Préparez-vous à ne pas manger de cerises cet été

L’interdiction du diméthoate comme insecticide risque de condamner les récoltes de cerises cette année. Voire plus durablement.

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Cerises (Crédits bitonio, licence CC-BY 2.0)

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Préparez-vous à ne pas manger de cerises cet été

Publié le 2 avril 2016
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Par Alexis Vintray.

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Cerises (Crédits bitonio, licence CC-BY 2.0)

La dernière réglementation environnementale va-t-elle vous priver de manger des cerises cet été ? C’est le futur qui semble se dessiner depuis la décision de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui a interdit au 1er février 2016 l’utilisation du diméthoate comme insecticide.

Ce produit était encore utilisé par les agriculteurs pour protéger les cerisiers face à la drosophile suzukii. Les cerises se retrouvent donc désormais sans défense face à ce moucheron arrivé en France vers 2010 et qui s’attaque aux fruits mûrs ou en cours de maturité. Se reproduisant extrêmement rapidement, il peut anéantir un cerisier extrêmement rapidement.

L’Anses argumente sa décision en pointant des « risques inacceptables » pour le consommateur et les cultivateurs ainsi que pour les oiseaux et les mammifères.

Seul hic, cette décision occulte le fait qu’il n’existe à ce stade aucune alternative sérieuse pour protéger les cerisiers de ce parasite. Selon la communication de la Confédération Paysanne, d’autres insecticides existent, comme les spinosynes ou le cyantraniliprole, mais « sont 8 à 10 fois plus chers que le diméthoate et peu efficaces étant donné la rapidité de reproduction du moucheron ». Et les filets anti-insectes qui pourraient servir de parade coûtent bien trop cher : 20 000 à 30 000 euros/hectare.

La Coordination Rurale est plus virulente encore, et écrit dans un autre communiqué : « La CR estime inadmissible l’imposture du ministère de l’Agriculture, laissant croire à la société civile que les producteurs ont des alternatives, alors qu’elles n’existent pas. Le syndicat demande l’application de l’article 53 du règlement CE 1107/2009, qui permet à tout État membre de délivrer une autorisation de mise sur le marché pour un usage dès lors qu’il n’y a pas d’alternative et qu’il s’agit d’un enjeu fondamental pour la filière. »

Au point que les agriculteurs sonnent l’alerte face à cette décision, comme François Soubeyran de la FDSEA  Ardèche cité par le journal Le Point :

Nous risquons de faire faillite. L’État a accordé à mon fils le droit de s’installer mais ne lui donne pas les moyens pour lutter contre la drosophile suzukii

Il n’y a probablement pas de solution simple, l’insecticide interdit ayant des inconvénients certains. Mais on ne peut que s’interroger sur le processus de décision réglementaire qui semble mépriser les réalités économiques et la survie financière des agriculteurs. En effet, le même insecticide est par exemple autorisé à l’intérieur même de l’Europe, comme en Espagne, ou en dehors, en Turquie, exportateur de cerises en France… Le coût estimé par la coordination rurale de l’interdiction de l’insecticide en France est d’au moins 20 millions € sur la base d’une précédente crise en 2013.

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  • Copie d’un article du Figaro d’il y a deux jours.
    Et comme dans l’article d’origine aucune info sur quand est intervenue cette interdiction et qu’en est-il dans les autres pays (USA, Australie, Asie par exemple). Est-ce un principe de précaution ou la menace sur la santé est-elle avérée ? Dans ce deuxième cas ce n’est pas parce que une filière est en danger qu’il faudrait pour autant justifier les produits dangereux. Les carrossiers s’étaient à un moment élevés contre les mesures de prévention routière sous prétexte que la baisse du nombre des accidents affectait déjà la survie de leur profession… véridicte.

  • Ne vous en faites pas pour la fourniture des étalages, les importations comblerons les déficits de productions intérieures.
    Quand à l’appel au règlement Européen de sauvegarde, c’est tout simplement vain, puisque la décision d’interdire les néonics et une brouettée de plus d’insecticides. Est en fait une mesures franco-française, du mois dernier, en même temps que la loi « préservation de la biodiversité ».

    Les syndicats ont gesticulé, certains en sens inverse (merci la CONf’), mais que pouvaient bien perser 400.000 péquenots, face à la satisfaction de flatter les 2% d’électeurs écolos ? Ainsi que la perspective d’embauche de nouveaux fonctionnaires ?

  • Et bien on ne mangera pas de cerise, point. De toutes façons le seul nom de l’insecticide ca coupe l’appétit.

    • Acide Acétyl-Salicylique. Quel nom terrible. C’est décidé, nous ne nous soignerons plus à l’aspirine, rien que le nom fait peur…
      Mon dieu, mon dieu, mon dieu…

  • producteur de fruits est un dur métier , sans pesticides , c’est impossible…. et cette interdiction est motivée par ?
    http://www.sagepesticides.qc.ca/FicheEnvironnement.aspx?ID=123

    et oui , c’est uniquement pour sauver les …abeilles…pourtant il ne manque pas de pots de miel dans le rayon de votre supermarché !

  • http://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/021803265867-la-france-demande-linterdiction-dun-insecticide-pour-cerises-dans-toute-leurope-1210166.php
    Un problème de timing Monsieur le Fol…?
    Peut-être fallait-il demander l’interdiction de cet insecticide en Europe avant de l’interdire en France.

  • avant de dire on ne mangera plus de cerise point , chercher à savoir tout d’abord si une seule personne est morte ou est tombée gravement malade après avoir mangé des cerises , j’attend vos sources SÉRIEUSES , SVP, quant au nom de ce produit , et alors si vous vous fier à ça pour manger , vous mourrez de faim , à défaut de ne pas mourir par les pesticides , et surtout abonnez vous à un journal bobo écolo bio , ils n’ont pas assez de dons , allez y un peu pus

  • sam player
    votre comparaison avec les carrossiers est totalement fallacieuse,
    Par contre, si on allait interdire une molécule qui est la seule pouvant traiter une maladie humaine, comment réagiriez vous?

    De toute manière, nous ne manquerons pas de cerises puisque nous allons en importer. Peu importe quels traitements elles auront reçu.
    Il faut reconnaitre que la France est en train de saboter systématiquement son agriculture (s’il n’y avait qu’elle) par des règles, interdictions qu’elle veut imposer aux autres (néonic, et même glyphosate…).
    Ce n’est pas étonnant du fait du lavage de cerveau imposé par l’EN dès le plus jeune age. C’est édifiant, on en arrive à plus valoriser les « bons gestes du tri » que les bases , calcul, français,
    Et ça continue dans le supérieur. Quand on entend des pontes comme Latour à l’IEP, il ne faut pas s’étonner de voir plus tard des ignares coloniser les ministères pour imposer leurs points de vue.

    à Pomme: si vous vous basez sur le nom, alors allez vous continuer à consommer du monoxyde de dihydrogène?

    • Un socialiste se doit de diriger, contrôler et pourrir la vie des autres. Et si ça augmente les chiffres du chômage, c est tout bénef: on accusera le libéralisme et l Europe du sort des agriculteurs pour qu ils votent bien leur asservissement.

    • Visiblement Douar vous n’avez rien compris à ce que j’ai écrit.
      La compréhension de texte n’est a priori plus au programme de l’EN.

      • oui je suis d’accord avec vous Sam Player, c’est juste ce que vous aviez dit.

      • @Sam Player: On a compris votre texte et l’astuce consistant à faire précéder une affirmation grossière d’un conditionnel. Pourquoi vous arrêter à la filière du bigarreau ? Posez vous la question à propos de l’agriculture intensive !

        • amike il vous a aussi échappé que l’article ne dit rien sur ce produit sauf qu’il est interdit. Quand ? Pourquoi ?
          Donc amenez svp des éléments au débat pour contrer l’interdiction du produit.
          Je n’ai aucun problème avec l’agriculture intensive et je ne mange pas bio.
          Sinon pour le conditionnel, si je dis « amike serait-il idiot? » il semble que pour vous ce soit une affirmation. Révisez svp.
          Sur ce je vais aller jeter un oeil sur la toile au sujet de ce produit.

          • Les suisses ont eu à traiter le problème à la même époque que nous (2012-2013), ont fait divers essais et il semble qu’il existe des solutions qui sont même plus satisfaisantes que le produit interdit puisqu’ils arrivent à 0.1% de fruits infectés sur 100% des échantillons.
            http://www.ufl.ch/images/Technique/Fichiers_en_telechargement/Cerises/Ufl-Mouche-de-la-cerise-Darwin-2012.pdf

            L’insecticide en question (Gazelle) est de l’Acetamipride.
            Sur la fiche d’info du produit en lien ci-dessous il est noté qu’il faut pour la cerise une dose de 320g par ha (hectare hein!) et 2 applications à 10 jours d’intervalle.
            Le produit coûte 315.80CHF soit 202 CHF à l’hectare (soit environ 200 euros) pour les 2 applications (un hectare fait 100m x 100m hein)

            http://www.staehler.ch/fr/produits/info/gazelle-sg-1.html

            Le rendement des cerisiers est de 10 tonnes par hectare (vu sur divers sites: 8 kg par arbres et 1300 arbres par hectare) et donc le traitement revient à 202/10,000 = 2 centimes par kg !

            Ca ce serait un travail de journalistes de montrer qu’on nous annonce des cerises à 50€ le kg pour un insecticide qui coûte 2 centimes par kg ! au lieu de répéter bêtement ce qui est lu dans la presse mainstream.

            Capiche ?

            • Bonjour Sam player,

              Je suis producteur de cerises et directement confronté à l’interdiction du diméthoate. Votre commentaire est pertinent, cependant vous n’êtes pas du métier « ce n’est pas un reproche ». Dans la fiche explicative suisse il est fait mention de la mouche de la cerise  » cerasi ragholetis » qui ne fait qu’une génération par an. Notre problème aujourd’hui provient de « Drosophila suzukii » qui peut faire une génération en 48h est cela pendant 6 mois, je vous laisse imaginer le nombre exponentiel d’invidus que l’on obtient en fin de cycle.

              Parlons de l’origine du problème :

              Ce ravageur comme d’autres est arrivé d’Asie par voie maritime. Cela pose quelques questions: Comment se fait-il qu’aucun contrôle sanitaire ce font dans nos ports? Les transporteurs n’ont-ils pas l’obligation de faire entrer sur notre territoire des marchandises propres?

              Nous subissons directement les effets de la mondialisation, nous n’avons rien demandé.

              La dangerosité du produit:

              Le produit est dangereux pour l’applicateur, on en est conscient puisque tous les précautions sont prises lors de l’utilisation de ces produits. Les risques pour le consommateur sont nuls, je fais des analyses de résidus chaque année, 10 jours après le traitement, il ne reste plus qu’aucune trace de cette substance dans la cerise, j’ai bien dit aucune.

              Pourquoi le gouvernement s’acharne-t-il sur ce produit? Tous les autres pays de l’UE l’utilisent, sont-ils plus bête que nous? Les gouvernements de ces pays mettent-ils délibérément en danger la vie de leurs citoyens?

              Lien du ministère canadien communiquant sur les études scientifiques menées sur celui-ci prouvant sa non dangerosité pour le consommateur : http://www.hc-sc.gc.ca/cps-spc/pubs/pest/_decisions/rvd2015-04/index-eng.php

              L’abondance alimentaire est à la base de notre société moderne, il n’y a plus grand monde « en France » qui se souci de ce qu’il va manger le soir même. Malheureusement s’y nous ne pouvons plus produire nous n’allons pas crever de possibles maladies liés au pesticides de synthèse mais bien de faim.

              • Bonjour RN
                Merci de votre retour mais ce n’est pas le seul site qui cite ce produit pour la Suzukii.
                Néanmoins je suis d’accord avec vous, soit il y a un problème, soit il n’y en a pas et alors comme dirait notre maître h16 on fait du gold plating, ça ne serait pas la première fois.

    • @douar, [un peu H.S. par rapport au sujet abordé dans le présent article]
      « des pontes comme Latour »

      Je vous suggère la lecture de l’article que lui consacre Commentaire, dans son numéro 153/Printemps 2016, pp. 191-198.
      C’est édifiant…
      Extrait du chapeau de Commentaire :
      Lucien Karhausen reprend les travaux d’un sociologue [Bruno Latour] adonné à la « science de la science », travaux dans lesquels il voit tout simplement une trahison ou une incompréhension de la science.

  • On mangera des cerises importées, voila tout.

  • Le problème se complique car il y a la drosophile suzukii , apparue il y a qq années , mais il ya aussi une autre mouche de la cerise , la ragholetis cerasi , qui , elle , est endémique en France et qu’il fallait traiter avec un pesticide , si on ne voulait pas voire le petit trou dans la cerise qui annonce l’asticot à l’intèrieur ..

  • ça reste un mystère du principe de précaution pour moi, on interdit des trucs aux effets inconnus mais on tolère des risques énormes pour peu qu’ils soient connus…

  • Et si on allait plus loin dans le raisonnement ? Il me semble que les cerisiers d’aujourd’hui qui servent à produire les cerises du commerce ne sont pas des variétés anciennes mais ils sont issus de croisement pour donner un fruit plus sucré, meilleur au niveau gustatif (enfin tous les goûts sont dans la nature). Aussi, à force de croisement, n’a-t-on pas affaibli l’arbre d’un point de vue génétique, le rendant plus atteignable pour ses prédateurs ?
    Ce que j’écris là est aussi pour valable pour les autres espèces végétales.

    • Pour la mouche de la cerise ce n’est pas une question de variété ancienne ou pas mais une question de précocité: les mouches ont le temps d’effectuer leurs cycles si les variété sont tardives. Concernant le diméthoate : il est normal qu’aucune firme ne présente un dossier tox et ecotox pour soutenir cette molécule car c’est un générique et le prix / ha est quasi nul ( quelques €). Le marché de la cerise ne représente donc rien du tout . Pour avoir une solution il faudrait que l’INRA fasse quelque chose ( pour une fois) ou ,plus sérieusement,que la filière participe financièrement pour permettre aux firmes de rentrer dans leurs frais.Constituer un dossier demande de l’argent mais aussi du temps: il y a donc un problème de planning.
      Quant on voit que Le Foll se gargarise d’interdire la chimie des néonicoteneides ( un gros marché!) cela ne risque pas de donner envie aux firmes de s’occuper de la mouche de la cerise!

  • Nos agriculteurs n’ont qu’à cultiver des pommes. Suis-je bête, les pommes c’est 36 traitements chimiques.
    Alors des bananes, il suffit d’attendre un peu que le réchauffement climatique gonflé au CO2 ait produit tous ses effets.

  • Quand nous chanterons le temps des cerises, …

    Pour les nostalgiques, à défaut du fruit défendu de nos Verts, restera cette chanson.
    Pour ceux qui l’ignorent, elle était à vocation révolutionnaire à sa création.

  • A clamer sans cesse qu’il faut réduire les pesticides de 50 % ( M Le Foll) il est évident que les firmes désinvestissent sur le marché francais pour s’occuper des marchés en croissance ( Amérique du Sud, Asie, Russie etc….).Aujourd’hui ce n’est pas trop grave car cela concerne la mouche de la cerise mais quand cela concernera le marché de la vigne ( 10 milliards € d’export pour la France) ou même le blé certains réaliseront les conséquences de choix idéologiques absurdes.C’est bien dommage car la France était toujours considérée comme prioritaire, ce qui signifie que les problèmes sanitaires de notre pays étaient scrutés par les experts recherche/développement.Maintenant la France devient un marché tactique, d’opportunité ( car encore important : 4% environ du marché mondial) mais plus d’investissement à long terme.Il y a toujours de nouveaux insectes ou des nouvelles maladies ou des problèmes de résistance aux chimies actuelles: avec moins de Recherche notre agriculture déclinera.L’INRA avait promis en 2007 des solutions  » alternatives  » : on les attend toujours 10 ans après! Le déni de réalité et les mensonges se payeront cash.

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