La guerre politique contre notre système de santé

Qui sont les responsables de la dégradation de notre système de santé ? Petit récapitulatif d’une guerre politique de trente ans pour socialiser la Santé.

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Hopital By: Ludo Rouchy - CC BY 2.0

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La guerre politique contre notre système de santé

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 22 juin 2016
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Par Bernard Kron.

Hopital
Hopital By: Ludo RouchyCC BY 2.0

La descente aux enfers du système de soins a commencé après les trente glorieuses, avec les chocs pétroliers. Les déficits se sont creusés et nos politiciens ont voulu faire porter le chapeau au corps médical. Pourtant les responsables et les coupables ont été les hommes politiques de tous bords.

Déjà sous Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Barrot avait bloqué les honoraires des médecins libéraux, ce qui donna lieu à des manifs monstres. La charge mémorable de CRS à Paris sur le pont Alexandre III contre les médecins ne lui sera jamais pardonné par la suite.

Ce ministre donnera son aval à une convention médicale qui aboutira à la création d’un secteur 2 permettant de contenir les revendications tarifaires des médecins sans coûter trop cher à la collectivité. Le droit à dépassement (DP) calmera pour un temps le corps médical (Raymond Barre). Depuis cette date le tarif opposable deviendra de plus en plus insuffisant, déconnecté de la réalité. Sa revalorisation pèserait trop sur le déficit chronique de la Sécu1.

L’alternance politique 

  • L’arrivée des socialistes en 1981 développera davantage la pensée unique qui gouverne la France : aller vers toujours plus d’assistance.
  • La droite est de retour en 1995, avec les ordonnances Juppé elle va pérenniser la hausse des prélèvements et donner aux parlementaires le contrôle du budget de la Sécurité Sociale.

Le mal est fait et s’inscrit dans le marbre. Déficits et chômage ne cesseront d’augmenter.

  • 1996 voit apparaître de nouveaux modes de financements comme la Contribution au Remboursement de la Dette Sociale (CRDS) dont le produit est affecté à la Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (CADES) chargée de la gestion des déficits des régimes de Sécurité Sociale.

La réforme de la constitution de la Ve république

Elle crée en 1996 les Lois de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS). Le vœu pieu de la représentation nationale est d’assurer l’équilibre financier de la Sécurité Sociale.

  • La loi organique du 22 juillet 1996 en précise le contenu, vote des prévisions de recettes, des objectifs de dépenses par branches et des dépenses nationales d’assurance maladie.
  • La carte Vitale est mise en place en 1997, puis la Couverture Maladie Universelle (CMU) en 1999. Les abus et les trafics de toutes sortes vont pervertir un système déjà trop complexe et trop administré : « je paye donc j’ai droit » !

Ainsi l’Aide Médicale d’État (AME) permet de soigner gracieusement les étrangers, même en situation irrégulière.

  • La France offre un niveau de prestation supérieur à ceux de la plupart des pays développés. Comme ces droits sont ouverts à tous les résidents du territoire national, cela va favoriser une immigration incontrôlable tant dans l’hexagone que dans nos départements d’Outre-Mer.

Ce surcroît de main d’œuvre a un effet pervers qui tire inéluctablement les salaires vers le bas.

Les nouvelles lois santé

En 2002, les lois About et Kouchner sur la protection des malades vont peser encore plus négativement sur le système de soins car elles alourdissent la tâche des libéraux.

En 2004, la réforme de l’assurance maladie étatise un peu plus le régime avec la création du médecin traitant référent qui va précéder de peu l’apparition du parcours de soins.

La création du dossier médical personnel et la nouvelle gouvernance de l’assurance maladie vont alourdir encore le système de santé avec la promotion des médicaments génériques, moins chers mais souvent moins efficaces que les molécules princeps.

Les promesses de 2004 faites par Xavier Bertrand aux chirurgiens pour revaloriser leurs actes techniques ne seront jamais tenues. L’arrivée de Nicolas Sarkozy en 2007 va apporter un début d’espoir avec la timide réforme des retraites mais il faudra vite déchanter avec les plans hôpitaux initiés sous Jacques Chirac.

Ces plans financés par la dette et des emprunts que l’on pourrait qualifier de toxiques menacent de ruiner l’hôpital dont la dette dépasse 30 milliards d’euros.

L’étatisation va se poursuivre avec les avenants conventionnels qui menottent peu à peu le corps médical avec les normes et les référenciels,

La Loi HSPT (Bachelot) va exaspérer les médecins libéraux qui vont enfin se révolter après 2012 avec la nouvelle Loi Santé (Touraine) qui veut à force instituer le Tiers Payant Généralisé.

  1. On trouvera plus de précisions dans le chapitre V de mon livre Chirurgie chronique d’une mort programmée.
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  • Et c’est pas fini, comment imaginer avoir une politique de santé cohérente sans les médicaux, et même plutot en s’opposant à eux et donc aux patients qu’ils soignent ?

  • cela va devenir difficile de se faire soigner…

  • Vous allez voir que dans quelques temps nos génies de la politique de haut vol « droite » et « gauche » confondues vont réinventer les dispensaires des années 1945/1960 …
    Comme progrès il y a mieux …
    Pire …. au niveau médical nous devenons une nation sous développée car il est fait appel à nombre de médecins étrangers pour palier les carences induites par une politique inique … Roumains, Marocains, Algériens … etc …
    Mais …
    Mais nous allons être sauvés par nos smartphones et un tas de bidules connectés … ça fait branché et moderne …. sauf que si on y réfléchit bien le coût de ces âneries politiques sera exponentiel avec une espérance de vie qui va se dégrader à vitesse grand V (cf dépenses de santé du système ultra libéral U.S.)
    Je soupçonne les grands argentiers qui font la pluie et le beau temps de tabler sur la diminution de l’espérance de vie pour améliorer les chiffres du déficit des régimes de retraite.
    Cerise sur le gâteau les médecins sont libres de leurs pensées et entrent difficilement dans le moule de la manipulation éhontée que nous ne pouvons que constater chaque jour qui passe … alors moins il y en a mieux c’est et ceux qui restent sont à mettre au pas.
    Je suggère d’enseigner l’art médical à ENA et non plus dans les facultés de médecine et là vous verrez le miracle des miracles les comptes s’améliorer … Méthodes de gestion que les génies à la science infuse ont mis en oeuvre pour la « gestion » de la dite école …. de quoi être dithyrambique … et ébahi !!!
    Au passage les dépenses de santé ne sont pas qu’un coût, elles participent au PIB du pays donc à son évolution et sa croissance (+/- 7% je crois)
    CQFD

  • Il est important de se rendre compte qu’il y a dans le « statut habituel » du médecin, des caractéristiques en opposition radicale avec celles qui forment le statut du politicien ou de l’administatif. Quelques exemple:

    1- Il faut prendre son temps pour se choisir « son » médecin pour que la relation puisse déboucher rapidement sur la CONFIANCE indispensable pour que son traitement soit le plus efficace: si vous n’avez pas ce sentiment de confiance, changez de médecin, comme c’est votre droit le plus strict, jusqu’à présent (!). Si vous avez ce sentiment, vous serez sans doute dans les +/- 95% de la population qui est satisfaite de son médecin dans nos contrées.

    * opposition: si vous n’êtes pas content de votre maire ou de votre député, vous ne pouvez pas faire grand chose! Et il y a peu de chances que vous ayez confiance que maire et député n’agissent que pour votre bien, comme vous n’êtes pas prêts à gober tout ce qu’ils racontent! De plus, personne ne vous remboursera votre participation à l’effort financier qu’ils vous imposent.

    2- Vous le savez: la médecine a fait des progrès rapides et continus, grâce aux progrès technologiques adaptés rapidement, pour augmenter son efficacité.

    * par opposition, la politique comme son alliée, l’administration, ne s’adaptent que lentement à l’informatique, sans que cela diminue le nombre de fonctionnaires où rende plus légère votre imposition ou allège ou diminue vos obligations!

    3- Vous avez le droit (le devoir?) d’interroger votre médecin sur votre maladie comme sur son traitement et ses effets bénéfiques et « secondaires », quitte à voir ensemble les alternatives possibles dans votre cas.

    * à l’opposé, face à la loi et aux règlements officiels, vous n’aurez aucun droit qui ne soit pas prévu dans les textes qui sont contraignants: « dura lex, sed lex! » (la loi est dure mais c’est la loi)

    4- si votre médecin est en secteur 1 (les plus nombreux et de loin), vous pourrez, à l’occasion, constater qu’il ne s’enrichit pas beaucoup à vos dépens, ses services étant moins coûteux que ceux d’un avocat ou d’un artisan, plombier ou électricien, qui ne viendra que quand il a le temps, alors que votre médecin viendra en « visite » très rapidement si vous en avez besoin pour un prix fixé qui reste raisonnable, quand vous risquez, en cas d’urgence, de voir doubler le prix de votre artisan. La retraite de votre médecin, comme indépendant, n’est franchement pas l’une des plus favorable.

    * le politicien est habituellement bien payé, même quand il n’est pas présent à son « travail », et ses frais sont pris en charge sur un budget « ad hoc » qui ne lui demande pas de se justifier autrement que « sur l’honneur », ce dont on sait que le terme a pour eux une valeur très relative! Il aura aussi tendance à « cumuler » ses sources de revenus et les avantages que chaque statut contient, ce qui ne fera qu’augmenter aussi le montant de sa retraite.

    Alors, comment voulez-vous que ces gens se comprennent vraiment. Il est clair que les politiciens, « fans » de « pouvoir (personnel) » ont l’occasion d’en user (de leur pouvoir) pour dominer et contraindre ce groupe « à part » dont ils jalousent la faveur spontanée et la fidélité du peuple (les « électeurs » en jargon politicien). Car le plus inacceptable c’est qu’indirectement, les médecins dépensent ou font dépenser de ce qu’ils considèrent comme « de l’argent public » sans même devoir se plier à la discipline d’un parti, ni avoir une carte de l’un de ces partis et donc de rester politiquement les derniers « électrons libres », alors que politiciens ou administratifs ne sont autorisés à gérer des budgets du dit « argent public », qu’en gravissant les échelons de leur professions respectives, avec, évidemment, la soumission envers les organes de la couleur politique qu’ils auront choisie. Et j’ai toujours été persuadé qu’un parti ne laisse un individu prendre du pouvoir que si le parti le tient « par la barbichette », en clair, possède un « dossier » sur lui, permettant de le faire chuter si il s’écarte trop du but (objectifs ou stratégies) du parti.

    Le conflit politico-médical ne se terminera donc pas de si tôt! Et il n’est évidemment pas question de faire des médecins, des fonctionnaires d’état: avec les « 35 heures » et le grade du barème officiel pour un fonctionnaire diplômé après 10 ans d’études universitaires, la somme à payer plongerait la sécu dans un gouffre de dette très très profond.

    Il sera déjà difficile d’assurer le renouvellement des médecins d’hôpitaux quand ceux, actuellement en place ont, quasi tous, sans doute, accumulé des jours de RTT équivalents à des années de « pré-retraite », dépense vraisemblablement non prévue mais qu’il faudra bien payer en plus des déficits chroniques accumulés des hôpitaux!

    • « si vous n’avez pas ce sentiment de confiance, changez de médecin, comme c’est votre droit le plus strict, »

      Sauf que dans un village avec un seul médecin… lol

      • village isolé de 300 km d’un autre médecin ? la France n’est pas l’Afrique ou le Canada ! J’ai travaillé dans des endroits désertiques (2 médecins à 20 minutes d’intervalle, 1000 km par semaine,..;) : ils sont désertiques en médecins et en… patients ! Pourquoi ne pas mettre un hôpital flambant neuf dans les déserts soi disant médicaux : parce qu’il n’aura pas de patients pour le faire fonctionner.

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