L’Union Européenne est morte, vive l’Europe !

Non le Brexit ne sera pas le cataclysme annoncé. L’Union Européenne est morte, pas l’Europe ni sa prospérité ou sa paix.

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Europe by Charles Clegg(CC BY-SA 2.0)

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L’Union Européenne est morte, vive l’Europe !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 26 juin 2016
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Par Charles Boyer.

L'Union Européenne est morte, vive l'Europe !
Europe by Charles Clegg(CC BY-SA 2.0)

L’Union Européenne est morte même si elle ne le sait pas encore. Le modèle actuel de son développement, à savoir « une union toujours plus étroite », est née de la réaction horrifiée de Jean Monnet devant Verdun en 1916, la pire boucherie guerrière de toute l’histoire. Affreusement, Verdun mena à Barbarossa, un épisode de l’Histoire de l’Europe parmi les plus meurtriers depuis la peste noire.

Toujours plus d’État, toujours moins d’adhésion européenne

Le 23 juin 2016, pour le meilleur et pour le pire, nous avons quitté pour de bon le XXème siècle. Après que l’Union Européenne a été envisagée comme une libération économique pour la prospérité, elle a par la suite et de plus en plus adopté les atours d’un super État supra-national. Un processus en cohérence avec les intentions profondes, mais pas toujours transparentes, de ses fondateurs. Et plus ce processus avançait, moins les populations y étaient favorables, ce que démontraient un à un les référendums, qui ont conduit les dirigeants à mépriser et écraser ouvertement la voix des individus, comme le fit Sarkozy en 2008.

Qui a lu De l’inégalité parmi les civilisations de Jared Diamond est familier du concept selon lequel une région du monde où règne une concurrence entre pays favorise davantage le progrès qu’un immense pays centralisé. Au début du XVème siècle, les grands explorateurs Chinois avaient presque un siècle d’avance sur le Portugal ; et leur amiral eunuque musulman Zheng He avait déjà établi des relations avec tous les pays, jusqu’à l’Afrique de l’Est.

Si cette activité avait perduré au même rythme, nous aurions été « découverts » par voie de mer, et non l’inverse. Pourquoi cela ne s’est-il pas produit ? Parce qu’un empereur y a mis fin, de sa seule et unique décision irrationnelle. Et pourquoi, un siècle plus tard, un mouvement semblable des Portugais fut alors incoercible ? Parce qu’aucune autorité ne pouvait plus y mettre fin, parce que les pays d’Europe étaient en concurrence. Après le Portugal vint l’Espagne, puis la France et le Royaume-Uni.

L’idée de faire avancer l’Union européenne vers un seul État supranational est donc sans avenir. C’est justement sa centralisation de plus en plus poussée qui explique, sans surprise, pourquoi elle recule en termes d’innovation par rapport au reste du monde. Que cela nous réjouisse ! Car, alors qu’elle prétend favoriser l’amitié entre les peuples, elle a en fait l’effet contraire. Plus nous sommes à nous unir, plus l’animosité monte. Il suffit d’observer ce qui demeure aujourd’hui de toute relation cordiale entre Grecs et Allemands.

Le Royaume-Uni fait sauter le verrou

Quoi qu’il en soit, ces discussions ont désormais pris un tour plus théorique que concret. Pourquoi ? Eh bien, pour la première fois, un pays sort, le Royaume-Uni, et avec lui, sautent un tabou et un verrou. Mieux encore : malgré les bâtons dans les roues mis par les eurocrates, l’économie et la diplomatie aboutissent à l’application en bon ordre de l’Article 50 du traité de Lisbonne, prévu pour cela ; et le Royaume-Uni finira dans l’Espace Économique Européen et dans l’Association Européenne de Libre Échange, en situation de libres circulation et échange avec l’Union Européenne, mais en n’y étant plus subordonné.

Politiquement, les événements se dérouleront certainement assez mal, étant donné, par exemple que 10 000 personnes dans les institutions de l’UE gagnent plus qu’un Premier ministre britannique (et n’évoquons même pas leurs retraites et autres avantages). Chacune d’entre elles va logiquement tenter de semer la zizanie pour sauver sa fortune. Cependant, au bout du compte, et c’est là l’important, ce ne sera pas le cataclysme annoncé. Ni de près, ni de loin.

Face à ce constat, des pays déjà hostiles à l’Union européenne ne pourront pas y demeurer bien plus longtemps, et l’on peut penser aux pays nordiques, assez rapidement. Une fois ce pas franchi, la pression du public, par exemple aux Pays-Bas, un des pays fondateurs dans les années 1950, sera pour ainsi dire irrésistible. Ensuite, une question plus lourde va se poser, relative à l’Allemagne et la France. Quand nous en serons à ce stade, il me semble impossible que le souhait de sortir de l’UE puisse encore y être étouffé par des manœuvres à la Sarkozy.

Pour ma part je suis la personne la plus europhile qui soit. J’ai vécu dans trois pays de l’UE, je parle couramment quatre de ses langues, j’ai fait des affaires avec succès dans la plupart de ses pays, et j’y voyage le plus possible, avec délice. J’ai visité bien d’autres parties du monde, et plus je l’observe, plus je sais que l’Europe est une région bénie.

La sortie du Royaume-Uni n’est peut-être pas une catastrophe

Désormais, les classes jacassantes, politiciens, médias, artistes, école, université, ONG, grandes banques, grands cabinets de consultants, grandes entreprises multinationales, vont tenter de vous faire paniquer. Ce n’est pas justifié. Bien sûr, la fin de l’UE qui vient, qui est déjà entamée, entraînera des moments de friction, de colère, et de mémorables foires d’empoigne. À la fin, nous serons davantage amis, dans une association de libre échange et de libre circulation, telle l’AELE, dans un monde toujours plus interdépendant, échangeant avec nos voisins et avec les pays du bout du monde.

Bien sûr, nombreux sont ceux que nous entendrons proclamer qu’il ne faut pas acheter du Made in China et toute ces sornettes, sans pouvoir jamais se dispenser des biens qu’ils achètent en provenance de Chine. C’est dans notre nature. Là est cependant le plus important. Cela va secouer, et remuer, mais la fin de l’UE, que je vous annonce sereinement, ne sera pas le cataclysme annoncé. Attention, indépendamment de ce point précis, de toute façon, la déconstruction de la masse intenable de dettes publiques, en Europe et dans le monde, cette crise-là, nous n’y échapperons pas, mais c’est une autre question. Le rôle de l’UE, dans cette crise, consiste juste à retarder, c’est-à-dire à aggraver l’inéluctable.

Nous vivons de grands et beaux moments. Non à l’Union Européenne ! Vive l’Europe !

Retrouvez un point de vue différent sur le Brexit avec : Brexit : une catastrophe !

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  • « L’idée de faire avancer l’Union européenne vers un seul État supranational est donc sans avenir »
    En lisant ce paragraphe, je n’ai pu m’empêcher de penser aux Etats Unis d’Amérique …

  • « Qui trouve globalement rationnelles et louables nos organisations et pratiques sociétales, en particulier sur le plan politique et économique et a fortiori environnemental, ne l’est guère » (I.I)  

    Monnet et Schuman étaient, dès avant 1939, des agents des grosses fortunes britannico-étatsunisiennes*

    Pensez au testament politique d’Eisenhower qui n’était pas du sérail pourriticien

    «  Ceux qui regardent le vote universel comme une garantie de la bonté des choix se font une illusion complète. » (A.T)

    * Les grégaires illogiquement disent « étatsuniens »

  • Sortir de l’union européenne au plus vite et garder de bonnes relations avec nos voisins, commercer intelligemment et non sauvagement façon Merkel et arrêter de parler de croissance effrénée ok là je comprends l’esprit de la Cop21.

  • Excellent résumé: « Après que l’Union Européenne a été envisagée comme une libération économique pour la prospérité, elle a par la suite et de plus en plus adopté les atours d’un super État supra-national. Un processus en cohérence avec les intentions profondes, mais pas toujours transparentes, de ses fondateurs. Et plus ce processus avançait, moins les populations y étaient favorables, ce que démontraient un à un les référendums. Ces référendums ont forcé les dirigeants à mépriser et écraser ouvertement la voix des individus, comme le fit Sarkozy en 2005. »
    Mais « 2008 » au lieu de « 2005 »

  • Entièrement d’accord ! Je n’ai rien à ajouter.

  • Merci monsieur Boyer! D accord sur toute la ligne avec un parcours itinérant similaire au votre . L Europe oui, bien sûr; mais pas celle là ! Celle que nous avons ressemble en tous points au château de Kafkaïen.

  • Tres bon article

  • UK in ou pas ne change rien au fait que la France restera engluée dans son conservatisme hors d’âge, les incompétents éprouvés succédant aux crétins en place.
    Sauf que les alternatives au STO. germanique vont se réduire.

  • Thank you beaucoup.
    Que ca fait du bien, d’écarter les œillères, de regarder l’avenir, et sourire, tout simplement!
    Puisse ce référendum sortir l »Europe de sa béate torpeur, de son prêt a penser uniforme, de ses réflexes étatistes liberticides, de l’ossification et infantilisation intellectuelle.
    Le chemin est long et probablement douloureux, mais le départ est donné.
    Long live Free Europe.

  • bon article, Rien à ajouter ou supprimer

  • Depuis plus de 60 ans j’entends les mêmes refrains et les héritiers des premiers compositeurs enchainent les mêmes chansons. Et aujourd’hui avec le Brexit je constate que les « Hommes Politiques ou autres Acteurs Financiers et Economiques » sont comme les Bœufs…. « il faut leur piquer le Cul pour qu’ils avancent ».

  • A force de tirer sur la corde….

    c’est même au dessus de l’Europe qu’il faut regarder. l’Europe essaye de mettre en place le système libéral mondial basé sur la concurrence décidé à l’époque de Reagan et Thatcher(en lien direct avec la mondialisation) …. Ce qui n’a pas été correctement appréhendé par nos super élites c’est que le secteur du social allait être mis en concurrence, et c’est bien là que ça ne va plus. Comment peut on espérer qu’il soit possible que les peuples acceptent de baisser sans arrêt leur salaires pour pouvoir avoir la chance d’en avoir un ? (de salaire). Comment est il possible d’imaginer que l’on demande au peuple toujours plus (de travail) pour en échange ….avoir toujours moins de reconnaissance. Ce principe de fonctionnement n’a aucun avenir. Si au début les peuples se sont laissé bercer par la douce musique qui leur a été joué, aujourd’hui les faits ne peuvent plus être ignorés. Plus de précarité, plus de pauvreté, plus d’injustice, moins de repartirions des richesses, plus de chômage, …
    Avant un seul salaire pouvait nourrir une famille. aujourd’hui c’est plus possible. doit on vivre pour travailler ou travailler pour vivre ?
    Au Japon, c’est pareil, depuis cette année un seul salaire n’est plus suffisant pour une famille . La bas, c’est un choc culturel important car c’est contraire à leur culture. il ont du mal a l’accepter.
    c’est donc tout le système libéral mondial qu’il faut revoir. Aux états Unis, si Donald Trump monte aussi haut, c’est qu’il y a une raison.
    le Brexit a une raison. le refus de la constitution européenne par la France a une raison…regardez dans quel état on a mis la Grèce, l’Espagne ou l’Italie ….

    Aujourd’hui je cherche à changer de travail car on nous met une pression énorme sur les épaules (rentabilité à la con, il faut faire un ebit a deux chiffre dans un domaine ultra concurrentiel), Ce n’est plus vivable.. J’ai un salaire correct, mais rien d’extraordinaire même si je suis conscient qu’il peut être envié … mais a quel prix j’ai ce salaire …..donc je veux changer. Il m’est impossible de retrouver un travail avec un salaire proche de celui que j’ai aujourd’hui. pourquoi ?
    Ils ont ouvert 8 postes dans mon service, 8 sous traitants ont été « élu » pour être embauché. A la vue du salaire proposé, 5 on refusé l’embauche car ils n’auraient plus été capable de faire face à leur obligations financières personnelles (prêt de maison, enfant à charge, ect…)
    Dans mon entreprise, on voit progressivement les gens « débrancher la prise », se désengager. il y a quelques temps en arrière des hommes se suicidaient au travail (Renault, EDF, Orange,…ce doit être toujours vrais, mais il ne faut plus en parler…) …. mais comment voulons nous vivre ?

    Il est temps que les élites reposent les pieds sur terre. Quand on sait les salaires des député européen (plus de 12 000 €/mois + avantages transport, retraites, ect…) comment ces gens là peuvent- il nous comprendre ? comment ces gens peuvent il nous guider sans notre accord ? Personne ne les a elu… Je me souviens une phrase de N.Sarkozy : « c’est pas la rue qui gouverne » alors qu’il y avait des grèves. Être Élu démocratiquement n’est pas non plus une carte blanche pour faire n’importe quoi, surtout si les promesses électorales ne sont pas tenu.

    Je suis pro européen. Je suis tout a fait conscient des bienfaits de cette union. Mais c’est la politique ultra libérale de Bruxelles qui ne peut plus être acceptée. Oui a l’union Européenne mais certainement celle qui a été construite. Il est temps que cela change. A l’origine l’Europe était prévue pour unir les peuples. Aujourd’hui c’est l’inverse. On se tape tous les uns sur les autres. Les pays veulent quitter l’Europe. les grecs haïssent les allemands, ect…pourquoi ? parce que on est en concurrence les uns contre les autres. Il n’y a pas d’union.

    En l’Europe, je ne vois qu’un immense échec, mais on peut rebondir …. si les dirigeant arrêtent de se prendre pour dieux et ecoutent enfin les peuples, c’est à dire si l’Europe redevient DEMOCRATIQUE.

  • La Duperie de l’Europe, ne sera fait selon les espoir américaine, ils pensaient arriver a faire faire les États-Unis de l’Europe en partenariat avec le concours de la Grand-Bretagne.? Hélas pour Washington c’est ratée, c’était sans compter sur l’esprit de Clocher qu’on les européens… Un Français est déjà n Breton, un Basque, un Catalan, etc… après être un français..? Et encore j’ai vue en Haute-Savoie deux personnes adultes dans un bistro de village, se traité d’étranger.! Or les deux villages se trouvant à une distance de quatre kilomètre trois cent… Idem pour les Italiens, les Espagnole ou bien les Grecque et les Autrichiens…
    Dans la politique américaine ou anglo-saxon, il n’y a jamais eu de stratégie du diviser pour mieux régner..??

  • très bon article. Je suis d’accord avec vous même si comme disait ma mère … ca vous n touche certainement une sans bouger l’autre … autant dire que vou sn’en avez rien à faire que je sois d’accord et vous avez bien raison !!! lol

  • On ne peut pas faire l’Europe des peuples sans les peuples. Franchement qui comprend la manière dont fonctionne l’Europe, qui comprend le rôle de ces commissions composées de personnes non élus ?

    Si l’Europe s’était bornée à un espace de libertés économiques, personnelles, de circulation, etc… nous n’en serions pas là.
    Mais bien sûr, nos chers, très chers, dirigeants-technocrates n’ont pas pu s’empêcher de réglementer, de légiférer, de construire une superstructure étatiste qui aurait fait plaisir à Karl Marx.

    Davantage d’Europe ne devrait pas signifier davantage d’institutions, mais avant tout davantage de liberté.

    Sérieusement, quelle est la valeur ajoutée d’une Commission Européenne qui pond des milliers de pages de réglementation absconses. Dans le dernier Journal Officiel daté du 25 juin, vous lirez avec intérêt un texte passionnant intitulé « Directive déléguée (UE) 2016/1029 de la Commission du 19 avril 2016 modifiant, aux fins de son adaptation au progrès technique, l’annexe IV de la directive 2011/65/UE du Parlement européen et du Conseil en ce qui concerne une exemption relative aux anodes en cadmium des piles de Hersch présentes dans certains capteurs d’oxygène utilisés dans les instruments de surveillance et de contrôle industriels ».
    Et c’est comme ça tous les jours, absolument tous les jours! Si on vidait l’Europe de ses habitants, le dernier truc qui fonctionnerait serait cette commission à pondre des règlements et directives.
    Qu’est ce que voulez que les citoyens européens adhèrent à ce machin ?

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