Après Orlando, de nouvelles menaces pour nos libertés ?

Les propositions des politiciens américains après la tuerie d’Orlando ne devraient pas rassurer les amis de la liberté…

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Après Orlando, de nouvelles menaces pour nos libertés ?

Publié le 14 juin 2016
- A +

Par Emmanuel Bourgerie.

Orlando
Orlando By: Fibonacci BlueCC BY 2.0

Le massacre d’Orlando est une tragédie. Et comme toutes les autres, écrire à ce sujet est toujours un exercice très difficile. Je ne vais pas vous mentir, je pèse mes mots. Un à un. Je critique copieusement tous ceux qui tentent de réutiliser politiquement cet événement, alors ce n’est certainement pas à moi de faire de même. Mais on ne peut pas non plus rester les bras croisés face à cela et ne pas essayer d’en tirer des conclusions.

Un sujet passionnel

C’est d’autant plus difficile que plus un sujet est passionnel, plus il est polarisé, et plus il est difficile d’y apporter la moindre nuance. Il y a le camp de ceux qui pensent que ça n’a rien à voir avec l’islam, que ce n’est qu’une histoire de port d’armes. Et il y a le camp de ceux qui pensent que c’est uniquement un problème de l’islam, et que les musulmans devraient être déportés immédiatement.

Ce n’est même pas une caricature de ma part : ce sont les deux seules opinions disponibles sur le sujet. Pointer du doigt le fait qu’il était impossible de prévoir cette attaque et que le tueur avait passé tous les tests et entraînements imaginables pour obtenir ses armes ? Vous devez être un membre de la NRA ! Suggérer que l’immense majorité des musulmans ne sont pas des terroristes ? Vous devez être un droitdelhommiste bien-pensant !

Et sincèrement, je ne vois pas quelle mesure légale précise aurait pu permettre d’éviter ce drame. Omar Mateen est né et a grandi sur le sol américain. Il n’était pas un immigré. Il travaillait comme agent de sécurité pour la société G4S. Il possédait deux permis de port d’armes : l’un personnel, l’autre professionnel.

Pour ce dernier, il a passé toute une série de tests et d’entraînements intensifs. Il avait un casier judiciaire vierge. Ses deux armes ont été achetées parfaitement légalement, et étaient à son nom. Oui, le FBI l’avait dans ses fichiers. Pour quel motif ? Avoir connu dans le passé un musulman parti en Syrie. Une enquête avait conclu qu’il ne présentait aucun risque.

Propositions démocrates et républicaines inquiétantes

Mais s’il y a une chose qui est certaine, c’est que les propositions mises en avant par démocrates et républicains sont inquiétantes.

Clinton voudrait réutiliser la no-fly list pour interdire à tous les noms qui y figurent le droit de port d’armes. En d’autres termes, ce qui n’est rien d’autre qu’une mascarade qui ferait passer notre fameux Fichier S pour le summum de l’anti-terrorisme. De nombreux noms figurent sur cette liste pour n’avoir commis aucun autre crime qu’avoir une consonance vaguement arabe ou une connaissance qui a lu une publication de l’État Islamique.

Les progressistes n’ont eu de cesse de critiquer (à juste titre !) cette liste comme étant ridicule et liberticide, mais maintenant retournent leur veste pour priver des « suspects » (aussi vague que ce terme puisse être) d’un droit constitutionnel, sans aucun procès, ni recours. Quel que soit votre opinion sur le port d’armes, cette idée est une vaste blague. Oh, et Omar ne figurait pas dessus. Une autre solution ? Son « Projet Manhattan » contre le chiffrement qu’elle aimerait mettre sur pied. En d’autres termes, donner au gouvernement les armes nécessaires pour casser toute forme de communication chiffrée, soi disant pour lutter contre le terrorisme. Fini la vie privée en ligne.

Trump de son côté accuse l’immigration au sens large, alors que les États-Unis sont un des pays occidentaux avec la plus faible immigration musulmane. Il a proposé de par le passé de déporter tous les immigrés illégaux, et de fermer les frontières à l’immigration musulmane. La réponse évidente est pourtant de pointer du doigt le fait qu’Omar Mateen était né sur le sol américain (tout comme l’un des deux meurtriers de San Bernardino). Il rejoint d’ailleurs Hillary Clinton sur la nécessité de bombarder les territoires détenus par l’État Islamique. Encore une solution qui a prouvé son efficacité dans le passé, non ?

Je pense que le plus difficile dans cette histoire sera d’accepter le fait que le risque 0 n’existe pas, et que même s’il existait, je ne suis pas certain de vouloir en connaître le prix. Il est sincèrement pratiquement impossible de concevoir une quelconque loi (réaliste !) qui aurait pu empêcher ce drame. Cette affaire pose une cruelle question : sommes-nous prêts à tolérer encore moins de liberté pour l’illusion d’une plus grande sécurité ? Est-ce que cela vaut une totale surveillance et la violation de la liberté de religion d’une population entière ?

Sur le web

Voir les commentaires (4)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (4)
  • en france , un policier et sa femme ont été assassiné , double crimes revendiqués par l’EI ;le monsieur karcher français , que tout le monde connait bien , est monté aux créneau avec les sempiternelles phrases que nous entendons quotidiennement : la république en danger , renforcer la sécurité des français et des policiers , niveau de vigilance adapté sans délai , combat contre l’islamisme radical en france etc etc etc etc…quand bien même les français seraient prêt à moins de sécurité pour plus de liberté , je crois bien qu’on ne va pas leur demander leur avis ; et comme le risque zéro n’existe pas , moins de liberté pour plus de sécurité n’empêcheront pas le térrorisme ;

  • On ne peut pas facilement éviter ce genre de tragédie, mais on a quand même le droit de se demander si l’arme utilisée n’est pas trop puissante pour être vendue légalement.

    Je suis bien en faveur du droit d’avoir une arme pour protéger sa propriété et sa personne mais on peut quand même tracer une limite raisonnable. Même les policiers n’utilisent pas ce genre d’armement dans leur patrouille.

    • +1. Des armes trop puissantes.

      • Vous êtes à coté de la plaque, n’importe quelle arme de chasse de nos chasseurs français est 3 fois plus puissante, ce n’est pas le problème, nos citoyens européens sont surarmés, vous regardez la france, l’allemagne, la suisse, la belgique, le luxembourg, la suède, le danemark, ou même la finlande qui est le 4ème pays au monde où il y a le plus d’armes à feu par habitant, vous n’avez pas de drame tous les jours ni de problème de délinquance.

        Vous regardez la suisse qui est le pays le plus libéral en europe sur les armes, chaque citoyen ayant accompli son service militaire repart chez lui avec le fusil d’assault de son service, il n’y a pas de problème de terrorisme ou de délinquance avec les armes.
        Port d’arme ou non port d’arme comparer aux US, ça n’empeche un suisse de l’utiliser
        il ne faut pas confondre et assimiler les armes avec la criminalité propre aux US, ni rejeter la faute sur un objet à cause d’un acte terroriste
        La preuve des milliers de crimes sont commis chaque jour sans qu’une arme à feu en soit la responsable
        On ne peut pas rejeter la responsabilité d’un crime sur un objet,
        Arme à feu ou pas, légal ou illégal, il y aurai eu passage à l’acte…
        Cette affaire est l’histoire d’un lache opportuniste qui s’est attaqué à des gens sans défense dans une zone nogun

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

La campagne de Joe Biden ne se déroule pas bien. Bien qu’il semble se diriger vers la nomination de son parti, sa cote de popularité ne cesse de chuter, laissant croire que Donald Trump le vaincra s'il obtient la nomination. Son bilan économique mitigé ne sera pas la seule raison pour laquelle plusieurs de ses électeurs en 2020 s’abstiendront ou changeront de camp.

En effet, le récent rapport d’un procureur spécial affirme que Biden a bel et bien été négligent avec des documents confidentiels qu’il a conservés secrètement. Et à l’insta... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles