Suisse : haro sur le spéculateur !

La spéculation sur les produits alimentaires doit-elle être interdite en Suisse ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Monopoly crédits Thomas Hawk (licence creative commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Suisse : haro sur le spéculateur !

Publié le 13 février 2016
- A +

Par Frédéric Jollien

Monopoly crédits Thomas Hawk (licence creative commons)
Monopoly crédits Thomas Hawk (licence creative commons)

L’ignorance et le militantisme ne font pas bon ménage. Il est des activismes politiques qui pavent nos enfers et qui bénéficient, encore et toujours, de nos méconnaissances sur des sujets précis et complexes.

Cette année, les jeunes socialistes nous proposent de voter, à nouveau, sur une réforme fondamentale de notre économie. Drapés de la cape à la rose et au poing levé, ces chevaliers de la vertu se lancent en bataille contre les boucs émissaires de la faim dans le monde. L’ennemi est désigné : c’est le spéculateur ! Vil bourgeois à cigare, cette crapule jouerait sur la famine des plus pauvres et s’enrichirait en écrasant au passage ses frères d’humanité. Ignorant tout des raisons sous-jacentes aux crises alimentaires, ces initiants s’attaquent à l’action humaine la plus élémentaire : la prévision.

Partageant leur souci, je ne peux que me désoler d’une chose : ces paladins se trompent de moulin. Ils chassent des acteurs qui n’ont pour seul vice que l’utilisation d’une politique monétaire expansive, destructrice de prix et de repères. Les libéraux partagent cette observation d’une finance chaotique portant préjudice à la création de richesse. Mais ils ne portent pas le même diagnostic.

L’idée du contrôle des prix est une vieille illusion socialiste. Il est évident qu’il ne suffit plus aujourd’hui d’afficher les multiples échecs sanglants de la planification centrale pour convaincre de cette folie. C’est de l’histoire ancienne, ces régimes sont tombés et ne sont plus discutés. L’idée est cependant restée : il y aurait en ce monde des forces obscures de l’argent qui affaiblirait les masses et qui devraient être contrôlées par l’État afin de rétablir le bien-être général de la société.

Ces discours ô combien entendus et partagés ont le défaut d’ignorer certains faits : la finance est déjà le domaine le plus réglementé au monde, elle base son activité sur des monnaies qui sont toutes sous contrôle des États, et l’économie n’est pas un jeu à somme nulle où l’un ne peut posséder que ce qu’il a volé à l’autre. Ces connaissances permettraient de lever certains voiles, de rechercher réellement à comprendre les marchés financiers et politiques et à s’attaquer aux problèmes institutionnels qui grèvent la production, créent les cycles et les crises économiques et maintiennent des populations dans la pauvreté.

Lire sur Contrepoints notre dossier Suisse

Voir les commentaires (17)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (17)
  • Aux Etats-Unis, les options sur oignons sont interdites depuis 1958.

    https://en.wikipedia.org/wiki/Onion_Futures_Act

    Que constate-t-on? Que le prix de l’oignon est plus volatile que les autres denrees alimentaires.
    Ca ne leur suffit pas comme preuve qu’il est debile d’essayer d’interdire la speculation?

  • Elargissons le débat. On s’apercevra que c’est plus compliqué.

    Dans son livre « L’intégrisme des marchés », publié en 1998, Georges Soros écrit :

    «…Comme intervenant anonyme sur les marchés financiers, je n’ai jamais eu à peser les conséquences sociales de mes actes. En certaines circonstances, j’étais conscient que leurs retombées pouvaient être néfastes, mais je ne m’en préoccupais guère, puisque j’agissais dans le respect des règles. Si je m’étais imposé des contraintes supplémentaires, j’aurais fini par perdre. Je savais que mes scrupules ne changeraient rien au monde réel, étant donné les conditions de concurrence efficace ou presque parfaite qui règnent sur les places financières ».

    Quelques pages plus loin, il enfonce le clou à nouveau : « En tant qu’intervenant sur les marchés, j’essaye de maximiser mes profits. En tant que citoyen, je me préoccupe de valeurs sociales : paix, justice, liberté etc. Ma participation au marché ne me permet pas d’exprimer mon attachement à ces valeurs. Supposons que les règles qui gouvernent les marchés financiers doivent être modifiées. Je ne peux les changer unilatéralement. Si je m’impose des règles sans les imposer aux autres, mes performances sur les marchés s’en ressentiront, mais cela n’aura aucun effet sur les marchés eux-mêmes, puisque aucun agent isolé ne peut les modifier ».

    Dans sa chronique publiée dans les ECHOS du 20 janvier 2014 : Klaus Schwab écrit ,

    ….. ou encore la poudrière que représentent les 75 millions de jeunes sans emploi dans le monde sont autant de risques de déflagration à court terme et tout indique que ce type de menace ne fait que croître.

    J’estime que cette situation est le résultat d’un échec collectif face à la façon de gérer les conséquences de la mondialisation. Un échec qui s’est construit pas à pas au cours des dizaines d’années qui viennent de s’écouler. Au fond, le message délivré par les militants antimondialisation au tournant du siècle dernier était juste. » Oups !

    Perso, j’ai du mal à les prendre l’un et l’autre pour de parfait imbéciles qui n’ont rien compris aux mécanismes des marchés.

    Et pour vous permettre de réagir fort, en évitant adroitement d’attaquer Soros et Schwab, (car cela ferait désordre) je ne saurais trop recommander la lecture de l’encyclique du Pape François, Laudato SI, l’un des textes d’audience planétaire les plus intelligents écrits depuis fort longtemps.

    • on peut être intelligent et dire des choses fausses… Il n’y a pas que les cons qui se trompent.

      le cynisme de george Soros ne l’honore pas et les propos de Klaus Schwab sont faux: ce n’est pas le mondialisme qui met les jeunes au chômage, ce sont les politiques locales qui contrent cette mondialisation et enferment les jeunes.

    • Quand tu décides d’acheter dans le magasin X plutôt que le magasin Y ou quand tu décides d’acheter le produit A plutôt que le produit B, tu ne te soucies pas non plus des conséquences sociales de tes actes.

      Pourtant, Y risque de fermer et ses employés mis au chômage alors que X s’enrichit. Le fabricant de A s’enrichira et les gens où se trouve son usine verront de l’embauche apparaître. Au contraire le fabricant de B se retrouvera en moins bonne posture et les gens vivant où se trouve son usine verront l’emploi et les salaires être plus bas que ce qu’ils auraient pu être.

      De penser que tu serais coupable de quoi que ce soit dans ces conséquences par tes choix personnels de consommation (d’investissement, d’échange, etc) est une première hérésie intellectuelle.

      Pour le comprendre il suffit de projeter le même raisonnement en matière d’amour: si ta soeur refuse de coucher avec moi et que cela implique une misère sociale et sexuelle chez moi, elle n’est pas coupable de cela. Au contraire, c’est si elle me sort de cette misère qu’elle pourrait être fière de m’avoir fourni de l’utilité.

      Ensuite, de penser que ces conséquences, bien qu’humainement problématiques, soient néfastes à long terme pour l’ensemble des individus est une deuxième hérésie intellectuelle. LE bienfait que tu obtiens à long terme c’est la production de biens qui apportent plus d’utilité et la disparition de ceux qui en apportent le moins, l’apparition de jobs productifs et la disparition de jobs moins productifs, l’investissement du capital -un bien rare et non infini- là où il est le plus nécessaire, etc. Bref, tu obtiens les bienfaits du marché.

      Je pourrais reprendre comme cela les phrases une par une du texte de Sauros que tu cites pour montrer simplement que une partie de ce qu’il dit et/ou une partie des inférences que tu peux faire de ce qu’il dit relève intellectuellement du sophisme.

      • Je parlais ici de la première phrase:

        « Comme intervenant anonyme sur les marchés financiers, je n’ai jamais eu à peser les conséquences sociales de mes actes »

        • Tout à fait. Laisser spéculer, c’est favoriser le jeu optimal des marchés. Et si le jeu est optimal, alors en fin de compte il en résultera plus de richesses et une allocation plus vertueuse de ces dernières. Les fonds gagnés par Soros seront mieux investis par ses décisions ultérieures qu’ils ne l’auraient été si on l’avait empêché de les gagner : il choisira évidemment les meilleurs rapports production de richesse/coût. L’idée qu’on devrait maintenir les cours loin de l’optimum pour des raisons morales est un gâchis, qui finit par appauvrir tout le monde. On a pourtant bien vu avec le soviétisme ce que cela donnait. Le Pape est sans doute plus préoccupé de plaire aux pauvres que de les enrichir…

      • « Quand tu décides d’acheter dans le magasin X plutôt que le magasin Y ou quand tu décides d’acheter le produit A plutôt que le produit B, tu ne te soucies pas non plus des conséquences sociales de tes actes. »

        Et c’est là que le socialisme intervient: en amendant taxatoirement le magasin X sur ses scandaleux profits faits au détriment de Y. Le nivellement par le bas est installé.

    • Bertrand de Kermel : « J’estime que cette situation est le résultat d’un échec collectif face à la façon de gérer les conséquences de la mondialisation. »

      Les régions les plus pauvre étant celle qui sont justement exclue de la mondialisation par des politiques locales liberticides. De l’autre coté de la frontière française à l’est, dans un des pays les plus libre et mondialisé au monde (contrairement à la France qui est un des moins libre des pays industrialisé) c’est le plein-emploi votre compréhension des mécanismes économique est à revoir complètement.

      Bertrand de Kermel : « je ne saurais trop recommander la lecture de l’encyclique du Pape François, Laudato SI »

      Un concentré d’imbécilités puériles moralement douteuse car teintée de ce rouge qui a fait tant de dégât au XXeme siècle.

    • néfaste pour qui??????????

    • Est-ce que nos gouvernants s’intéressent aux conséquences sociales de leurs décisions? Les faits montrent que l’interventionnisme mènent à la catastrophe sociale. Et que l’économie de marché est le progrès social. Pourtant, ils choisissent l’interventionnisme, et la catastrophe.

    • Ce que croit Soros n’engage que lui et n’en fait pas une vérité universelle…

      Cette tendance chez les socialauds de faire parole d’évangile de toute personne un peu connue qui pense comme eux…

      Si ça tombe, en écrivant ce message, vous avez détruit la vie de 10 personnes…

      • Ils ont même une tendance proche de celle des religieux: quand les religieux trouvent un scientifique croyant, ils le mettent en avant, comme si cela impliquait que Dieu existe. Q

        uand les socialistes trouvent un type qui symbolise le capitalisme (un riche, un homme d’affaire, un financier, etc.) qui dit quelque chose qui ressemble à leur discours, ils font de même. Si une personne qu’ils associent au capitalisme dit quelque chose de socialo-compatible, c’est que cela doit doublement être vrai.

        Toujours la même façon d’argumenter à coup de trucs et astuces de rhétorique vides sur le fond.

  • Le prix des denrées alimentaires est au plus bas depuis 7 ans: http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/021672970273-les-prix-alimentaires-mondiaux-plongent-au-plus-bas-depuis-sept-ans-1197990.php
    La dernière augmentation des prix des denrées alimentaires (en 2008 ) étaient dû à une augmentation de la demande (notamment à cause de la Chine) et cela n’avait strictement rien avoir avec la spéculation

  • Il n’y a jamais eu aussi peu de faim dans le monde. Ces dernières années, le nombre de personnes ayant faim dans le monde a connu un incroyable déclin (alors que dans le même temps, la spéculation a augmentée) : http://www.trop-libre.fr/l%E2%80%99incroyable-d%C3%A9clin-de-la-faim-dans-le-monde/

  • Un marché sans spéculateur est un marché aux mains des cartels regardez l’évolution des prix du blé durant ée XVIIem XVIII et XIXem siecle vous verrez des écart de prix de 45x depuis que les spéculateurs occupent le marché cela n’a pas exèder 6 x :ils amplifient certains mouvement parfois certes, mais ils en empechent d’autres bien plus graves mais comme les trains qui arrivent a l’heure on y fait même plus attention

    Les gouvernements sont responsables des variations de prix au niveau mondial lorsqu’ils tentent de protéger leur marché intérieur des variations de prix mondial, rendant ainsi la demande mondiale très inélastique (subventions aux carburants en Inde et en Chine, création de taxes à l’exportation)

  • Presque toutes les activités humaines sont spéculatives, en ce qu’elles induisent un pari sur l’avenir. Condamner la spéculation c’est de facto condamner toute activité commerciale. interdire la spéculation c’est aussi interdire aux acteurs financiers toute couverture de leurs risques. Le spéculateur accepte de prendre un risque fort dans l’espoir d’un gain important. En contrepartie il permet à un acteur économique de se couvrir c’est à dire d’être déchargé du risque important qu’il supportait.
    En outre, le commerçant ou le spéculateur, en pariant sur la pénurie d’un bien achètera ce bien aujourd’hui pour le revendre demain plus cher, ce qui a pour effet de pousser à la hausse le prix actuel du bien, et donc de pousser à une augmentation de la production. Ce faisant, il permet une augmentation des quantités disponibles dans le futur, par le mécanisme de la loi de l’offre et de la demande. Autrement dit, toute spéculation tend à éliminer les motifs mêmes de cette spéculation. C’est la notion à la base même de la théorie financière moderne avec l’absence d’arbitrages.

    Le spéculateur ne peut gagner que s’il y a des faiblesses déjà existante dans l’économie du pays qu’il ne fait que révéler. Autrement formulé, l’action du spéculateur (par exemple sur les monnaies ) n’est pas un déséquilibre du marché mais au contraire un rééquilibrage du cours à sa juste valeur. lisez L’aveuglement français de Philippe Manière

    Quelques articles intéressants à lire sur la spéculation : http://www.contrepoints.org/2011/11/23/56956-vive-la-speculation http://www.contrepoints.org/2012/03/22/74142-speculateurs-parasites-bourse-finance-marches http://www.contrepoints.org/2012/03/22/74143-speculation-speculateurs-finance-marches-bourse http://www.catallaxia.org/wiki/Jean-Yves_Naudet:_En_d%C3%A9fense_des_sp%C3%A9culateurs http://www.wikiberal.org/wiki/Sp%C3%A9culation http://www.contrepoints.org/2011/12/01/58326-bonne-speculation-mauvaise-speculation
    http://minarchiste.wordpress.com/2010/08/09/les-bulles-speculatives-partie-1/
    http://www.contrepoints.org/2012/01/08/63998-la-speculation-sur-le-banc-des-accuses

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
4
Sauvegarder cet article

Une fois de plus, Anne Hidalgo a transformé deux bonnes idées en un échec cinglant. Les Parisiens expriment depuis longtemps leur souhait d’être écoutés par leurs élus sur des enjeux locaux au cours du long mandat municipal de six ans. C’est particulièrement vrai pour les enjeux de densification et de mobilité qui sont au cœur du dynamisme d’une ville comme le rappelle Alain Bertaud, urbaniste de renommée mondiale et directeur de recherche à l’Université de New York. Il n’était a priori pas absurde de solliciter les Parisiens sur ces sujets.<... Poursuivre la lecture

L’Éducation nationale se trompe d’objectif en favorisant la mixité sociale et la réduction des inégalités plutôt que le niveau de connaissances. En effet, la dégradation du niveau général est nuisible à tout le monde et réduit l’égalité des chances en nivelant par le bas.

Depuis la publication en avril de mon article « L’éducation nationale se trompe d’objectif », sont arrivés les résultats de la dernière enquête PISA, qui confirme la catastrophe, et le plan Attal qui tente d’y pallier.

Ce plan vient tout juste d’être annoncé, on ... Poursuivre la lecture

Oliver Faure, premier secrétaire du Parti socialiste a pris la plume car il a un rêve, qu’il estime révolutionnaire et qu’il souhaitait partager avec l’ensemble de la population : réaliser une plus grande égalité réelle entre les Français. Pour atteindre cet objectif impératif, il a une méthode qu’il présente comme originale : distribuer aux citoyens des aides supplémentaires, en euros sonnants et trébuchants, qu’il fera abondamment financer par une augmentation de la fiscalité pesant sur les plus riches et contrôler par une administration pl... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles