Sarkozy deviendrait-il libéral ?

Nicolas Sarkozy parle de réforme de l’État : aurait-il appris de 2007 ?

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Nicolas Sarkozy prenant un bain de foule (Crédits troye owens, licence Creative Commons)

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Sarkozy deviendrait-il libéral ?

Publié le 1 avril 2016
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Par Éric Verhaeghe.

Nicolas Sarkozy prenant un bain de foule (Crédits troye owens, licence Creative Commons)
Nicolas Sarkozy prenant un bain de foule (Crédits troye owens, licence Creative Commons)

Nicolas Sarkozy a décidé de faire l’ascension de l’Himalaya par la face nord. Non seulement il participe à une convention des Républicains sur la réforme de l’État, mais il fait le choix d’y prononcer un discours appelant à une diminution importante du nombre de fonctionnaires. D’aucuns pourraient y voir une véritable fuite en avant libérale, qui tranche avec le politiquement correct ambiant.

La réforme de l’État, le sujet ingrat

On notera d’abord l’espèce de bravoure politique, de la part de Nicolas Sarkozy, à relever le gant de la réforme de l’État. Ce monstre du Lochness constitue en effet le sujet repoussoir par excellence. Quel électeur s’intéresse un tant soit peu à ces questions arides qui parlent toutes de tuyauterie administrative, alors que tant de postures sont infiniment plus payantes en terme électoral ?

Parlez de solidarité, d’immigration, de police, de justice, et les électeurs seront suspendus à vos lèvres. Parlez-leur d’économie budgétaire, de rationalisation des services administratifs, de décentralisation, de recentralisation, et ils décrochent automatiquement.

Pour que Nicolas Sarkozy en fasse un thème de campagne, dans le cadre des primaires, il lui faut un estomac bien accroché, voire une forme d’inconscience politique.

Pourquoi les Français n’aiment pas la réforme de l’État

sarko rené le honzecLa réforme de l’État n’est pas seulement un sujet impopulaire à cause de l’ennui qu’elle inspire. Une raison plus profonde éloigne cette question de la préoccupation politique des Français : la remise en cause de l’État est une ambition qui plaît toujours lorsqu’elle est générale, mais qui effraie lorsqu’elle devient particulière.

Demandez aux Français s’ils veulent moins d’impôts et de fonctionnaires, et ils vous disent forcément oui. Demandez-leur s’ils sont d’accord pour fermer le collège de 80 élèves situé à proximité de chez eux, la maternité dangereuse à dix minutes de leur village, le commissariat inutile dans leur chef-lieu de canton, et immédiatement ils sont prêts à descendre dans la rue pour protester contre ce diktat parisien qui remet en cause l’égalité sur le territoire de la République.

Tout le dilemme de la réforme de l’État est bien là. D’un côté, les Français n’aiment pas l’impôt. De l’autre, ils aiment la dépense publique, lorsqu’elle leur apporte un confort près de chez eux.

Sarkozy fait-il de la provocation ?

Sarkozy ne peut ignorer cette répugnance des Français à aborder les questions qui fâchent. Malgré cette évidence, le candidat à la primaire de la droite pousse le bouchon jusqu’à la provocation. Outre qu’il propose 300 000 suppressions d’emploi par le non-remplacement des départs à la retraite, il n’hésite pas à proposer une harmonisation des régimes de retraite, à commencer par un rapprochement des âges de départ entre secteur public et secteur privé.

Pour le coup, le sujet de campagne est plutôt courageux, parce qu’il est d’intérêt général mais extrêmement impopulaire. Là encore, l’idée d’une parfaite égalité entre public et privé recueille toujours, sur le papier, un soutien massif. Mais que les infirmières commencent à réclamer des conditions spéciales de départ pour tenir compte de la pénibilité de leur métier, que les policiers, les gendarmes, les militaires, demandent des avantages en contrepartie des risques qu’ils prennent, et un sondage d’opinion ne tardera pas à montrer qu’ils sont soutenus par un nombre important de Français.

De ce point de vue, les propositions de Nicolas Sarkozy ne manquent pas de panache. Elles devraient confirmer les solides inimitiés que certaines de ses prises de position durant son mandat lui ont valu. Elles ont un mérite : elles répondent aux véritables sujets politiques et économiques du pays. Leur inconvénient consiste surtout à lui enlever une chance (de plus) d’être élu.

Quel bénéfice l’intérêt général peut-il en tirer ?

Au total, si la réforme de l’État est plus que jamais nécessaire, elle a très peu de chances d’aboutir, surtout avec un Nicolas Sarkozy dont la faible créativité de la RGPP a laissé des traces dans tous les services publics. Sarkozy estime les économies générées par ses 300 000 suppressions d’emplois à environ 7 milliards d’euros. Le calcul est un peu tordu.

En réalité, 300 000 suppressions d’emploi rapportent en principe environ 12 milliards d’euros. Si Nicolas Sarkozy minore cette somme à 7 milliards, c’est bien parce qu’il compte augmenter les fonctionnaires qui restent avec une partie des économies dégagées.

Cette recette adoptée durant la RGPP sous son mandat a, au passage, démontré toute son inutilité. Elle est en effet perçue comme une simple politique salariale sans lien direct avec les gains de productivité consentis dans les services.

C’est peut-être le problème de Nicolas Sarkozy : sa trop grande confiance dans les recettes utilisées sans succès en 2007.

Note de la rédaction : Sarkozy libéral ? Un avis avec lequel la majorité de nos auteurs ne seront pas vraiment d’accord. Quelques exemples :

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  • ça m’ennuirait profondément que ce type passe en 2017 ;quand on apprend que c’est l’état , donc nous , qui réglons les factures de ces 26 lignes de téléphones…..avec tout le fric qu’il palpe , il faut en plus entretenir ces gens là à tout les points de vue……

  • Sarkozy, libéral.
    Ce qu’il ne faut pas lire… Ca doit être l’effet 1er avril non?

    Sarkozy est une girouette. Si demain le sens du vent affirme que 2+2 = 3, alors il affirmera la main sur le coeur que 2+2 = 3 et espérera être élu parce qu’il va dans le sens du vent.
    Aujourd’hui, le sens du vent est à « les politiciens sont des corrompus », « le RSI c’est nul », « les impôts sont trop élevés ». Et donc il surfe sur la vague comme il peut, rien de plus. Il suffit de se rappeler ce qu’il s’est passé lorsqu’il était au pouvoir.
    Un peu comme Fillon qui nous parle de la nécessité d’une réforme à la Thatcher. C’est bien… sauf qu’il a été premier ministre pendant 5 ans ! Thatcher n’a pas attendu 5 ans, elle !
    Les actes d’un homme sont quand même plus parlants que ses seuls propos.
    On aurait donc plus intérêt à continuer à s’abstenir, à grossir les rangs de l’abstention, plutôt que de croire que les bonnes formules vont désormais être appliquées par ceux là même qui nous ont mis là ou nous sommes en ce moment.

    • julien

      Effectivement , je ne peut que reprendre vos premiers écrits , car si Sarkozy est libéral , alors , nous devons sérieusement nous questionner…

      « Sarkozy, libéral.
      Ce qu’il ne faut pas lire… Ca doit être l’effet 1er avril non? » »
      .

    • Sauf que Fillon il le dit depuis 1 an et sait que son programme ne le fera pas elire. Un peu plus credible deja.

      • Sans compter qu’il n’avait qu’à être soumis et à fermer sa gu… avec N.Sarkozy: des micro-incidents l’ont montré. Sa haine et son mépris actuels: moi, je crois qu’il est plus « intelligent » et plus fiable. Son ex-patron patron n’est franchement pas fréquentable.

  • Le meilleur atout de Sarkozy est de ne pas être aimé, même dans son camp. Cela lui ouvre la possibilité de faire des réformes impopulaires car il sait que le clientélisme ne lui permettra plus de remonter la pente. Par contre, il reste toujours dans les mesurettes ( ce n’est pas 300 000 fonctionnaires qu’il faut supprimer mais 2 millions) et le manque d’efficacité. Pour réformer l’état il faut que les députés ne puissent plus être fonctionnaires ( comme dans beaucoup de pays) ! et il faut supprimer le statut d’emploi à vie.Sarkozy est un bon tacticien mais il n’a pas de stratégie pour le pays.

  • Sarkozy libéral, comme le dis Julien 1er avril…

    Sur le fond de l’article :
    Vous dites que les Français veulent moins d’impots mais ne sont pas pres a faire les concessions pour le faire… ce dont je suis en partie d’accord avec vous, mais seulement en partie, car vous montrez de mauvais exemple. Vous parlez de l’éducation, la police,… mais il y a pleins d’autres postes de dépenses ou les Francais seraient parfaitement d’accord pour réformer et réduire la dépense… SNCF, RATP, suppression du ministere de la culture, suppression des subventions aux entreprises (si baisse des charges drastique),… et pleins d’autres. Vous prenez comme exemple, uniquement le local, ce qui touche directement les gens et surtout qui est aujourd’hui fondamental.

    Désolé mais non, le remplacement d’un fonctionnaire sur X… n’est pas un sujet fondamental, il est source d’aucune reflexion, juste qu’il se dit « ca ca peut plaire »… mais comme vous dites, dès que des professions vont faire greve, et si ils ont une bonne image ou que les francais les estiment important, alors ils les soutiendront… mais encore une fois la reduction des effectifs n’est pas une stratégie globale, donc voué a l’échec et a l’inutilité, car cela ne changera rien pour le pays, juste un peu moins de dépense… il faut réfléchir global et non pas juste mathématique… car ou sinon, en effet on touchera a des effectifs indispensables. Bref dire « je vais supprimer la taxe professionnelle » c’est cool, ca fait libéral, mais vu que ce n’est pas dans une démarche globale, ca a abouti sur une taxe compensatrice créé par le meme Sarko… bref n’est pas libéral celui qui dit juste « il faut réduire le déficit »… il faut un cap, vous apprenez pas cela a l’ENA ? c’est juste une école de comptabilité ? Car vous avez tous l’air d’etre dans la meme démarche comptable et non réfléchie ?

  • Un article se demandant si Sarkozy est libéral le 1er avril? 😉

  • sarko a au moins eu 2 mérites:

    1- il a diminué le renouvellement des fonctionnaires: dommage que dans le mème temps les collectivités locales de gauche ont fait l’inverse(sabotage ?), et
    2- il a limité la politique de relance après l’effondrement économique mondial( qui n’est pas de sa faute) que les socialistes de l’époque voulait beaucoup plus forte (alors que maintenant ce sont les premiers à mettre cette ardoise sur le compte de sarkozy: quelle bande de faux c.)

    Sans l’obsession d’une réélection, on peut espérer le voir, plus qu’un autre, se transformer en réformiste(dans le bon sens: pas celui de fraise des bois)

    • « Sans l’obsession d’une réélection… »
      Poisson d’avril détecté.

    • @ gc

      Je vous sens prêt à voter pour lui, alors que vous avez eu au moins 5 ans pour vous rendre compte qu’il n’est certainement pas fiable, travaillant sur une communication choc tous azimut bien plus que par des actions efficaces: de plus, comme on sait, aucune entreprise ne réengagerait un gars qui s’est fait virer! Tout le monde n’est pas Steve Job, cette exception notable!

      Vous êtes 66 millions de Français: vous n’avez vraiment rien d’autre en magasin? Un gars ou une dame honnête, par exemple, qui ne soit pas poursuivi par la justice pour quelques millions d’ €?

  • Sarkozy n’est ni ceci ni cela, comme tous les politiciens il est ce qui lui rapporte le plus de voix, les candidats politiciens qui n’ont pas compris cela ne sont jamais élus. Et pour ramasser des voix, tous les coups sont permis : mensonges, promesses (sans risque), magouilles et corruption (un peu plus risqué mais plus rentable), la fin justifiant les moyens. Il n’y a qu’à regarder Hollande, c’est un maître en la matière. Tant que les électeurs naïfs et formatés par les médias, voteront sans réfléchir avec leurs tripes, ça marchera.

    • Oui, et en ne tenant pas leurs promesses, ça les leur laisse intactes pour les élections suivantes… Tout ça ne marche que couplé à un système qui élimine de la course ceux qui ne se prêteraient pas au jeu.

  • On peut ajouter qu’il est piquant de voir un homme politique comme lui préconiser la réduction du nombre de fonctionnaires alors même qu’au pouvoir, il a usé et abusé des moyens de l’Etat et de ses serviteurs, les fonctionnaires…

  • Leur inconvénient consiste surtout à lui enlever une chance (de plus) d’être élu.
    N’est-ce pas plutôt un avantage. Il sait qu’il n’a plus de chance, il va accuser le libéralisme.

  • Il a dit dans les retraites des fonctionnaires qu’ils intégrerait leurs primes…..Sic. Sauf que les primes des fonctionnaires sont quasi jamais chargées de charges sociales. L’equité c’est encore pour demain. Un peu comme pour l’ISF. Pour pas déplaire on en fait un gloubiboulga. La fin des statuts on y touche pas en résultera un même glouibiboulga.

  • Si Sarkozy devient libéral, il revient de très, très loin.
    Sarkozy, extraits du discours à Cormeilles-en-Parisis du 6 mars 2007 :

    « La France est une idée, la France est un idéal, la France est une espérance, la France est une foi.

    La France, elle n’aurait jamais existé sans l’Etat.

    L’unité de la France c’est l’Etat capétien qui l’a voulue pendant huit siècles. C’est l’Etat républicain qui l’a voulue à son tour pendant deux cents ans. Le grand rêve unitaire des Rois c’est la République qui l’a accompli.

    L’Etat c’est ce qui est stable au milieu de ce qui ne l’est pas. C’est l’ordre et c’est aussi le mouvement.

    L’Etat c’est la seule force opposable aux marchés.

    C’est ce par quoi la destinée commune devient une réalité concrète.

    C’est le contrepoids à la seule loi du profit.
    C’est la seule digue contre les dérives d’une économie de prédateurs, de spéculateurs, de fraudeurs. »

    L’intégrale des extraits :
    http://www.gaucheliberale.org/post/2007/03/16/Nicolas-Sarkozy-extraits-du-discours-a-Cormeilles-en-Parisis-du-6-mars-2007

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