L’ONU défend Apple contre le FBI

Laisser l’iPhone aux mains du FBI, c’est ouvrir la boite de Pandore de l’autoritarisme, selon l’ONU.

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iPhone 6 d'Apple (Crédits : Kārlis Dambrāns, licence CC-BY 2.0)

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L’ONU défend Apple contre le FBI

Publié le 4 mars 2016
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Par Guillaume Nicoulaud

iPhone 6 d'Apple (Crédits : Kārlis Dambrāns, licence CC-BY 2.0)
iPhone 6 d’Apple (Crédits : Kārlis Dambrāns, licence CC-BY 2.0)

L’ONU, par la voix de son haut-commissaire aux droits de l’homme, le prince Zeid bin Ra’ad, vient de prendre position dans le débat qui oppose Apple au FBI. En l’espèce, l’organisation internationale plaide en faveur de la firme de Cupertino au motif que permettre aux autorités fédérales américaines d’accéder aux données chiffrées d’un iPhone reviendrait à, pour reprendre les termes du prince, « ouvrir la boîte de Pandore » et faire un cadeau aux régimes autoritaires et aux pirates informatiques.

Le prince a raison. Au-delà des régimes autoritaires actuellement en place qui se feront, n’en doutez pas, un plaisir d’exploiter la moindre faille de sécurité pour repérer, arrêter (et Dieu seul sait quoi d’autre) leurs opposants politiques, je rappelle à celles et ceux d’entre vous qui croient qu’ils n’ont « rien à se reprocher » que (i) Vladimir Poutine dirige la Russie, (ii) Donald Trump est en tête des primaires républicaines aux États-Unis et (iii) Marine Le Pen est tout à fait en position de contester l’hégémonie du PS et des Républicains.

Le faux dilemme

Mais encore une fois et, au risque de me répéter, il est faux de croire que nous sommes placés face à un dilemme entre nos libertés civiles et notre sécurité. Si Apple cède, nous ouvrons effectivement la boîte de Pandore mais, au-delà de la seule affaire de San Bernardino, nous ne gagnerons rien : qui peut croire, en toute honnêteté, que les terroristes sont assez stupides pour continuer à utiliser des iPhone s’ils savent que le FBI dispose d’un moyen d’accéder à leurs données ?

Nous avons tout à perdre et rien à gagner. Si le FBI parvient finalement à accéder aux données de ce téléphone, il est tout à fait possible — et même probable — qu’ils n’y trouveront rien (ça fait belle lurette que les terroristes utilisent des systèmes de communication cryptés) et le seul résultat concret que nous obtiendrons à coup sûr, c’est que les Poutine, Trump et autres Le Pen auront désormais un accès direct et légal à nos vies privées les plus intimes.

Le plus grand danger que nous fait courir cet État Islamique ce n’est pas ce qu’il pourrait nous faire mais ce que la peur et le manque de sang-froid pourraient nous amener à nous infliger à nous-mêmes.

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  • Je trouvais absurde la position d’Apple en ce qui concerne les principes, mais en voyant que l’ONU par la voix mentionnée ici, soutient Cook, je me sens conforté. Défendre la « privacy » dans cette affaire est absurde. Un juge peut ordonner de perquisitionner un domicile privé, il eut bien ordonner de vérifier ce qu’il y a dans le téléphone. En plus il n’appartient pas à Farouk mais à son employeur, qui a donné son accord.

    Pour le reste, la boîte de pandore, ce n’est que de la rhétorique. Un gouvernement autoritaire n’aura aucun besoin de s’appuyer sur une procédure de la sorte, car par définition il fait ce qu’il veut dès lors qu’il en a la force.

    L’argument du terroriste qui ne serait pas gêné car trouvera d’autres moyens ne vaut pas mieux. D’une part dans cette affaire il s’agit de trouver des information sur des complices, pas d’espionner, d’autre part, même pour l’espionnage, le fait de pouvoir décrypter les oblige justement à trouver autre chose, donc les gêne, donc rend plus difficiles leurs méfaits.

    Enfin, ce n’est pas une liberté que de préparer des attentats en toute tranquillité.

    Pour les libéraux qui veulent aller au-delà des slogans, lisez ce qu’écrit Richard Epstein, ou écoutez-le.
    http://www.hoover.org/research/apples-iphone-blunder

    • Hors sujet..
      Le sujet est la création d’une backdoor, pas la collaboration post attentat avec le FBI sous injonction d’un juge, cette dernière étant déjà effective.

    • Un coup de Thor et de messagerie cryptée de messages déjà cryptés dans un Webcafé, comment faites-vous ❓

    • Dans ce cas, supprimons toutes libertés, la démocratie, la constitution, la séparation des pouvoirs, vu que ça ne sert qu’à ralentir le bon déroulement de la lutte contre le terrorisme…

  • Relisez mieux ce texte Hildebrand car là, vous faites un hors sujet.

  • M. Nicoulaud je vous trouve un peu culotté de mettre en avant Poutine, Trump et Le Pen.
    Les récentes lois liberticides et les perquisitions sans mandat c’est en ce moment sous un gouvernement socialiste.
    Pour qualifier une loi de bonne ou mauvaise il n’est pas nécessaire de se poser la question de savoir qui pourrait l’utiliser contre nous. Le simple fait qu’elle existe la rend dangereuse, les dérives possibles sont déjà dedans et elles seront utilisées un jour ou l’autre et on vous dira que c’est exceptionnel.

    • « M. Nicoulaud je vous trouve un peu culotté de mettre en avant Poutine, Trump et Le Pen.
      Les récentes lois liberticides et les perquisitions sans mandat c’est en ce moment sous un gouvernement socialiste. »

      C’est justement une bonne façon d’illustrer le problème de la pente glissante, ou l’on commence par « pas grand chose », « contrôlé par un juge », « dans une démocratie »… Puis on fini dans une dictature dirigé par des services de renseignements ou des opposants se font empoisonner au polonium ou abattre sur un pont. Il est utile de montrer jusqu’où cela pourrait aller, car dans l’absolu personne ne serait contre les lois « antiterroristes » si cela ne risquait pas d’aller trop loin.

    • Tout à fait d’accord avec vous sam player. Pour aller au delà de ce que vous dites, les députés du parti de Marine LEPEN n’ont pas voté, par exemple, la loi renseignement.
      De même, le dernier amendement voté à l’assemblée pour contraindre les fabricants à livrer les données chiffrées de leurs équipements (désolé du raccourci) est venu des républicains.
      Vous auriez dû citer Valls / Hollande / Cazeneuve ainsi qu’un certain nombre de Républicains au lieu de citer Marine LEPEN.

    • Oui, je trouve ahurissant l’argumentaire qui consiste à dire que toutes ces lois liberticides sont dangereuses car elles pourront être mal utilisées par le FN. En fait, l’auteur ne comprend pas que le danger est actuel du seul fait de l’existence de ces lois et qu’il faut s’inquiéter là maintenant de ce qui se trame dans la tête de Franco Valls et de ce qu’il peut faire dès à présent avec ces lois.

      • Je crois que l’auteur comprend très bien le danger de ces lois. Mais l’auteur veut aussi le faire comprendre à, par exemple, un militant socialiste de base. Et pour ces gens là, dire que Hollande peut utiliser ces lois à mauvais escient ne les dérangera pas. Leur dire que Sarkozy le pourra aussi les embêtera un peu plus. Mais leur dire que Le Pen le peut, ça devrait, dans l’idéal, créer un choc. On l’espère…

  • Apple vs FBI: le FBI a menti (et c’est sans doute ce qui a encouragé le refus d’Apple) . http://abcnews.go.com/US/san-bernardino-shooters-apple-id-passcode-changed-government/story?id=37066070

  • Lors de son audition au Congrès, le patron du FBI a multiplié les inexactitudes et affiché son incapacité à répondre à certaines questions. Il a ainsi affirmé — à tort — que le service de cloud de l’entreprise n’est pas chiffré. Il n’a pas non plus su si le FBI avait demandé à consulter le code source de l’entreprise. Et ce ne sont que deux points — les plus significatifs — parmi d’autres.
    http://www.slate.com/blogs/future_tense/2016/03/01/fbi_director_comey_seemed_lost_at_congressional_hearing_about_apple_iphone.html

  • Google, WhatsApp, Mozilla, Facebook, Snapchat et Twitter soutiennent Apple
    Snapchat a transmis à la justice américaine un mémoire pour défendre Apple: http://www.numerama.com/politique/150122-snapchat-soutient-apple-face-au-fbi.html

  • On voit tout de suite l’orientation gaucho gauchisante de l’auteur quand il met dans les ennemis de la liberté Trump, Poutine et Le Pen, alors que les grandes manoeuvres de réduction de la liberté dans notre pays sont conduites par un gouvernement socialiste, et qu’elles n’ont pas été votées par les députés FN.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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