achetez probablement au premier prix, c’est à dire chinois et dans ce cas c’est amusant de donner des leçons de morale alors que vous avez tué le marché local en votant avec votre porte-monnaie.

      Deuxièmement il y a un marché pour les emplois de nuit ou du week-end. Jusqu’à 35 ans, je n’ai fait que ça et c’est exactement ce que je voulais. Jeune entrant, temps partiel, arrangement de vie diverse, des tas de gens ont intérêt à faire ces horaires pour diverses raisons.

      Des employés ont même manifesté contre les syndicats qui voulaient leur enlever de force ces horaires.
      http://www.lefigaro.fr/social/2013/09/22/09010-20130922ARTFIG00139-travail-dominical-les-salaries-s-opposent-aux-syndicats.php

      Troisièmement vous avez une vision risible de l’entreprise ou tout ce qui n’est pas interdit sera forcément utilisé à fond par les patrons.
      Le travail dominical ou de nuit n’est de loin pas une généralité profitable pour toutes les entreprises et à tous les endroits.

      • Euh non, je n’achète pas au premier prix, et puis faut comparer ce qui est comparable, dans l’article, il est question de produits alimentaires surtout, votre commentaires sur mon possible achat d’article chinois est vraiment déplacé.
        Je ne suis pas contre le travail de nuit ou le dimanche, je n’ai jamais dis ça, c’est juste que pour reprendre l’exemple des commerçants déjà qu’ils travaillent 60h la semaine pour des cacahuètes sans aucun soutien de la part de l’état ou des collectivités.
        Alors quand un grand groupe avec des moyens énormes et qui ne payait même pas d’impôt en France il y a peu, mets en place un service révolutionnaire mais avec des conséquences dramatiques, il est pour moi normal d’empêcher ce service car il est déloyal.
        Je comprends qu’il y ai des gens qui veuillent travailler le dimanche et la nuit, il y a plein d’avantages.

        Après dès que j’ai parlé du travail en soirée, vous vous êtes surement dis « tiens encore un con de la CGT avec sa vision risible de l’entreprise » mais non je viens d’une famille de commerçant.

        La vérité comporte de multiples facettes

        • Mouaips, et la liberté de ces gens de le faire ou non ?
          et de penser que Amazon va ouvrir des frigos dans Paris pour livrer les gens ? c’est pas limite imaginer de notre président est intelligent ? même pas en rêve. Amazon va simplement utiliser des commerçants qui voudront travailler, car jamais cette boite ne va ouvrir une boite dans Paris.
          Donc toujours la même chose, qui êtes vous pour décider de ce que veulent les gens ? de ce qui est bon pour eux ? de ce qui est morale ou pas ?
          Dans ce pays, ou la majeure partie des commerçants crèvent la dalle, avoir une ouverture pour s’en sortir, une bonne partie sautera dessus pour tenter de vivre mieux, arrêter de galérer. Voir même se concentrer sur ces livraisons, nouvelles commandes, pour bosser moins en gagnant plus.

          Putain, avec des gens comme ca, ou tout est mauvais, les gens trop bête, ce pays est vraiment foutu.

          PS: non je n’achète pas chinois, maisssss, mon téléphone ? ma télé ? mon lave vaisselles ? mon four ? mon lit ? mes meubles IKEA ? ma voiture ? (ha non, c’est une pigeot, fabriquée en Espagne, merde, même ca …) <== juste votre réplique moisie

          CPEF.

          • Bah en même temps décider de ce qui est « bon pour nous », c’est le rôle des politiques à la base, enfin ils sont élus pour ça.
            Pour acheter chinois, bah tout le monde achète chinois et je ne juge en aucun cas mais je le redis cette remarque est déplacée vis à vis de l’article. Je suis pour la création de nouveau service et d’une nouvelle organisation du commerce mais je trouve l’article et les commentaires beaucoup trop réducteur vis à vis de ce que fais Hidalgo.

            • « Bah en même temps décider de ce qui est « bon pour nous », c’est le rôle des politiques à la base, enfin ils sont élus pour ça. »

              Celle-ci, il faut l’encadrer !!!

              « Il faut le dire : il y a trop de grands hommes dans le monde ; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au dessus de l’humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s’occuper d’elle. »
              Frédéric Bastiat, La Loi.

              « Eh quoi ! est-il donc si difficile de laisser les hommes essayer, tâtonner, choisir, se tromper, se rectifier, apprendre, se concerter, gouverner leurs propriétés et leurs intérêts, agir pour eux-mêmes, à leurs périls et risques, sous leur propre responsabilité ; et ne voit-on pas que c’est ce qui les fait hommes ? Partira-t-on toujours de cette fatale hypothèse, que tous les gouvernants sont des tuteurs et tous les gouvernés des pupilles ? »
              Frédéric Bastiat, Harmonies Économiques, chap. Des Salaires.

        • Xray: « déjà qu’ils travaillent 60h la semaine pour des cacahuètes sans aucun soutien de la part de l’état ou des collectivités. »

          Vous savez quelle est la pire phrase qu’un entrepreneur peut entendre ? « Bonjour, je suis du gouvernement et je viens vous aider »

          En fait « d’aide », l’état français n’a de cesse de les tabasser à mort avec un taux de charge jusqu’à 65% et un nombre de règles et de contraintes hallucinantes.
          Les entreprises et commerces français ont en moyenne les marges les plus basses d’Europe, c’est dire si le tissu économique français s’effondre sous le poids de l’état.

          Si l’état vous lâchait déjà la grappe pour commencer, ce serait un immense bol d’air.

          Saviez-vous que l’économie française est moins libre que celles du Ghana et du Kazakhstan ?
          Indice liberté économique – Classement des pays
          Indice liberté de la presse – Classement des pays
          Indice de la corruption – Classement des pays

          • Ça je pense bien que je le sais, sans penser à toutes les réglementations, je suis bien d’accord avec vous.
            Mais après je pense que c’est surtout une différence d’idéologie, entre liberté et protection.

            Pour en revenir à l’article si le géant Amazon propose un collaboration honnête, pourquoi pas ?

            • Xray: « Pour en revenir à l’article si le géant Amazon propose un collaboration honnête, pourquoi pas ? »

              L’économie avance par la « destruction créatrice ». Dans le respect des droits et libertés de chacun les plus efficaces et avantageux font disparaitre les moins efficaces.
              C’est pour cela que nous n’avons plus d’allumeurs de réverbères, ni bourreliers, ni foulonniers etc. etc.

              Qu’entendez vous par « collaboration honnête » ?

              • Merci de rappeler des évidences universelles.
                Par collaboration honnête, comme il a été rappelé que Amazon ne ferait des gros stocks ou d’entrepôts en ville, au final on pourrait imaginer un certain nombre de commerçants avec un contact physique s’allier avec Amazon. soit pour vendre les produits d’Amazon ou leurs produits avec des accords soit au cas par cas (moins avantageux), ou au moins avec une union commerçante. Je ne sais pas si cela existe déjà mais cela pourrait assurer la transition de « destruction créatrice » dont vous parliez.

                • Amazon offre une plate-forme de vente à une multitude de marchands.
                  J’achète beaucoup sur Amazon, la plupart des produits sont vendus par des tiers.

  • Pour les politiciens, tous ceux qui créent, inventent, innovent et remettent en cause le fonctionnement présent d’une société, d’une organisation économique sont par nature néfastes.
    Les politiciens pensent être les seuls capables d’avoir une vision d’une société idéale, parfaite, égalitaire, etc…
    Ils n’acceptent pas la concurrence en la matière; leur génie, leur clairvoyance le leur interdisent !

  • toujours aller contre l’intérêt du consommateur.
    Le pire c’est que ce dernier en redemande et revotera pour les mêmes.
    Désolant

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