Alain Finkielkraut et la liberté d’expression

Regard critique sur la posture victimaire d’Alain Finkielkraut.

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Alain Finkielkraut et la liberté d’expression

Publié le 24 avril 2016
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Par Marc Crapez.

Quelle belle chose que la « libre communication des pensées et des opinions », consacrée par la déclaration des droits de l’Homme ! Selon certains, la liberté d’expression et la liberté de mouvement constituent une question de principe et, face à l’intolérance, on ne saurait céder un pouce de terrain ! Fort bien, si ce n’est que le droit d’aller et venir de nombreux anonymes est loin d’être garanti : confrontés dans leur vie quotidienne à l’insécurité, ils n’ont pas le choix et sont sans défense.

On ne peut faire abstraction des intentions et des circonstances. La liberté est corruptible en licence et peut être instrumentalisée. Un chantage à la liberté d’expression peut la prendre en otage. En 1968, Raymond Aron observait que la technique des manifestants consistait souvent à tenter de pousser les policiers à la faute afin de pouvoir s’afficher en victime de brutalités policières. Technique reprise de nos jours par les no-borders à Calais, ou par les Femen. En février 2015, lors de la fusillade de Copenhague qui visait le caricaturiste suédois Lars Vilks, une Femen a même pris une pose victimaire.

Qu’une cause soit celle de la liberté d’expression requiert donc la réunion de conditions : que celui qui l’incarne soit à la hauteur de sa tâche et que la menace qui pèse sur lui soit tangible. Ainsi, à Calais, le général Piquemal s’étant adressé aux policiers avec un paternalisme déplacé, on ne pouvait plus prendre fait et cause en sa faveur, contre son interpellation contestable. A contrario, compte tenu de la menace de mort qui pèse sur lui, on ne pouvait pas ne pas prendre fait et cause en faveur de Robert Redeker, même si l’on trouvait ses propos excessifs. La défense de la liberté d’expression doit donc être modulée en fonction des circonstances.

Alain Finkielkraut se trouve, de facto, dans la position jadis détenue par Aron, Furet, puis Revel, d’être le plus célèbre intellectuel de droite français du moment (talonné par Zemmour). Mais noblesse oblige ! Un académicien a un devoir d’exemplarité, on ne profère pas des onomatopées ; de vérité, il ne faut pas prétendre avoir failli se faire lyncher quand on est l’auteur d’un livre intitulé La seule exactitude ; on ne joue pas sur les deux tableaux en cumulant la respectabilité de l’Immortel avec la posture subversive de l’intello en prise avec la société. Cette posture avantageuse d’intellectuel sartrien est problématique. Il est donc légitime de se demander ce qu’il faisait là, et s’il était, ou non, dans son rôle d’homme de réflexion.

D’autant que lui-même n’est ni en théorie ni en pratique un défenseur inconditionnel de la liberté d’expression. Dans son dernier livre, il la déprécie au sujet d’Internet. Alors même que sa liberté d’expression à lui trouve toujours un micro obligeamment tendu. En second lieu, s’il a défendu l’œuvre d’Heidegger, Renaud Camus, ou signé pour la notion de racisme anti-Blanc, il est resté muet quand Stéphane Courtois fut attaqué sur le Livre noir du communisme. Il n’a pas signé pour Pierre-André Taguieff, inquiété à cause de ses critiques de Stéphane Hessel en 2010. On ne le vit pas défendre l’économiste Pascal Salin dénigré par Thomas Piketty en 2004. Il demeura silencieux lorsque Nicolas Dupont-Aignan fut chassé des rangs d’une manif pro-Grèce, en 2012, par des militants Front de gauche. On ne l’entendit pas promptement, en septembre 2012, au sujet du film anti-islam. On ne le remarqua guère lorsqu’Annie Kriegel et Chantal Delsol furent traitées de fascistes, ou quand Ivan Rioufol et Philippe Cohen subirent de mauvais procès.

Et s’il intervient en faveur d’anonymes devenus des symboles (cas de la crèche Baby-loup), il ne semble pas s’intéresser aux victimes sous-médiatisées de la campagne qui a démarré contre le drapeau suisse pour complaire aux musulmans. Dernier exemple frappant, lorsqu’un militant associatif d’origine maghrébine publie un texte contre lui sur Contrepoints, que les internautes critiquent très intelligemment, Finkielkraut n’a pas un mot de gratitude à leur égard, mais laisse un commentaire où il se montre soucieux de dialoguer avec le militant associatif. Aura lieu, par la suite, un débat médiatique stérile confirmant la pertinence des critiques des internautes. Mépriser les internautes, tout en flattant les demi-intellectuels, ne serait-ce pas se fourvoyer ?

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  • Nier l’intolérance au prétexte que celui qui en est victime n’est pas exemplaire?

    • Oui on peut donc voler les voleurs, violer les violeurs et tuer les criminels sans autre forme de procès…

      • D’accord avec vous cher Sam, ainsi qu’avec Dominogris et Pale Rider.
        Il faut croire que ce Monsieur Crapez est, lui, de tous les combats possible, a dénoncé toutes les injustices sans en oublier une seule et s’est toujours trouvé du bon côté.

        « Dernier exemple frappant, lorsqu’un militant associatif d’origine maghrébine publie un texte contre lui sur Contrepoints, que les internautes « contrepointistes » critiquent très intelligemment, Finkielkraut n’a pas un mot de gratitude à leur égard, mais laisse un commentaire où il se montre soucieux de dialoguer avec le militant associatif. »
        —> Vraiment c’est trop horrible. Selon Crapez, Il ne faudrait jamais parler qu’avec son clan ? C’est exactement ce qu’a dit Lordon après l’incident Fink, dans une vidéo passionnante qu’on trouve facilement sur internet et qui vaut vraiment le détour.

      • Ahhh les comparaisons…
        On parle là, juste d’un vieux gauchiste reac qui se rend dans un endroit rempli de gauchiste reac…. et a qui, l’on dit « casse toi »… et lui qui répond « gna gna gna pauvre conne »… digne du plus grand académicien…. donc comparer un non-evenement a des viols, des vols, des criminels… on repassera.

        • Vous réagissez trop vite. Lisez donc l’article pour voir à quoi se rapporte nos commentaires.

        • Certes la réaction de l’académicien manquait d’élégance : c’était celle d’un homme qui pète un peu les plombs après avoir été insulté violemment et stupidement pendant de longues minutes (cf. la vidéo complète) : auriez-vous su garder votre calme ? Quant au fond de « l’affaire », il ne s’agit évidemment pas d’un événement, mais seulement, et ça suffit, d’un incident tout à fait significatif : « Nuit Debout réinvente le totalitarisme », a dit Finkielkraut, et je suis absolument d’accord. Nuit Debout ça n’est pas le totalitarisme, mais c’en est le germe.

  • Concernant l’incident de « Nuit Debout » elle implique le sus-nommé et quelques individus se revendiquant de la « Jeunesse Communiste ». Finkielkraut ne saurait être un martyr de la liberté d’expression et on ne saurait faire porter toute la responsabilité de cet incident sur tout une foule à cause de quelques extrémistes de gauche.
    Soyons tous soucieux de l’impératif de sécurité autour de cette manifestation. Il y a eu des actes de vandalismes et de violences qu’on a pas su gérer, prévenir ou sanctionner et c’est bien plus grave.

  • Qu’est ce qu’un intellectuel au juste? J’ai jeté un œil à la page wikipedia ( et zut sans aucune honte ) et je n’y ai rien trouvé que je pensais déjà,je vois juste la définition de membres autoproclamés d’un groupe qui se pense une « autorité »… c’est fort curieux, à mettre en parallèle avec le scientifique qui a remplacé le savant et le chercheur…

    Vous n’êtes pas un scientifique, vous n’êtes pas un intellectuel, donc votre avis n’est pas pertinent et ouf ça nous permet de ne pas avoir à le démontrer.
    Quant aux académiciens..
    Quant aux demi intellectuels…

    Il me semble curieux que vous vous questionnez sur la posture de finkielkraut car on est pas obligé de défendre la liberté d’expression à chaque fois qu’elle est bafouée dans ce pays car normalement ça devrait être le travail des juges. N’est ce pas le rôle de l’etat dans un état de droit de garantir aux gens le respect de leur liberté?

    Il est scandaleux que cet homme ait été chassé d’un endroit publique car clairement,il l’a été, et il a parfaitement le droit de le dire et de de poser en victime, certes , il y a des incohérences chez finkielkraut mais bon sang ce serait un cauchemar si on ne pouvait pas avoir nos petites incohérence qui rendent la vie plus vivable m^me si ou surtout si on se revendique intellectuels…

    Voyons, si les intellectuels étaient des hommes de raison et non d’idéologie , il y a longtemps qu’ils seraient tous d’accord sur un nombre considérable de sujets. qu’est ce qu’un intellectuel sinon une personne qui dissimule son arbitraire derrière une pile de livre?

    Alors il me semble que si je devais critiquer la pensé de finkielkraut, je m’intéresserais à ce qu’il a dit et non à ce qu’il n’a pas dit…ou il faudrait lui poser la question.

  • Article permettant une contre offensive des anti Finkelkraut
    On le traite de droitiste alors qu’il vient de l’intelligentsia de gauche qui gangrene notre vie de français depuis des décennies.
    Il va devenir le martyr de la bande de voyous qui squatte la place de la République, en laissant croire que ce sont des anges au service du bien de la France
    Ils ont pour origine « los indignados » de Madrid qui ont polluè la ville pendant des semaines laissant 26 tonnes de déchets au frais de la société
    Ne pensez pas que le patelin, angélique coleta de Pablo Iglesias est au service de son pays. Il fut aux ordres de Chavez qui lui engraissa son porte monnaie comme ses collègues Orrejon ou Monedero, Ce sont des membres du mouvement bolivarien qui est en train de se désagréger en Amérique latine
    Finkelkraut ne vit que 24 heures par jour et materiellement il ne peut donner son avis sur tout ce qui trouble notre époque.
    Encore heureux que ‘un intellectuel de « droite » puisse exister après l’ère sans partage de Sartre et Beauvoir qui mangeaient du caviar dans les années 50 comme le bon peuple ou`allaient à Chichicastenango haut lieu du tourisme actuel toujours à al meme epoque

    • votre pseudonyme m’inquiète, AUGUSTE…1939. Contrairement en effet à ce que l’on enseigne à Sciences-Po, et que répètent sur Internet les perroquets droitiers : à chaque fois que la bourgeoisie a eu à choisir entre la perte de ses privilèges et la perte des libertés c’est le… second choix, qu’elle a fait. Le distinguo entre ‘droite classique’ et ‘droite réactionnaire’ a un sens, dans les MOTS, mais il cesse d’exister lorsque le problème se pose, dans les FAITS. Que cela vous plaise ou non en France les élites sont constituées de gens qui acceptent le poignon de « la République », vu qu’il s’agit du régime en place, mais qui n’en sont pas moins, fondamentalement : nostalgiques de l’Ancien Régime. Et c’est bien ce qui explique la facilité avec laquelle à l’occasion ils s’accomodent de régimes qui n’ont plus rien à voir avec… la République. Vous avez dit.. 1939, « AUGUSTE1939 » ?

      • Commentaire modéré pour insultes

      • Votre intervention m’inspire une pléthore de questions : 1. C’est quoi, pour vous, la bourgeoisie ? 2. Qui sont ces gens qui « acceptent le poignon (sic) de la République » ? 3. Comment le reçoivent-ils ? 4. En quoi sont-ils nostalgiques de l’Ancien Régime ? 5. Qu’entendez-vous par « Ancien Régime »… Louis XIV ? 6. Quels sont d’après vous, aujourd’hui (tout votre argumentaire est au présent) les « régimes qui n’ont plus rien à voir avec République » ? Merci de préciser.

        • c’est bien volontiers que je vous fournis les précisions que vous me demandez, mais je regrette qu’on ne vous ait pas appris ces choses à l’école. Il a raison, Finkielkraut : le niveau n’est pas à la hausse ! Donc je précise :
          – la bourgeoisie est la classe aujourd’hui dominante, mais pour plus trop longtemps espérons-le
          – ceux qui acceptent son poignon, et auxquels je faisais allusion, sont constitués par son haut personnel
          – pour autant que je sache ils reçoivent cet argent sous forme d’un salaire, et d’avantages divers
          – ils-ou-elles sont nostalgiques de l’Ancien Régime en ce qu’ils sont viscéralement allergiques, à l’idée que les hommes sont égaux
          – j’entends donc par Ancien Régime l’avant-1789 et non… le seul Louis XIV, trop-facile bouc émissaire
          – non, mon argumentaire n’était pas « au présent », et concernait plus spécialement le basculement intervenu en 1940
          Bon, là faut que j’vous laisse, on part fêter le Premier mai avec des camarades

          • A mon tour de regretter le vague de vos réponses :
            – « la bourgeoisie est aujourd’hui la classe dominante » : raisonnement à la fois tautologique et circulaire : qu’est-ce que la bourgeoisie ? la bourgeoisie est la classe dominante ; qu’est-ce que la classe dominante ? C’est la bourgeoise ; qu’est-ce que la bourgeoisie, etc.
            – « haut personnel » : je ne vois pas en quoi en soi il y ait motif à scandale dans cette hiérarchie. Vous-même faites ou ferez bientôt (Sciences-Po) partie d’une « élite » qui aura à prendre des décisions, à donner des ordres. A moins que vous soyez un marginal… mais je suis bien certain que non.
            – « argent reçu sous forme de salaire » : êtes-vous sûr de ne pas voir dans le monde d’autre turpitude ?
            – « Ancien Régime » , j’avais bien compris : pouvez-vous me citer précisément les déclarations publiques où une personne de ladite bourgeoisie – selon votre terminologie de 1848 – se soit prononcée pour le retour au régime monarchique ?
            – votre argumentaire n’était pas au présent mais faisait tout comme (ce qui n’est pas intellectuellement très honnête). Vous parliez d’élites nostalgiques de l’Ancien Régime et qui s’accommodent de régimes « fascistes » je suppose (pour reprendre un mot que vous affectionnez). S’il ne s’agit pas du présent, quel intérêt de faire intervenir dans le débat ces époques bien connues des années 30 (en ayant l’air de dire que c’est le cas aujourd’hui) ?
            La vérité est que votre raisonnement qui s’auto-enflamme est non seulement vague dans sa forme, mais aussi vague dans son contenu. Il ne s’agit donc pas de réel, mais d’idéologie, camarade.

  • Le « lynchage » est un titre d’Éric Verhaeghe, « sortir de sa posture » est un signe d’humanité tout simplement, les philosophes ne sont pas en marbre.
    Quant aux causes qu’il n’a pas défendues, sa position est déjà assez difficile sous les crachats de la stalinosphère sans vouloir endosser toutes les polémiques qui passent, je n’étais même pas au courant de l’histoire du drapeau suisse. Pour finir, il n’a pas remercié les commentateurs de contrepoints peut-être parce qu’il ne les a pas lus du tout ?

    Bref, Finkielkraut 67 ans n’est pas un super-héros omnipotent doté de journées de 97 heures qui lui permettent de lire les moindre commentaires des articles tout en défendant chaque orphelin de france…

    Quelle faiblesse dans l’argumentation. « Seigneur protège moi de mes amis… »

  • Auriez-vous tenu les mêmes propos si Alain Finkielkraut et sa femme c’était fait tabassés?
    Un peu facile ce papier.

  • Je ne suis pas un intellectuel patenté, comme semble-t-il, certains habitués de ce forum; je connais assez mal Finkielekraut, n’ai pas lu grand chose de lui et peine un peu à suivre les méandres de sa pensée.
    Le fait même qu’il se soit exclu de la pensée officielle et unique de notre belle intelligentsia de gauche (c’est Sartre, je crois, qui disait qu’une personne qui n’est pas de gauche est nécessairement un salaud), cela plaide déjà largement en sa faveur. Parfois incohérent, comme nous tous ? C’est bien probable. Et alors ! Devait-il aller ou ne pas aller place de la république, insulter – lui, l’académicien – ceux qui l’insultaient ? peu importe finalement. Il a montré la totale intolérance, le ridicule, d’un mouvement si spontané, si généreux, si bien vu par les penseurs de notre belle gauche.
    Lui, Onfray et quelques autres, sont des électrons libres, peuvent parfois défendre des thèses peut-être un peu boiteuses, critiquables au plan de l’orthodoxie pure, mais ils ont le mérite et le courage, souvent sous les lazzi des penseurs officiels, de s’exprimer à titre personnel. Il vaut mieux parfois s’exprimer avec ses tripes qu’avec une raison étriquée.
    Quand seule subsiste la pensée unique, parce toute autre pensée a été bannie ou s’est délitée progressivement, cela s’appelle la dictature. Lisez « 2084 » de Boualem Sansal.

    • « Un anticommuniste est un chien, je ne sors pas de là, je n’en sortirai plus jamais. » Jean-
      Paul Sartre, Les Temps Modernes, octobre-novembre 1961.

      • cette phrase, me paraît avoir assez bien résisté à l’épreuve du temps. Un cerveau normalement constitué devrait être capable de dénoncer les crimes commis au nom du communisme sans perdre de vue, que fondamentalement : un anticommuniste est un chien.

        • Et les antifascistes aussi donc ?

          • sauf à imaginer -en toute rhétorique- qu’un anticommuniste puisse être antifasciste : votre question est idiote

            • Commentaire modéré pour insultes

              • J’ajoute qu’être communiste de 1917 à 1936 avait beaucoup de sens et jusqu’en 1970 à l’extrême-limite dans les pays occidentaux qui n’étaient éventuellement pas au courant des ravages mondiaux de cette idéologie.

                Actuellement, avec l’histoire et toutes les informations à disposition, y compris les études sociologiques et économique qui expliquent le taux de 100% d’échecs funeste il faut faire partie des plus grand abrutis de la planète pour être même vaguement communiste.
                Le dernier avatar, le Venezuela est en train de finir comme les autres: 80% de pauvreté, on l’avait prédit.

                Je range donc les communistes a leur place naturelle: à coté des nazis et autres fascistes meurtriers de masse.

              • vos adversaires ont au moins sur vous l’avantage d’avoir un cerveau, même s’ils le partagent à plusieurs…

    • Bonjour « Lomo »,
      J’ai posé le problème de la défense de la liberté d’expression : ne pouvant être indiscriminée, elle varie en fonction des circonstances. Dans un chapitre de mon dernier livre, j’étudie la sacralisation de l’intellectuel, en exhumant une puissante tradition de pensée qui juge l’intellectuel intrinsèquement calamiteux et prompt à des « imaginations d’inquiétude » (la formule est de Péguy) où il se pose en victime expiatoire d’attaques sacrilèges.

      Vous dites des auteurs souvent qualifiés de néo-réacs : « ils ont le mérite et le courage, souvent sous les lazzi des penseurs officiels, de s’exprimer à titre personnel ». Je suis d’autant plus d’accord que je n’appartiens pas à la pensée dominante. J’ai été dénoncé dans une publication socialiste comme un dangereux Hussard de droite et subi divers ennuis, même si je ne fais pas partie des personnes placées sous protection policière (Zineb El Rhazoui, Michel Houellebecq, Mohamed Sifaoui, Eric Zemmour), ou visées par Daesh (les caricaturistes, les militants du Front national, Michel Onfray).

  • J’ai pas compris cette phrase :

    « En février 2015, lors de la fusillade de Copenhague qui visait le caricaturiste suédois Lars Vilks, une Femen a même pris une pose victimaire. »

    D’après wikipédia, la Femen en question (Inna Shevchenko) prononçait un discours lors de la conférence puis fut interrompue par des tirs d’armes automatiques d’un terroriste islamiste qui ont provoqué la mort d’un participant.

    Donc en gros, une Femen manque plus ou moins de se faire buter par un terroriste islamiste, et la seule chose que l’article trouve à dire c’est reprocher à la Femen de prendre une pose victimaire ?

    • j’ai moi aussi été choqué par la présence dans cet article d’un petit couplet hostile aux Femen, ces femmes courageuses.

  • Finkielkraut n’a pas eu non plus un mot contre la loi Gayssot, disposition déplorée par la majorité des historiens et des juristes.

    • … eh bien voilà qui finirait par me rendre ce Finkielkraut, ‘sympathique’ (s’il n’était pas si vilain) !

      • Le pouvoir qui grave dans le marbre de la loi ce que doit être la vérité et qui entend la faire respecter à coup de prison ?
        Vous aimez bien les tyrannies on dirait.

        • la tyrannie, pour autant que je sache, était bien du côté de ceux dont vous défendez les mensonges -et en vous posant, en toute impudence, en hérault de la vérité…

          • luc n.: « pour autant que je sache »

            Tu ne sais pas beaucoup petit scarabé-né-d’hier….

            Les libéraux ont toujours été pourchassé par toutes les tyrannies, fasciste, nazie, communiste, royaliste, socialiste, un des fondement du libéralisme c’est la déclaration des droits de l’homme de 1789: https://www.legifrance.gouv.fr/Droit-francais/Constitution/Declaration-des-Droits-de-l-Homme-et-du-Citoyen-de-1789

            Ensuite l’état qui impose à l’histoire et la science ce qu’ils doivent penser à coup de prison c’est une catastrophe, les politiques de par leur collusion avec les puissants sont parmi les plus corrompus des êtres humains.

            Le bilan de la loi Gayssot n’est non seulement pas bon pour la science, mais il interdit de combattre les idées nauséabondes en pleine lumière:
            « L’historien et ancien ministre Max Gallo et ancien parrain de SOS Racisme : « Pour l’historien, il n’est pas admissible que la représentation nationale dicte « l’histoire correcte, celle qui doit être enseignée. » Trop de lois déjà bien intentionnées ont caractérisé tel ou tel événement historique. Et ce sont les tribunaux qui tranchent. Le juge est ainsi conduit à dire l’histoire en fonction de la loi. Mais l’historien, lui, a pour mission de dire l’histoire en fonction des faits20. » »
            https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Gayssot#Critique_de_la_.C2.AB_v.C3.A9rit.C3.A9_officielle_.C2.BB

            • ce commentaire ne tient pas debout : les idées nauséabondes des négationnistes ont été « combattues en pleine lumière ».

              • Mais non padawan, un des problèmes, c’est que la censure n’a jamais arrêté les idées, c’est tout le contraire. La censure accrédite la thèse paranoïaque « qu’ils contrôlent tout »: tu transformes les ordures en victimes.
                Cette loi devient un des premiers argument des négationniste antisémite ! et l’anti-sémitisme explose en France, on applaudit cette contre-performance !

                La « loi gayssot » est même devenu un mot clé des saloperies négationnistes.
                Google « Gayssot mensonge shoa », c’est festival !

                Mais le pire: des recherches et des chercheurs parfaitement légitimes ne peuvent plus faire leur travail dans de nombreux domaines sociologiques et historique qui ont trait à l’esclavage, aux génocides ou aux guerres, on ne peut plus jamais préciser un chiffre ou éclaircir une zone d’ombre ou revoir une enquête bâclée.

                Par exemple la recherche a précisé des années après le massacre de Katyn que les auteurs admis par l’histoire « officielle » n’étaient pas les bons. Avec la loi Gayssot à l’époque, les vrais meurtriers sortaient blanchis.

                Pour une liste de condamnations de chercheurs parfaitement légitime et une analyse des effets réels de cette loi je te recommande la lecture du livre « La régression intellectuelle de la France » de Philippe Nemo:
                http://salon-litteraire.com/fr/philippe-nemo/review/1921650-constat-implacable-signe-philippe-nemo-la-regression-intellectuelle-de-la-france

                • … rien, ne serait pire que de raie-fléchir à moitié. S’il est vrai que le mot « loi Gayssot » apparaît lorsqu’on fait une recherche sur Google à propos des sites négationnistes, c’est : à travers la revendication d’… abrogation de la loi Gayssot !
                  A quoi j’ajoute que le mot « censure », ici utilisé appliqué à leur propos, ne manque pas de toupet.
                  Dans le même temps que les pouvoirs publics pourfendent (plus ou moins) l’antisémitisme d’origine islamiste, considéré comme le seul « vrai » antisémitisme c’est à longueur de temps que les négationnistes peuvent -et en toute impunité, quoi qu’en dise le commentaire de llmryn- continuer d’écouler leur diarrhée.
                  J’ai d’ailleurs rappelé ce point sur le site libéral http://www.trop-libre.fr en réponse à un article paru le 5 avril 2016 sous le titre « L’expression de l’antisémitisme sur l’Internet » : l’auteur, un nommé Marc Knobel, notoirement embeddé avec les pouvoirs publics s’est bien gardé de demander son reste.
                  Il y a enfin quelque hypocrisie à en appeler ici à un débat qui a… très largement eu lieu. Et dans le cadre duquel un temps tout à fait considérable a été consacré à répondre aux sornettes des négationnistes, là même où elles ne constituaient pas le début d’un commencement de discussion. Il ne semble pas toutefois -pour ce qui est de la période antérieure au vote de la « loi gayssot » : que cela les ait empêchés de continuer d’écouler leur marchandise comme si de rien n’était…

                  • luc n.: « c’est : à travers la revendication d’… abrogation de la loi Gayssot ! »

                    Évidemment, ils s’en servent comme arguments conspirationnistes en se posant comme victime…
                    C’est la première fois que tu viens sur internet ?

                    luc n.: »et en toute impunité, quoi qu’en dise le commentaire de llmryn- continuer d’écouler leur diarrhée. »

                    Comment ça « quoique », c’est effarant une telle malcomprenance ?
                    Je te claironne depuis le début et c’est le fond du débat :

                    1-Cette loi n’emmerde pas du tout les antisémites
                    2-Elle leur donne au contraire un argument « conspi »
                    3-Elle sert en plus à la censure de scientifiques légitime.

                    Concentre toi bon sang ! Et aie un minimum de logique avec toi-même, si elle ne sert à rien pourquoi tu défends cette loi ?

                    • l’affirmation selon laquelle je « défends cette loi » est aberrante : j’ai simplement rappelé que la demande de son abrogation fait partie de ‘la panoplie’, pour les Gollnisch et autres…

                    • LOL !

                      Premier message du fil, on vous dit que Finkielkraut n’a pas condamné cette loi et vous répondez que ça vous le rend « sympathique ». Suivent trois posts pour expliquer que mes objections contre cette loi ne valent rien.

                    • 1) vous n’êtes qu’un imposteur, pas-mieux-identifié-llmryn… Vous tentez ici de manier le sophisme qui consiste à dire que, PUISQUE les négationnistes demandent l’abrogation de la loi Gayssot, C’EST DONC, que cette loi les arrange (en leur donnant un contre-argument de propagande) ET QUE DONC… il faudrait leur donner satisfaction, ben voyons ! Mais la rhétorique, a ses limites. L’abrogation de cette loi serait bien entendu tout bénéfice pour les intéressés, qui continueraient à pousser l’insanité encore plus loin.

                      2) vous me demandez : « C’est la première fois que tu viens sur Internet ? ». Non, ce n’est pas la première fois. J’ai même souvenir d’avoir en 2008, au moment de l’affaire Charlie-Hebdo vs. Siné, appposé un commentaire (dans lequel il était question du nommé Alexandre Adler) sur le site http://www.demainlegrandsoir.org. Comme vous pourrez le constater ci-dessous : mon opposition à la loi Gayssot m’avait même, en son temps… fait perdre mon travail. Autant dire que sur ce point… aussi, je n’ai pas de leçon à recevoir de vous.

                      * * * *

                      jeudi 7 août 2008 à 17h46 – par LN

                      s’il n’y a pas lieu de distinguer parmi les éminents intellectuels qui ont apporté leur soutien au patron de presse Philippe Val (Le Monde, 1er août) face au dessinateur Siné il en est un dont le nom n’a pu que m’aller droit au coeur, puisqu’il est ici question de licenciement. C’était il y a maintenant, dix-huit ans, mais je m’en rappelle comme si c’était hier. A l’époque j’avais un bon poste de Conservateur d’Archives (cf. fonds Blum, Auriol, Daladier, alors conservés à la FNSP) ; l’intéressé, lui, émargeait encore à Libération.
                      Un jour l’éminent intellectuel publia dans la page « Rebonds » dudit journal un long article par lequel il indiquait, et avec tout le déballage de « vertu » dont savent être capables les staliniens mal blanchis, être partisan de la législation anti-négationniste alors en projet. Je lui fis savoir par courrier que j’y étais hostile, car la législation existante me paraissait amplement suffisante pour peu qu’on voulût bien l’appliquer ; et qu’il n’existe pas de loi créée pour lutter contre l’extrême-droite, qui n’aît été par la suite détournée de son objet. J’attirai aussi son attention sur l’existence -c’était l’époque où Pasqua, avec son accent inimitable, pourfendait lui aussi les négationnistes- d’un antinégationnisme à peu de choses près aussi odieux que ce qu’il faisait mine de combattre. Eh bien, pour qui douterait de ce qui tient lieu de déontologie à Son Eminence : DEUX JOURS PLUS TARD MON COURRIER ETAIT SUR LA TABLE DE MON PATRON ! Certes il n’y avait rien dans ledit courrier dont je puisse avoir à rougir, et je n’ai pas de leçons à recevoir de la cour-des-miracles pour ce qui est de la vigilance face à l’antisémitisme (et autres formes d’oppression) ; mais l’ennui est que : j’avais osé, ironiser sur Pasqua ! Mon patron, sachant que je ne me laisserais pas faire, n’osa pas aller jusqu’à me virer. Mais j’étais sous contrat à durée déterminée, et, venu le temps de son renouvellement, il me fit savoir… qu’il n’en ferait rien (et me donna la raison, à savoir, ce courrier). Alors bon, je sais bien qu’il y a d’autres raisons que mon propre sort, d’apprécier tout ce que représente le charmant bambin. Mais ça n’empêche pas, que, lorsque j’entends le mot Adler…

                      L. Nemeth, ex-Conservateur d’archives

                    • Modération : commentaire modéré pour insultes.

                    • Donc tu prétends t’être fait licencier à cause de cette loi et tu la défends en réfutant mes arguments contre elle y compris ceux ou j’avance que des gens normaux vont payer aussi à cause de cette loi

                      Ça n’a pas de sens, soit tu es un mythomane, soit tu as perdu des morceaux en route.

  • Comment se fait-il que les critiques anti-Finkielkraut soient si faibles ? Peut-être parce tout ne part pas des faits mais d’un a priori qui condamne à l’avance. Le philosophe n’a pas prétendu s’être fait « lyncher » ou peut-être a-t-il prononcé le mot avec un certain second degré ou dans l’émotion d’une réaction à chaud, car il était encore sous le coup des insultes violentes et primaires proférées contre lui qu’on lui demandait déjà de réagir. C’est là qu’une critique raisonnable et raisonnée pourrait intervenir : le philosophe est pris lui-même dans le regard immédiat qu’il s’est donné la tâche de poser sur l’actualité. Il dit en effet que pour lui la question philosophique n’est pas « Qu’est-ce que ceci » ou « Qu’est-ce que cela » mais « Qu’est-ce qui se passe ». Et cette question-là réclame une hauteur qu’il est difficile d’avoir avec justesse quand on réagit immédiatement (comme c’est le cas chaque semaine le dimanche dans « Causeur »). On verra plus tard si, malgré cet inconvénient majeur, ses analyses se confirment ou se démodent. Voilà un exemple de remarques que pourrait lui adresser une critique non partisane. Ce n’est malheureusement pas le cas de cet article. Celui-ci commence d’emblée par poser ce que j’appelle « les stigmates des petits casiers » : on dira, en lieu et place d’une analyse solide, que c’est un homme « de droite » (d’autres diront « réactionnaire », d’autres encore « identitaire »). Mais plusieurs questions se posent : qu’est-ce être de droite, ou de gauche, qu’est-ce que la droite, qu’est-ce que la gauche, en quoi être de gauche est-il supérieur à de droite, ou l’inverse, et qui peut encore dire aujourd’hui ce qu’est l’un ou l’autre. Ceci sans dire que le philosophe lui-même refuse clairement cette étiquette, et ses concepts binaires. Ensuite l’accuser d’avoir défendu l’oeuvre de Heidegger : et alors ? « Défendu » n’est d’ailleurs pas le bon terme, car il n’ignore pas évidemment le fait qu’Heidegger ait appartenu au parti nazi dans les années 3 ; il reconnait cependant, et à juste titre, l’importance extrême de son apport à l’histoire de la philosophie, et la remarque de l’auteur de cet article est sans doute celle de quelqu’un qui en ignore tout, et n’en retient que l’anecdote. Ensuite quid du « racisme anti-blanc » ? Il faut être aveugle pour nier qu’il existe, comme si un Noir ou un Nord-Africain, par exemple, ne pouvait pas, par essence, être raciste ! Enfin reprocher à Finkielkraut de n’être pas intervenu sur tous les problèmes qui se posent sur la planète (voir l’inventaire de l’avant-dernier paragraphe) montre bien que l’article a moins en vue une analyse juste et si possible objective qu’un procès dont le verdict précède l’ouverture.

    •  » Comment se fait-il que les critiques anti-Finkielkraut soient si faibles ?

      Cela tient à la faiblesse intellectuelle du milieu médiatique dans lequel ces critiques se déploient.

      • +1
        C’est un veritable desert. Certains sont d’une erudition absolument monstrueuse, mais cela cache malheureusement une fossilisation de la pensée et une aversion au monde tel qu’il est.

  • En revanche, j’aime beaucoup votre article (http://www.contrepoints.org/2013/11/07/145421-sur-un-livre-dalain-finkielkraut) qui me donne l’impression de n’avoir pas été écrit par la même plume (si je peux me permettre cette métonymie démodée).

  • Enfin, personne n’est parfait.

  • Crapez, dites simplement que vous n’aimez pas Finkielkraut et que vous n’êtes pas un vrai démocrate. Si vous avez lu Revel, vous savez que vous êtes en nombreuse compagnie.
    Finkielkraut avait le droit de se promener là et a failli se faire tabasser, point barre. Que la violence l’ait fait hurler est un signe de bonne santé. L’inélégance de son cri, on s’en fout.

  • alors quoi, un homme imparfait, comme tous. De là a ne pas voir ce qu’il y a d’abrutie a le virer de Nuit Debout a grands cris de fascistes et de crachats… Toute cette gauche qui se dit démocratique, contre le camp de la droite qui serait facho, laissez moi rire, il n’y a pas plus censeurs et ennemis de la démocratie réelle que la gauche.

    Peut-être qu’enfin Fink arretera de se dire de gauche, vas-y Finky, tu as la permission d’être de droite c’est pas une tare contrairement à ce qu’on t’as bassiné depuis 40 ans voir 100ans.

  • Les commentaires sont fermés.

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