Hauts de France contre France d’en bas

Changer les noms de régions pour masquer l’impuissance politique ?

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Ronde des géants crédits Olivier Duquesne (CC BY-SA 2.0)

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Hauts de France contre France d’en bas

Publié le 17 mars 2016
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Par Serge Federbusch

Ronde des géants crédits Olivier Duquesne (CC BY-SA 2.0)
Ronde des géants crédits Olivier Duquesne (CC BY-SA 2.0)

La curieuse manie des mairies de distribuer à la volée les patronymes d’hommes et de femmes plus ou moins célèbres pour en affubler la moindre ruelle, la plus petite impasse et le plus ridicule édicule a gagné les nouvelles «surrégions». Il faut être glamour, attirer la lumière ; plus personne ne veut se dire d’en bas, du Nord ou des frimas. C’est l’Académie du cinéma politicien distribuant des statuettes, le concours Lépine du nom foireux…

Le pompon est en passe d’être gagné par les édiles de Champagne, Ardennes, Alsace, Lorraine et autres terres orientales qui sont allés exhumer l’Austrasie et proposer la mystérieuse Acalie. Est-ce une manifestation de la mode néo-médiévale planétaire qui envahit les jeux vidéo et met en transe les tueurs de Daech lorsqu’ils s’accoutrent comme au bon vieux temps de leur prophète ?

Impuissance politique

Je penche plutôt pour l’explication d’une forme de compensation à l’impuissance politique, une manière de marquer son territoire en l’aspergeant de noms connus, de tenter de récupérer une infime parcelle de leur notoriété. Ainsi irons-nous bientôt à Lille, chef-lieu des Hauts de France et des moules-frites, dans une région qu’on croyait marquée par les difficultés de la France d’en bas. Les internautes se sont naturellement surpassés, rivalisant en ironie facile, proposant le « Coin en bas à droite » pour la région Paca ou « Milieu un peu paumé » pour le Centre.

Ces diversions et colifichets servent à masquer une réalité prosaïque. Ces nouvelles entités ne dépenseront pas moins que celles auxquelles elles succèdent et qu’elles sont censées fusionner. C’est le regroupement sans gain de productivité, le millefeuille sur-gonflé comme les constructeurs automobiles nous vantent leurs véhicules suréquipés. Pour mémoire, la future ex-région Nord-Pas-de-Calais détenait le record des jours d’absence par fonctionnaire : 35 par an. Croyez-vous qu’ils seront plus assidus dans les Hauts-de-France ?

Mais l’essentiel est sauf. Des roitelets chamarrés vont pouvoir régner sur de vastes terres. La baisse des impôts attendra. Acaliques anonymes, Austrasiens ostracisés et autres citoyens au ras du sol continueront d’ahaner sous les charges comme au bon vieux temps des anciennes régions.

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  • les super-régions mettent fin à la politique de proximité qui ne peut guère dépasser le département.

    en fait on a déja à faire à un état mamouth qui s’occupe de tout et on nous en refile un autre, histoire d’être encore plus dépendant et exsangue.

  • Comment va-t-on nommer les gens des Hauts de France ? Les Hautistes ?

  • Ils ne font que continuer dans la logique précédente: il y avait déjà les Hauts de Seine, Les hautes Alpes et le nom Nord était mal vu ( Côtes du Nord devenues côtes d’armor). Tout cela est volontaire: c’est de la diversion pour masquer les incompétences et les entourloupes.Pendant que le bon peuple palabre les fonctionnaires se partagent les privilèges et cherchent à les accroître. Tout ceci va se traduire par des coûts supérieurs et une efficacité moindre. la compétitivité , qui était déjà médiocre, va encore dégringoler.

  • Pour l’Alsace-Lorraine-etc, il eût peut-être été judicieux d’exhumer la Lotharingie, historiquement pas si absurde bien qu’elle n’ait jamais contenu la Champagne, maxizut ! Ou alors « Francie Orientale »…?
    Quant au Centre, l’appeler « Terre du Milieu » pourrait être amusant. On pourrait même en profiter pour rebaptiser le Puy de Dôme en « Montagne du Destin » (après tout, en anglais, ça se dit « Mount Doom », c’est assez proche) et Clermont-Ferrand serait rebaptisée Annuminas…?

  • On a évité de justesse « Haut le Coeur » pour les Veaux de France 🙂

  • Nos élus sont très occupés par des questions  » essentielles  » : choisir un nom, c’est primordial pour le bien des Français. La répartition des pouvoirs est aissi un travail colossal…
    Au passage certains ont profité de l’agrandissement de leur région pour augmenter leurs indemnités… sans diminuer leur nombre, bien sûr.
    Le changement de nom des régions va générer des frais importants de création de nouveaux logos, changement de tous les imprimés et panneaux divers. Belle gabegie et l’occasion de faire travailler les amis imprimeurs et graphistes…
    Bénéfice de tout cela pour nous contribuables… encore plus d’impôts?

    • Effectivement les coûts en matière de communication vont être lourds.

      Il y a aussi tous les coûts liés à une fusion : harmonisation des systèmes informatiques, harmonisation (par le haut forcément !) des paies (qui sont très différentes d’une région à l’autre), paralysie provisoire (mais combien de temps dure le provisoire ?) des décisions en attendant un organigramme clair, frais de transports astronomiques pour aller faire des réunions d’une ville à l’autre, etc…

      Tout ça pour quoi ?

      Pour une réforme qui n’obéit à aucune vision stratégique, à aucune représentation claire de l’organisation territoriale.

      Bref, un beau moment de gâchis ! Un de plus….

      • Tout ça pour quoi ?
        Vous n’imaginez pas le nombre de neveux et nièces d’élus qui ont des agences de com, chargées de dessiner les logos et de faire des études de popularité des noms.

  • Ben quoi ? Ils ont voté les gens le 13 décembre dernier non ? Ils ont sauvé la Rrrrrrrrrrrépublique, ils ont fait « barajofronacional » tout bien comme on leur a dit. Peut-être qu’ils ne voulaient pas de Bertrand mais ils l’ont quand même élu, pas de bol, c’est ce qui arrive quand on gobe n’importe quel bobard et c’est bien fait.

    • Exactement. Ce qui aurait été bien aux régionales, c’est qu’il y ait 2 à 3 régions pour le FN, juste pour voir ce dont ils sont capables, un test grandeur nature et ce qui n’aurait pas été un bien grand risque. Les français moutons et frileux n’ont pas osé, ils préfèrent la sûreté d’être bouffés tout cru par des profiteurs sans honte, mais qu’ils connaissent bien , plutôt que de donner leur chance à des nouveaux. Ils préfèrent voter pour qui on leur dit de voter plutôt que de réfléchir et innover. Tant pis pour eux, ils n’ont pas encore assez faim pour comprendre.

  • « Hauts de France » et élus « Bas de plafond »

  • Bin, si on fait dans l’Historique avec l’Austrasie, on peut se souvenir qu’il y avait au temps de la Gaule romaine, la « Belgique première » et la « Belgique seconde » (Belgica Prima et Belgica Secunda). La Belgique seconde englobait Amiens et ces regions par là…

  • Les commentaires sont fermés.

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