Élections en Irlande : le secret du succès économique

L’Irlande connaît depuis 2013 la plus forte croissance économique de la zone euro.

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Élections en Irlande : le secret du succès économique

Publié le 26 février 2016
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Par Alexandre Colin
Un article de Trop libre

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Sinn Fein crédits Sinn Fein (CC BY 2.0)

Les Irlandais sont appelés aux urnes aujourd’hui pour élire leurs députés et choisir indirectement leur prochain Premier ministre. Gouvernée depuis 2011 par une coalition regroupant Fine Gael (centre-droit) et le Labour Party (social-démocrate), l’Irlande connaît depuis 2013 la plus forte croissance économique de la zone euro. La reprise irlandaise fait débat : l’Irlande est-elle en train de récolter les fruits de la dévaluation interne (baisse des salaires et des coûts de travail) et de l’assainissement de ses finances publiques permis par les mesures d’austérité ? Au contraire, d’autres facteurs endogènes et exogènes jouent-ils un rôle plus important ?

La situation financière de l’Irlande durant la crise de 2008-2009 rendait l’austérité nécessaire

La forte exposition des banques irlandaises au marché immobilier a provoqué la quasi-faillite de nombre d’entre elles suite à l’éclatement de la bulle immobilière en 2008. Le gouvernement, qui a procédé à la nationalisation partielle ou totale de l’ensemble des banques, s’est vu contraint de demander un plan d’aide au FMI et à l’Union européenne en novembre 2010, à hauteur de 67 milliards d’euros. Parallèlement, le nouveau gouvernement qui arrive au pouvoir en 2011, qui regroupe le Fine Gael et le Labour Party, a mis en place plusieurs mesures d’austérité : hausses d’impôts, création d’une taxe foncière, baisse des salaires des fonctionnaires, accords de réduction des salaires avec les syndicats.

Depuis trois ans, l’économie irlandaise se porte bien mieux que celle des autres États de la zone euro

dessin politique269Après ces années difficiles (le PIB irlandais s’est contracté de près de 20 % entre 2008 et 2010), l’Irlande a connu la plus forte croissance de toute la zone euro en 2013, 2014 et 2015. Avec 7 % de croissance en 2015, le Tigre Celtique a même fait mieux que la Chine ! De son côté, le taux de chômage a régulièrement baissé ses dernières années, et atteint aujourd’hui 8,1 %.

La croissance irlandaise provient davantage des caractéristiques structurelles de son économie que des bénéfices de l’austérité.

Les mesures d’austérité mises en place depuis 2011 ont bien permis d’éviter un défaut souverain et de restaurer la confiance des milieux d’affaires. Cependant, le cas irlandais est très différent du cas espagnol, où la reprise est principalement tirée par la hausse de la compétitivité permise par la baisse des salaires réels. La croissance irlandaise est encouragée par la bonne santé des nombreuses entreprises technologiques (Google, Apple…) et pharmaceutiques (Pfizer) installées en Irlande, dont les coûts salariaux n’ont en réalité pas diminué depuis 2011. Ce sont les caractéristiques structurelles de l’économie irlandaise – faibles impôts sur les sociétés (12,5%), marché du travail flexible et main-d’œuvre qualifiée et anglophone – qui attirent les multinationales et favorisent l’économie irlandaise. Dans le contexte de la reprise économique de ses principaux partenaires commerciaux (Grande-Bretagne, États-Unis) et de la baisse de l’euro qui favorise les exportations, l’économie de l’Irlande a bénéficié de son caractère très ouvert : les exportations représentent 115% du PIB.

Vers un scénario à l’espagnole ?

Alors que Fine Gael dominait largement les sondages il y a encore quelques semaines, il est aujourd’hui rattrapé par le Sinn Fein (gauche anti-austérité) et une coalition hétéroclite d’indépendants allant de la droite conservatrice à la gauche radicale. Avec seulement 30 % des intentions de vote pour Fine Gael et 10 % pour le Labour Party, les chances d’être reconduite semblent minces pour la coalition au pouvoir. Puisqu’aucune autre force politique ne semble en mesure de rassembler une majorité ; les élections de vendredi pourraient mener à un blocage parlementaire semblable à celui que connait l’Espagne aujourd’hui. Le Premier ministre Enda Kenny parviendra-t-il à briser la série qui a vu les gouvernements pro-austérité de tous les pays de la zone-euro secourus par le FMI (Grèce, Portugal, Espagne) échouer à être réélus ?

  • Un article de Trop Libre en partenariat avec Hémisphère Droit (HEC)

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  • Un passage dans la libre est très intéressant:
    « Nous avons enregistré ces deux dernières années une croissance de 6 % à 7 %, ce que je pensais ne jamais revoir de mon vivant », explique John O’Hagan, professeur d’économie à l’université Trinity College.
    « La réaction des gens est compréhensible mais ils ne comparent pas leur niveau de vie actuel à leur situation en 2011, lorsque la coalition entre Fine Gael (de centre droit) et le Parti travailliste s’est installée; ils ont gardés en tête leur vie au sommet de la bulle. D’où leur mécontentement partiel. Ne nous trompons pas : les inégalités se sont réduites pendant le boom des années 2000 mais il est difficile d’expliquer aux gens qu’on leur avait trop donné par rapport aux capacités réelles du pays et qu’il faut donc revenir un peu en arrière. »

  •  » 10% pour le Labour Party » plutôt à 7 %.

  • Les peuples commencent à en avoir marre de faire des efforts et de ne pas voir de retour pendant que certains ont vu leurs revenus exploser. Le capitalisme scie la branche sur laquelle il est assis en demandant toujours plus des couches populaires/moyennes et en récompensant les plus riches

    • Votre commentaire est ridicule. D’une part, le problème ne vient pas du capitalisme mais du fait que l’Irlande a vécu au dessus de ses moyens (voir mon commentaire juste au dessus). Le Fianna Fail n’est pas pour rien dans cela. La situation économique en Irlande est plutôt bonne (bien sûr, elle n’est pas parfaite ).
      D’autre part, le Sinn Fein a certes monté mais il récolte les voix qui viennent du Parti travailliste. Le Parti travailliste a fait 19,4 % en 2011 est aujourd’hui crédité de 7 %.
      Le Sinn Fein est crédité à 18 % aujourd’hui contre 10 % aux élections de 2011.
      On voit bien qu’il a ramassé les voix décus par le parti travailliste qui a été obligé de mettre en place une politique d’austérité (ce qui n’est pas très bien passé vu qu’à la base, c’est un parti de gauche).

    • Comm je l’explique en dessus, il va sans doute avoir une grande coalition.

      Le gouvernement actuel a dû mettre en place des mesures impopulaires pour redresser une situation économique désastrueuse. On peut dire qu’il a réussi avec brio mais il est normal que les gens n’apprécient pas les mesures impopulaires.

      Je ne vois pas pourquoi vous accusez le capitalisme. En quoi le capitalisme est responsable si pendant des décennies, des politiciens ont menés des politiques démagogues désastrueuses à long terme ? En quoi le capitalisme est responsable du fait que les gens ont vécu bien au dessus de leurs moyens réels ?

      •  » dessus » dessous

      • Trop de socialisme, à savoir un accaparement de la richesse par l’état, conduit à un appauvrissement de la population, à de la dette publique et du chômage. Trop de capitalisme, à savoir un accaparement de la richesse par les richesses, conduit à un appauvrissement de la population, des dettes privées et du travail précaire.

        Demander aux gens de faire des efforts parce que le pays a vécu au dessus de ses moyens pourquoi pas mais il faut demander le même effort aux plus riches. Hors on s’aperçoit que la fiscalité des plus riches (particulier et entreprise) n’a eu de cesse de baisser alors même que leurs profits ont augmenté. Ça explique la montée des partis/candidats populaires partout dans le monde.

        • C’est cette fiscalité qui a permis d’attirer les entreprises étrangères en Irlande ce qui a fortement contribué au redressement du pays et qui est en très grande partie à l’origine de la croissance économique actuelle. Les profits de ces entreprises ont augmentés? Et alors? L’intérêt pour l’Irlande est que maintenant, ces profits, elles les réalisent et/ou les rapatrient en Irlande, ce qui profitent directement et indirectement aux irlandais et à l’état irlandais.
          Et vous voulez faire fuir ces entreprises à nouveau? Vous défendez une méthode comme on les aime dans notre socialie française et qui a fait preuve de son inefficacité sauf à gaver un Etat obèse.

        • « Trop de capitalisme » en quoi nos pays sont trop capitalistes ? J’ai du mal à le voire. Nos pays sont au contraire trop socialistes.

          « à savoir un accaparement de la richesse par les richesses » affirmation ridicule que personne n’a jamais réussi à vérifier.

          Le problème c’est que le capitalisme a été perverti par l’étatisme c’est que l’on appelle le capitalisme de connivence. Nos sociétés ne souffrent en rien de trop de capitalisme mais de perversion du capitalisme par l’état (capitalisme de connivence).

          L’état a toujours et sera tjs au service des élites. Les grandes mutlinationales profitent de leur connivence avec leur monde politique.

        • Tous les égalitaristes perdent toute crédibilité quand on voit qu’ils passent sous silence le rôle joué par l’état dans la montée des inégalités. Par exemple, les banques centrales jouent un grande rôle dans la montée des inégalités expliquée ici
          http://davidstockmanscontracorner.com/how-central-banks-cause-income-inequality-mises-org/
          Pourtant, les gauchistes ne parlent jamais de cela. Cela me fait marré tous les gauchistes qui sont immigrationnistes et qui sont favorable aux QE: les QE creusent les inégalités tout comme l’immigration dans les pays riches accroissent les inégalités dans ces pays. C’est incohérent de défendre l’immigration puis reprocher qu’il y a trop d’inégalités dans notre pays. http://www.emploi-2017.org/quel-lien-entre-immigration-et-inegalites,a0478.html L’université de Linnæus a démontré que sans l’immigration les inégalités n’avaient pas augmenté en Suède. Je pense que dans bcp de pays riches, si on faisait de tels études, on arriverait à de tels résultats à savoir que sans l’immigration, il n’y a pas eu d’augmentation des inégalités.
          Attention, ce n’est pas pour cela qu’il faut être contre l’immigration. De nombreuses études ont montré le bienfait de l’immigration au niveau économique notamment les études du PNUD, de l’OCDE ou encore pour la France de l’université de Lille

        • « Hors on s’aperçoit que la fiscalité des plus riches (particulier et entreprise) n’a eu de cesse de baisser alors même que leurs profits ont augmenté » Ha, bon d’où tirer vous cette information ? De Sanders ? J’ai démonté dans un autre article l’affirmation de Sanders qu’avant les riches payaient plus d’impôt aux USA.
          Vous croyez sérieusement qu’en France, les riches et les sociétés payent moins d’impôts qu’avant ?
          En plus, l’impôt des sociétés est payé en général soit par les clients soit par les travailleurs de la société.

  • Le Sinn Fein est un parti de gauche nationaliste qui était très lié à l’IRA.
    Le parti suscite un grand rejet du fait de ses liens avec l’IRA et à cause de son leader Gerry Adams (qui dirige le parti depuis 1983). Ce parti n’hésite pas à menacer et et à intimider les journalistes ou les gens refusant de faire grève.
    Il est clair que tant que Gerry Adams dirigera ce parti, il n’a aucune chance d’arriver au pouvoir.

    Il est probable qu’il y ait une grande coalition entre Fine Gael et Fianna Fail (qui pendant longtemps étaient les deux grands partis et qui sont tous les deux de centre droite). Si le score de ces deux partis ne sont pas suffisants, il y aura aussi dans la coalition soit des indépendants soit le parti travailliste (soit les deux).

  • Le Sinn Féin a fait 13,8 % soit une progression de 3,9 % par rapport à 2011. C’est un bon score mais bien moins élevé que celui prévu par les sondages.
    Cela montre bien que pour la plupart des irlandais, ce parti est encore considéré comme infréquentable.
    Au vu des résultats des élections, on peut dire qu’il y a deux possibilités soit une coalition Fine Gael Fianna Fáil (deux partis de centre droit mais ces deux partis se haissent même si idéologiquement, ils sont assez proches et cette haine date de près d’un siècle)
    soit de nouvelles élections (moins probable). Cependant, je vois mal comment cela résoudera la sitution. Je doute que de nouvelles élections donneront un résultat très différent.
    Le labour a fait 6,6 % (encore moins que les prédictions des sondages) autrement dit ce parti est hors jeu

  • Autres chiffres que vous oubliez de citez:
    la dette publique est en baisse (107,7% l’an passé pour 111,1% en 2011) et déficit budgétaire est de 1,5% du PIB (pour 32% en 2010). Cela montre bien que la politique mené de 2011 à 2016 a très bien réussi

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