La finance de l’ombre a pris le contrôle, de Dominique Morisod et Myret Zaki

Représentant à fin 2014 quelque 80 000 milliards de dollars, sur un total de 200 000 milliards d’endettement au niveau mondial, la finance de l’ombre a pris le contrôle dans le sens qu’elle empêche la remontée des taux d’intérêts.

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La finance de l’ombre a pris le contrôle, de Dominique Morisod et Myret Zaki

Publié le 16 juin 2016
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Par Francis Richard.

La finance de l ombre a pris le controle Dominique Morisod Myret ZakiMyret Zaki a relevé le défi de reprendre le travail accompli par Dominique Morisod. Celui-ci avait entrepris la rédaction d’un livre, inachevé, où il se donnait pour objectif de dénoncer les dérives mortifères pour l’économie réelle d’un certain nombre de professionnels de la finance.

Ces moutons noirs n’hésitent pas, comme le dit Daniel Schmid dans sa préface, à ériger des systèmes qui n’ont pour seul but que d’enrichir leur établissement et bien entendu eux-mêmes, quitte à avoir une influence négative sur leurs clients, la société, sans l’ombre d’un scrupule.

Le préfacier ajoute : cependant, peu d’entre eux maîtrisent l’ensemble des processus auxquels ils participent. En revanche, ils savent qu’ils contribuent à créer les conditions qui pourraient dégénérer en un krach financier dont les retombées sur l’économie réelle seraient sans précédent.

Réglementation bancaire et marché noir

À la suite de la crise de 2007-2008, des mesures ont été prises pour réglementer davantage le système bancaire. Il s’agissait de faire en sorte qu’elle ne se reproduise pas. Mais, à chaque fois que des réglementations sont décidées, plus elles sont contraignantes, plus se développe un marché noir pour les éviter.

Dans le domaine financier s’est ainsi développée ce que les auteurs appellent la finance de l’ombre. Cette finance de l’ombre était déjà présente lors des crises de 2002 et de 2008. Elle n’a fait que croître et embellir. Elle a même été favorisée par les politiques monétaires des banques centrales.

Ces politiques monétaires étaient déjà responsables des crises précédentes. Les manipulations des monnaies sont un moyen, croit-on, de réguler l’activité de l’économie réelle. Or il n’en est rien. Elles sont en fait à l’origine des bulles financières et immobilières et des krachs qui en sont les conséquences.

Cette fois les banques centrales ont fait très fort. Depuis 7 ans, prétendument pour relancer la croissance, les taux d’intérêt sont de 0%, voire négatifs. Or la croissance n’a pas été relancée, ou sinon partiellement, et l’inflation immorale des prix souhaitée (2%) n’a pas été atteinte. C’est la dette globale qui a augmenté.

En effet la dette des gouvernements, des entreprises, des ménages et du secteur financier a augmenté de 57 000 milliards de dollars entre mi-2007 et mi-2014, pour atteindre quelque 200 000 milliards de dollars, selon McKinsey, soit 286% du PIB mondial.

Le mécanisme est malheureusement simple. L’emprunt gratuit permet d’investir dans des placements qui génèrent des gains d’autant plus élevés qu’ils sont risqués, et ils sont d’autant plus risqués qu’ils sont mauvais. Et, comme les investisseurs cherchent des rendements désespérément, ils se laissent tenter par des gains démesurés…

Le cercle vicieux du taux zéro

Il faudrait sortir de ces taux zéro, mais le problème est qu’on ne sort pas comme ça d’un tel cercle vicieux. Une hausse des taux, alors qu’une bulle de crédit s’est formée, ne pourrait qu’être catastrophique : lorsque les taux d’intérêt remontent, les garanties perdent de la valeur et les charges financières augmentent.

L’intérêt du livre de Dominique Morisod et de Myret Zaki est de passer en revue les véhicules financiers empruntés, qui forment cette bulle de crédit sans précédent, et de montrer comment ils fonctionnent dans l’ombre peut-être, mais au vu et au su des banques centrales et des grandes instances internationales.

La finance de l’ombre, c’est-à-dire non bancaire, comprend ainsi divers fonds tels que les fonds de private equity, qui investissent dans des entreprises non cotées, ou les hedge funds, qui investissent en bourse, des asset managers, des courtiers, des négociants. Elle croît plus vite que la finance réglementée.

Représentant à fin 2014 quelque 80 000 milliards de dollars, sur un total de 200 000 milliards d’endettement au niveau mondial, la finance de l’ombre a pris le contrôle, dans le sens qu’elle empêche la remontée des taux d’intérêts. En effet cette remontée se traduirait par l’éclatement d’une bulle bien plus phénoménale que celle de 2008…


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